Je suis David DJAÏZ pas à pas, livre après livre. Mes chroniques précédentes sur ces deux derniers livres attestent de ce marquage « à la culotte » ( lire Notes de lecture : La Guerre Civile n'aura pas lieux et Notes de lecture : Slow Démocratie )
Je le fais par patriotisme Agenais. David est d’Agen.
Je le fais par fidélité amicale. David est un ami de mon fils Vincent et des DIONIS depuis … si longtemps.
Je le fais parce que je crois qu’il a la puissance intellectuelle - rare et indispensable - pour faire « œuvre » notamment dans cette discipline obscure et exigeante qu’est la philosophie politique.
Avec ce troisième livre, David trace son sillon avec cohérence autour de quelques idées-force :
1) D’abord identifier la nation, et son outil l’Etat, comme le lieu des changements majeurs de notre première moitié du 21ième siècle. La nation, pas les collectivités locales, pas l’Union Européenne. C’est une affirmation forte et originale. A la réflexion, je me suis laissé convaincre sur ce point central.
2) Ensuite affirmer le besoin d’un consensus à la Française sur la diversité territoriale Française et l’impérieuse nécessité de laisser respirer ces mêmes territoires. David ne croit pas à la guerre civile en France (c’était même le thème de son premier livre, « la guerre civile n’aura pas lieu »), ni même à la victoire d’une partie de la France sur une autre.
Enfin, redonner sa place, dans nos politiques publiques, au long terme. Cette idée majeure était déjà présente dans son deuxième livre « Slow démocratie ».
Son troisième livre est construit en deux parties :
- La première partie est consacrée au modèle de l’après-guerre de 1945 à nos jours en 2020.
- La deuxième partie est quant à elle consacrée à l’avenir et elle est tournée « vers le nouveau modèle français »
La première partie est une bonne leçon d’histoire de France, de la période que les économistes ont pu appeler « le miracle français », de 1945 à 1973. L’auteur y analyse de manière très accessible les ingrédients du rebond français :
1) Le consensus politique et citoyen autour de l’impérieuse nécessité du redressement et de la bataille de la production, consensus qui rassemblait des hommes aussi divers que le Général DE GAULLE, Jean MONNET, Pierre MENDES-FRANCE, Maurice THOREZ.
2) Le rôle joué à cette époque par l’État, ses grands projets, son plan ainsi que par l’aide extérieure dont a pu bénéficier la France ( plan Marshall,.....)
L’auteur analyse ensuite le délitement de ce modèle français de 1968 à nos jours avec une incapacité structurelle à s’adapter à la mondialisation de l’économie et avec une fragmentation culturelle et politique croissante de la société française.
Voilà pour la référence, voilà pour le point de repère.
Mais comment aller vers un nouveau modèle français, ayant à la fois une capacité de rassemblement politique et une efficacité économique dans cette première moitié du XXIe siècle ?
Dans la deuxième partie de son livre, David DJAIZ va d’abord insister sur le caractère incontournable d’une réforme institutionnelle en profondeur, qui donne toute sa place au long terme et à la fabrication du consensus politique.
Cette partie est une des plus intéressantes du livre, car l’auteur propose, dans ce domaine, un ensemble cohérent et convergent:
- Allongement du mandat présidentiel à 7 ans
- Introduction de la proportionnelle aux élections législatives
- Transformation du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) en Chambre d’Avenir
- Rôle central redonné au Commissariat du Plan, doté d’outils financiers puissants
Réforme constitutionnelle impossible à mettre en œuvre ?
Non, répond l’auteur, il y a en France les facteurs de rassemblement nécessaires autour de l’attachement à la République, de l’urgence écologique, du désir d’ancrage territorial.
Il complète ses propositions par la mise en avant d’un nouveau système productif : L’économie du bien-être (agriculture, santé, éducation et formation), soulignant avec pertinence le basculement de nos priorités individuelles de l’Avoir à l’Etre.
Cette économie du bien-être émergera en même temps qu’une nouvelle culture (la société des usages, « moins de biens, plus de liens » et celle d’une démocratie participative et active).
Les deux parties du livre sont passionnantes et pourtant elles peinent à convaincre notamment parce que David DJAÏZ ne s’aventure pas assez sur le chemin certes risqué de la mise en œuvre de son « nouveau modèle Français ».
