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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Note de lecture : "Et moi, je vis toujours" de Jean d’Ormesson

Publication : 09/04/2018  |  10:58  |  Auteur : Webmaster

Il  y a deux façons de percevoir le dernier livre de Jean d’Ormesson – «et moi, je vis toujours »  GALLIMARD -  que je viens de lire.

La première est mondaine. Elle nous fera sourire à la dernière espièglerie du plus mondain du petit monde de nos grands écrivains. Jean d’Ormesson, qui nous a quittés le 5 décembre dernier, aura réussi, avec son roman posthume, lui, l’admirateur de Chateaubriand, « ses mémoires d’Outre-Tombe »… oui, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire en pensant : « Enfin, Jean d’Ormesson a réussi sa sortie…."

Souvenons-nous.

Notre Johnny national en décédant presque simultanément lui avait justement volé sa sortie et dans une chronique précédente (lire http://jeandionis.com/blog/ormesson-johnny-certaine-idee-france), j’écrivais :   

« Clin d’œil malicieux du destin qui, en rapprochant ces deux évènements,  a fait un joli pied de nez à Jean d'Ormesson qui estimait — citant en exemple les décès quasi-simultanés, en 1963, d'Édith Piaf et de Jean Cocteau — qu'« il est préférable pour un écrivain de ne pas mourir en même temps qu'une vedette de la chanson, sous peine de voir sa disparition éclipsée ». Lui, qui a passé sa vie à penser à sa mort et à celles des autres, à organiser la mise en scène de sa sortie, voit celle-ci balayée par le tsunami Johnny. Mondain en diable, il doit maudire ce destin. Ayant fait de l’humour une vertu cardinale, il ne peut pas ne pas en sourire. »

De l’autre Monde, Jean d’Ormesson se devait de réagir. C’est chose faite, avec la sortie posthume de « Et moi, je vis toujours », qui est déjà un immense succès de librairie.

Fin de la lecture mondaine.

En effet, ce livre mérite aussi une autre approche, plus profonde qui nous rapproche du cœur de l’œuvre de Jean d’Ormesson.

Le livre a pour sujet, l’Histoire. Celle des femmes et des hommes. Célèbres et inconnus.

Et le sens de la quête métaphysique de Jean d’Ormesson se trouve à la fin du livre. Jean d’Ormesson fait dire à son personnage principal, l’Histoire : " Disons les choses d’un mot : « Il n’est pas impossible que je n’aie pas le moindre sens »… De moi, comme de vous, un jour, plus ou moins loin, il ne restera rien. Je prononce ces paroles et, au moment où je les dis, je n’en crois pas un mot.» (p.276)

Tout au long de son œuvre et plus spécialement de son dernier ouvrage, Jean d’Ormesson nous embarque dans sa recherche de la Vérité sur l’existence humaine. Jamais, il ne renonce à la compréhension du monde qui nous entoure, jamais il ne renonce à construire, à l’épreuve de l’Histoire et de la raison, une  « Weltanschauung , une conception du monde » qui nous permette de vivre de manière intelligible avec le monde qui nous entoure.

En cela, il est exactement à l’opposé de tous ceux qui pensent le monde comme chaotique et inintelligible et du fameux repli individualiste prôné par Voltaire lorsqu’il recommande à Candide « de cultiver son jardin ».

Jusqu’au bout de sa vie, Jean d’Ormesson cherche, avec humilité, car l’histoire des idées lui a appris à quel point nos certitudes d’un moment peuvent être lacunaires, voire carrément  fausses. Mais il croit à l’utilité de cette conception du monde globale, notamment pour être vacciné contre toutes les tentations de manipulations violentes et mensongères.

Jean d’Ormesson nous embarque dans son survol de l’histoire humaine dans le temps et dans l’espace servi par une fabuleuse culture générale. C’est, à la fois, sérieux scientifiquement et gai dans la forme, grâce à un style flamboyant et plein de vie.

Au final, le lecteur sent bien que, pour Jean d’Ormesson, l’inexistence de Dieu est devenue en ce début de XXIème siècle une hypothèse bien improbable. Mais, devant le mystère, il s’arrête. Avec respect : « Mais de ce que vous appelez Dieu, il est impossible de parler. Ce dont on ne peut parler, écrit Ludwig van Wittgenstein dan son fameux tractatus. il faut le taire. »

Au final, « Et moi, je vis toujours » - titre tiré d'une chanson populaire, Le Juif errant, vieux complice de l'écrivain que l'on retrouve dans plusieurs de ses livres, notamment "Histoire du Juif errant" publié en 1991 – est un beau livre d’Histoire et un magnifique vaccin contre la bêtise et la violence.

Pour ces deux vertus cardinales, il mérite, à mon humble avis, que vous le lisiez et qu’à votre tour vous le recommandiez.

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