Le site officiel
Blogging

› Voir tous les billets du blog

Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Que penser de la grève « SNCF » ?

Publication : 03/04/2018  |  11:27  |  Auteur : Webmaster

Cette fois, c’est parti. A partir du mardi 3 avril, la France va – sans doute - vivre un de ces grands conflits sociaux qui jalonnent et structurent notre histoire nationale. Le projet de réforme gouvernementale de la SNCF opposera d’un côté le gouvernement et ses soutiens, de l’autre les cheminots, leurs syndicats et leurs soutiens.  Avant que les passions se déchaînent sur ce conflit, ce n’est vraiment pas un luxe d’essayer d’y penser raisonnablement.

Et d’abord d’essayer d’analyser calmement le contenu de cette réforme. Le projet de loi couvre l’ensemble des dispositions législatives nécessaires à la mise en place du nouveau pacte ferroviaire, notamment sur :

> la construction d’ « une nouvelle SNCF » :  L'organisation actuelle du groupe, constitué de trois établissements publics (SNCF Mobilités, SNCF Réseau et l'Epic de tête), « trop rigide et trop fragmentée » serait repensée. Il s'agirait de créer une « société nationale à capitaux publics » ce qui, a-t-il souligné, ne constituerait en rien une privatisation - redoutée par les syndicats - puisque « l'Etat détiendrait des titres incessibles ». L'Etat promettant aussi de « prendre sa part » sur la question de la dette abyssale de la société publique et qui menace aujourd'hui « d'engloutir tout le système ».

> les conditions d’emploi au sein de la SNCF : La fin du statut des cheminots est le point le plus saillant, et le plus périlleux, de cette réforme. Les cheminots déjà embauchés à la SNCF, qui ont « passé un contrat moral », avec l'entreprise, conserveront leur statut. En revanche, les futurs embauchés « bénéficieront des conditions de travail de tous les Français : celles du Code du travail ».

> les modalités d’ouverture à la concurrence telle que prévue par l’Union Européenne  :

=> 2019-2033 : les trains régionaux

La mise en concurrence du transport express régional (TER) et des trains d’équilibre du territoire (Intercités, Teoz, Corail) ne sera pas sauvage. Il n’est pas question d’autoriser n’importe quel opérateur à utiliser le réseau ferré, mais plutôt de permettre à l’Etat et aux régions françaises de choisir à quel opérateur elles souhaitent confier leur délégation de service public (à la SNCF ou à un concurrent privé). Cette délégation prend la forme d’un contrat sur plusieurs années, assorti d’un cahier des charges qui permet à l’Etat ou à la région de fixer des exigences en matière de qualité de service, par exemple.

Les régions françaises pourront commencer à attribuer ces concessions à des opérateurs privés à compter de décembre 2019, mais elles ne seront tenues de procéder à des appels d’offres ouverts qu’en 2023. Les conventions régions/opérateurs pouvant durer dix ans, la SNCF pourrait rester en monopole de fait et empêcher les opérateurs privés de candidater jusqu’en 2033, dans les régions les plus hostiles à la concurrence.

=> 2020-2021 : les TGV

Le monopole public sur les lignes qui, comme le TGV, n’entrent pas dans un contrat de service public, s’éteindra officiellement en décembre 2020. Les premiers concurrents privés du TGV pourront rouler sur le réseau français en toute liberté à partir de 2021.

Franchement, quand on prend la peine de s’intéresser au contenu de cette loi, force est de constater qu’il est très progressif (mise en extinction du statut, mais respect de celui-ci pour les cheminots qui en bénéficient, le régime des retraites des cheminots – avantageux - n’est pas concerné, respect du caractère national de la SNCF, etc…..).

Soyons clairs. Je vois bien la portée symbolique de ce conflit et la phrase prononcée par Olivier Besancenot  le dit fort justement: « Nous sommes tous les cheminots de quelqu’un d’autre » montre bien que pour les opposants au projet de réforme, c’est plus le concept d’avantages acquis et le refus de ce qui est perçu comme une régression sociale que la réalité et l’ampleur du recul demandé qui est attaqué par les opposants du projet.

Dans ces conditions, comme d’ailleurs une majorité de Français, à ce jour, je soutiens ce projet de réforme. Car il prépare la SNCF à résister efficacement à la concurrence allemande, italienne qui , elles, arrivent inexorablement, conséquence logique de la mise en place du marché intérieur ferroviaire Européen.

