Le 4 mars dernier, Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, prononçait au Sénat un discours de neuf minutes qui allait devenir viral, être traduit en des dizaines de langues et être vu et entendu des millions de fois.
Ce discours, vous pouvez le lire ici et l’entendre là.
J’ai cherché la ou les raisons du succès de ce discours. Il y en a plusieurs, bien évidemment :
Tout d’abord, Claude Malhuret y développe une vision géopolitique cohérente : celle des militants pro-européens proposant l’émergence d’une Europe puissance, avec une défense européenne, une industrie européenne capable de produire sur son sol les armements nécessaires à sa sécurité, dotée de l’arme nucléaire de manière indépendante des États-Unis.
Ensuite, Claude Malhuret connaît tous les secrets de l’art oratoire : l’humour dévastateur, les formules choc. Il fallait oser comparer l’entourage du président Trump à la cour de Néron et Elon Musk à un bouffon sous kétamine !
Il y a là tous les ingrédients d’un grand discours.
Mais, à mon avis, ce ne sont pas ces raisons-là qui ont suscité la réponse favorable de millions d’e-lecteurs. Non, c’est, à mon avis, dans cette phrase terrible de force et d’accusation qu’il faut chercher le succès de ce discours :
« Nous étions en guerre contre un dictateur, nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître. »
Traître, le président Trump ? L’accusation est gravissime.
Très peu d’opposants à Trump, américains ou non, osent aujourd’hui dire clairement cette vérité centrale du drame qui se déroule sous nos yeux :
Trump laisse brutalement tomber l’Ukraine, suspend l’aide militaire et le renseignement militaire du jour au lendemain et, pire encore, aligne les États-Unis sur l’argumentaire russe (Zelensky, néo-nazi ; Ukraine, vice-championne du monde de la corruption ; Ukraine, agresseur…).
Certes, les Ukrainiens ne sont pas des anges. Mais ils sont en guerre depuis 2014, résistant à la Russie au prix de souffrances inimaginables, dont la plus horrible est sans aucun doute le kidnapping de masse d’enfants ukrainiens.
« Trump, un traître ! » L’accusation est terrible pour un président des États-Unis.
Elle percute et interroge chacun de nous. En l’état, même dans la confusion entretenue par l’insupportable méthode de Trump consistant à dire tout et son contraire, elle a réveillé des millions de lecteurs et d’auditeurs, et plus spécialement des millions d’Américains.
Claude Malhuret accuse clairement Trump d’être un traître et, ce faisant, il nous oblige à répondre à la petite voix de notre conscience qui nous murmure :
« Et si Malhuret avait raison ? Et si Trump était un traître ? »
Alors, soutenir Trump ou tout simplement ne rien faire, c’est être complice d’un traître.
Eh bien, moi, à mon très humble petit niveau personnel, j’ai choisi : je ne serai jamais complice de la trahison de Trump.
J’attends avec inquiétude et espoir le réveil des grandes consciences américaines. J’attends notamment une parole de résistance du président Obama.
En attendant, je suis fier, oui, fier de la position des leaders européens, à commencer par notre président de la République, qui tous, à l’exception de l’ineffable Orbán, ne se sont pas laissés impressionner par le traître Donald Trump.
Merci, Monsieur le Sénateur, vous nous avez secoués. Vous nous avez réveillés.
Comme après une bonne douche froide.
Comme avec une gifle de vérité.
Après votre discours, les choses sont claires :
Ne pas être complice d’un traître. Jamais.
@+,
Jean Dionis, Maire d’Agen