Je suis allé à l’Université de rentrée de ma famille politique, le MoDem
Pas facile... Il fallait vouloir s’arracher à son quotidien car celle-ci se tenait, au fin fond de la Bretagne, à Guidel, près de Lorient dans le Morbihan, c’est-à-dire environ à huit heures de mon domicile Agenais. De retour chez moi, je ne le regrette pas. Cette édition 2021 a été un véritable succès et je suis bien placé pour pouvoir comparer ayant été un adhérent assidu à de nombreuses éditions précédentes, beaucoup moins intéressantes.
Succès d’abord car il y avait beaucoup de monde, environ 800 personnes. Il y avait un bonheur évident, palpable, à se retrouver, à débattre ensemble après ces 18 mois d’une bien triste alternance entre périodes de confinement et les courtes éclaircies de liberté.
Succès ensuite par la qualité des intervenants. Excusez du peu : François BAYROU et nos ministres, dont Jean-Michel Blanquer, mais aussi Richard Ferrand, Président de l'Assemblée Nationale, Stanislas Guerrini, Délégué Général de LREM, et pour finir, notre Premier Ministre, Jean Castex.
Succès toujours parce qu’il flottait dans l’air comme un parfum de veillée d’armes, juste avant le démarrage de la campagne pour l’élection présidentielle.
Succès, enfin surtout, parce que François BAYROU a mis, à l’occasion de cette Université de rentrée, une proposition politique nationale forte : celle de construire une organisation politique commune à LREM et au MoDem . Alors que bon nombre de participants semblait prendre cette annonce de manière calme et raisonnable, j’ose à peine avouer que celle-ci m’a secoué, dans ma tête et surtout dans mon cœur. Mon parcours personnel était là pour me rappeler que, derrière ces annonces hautement stratégiques, il y avait toujours des femmes et des hommes, de chair de sang, avec leurs convictions, avec leurs ambitions. Et que la stratégie et ces parcours de vie, au combien humains, ne faisaient pas toujours bon ménage.
J’ai adhéré au CDS en 1991, à 35 ans, lors du congrès d’Angoulême, après avoir ressenti à cette occasion la joie profonde d’avoir trouvé ma famille politique.
De 1991 à 2007 (pendant 16 ans !) j’ai été un bon soldat de François Bayrou :
- Élection de celui-ci à la tête du CDS en 1994 à Vincenne ;
- 1998 création de Force Démocrate à Lyon qui élargissait notre famille politique, puis prise de la présidence de l’UDF par F.Bayrou ;
- 2002 : résistance à la création de l’UMP et le bonheur d’être député avec lui ;
- 2007 : magnifique campagne présidentielle de F.Bayrou dans laquelle nous nous étions donnés, corps et âme ;
- Puis, dans la foulée, en juin 2007, la déchirure violente, dure, encore sensible entre F. Bayrou et ses amis qui créent le MODEM, et Hervé Morin, et ses amis, dont j’étais, qui rejoignent la majorité de Nicolas SARKOZY et créent le Nouveau Centre.
S’en suivirent 11 ans de routes différentes et souvent opposées entre les frères séparés de l’UDF....
Ce n’est qu’en 2018 (11 ans après la rupture) que je reviens, fils prodigue, dans la maison du « Père » lire ma chronique en cliquant ici .
Et voilà qu’après 3 années (paisibles) à peine, il faut, à nouveau, ouvrir portes et fenêtres et construire la Maison commune de LREM et du MODEM ?!
F. Bayrou, pour nous convaincre, est parti de l’essentiel, des convictions, des idées. Pour l’essentiel, nous devons être ensemble parce que nous « pensons et croyons à peu près la même chose » ... Et c’est vrai : nous avons en partage d’être des démocrates (et cela n’a plus rien d’évident en 2021 avec la montée des régimes autoritaires et de surveillance technologique), nous sommes des pro-européens, des partisans de l’effacement du clivage droite-gauche, mobilisés en faveur de la transition écologique, avec une vraie exigence sociale, etc.
Il a ensuite plaidé pour la construction d’un grand parti central, un grand parti démocrate capable de résister à la fois à la montée des extrêmes nationalistes et populistes et au retour de l’ancien monde clivé entre la droite (LR), la gauche (PS). Encore une fois, il a raison. Nous avons clairement souffert de cette absence d’un parti central efficace, solide aux dernières élections locales : MODEM, trop petit, et LREM, sans ancrage local solide. Un grand parti démocrate, c’est clairement gagnant-gagnant.
Il nous a donné ensuite quelques rares précisions sur la suite du chantier : la maison commune, ce sera plutôt une copropriété, une « coopérative » qu’une fusion brutale. Il y aura « contrat de mariage devant notaire » (non, c’est pour rire) pour que chacun soit respecté pour ce qu’il est et ce qu’il a. Ce contrat devra être signé avant Noël.
Alors prêt pour une nouvelle aventure, avec le Capitaine François ?
Oui, prêt.
Je reste toutefois vigilant sur l’opportunité de ce montage quant au deuxième tour de la présidentielle que je prévois serré.
J’ai définitivement passé l’âge de la naïveté, et je sais bien qu’à la base, sur le terrain, il y aura des chicayas entre nous et nos alliés de LREM. Mais ces difficultés ne m’inquiètent pas, elle sont le pain quotidien de l’action politique, et je suis optimiste. Nous dépasserons nos différends car le cap est le bon ! Et l’idée de participer à la construction de la maison politique commune des partisans de la construction Européenne, des progressistes m’enthousiasme.
F. Bayrou a insisté pour que l’on commence ce chantier par le bon bout : celui des idées, des convictions, du programme commun d’action... le reste, la conquête du pouvoir et ses contraintes, cela viendra dans un deuxième temps ...
Au final, j’ai voté, en Conseil National pour la proposition Bayrou. Je « remonte à vélo » et en avant pour de nouvelles aventures !
@+
Jean Dionis, Maire D’Agen