Où sont les risques pour le gouvernement dans la conduite de ce conflit ? Ils sont, à mon avis, triple.

1. Un mouvement national de cette ampleur est toujours un évènement, au sens étymologique du terme. Il vient donc d’ailleurs. Les repères symboliques, comme la grande grève ferroviaire de 1995,   ne seront  pas très utiles. Cette grève aura sa propre signature. Le gouvernement sait qu’il doit veiller impérativement à éviter la fameuse convergence des luttes….Plus facile à dire qu’à faire. Donc risqué.

2. Le gouvernement Macron est isolé politiquement. S’il peut, encore aujourd’hui, compter sur une majorité, versatile, dans l’opinion publique. Au cœur du conflit, il risque de se retrouver bien seul sans personne pour l’aider, parmi les élus, à Droite comme à gauche. C’est la limite de la stratégie politique actuelle d’En Marche, qui dispose, certes, d’une majorité à l’assemblée nationale, mais d’une base électorale réduite.

3. Habilement, le gouvernement a limité la réforme initiale à la triple question de la nature juridique de la SNCF, du statut du cheminot et de l’arrivée de la concurrence. Il a promis qu’il ne toucherait pas « aux fameuses petites lignes » qui coûtent très cher à la SNCF. C’est la fameuse stratégie des Horaces et des Curiaces ( lire ma chronique http://jeandionis.com/blog/reforme-sncf-2-horaces-curiaces). Mais soyons clairs une deuxième fois. Pas de redressement financier de la SNCF sans traitement de ce problème qui est au cœur de l’impasse financière de la SNCF. Ces lignes pèsent lourd (lire ma chronique http://jeandionis.com/blog/rapport-spinetta-sncf-vigilance-france-peripherique ). Il faudra bien trancher : les fermer ou les moderniser ?

Je plaide pour leur modernisation.

Qui paye ? l’Etat, les Régions, les usagers ?… On arrive, à ce moment précis, au cœur du conflit. Là, l’habileté ne suffira plus. Il faudra une vision économique et écologique à terme. Il faudra du courage politique.

C’est à cause de ce cocktail là d’ingrédients majeurs et explosifs que le conflit qui démarre demain est lui aussi majeur et explosif.

Les réactions

En 1789 nous avons abolis les privilèges. Aujourd'hui ce sont les privilégiés qui refusent de participer aux efforts nécessaires à la patrie. Entre 73 et 87 pour affirmer ma position de cadre agro-alimentaire j'ai changé quatre fois d'entreprise (privé) pour obtenir une "promotion". Elle se mérite et ne peut être automatique et immuable!!!... On demande à tous des sommes pour renflouer les vides causés par cette gauche inconséquante. Qui fait la morale et qui en son temps allait en vacances chez Céoucescous... Les mêmes aujourd'hui qui refusent que les bénéfices prévus pour le nouveau jeu (FDJ) aillent aux monuments historiques religieux -catholiques- bien entendu....... Si leur statut ne leur suffit pas qu'ils - cheminots, pilotes, aiguilleurs du ciel,etc - changent d'entreprises et qu'ils cessent d'emmerder les HONNêTES GENS!!!!  qui veulent travailler avec ce qu'ils trouvent et qui prendraient, même à moins cher, leurs places!!!!  Robert Vergnes

"comme d’ailleurs une majorité de Français" : de français désinformés, mais pas forcément les usagers qui, même "pris en otage", ont bien compris que cette soi-disant réforme, ne sera pas à leur avantage...bien au contraire, d'où ce sentiment mitigé. Le mode de grève gêne, mais pas son contenu.

Comme la "réforme" de la Poste ou des "Autoroutes" : c'est plus cher aujourd'hui, et moins performant... En effet, qui a vu une amélioration si énorme dans ces deux cas (il y en a d'autres, malheureusement)
Plus globalement, la succession de réformes depuis une decennies, vise à déshabiller le pays, le faire dysfonctionner, pour mieux le vendre à des lobbies, (et in fine des actionnaires), qui, confortablement installés dans leur fauteuil, encaissent sans bouger un petit doigt.
Si ces réformes avaient été positives, il y aurait par exemple moins de chômage aujourd'hui, les salaires des travailleurs augmenteraient, etc. Est-ce REELLEMENT le cas ? Vu par exemple la situation sociale d'Agen par exemple, on ne peut qu'en douter.