Je me permets deux critiques :
1) Le miracle français de 1945 à 1973 n’a été possible uniquement grâce à la conjonction de circonstances politiques exceptionnelles : programme consensuel fort construit au sein du Conseil National de la Résistance, leadership initial incontesté du Général DE GAULLE de 1944 à 1946 puis de 1958 à 1969, volonté partagée du redressement français après l’effondrement de 1940.
Où sont les circonstances exceptionnelles qui vont permettre à nouveau ce consensus à la française ? Qui sont les femmes et les hommes de chacune des familles politiques françaises qui vont travailler ensemble à la construction de ce nouveau modèle français ? David DJAIZ ne s’aventure pas sur ce terrain difficile et glissant et ce faisant, il ne nous convainc pas sur la possibilité d´émergence de sa proposition politique.
2) Sa proposition d’un nouveau système productif : l’économie du bien-être, suscite notre intérêt, mais la démonstration macro-économiques de sa capacité à fournir emplois et prospérité à un peuple de 67 millions d’habitants n’est pas faite.
Lisez ce livre. Il vous passionnera. Comme livre témoin, de notre histoire politique de 1945 à nos jours, comme source de réflexion pour imaginer ce nouveau modèle français.
Je parie que vous serez nombreux à sortir de sa lecture dans le même état d’esprit que le mien : intéressé, mais restant à convaincre.
« Le nouveau modèle Français » appelle un quatrième livre plus argumenté, plus chiffré, bref plus démonstratif et sans doute moins accessible.
En attendant, plus que jamais, David DJAIZ s’impose comme un des rares auteurs français en philosophie politique capable de « faire du neuf », de ce neuf dont nous avons cruellement besoin aujourd’hui.
@+
Jean Dionis,
Maire D’Agen
NOTE du 18 oct 2021 : Veuillez remplacer mon premier commentaire par celui-ci car le précédent est incomplet. Merci.
Bonjour,
Dans la première partie de son livre David DJAÏZ analyse très bien la situation, d'abord jusqu'aux trente glorieuses avec la reconstruction du pays et sa "révolution" des demandes de bien-être de mai 1968 puis son prolongement jusqu'à nos jours où déjà depuis longtemps nos productions de richesses ne suffisent plus à maintenir notre train de vie.
Pour redresser le pays la deuxième partie propose "Le renouveau du modèle français" le développement pourtant bien documenté est hélas assez touffu et technocratique. La conclusion assez complexe et diffuse n’éveille pas d'enthousiasme et pourtant nous attendions du nouveau !
En fait, quel est le problème ? En particulier depuis Colbert nous sommes habitués à un Etat pyramidal dirigiste, ensuite les républiques, pour des raisons humaines puis électoralistes ont répondu aux besoins évidents de la population puis à des demandes de plus en plus pressantes de bien-être qui depuis des décennies sont devenues de l'assistanat coûteux, aggravé par l'épidémie Covid 19 ; d'où un appauvrissement accablant d’une partie de la population plus une pile d'endettements que nous transmettons sans vergogne à notre postérité sans compter que pour financer des innovations urgentes et productives, nos caisses sont vides.
Au fait, en l'écoutant et en l'observant, qu'attend la population ? D'abord que l'Etat et les collectivités arrêtent les gaspillages, cela passe d’abord par la réforme drastique de l'inextricable et coûteux "mille-feuilles politico-administratif", en lieu et place de la pyramidale il faudrait adopter une organisation horizontale puis renforcer drastiquement les fonctions régaliennes actuellement trop faibles. Parallèlement, pour la population active privée et publique, que les règlementations paralysantes soient judicieusement allégées et que le courage, l'imagination, l'initiative, l'investissement soient encouragés. A chacun de se prendre en main pour s’assumer et donc de créer les revenus dont il a besoin tout en participant aux succès de notre pays. Sans quoi, pas de richesses, pas de bien-être et plus question d’emprunter et de toujours puiser dans les poches des autres !
Terminons par de chaleureux encouragements à David, Lot et Garonnais d’avenir, qui, par son livre nous décrit les complexes arcanes de notre gouvernance et qui pourrait en écrire un autre montrant que le renouveau du renouveau passera par une démocratie simplifiée, motivante et rigoureuse, propre à déclencher l’enthousiasme productif dont notre pays a besoin.
Merci pour votre attention et vos commentaires.