En fin de mandat actuel, la municipalité d’Agen a tenu à ne pas se contenter du traditionnel bilan de mandat, par ailleurs indispensable. Elle a voulu ouvrir le débat prospectif sur l’avenir de notre ville. C’est tout à son honneur. Car, si nous, élus municipaux, avons d’abord la charge de la vie quotidienne, du court-terme, nous devons aussi animer le débat participatif dans nos villes sur les moyens et longs termes. Et à Agen, nous avons relevé le défi et nous sommes lancés avec l’opération « Agen 2032 ».
Et ça a marché… preuve s’il en était besoin qu’il y a une véritable attente citoyenne d’être associée à ces réflexions pourtant lointaines. Agen 2032, c’est 9 réunions publiques, dont 7 forums thématiques, 1047 personnes interrogées, bref, si c’est déjà un gros travail de collecte des attentes des citoyennes et citoyens, c’est à la fois passionnant, exigeant… tout simplement… d’écouter.
Une fois prise la décision de la nécessaire anticipation, c’est l’échéance qui vous impose un redoutable débat de fond : Va pour anticiper, mais à quelle date ? faut-il privilégier le court-terme ? le moyen-terme 2040 ? ou le long terme 2050 ?
Eh bien nous avons choisi 2032,
D’abord parce que nous nous méfions des prévisions à trop long terme, trop incertaines dans notre monde secoué par des crises géopolitiques majeures et par une période d’enfantement d’un hominescent à la fois héritier de notre génération et pourtant si différent, pour parler comme Michel Serres.
Ensuite, parce que 2032 nous a parlé.
Proche de nous, mais aussi fin du prochain mandat municipal, nous forçant ainsi à déblayer le débat municipal, et si possible, à embarquer dans ce débat toutes les familles politiques de notre cité. Nous y reviendrons.
2032, c’est aussi la date d’une promesse faite à Agen, celle de la mise en service de la ligne LGV Bordeaux-Toulouse et de la fameuse gare LGV Agen-Brax qui changera tant d’habitudes, tant d’équilibres…
Nous nous sommes donc embarqués pour Agen 2032 et fidèles à la commande, nous disposons maintenant du document final de restitution de cette étude, approuvé par notre conseil municipal du 3 juillet.
Alors, utile ou non, cet exercice de prospective, conduit avec l’aide de POLITEA, un des bureaux d’étude qui fait référence nationalement pour ce type d’exercice prospectif ?
Utile. Sans hésitation de ma part.
Utile, parce que cette prospective nous a montré que les attentes des Agenais avaient radicalement changé entre celles exprimées en 2018 lors de l’enquête Agen 2030 et celles affirmées pour Agen 2032.
Pour Agen 2032, nos concitoyens posent comme priorités municipales : l’accès aux soins, la sécurité, le développement économique et l’emploi et enfin le logement. Il nous faudra impérativement travailler à partir de cette priorisation.
Pour ne prendre qu’un exemple, l’accès aux soins, priorité citoyenne, est clairement la fille traumatisée par le séisme que fut le COVID, mais aussi par les difficultés rencontrées pour trouver un médecin généraliste et plus simplement pour se soigner correctement.
De la même manière, très loin dans les priorités exprimées pour 2032, se dessinent « en creux » les réussites reconnues de ce mandat : les infrastructures modernisées, les politiques sportives, culturelles, scolaires…
Enfin l’intérêt de l’étude réside dans l’identification des points de tension : la place de la voiture en ville, par exemple. La voiture doit reculer pour libérer le centre-ville (trottoirs plus larges, végétalisation, mobilités douces…) mais comment doit-elle le faire pour qu’elle reste outil d’autonomie et de liberté et qu’elle continue à contribuer à la commercialité de notre centre-ville ?
Comme conclusion, Agen 2032 propose trois chemins, et autant de récits : Agen ville résidentielle de nos deux capitales régionales, Agen sobre et solidaire, Agen terre d’innovations et d’entreprises… et place chacun d’entre nous, citoyen-électeur, à ce carrefour des possibles.
Cela m’a fait réfléchir et me situer. Je refuse de tous mes neurones de citoyen français et de toutes mes tripes de patriote agenais la vocation d’Agen comme cité-dortoir – fût-elle de luxe – de Bordeaux et Toulouse et j’aimerais additionner et mélanger toutes les nuances de la sobriété, de la solidarité et de la vigueur entrepreneuriale.
En ce qui concerne la politique locale, Agen 2032 a servi de révélateur. Il a confirmé que notre opposition, qui a refusé le débat de fond lors de la séance du Conseil municipal du 3 juillet, n’avait rien à dire, rien à proposer aux Agenais. En fait, aujourd’hui, elle sonne creux, entre son humour « à deux balles » (cf. les tables à repasser…) et son absence sidérante de propositions concrètes.
Entre une vidéo insignifiante à force d’excès et une utilisation des dernières pages de l’étude à la limite du mensonge, elle refuse le débat de fond faute de s’y être préparée.
Tant pis. Nous ferons sans elle, puisque telle est leur décision.
Nous, nous tiendrons parole. Vous pourrez bientôt tout trouver en ligne : rapport définitif, contributions…
Et bien sûr, le débat continue. Nous nous engageons à publier et à répondre à toutes les contributions citoyennes…
Au plaisir de vous lire et de débattre avec chacune et chacun d’entre vous,
@+, Jean Dionis, Maire d’Agen