Cette réforme, telle qu'elle est faite, fera comme les autres. N'oublions pas non plus que la folie TGV est un fiasco, voulu, optimisé par les politiques, et que ce TGV (et LGV ?) s'arrête à Agen, ce qui est aberrant et cher. Mais, là, tout à coup, ce n'est plus cher... cela devient normal.
Ce qui est cher c'est un aérodrome, payé par tous, utilisé par quelques-uns, alors que justement, le TGV s'arrête en gare d'Agen...
Voyez comme il y a donc, beaucoup de réformes à faire.

 

Bonjour Jean

La seule impasse qui est faite dans ton message,au demeurant bien argumenté, c’est la notion de service public...Qui peut penser sèrieusement que les petites lignes, celles qui irriguent nos territoires reculés, seront maintenues? Chacun sait que les capitaux privés n ont, comme logique, que la notion de profit (il suffit de regarder ce que la privatisation du chemin de fer Anglais a produit..)Dans un tel contexte, il est clair qu’Agen pourrait être concernée un jour.....ou alors il faudra que les collectivités locales et régionales ouvrent leur porte monnaies...En clair la notion d’équité et d’egalite entre les territoires ne sera plus de mise et la metropolisation  continuera gentiment son chemin au détriment de la ruralité.

Pour ce qui est du statut des cheminots les fantasmes sont de règle...en réalité leur temps de travail est équivalent à celui du reste de la population...leur temps de cotisation pour accéder à une retraite à taux plein aussi...et s’ils ont quelques avantages chacun comprendra qu il n y a rien de comparable avec les cumuls de retraites de beaucoup de politiques, de haut fontionnaires, ou des avantages des journalistes, des magistrats ....etc..qui seraient bien inspirés de montrer l exemple  s’ils veulent « réformer » notre société..

C est assurément la quantité invraisemblable des avantages dont bénéficient ces catégories (je ne parle pas là des élus des petites collectivités)et le nombre d affaires qui sont révélées quotidiennement qui amènent les plus fragiles à des votes extrêmistes, mais pas seulement car il y a un fort sentiment d injustice.

Comment les plus faibles peuvent ils comprendre que l impôt sur la fortune (environ 4,5 milliards) soit supprimé alors que la CSG a pour consequence une baisse de leur revenu ou de leur retraite...Comment peuvent ils comprendre que des aides conséquentes bénéficient à de grandes entreprises qui ne créent pas d’emploi voire qui en suppriment? Comment les fonctionnaires de la fonction publique hospitaliéres  peuvent ils accepter des conditions de travail déplorables avec toujours moins de moyens ...Et dans le même temps les artisans et les petits exploitants agricoles « tirent la langue » avec des aides inexistantes ou peu significatives...

Tu me diras sans doute que je m’éloigne du sujet....non, c est un tout,  sans exemple des plus riches, sans exemple des élus, sans une juste répartition des fruits du travail, les plus modestes, les plus précaires,  « ceux qui ne sont rien » finiront par se réveiller...aujourd’hui...ou demain car l exaspération est grande..

 

 

C'est très bien votre grève mais je vous souhaite de ne pas changer de société vous y êtes bien au chaud à l'abri du chômage et des conditions de travail que bien des professions vous envie tellement la leurre est bien plus pénible Il est vrai que ça doit être dur de ne pas s'endormir au volant d'un train Mais c'est pas pour cela que je suis très mécontent. C'est que grâce à vous mon fils qui a dû prendre sa moto pour aller au travail s'est fait percuter ce matin par un automobiliste très énervé de son retard Je demande donc si les grévistes sont conscients de la répercussion de leur grève.

Bilan de la journée : Moto hs blessures juste assez légères pour aller travailler oui mais comment

Vous avez créé une demande de dons sur internet pour vos jours avez-vous penser à tous ceux qui vont avoir de sérieux problèmes financiers

A méditer  

 

 

Réagir à cet article

Filtered HTML

  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Tags HTML autorisés : <a> <em> <strong> <blockquote> <ul> <ol> <li> <p> <br>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.