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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Front Républicain : Bayrou confirme

Publication : 20/01/2025  |  00:14  |  Auteur : Webmaster
© AMAURY CORNU / HANS LUCAS

On rembobine : Juillet 2024.

Deuxième tour des législatives faisant suite à la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le Président de la République après la poussée spectaculaire du Rassemblement national aux élections européennes.

Les Français font très majoritairement barrage au Rassemblement national en mettant en œuvre une stratégie de Front républicain (désistement en faveur du candidat le mieux placé pour battre le Rassemblement national).

À l’issue de ce scrutin, j’espérais un gouvernement qui aurait été la traduction politique de ce Front républicain (lire ma chronique du 8 juillet 2024, le lendemain de l’élection !).

On connaît la suite. Emmanuel Macron choisit Michel Barnier comme Premier ministre. J’ai soutenu Michel Barnier, car j’ai estimé qu’il avait eu le courage de dire la vérité, notamment sur la situation budgétaire et financière (très dégradée) de notre pays, et de mettre sur la table un début de correction de trajectoire financière. Mais, par ses choix personnels et en raison de la position d’un Parti socialiste scandaleusement à la remorque de La France insoumise, Michel Barnier fit le choix d’un dialogue exclusif avec le Rassemblement national. Ce choix fut mortel pour son gouvernement.

Vint l’heure de François Bayrou.

Connaissant les convictions et le parcours politique de François Bayrou, j’espérais une tout autre stratégie de sa part. Pour parler clair : une stratégie de compromis avec l’ensemble des familles politiques ayant participé au Front républicain, à l’exception de La France insoumise, qui s’était volontairement mise en dehors de tout compromis avec le gouvernement.

Et bien, François Bayrou a été au rendez-vous que lui avait donné l’Histoire de notre pays. Ce rendez-vous, c’était sa déclaration de politique générale devant le Parlement et le vote de la motion de censure qui s’en suivit.

François Bayrou a confirmé les espoirs placés en lui en démontrant sa capacité à arriver à un compromis avec le Parti socialiste. En partant de la copie budgétaire initiale du gouvernement Barnier, déjà largement modifiée par le Parlement, il a fait au Parti socialiste des concessions significatives :

  • L’abandon des deux nouveaux jours de carence pour les fonctionnaires et le renoncement aux 4 000 suppressions de postes dans l’éducation.
  • L’annulation du déremboursement partiel des médicaments et des consultations médicales, ainsi qu’une rallonge "d’un milliard d’euros" pour les dépenses de santé.
  • Le maintien des crédits pour l’Outre-mer, dont le budget sera au contraire supérieur à celui de 2024, et pour France Travail, qui ne sera pas amputé de 500 postes.
  • Côté fiscalité : le maintien de la nouvelle "contribution différentielle sur les hauts revenus" (rapportant 2 milliards d’euros) en attendant de la remplacer "au plus tard" en 2026 par un "dispositif pérenne de lutte contre une injuste optimisation fiscale". De même, la "surtaxe provisoire" sur les grandes entreprises sera conservée (pour un montant attendu de 8 milliards d’euros), complétée par 400 millions de plus sur la taxation des rachats d’actions, un rabot équivalent sur le Crédit d’impôt recherche et une hausse minime (0,1 point) de la taxe sur les transactions financières.

Si on ajoute à cela la démarche proposée pour améliorer la réforme des retraites (enfin, on revient à une bonne gouvernance : Cour des comptes d’abord, partenaires sociaux ensuite, Parlement enfin !), on obtient les contours de l’accord passé entre François Bayrou et le Parti socialiste pour que celui-ci ne vote pas la motion de censure proposée par La France insoumise, les écologistes et les communistes.

Grâce à cet accord, la motion de censure déposée contre le gouvernement de François Bayrou, examinée jeudi 16 janvier, n’a pas obtenu la majorité absolue nécessaire pour être adoptée. Seuls 131 députés ont voté en faveur du texte déposé par La France insoumise et signé par des députés communistes et écologistes. C’est 157 de moins que les 288 voix nécessaires pour obtenir la majorité absolue et renverser le gouvernement.

Enfin ! Enfin, un compromis, un vrai !

Personnellement, je félicite les deux acteurs de ce compromis : le Premier ministre et les groupes représentés au gouvernement, d’une part, et le Parti socialiste, d’autre part.

On peut critiquer ce compromis, on peut estimer qu’il coûte trop cher à nos finances publiques. Mais c’était le chemin pour sortir de la crise politique de notre pays et ne plus payer son coût financier et social exorbitant.

J’entends déjà la rengaine triste des cyniques et des pessimistes : Une hirondelle ne fait pas le printemps… Certes, et une motion de censure repoussée ne fait pas un budget, certes à nouveau…

Mais j’ai envie, et de bonnes raisons, d’espérer.

François Bayrou est fidèle à son destin lorsqu’il construit un compromis national avec un rassemblement politique allant des Républicains (droite républicaine) aux socialistes.

Pour ses amis, dont je m’honore d’être, il confirme à la fois la force de ses convictions et sa redoutable habileté. Quant aux socialistes, comme l’affirme François Hollande dans un entretien dans La Tribune du dimanche 19 janvier 2025 : ils ont – enfin !! – compris que « eux [les socialistes] constituent désormais le pôle central au sein de l'Assemblée nationale puisque rien ne peut se faire sans eux ni contre eux ».

Pour conclure, petit message rugbystique à l’attention de François Bayrou, grand amateur de rugby et fidèle supporter de la Section Paloise :

« Allez François ! Quand on vient de marquer un bel essai… on le transforme ! »

Bonne chance et bon courage pour le budget !

@+,

Jean Dionis, Maire d’Agen

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