J’ai signé la semaine dernière le permis de construire de la nouvelle Ecole Paul Langevin à Agen.
Personne ne conteste qu’il y a urgence à construire une nouvelle école pour l’ensemble des quartiers de la partie Nord-Est d’Agen, et plus spécialement pour le quartier de Montanou qui fait l'objet d'un "Contrat de ville" mené de manière conjointe par l’Etat et la ville d’Agen.
L’école actuelle construite à la fin des années 1960 dans la foulée de la construction de la cité HLM qui l’entoure est une école de type « collège Pailleron » dont tout le monde sait la fragilité des procédés constructifs. La ville d’Agen veille à faire les efforts de maintenance pour que toutes celles et tous ceux qui y vivent y soient en sécurité. Mais, de l’avis unanime, l’école actuelle est à bout de souffle.
De manière cohérente, la municipalité d’Agen a fait de la construction de la nouvelle école Paul Langevin un de ses engagements de mandat lors de l’élection municipale de 2014 et s’est mise en situation de pouvoir faire – avec ses partenaires -un gros effort financier à son échelle – 8 millions d'euros - pour tenir parole et construire cette école.
Elle a choisi le site d’implantation qui lui est paru, après consultation des parents, le plus sûr et le plus adapté à ce chantier. Elle s’est donnée un architecte qui a conçu un projet sécurisé, moderne, offrant d’excellentes conditions pédagogiques. Le Maire que je suis a signé le permis de construire de ce projet.
Tout va bien, donc ?
Et bien, non. Ce projet se heurte à l’opposition de l’Etat, à qui la Ville ne demande rien sur ce projet, pourtant d’intérêt général.
Pourquoi ? l’Etat considère que le terrain d’implantation – aux bords d’un affluent mineur de la Garonne, la Masse- est inondable (il met en avant un document administratif le Plan de Prévention des Risques dont il est l’auteur- c’est plus facile comme cela - ) et affirme qu’en plus la construction de cette école se fait dans un bassin d’expansion de crues, ce qui est rigoureusement interdit.
Vous me direz, voilà bien une raison de force majeure. Soyez raisonnable, Monsieur le Maire. Et bien, non. Deux fois non.
Non, d’abord parce que nous contestons le niveau de risque contenu dans le document de l’Etat. Après une crue survenue en 1993, les collectivités locales et l’Etat ont construit deux barrages de régulation de crues en amont. L’Etat a toujours refusé de mettre à jour le fameux plan de Prévention des Risques pour prendre en compte l’impact de ces barrages. Pourquoi ?
Non, enfin, parce que l’argument tendant à dire que cette école serait construite dans un bassin d’expansion de crues prêterait franchement à rire si le sujet n’était pas aussi grave. Où est-il le bassin d’expansion des crues, alors que tout le quartier est un des plus densément bâtis de la Ville d’Agen ?
Nous sommes donc en désaccord profond avec l’Etat.
Comme nous essayons de nous conduire en personne raisonnable sur ce dossier, nous nous sommes mis en quête d’un site d’implantation alternatif dans cette partie de la ville.
Après un examen exhaustif de toutes les possibilités foncières existantes, nous sommes arrivés à la conclusion que le terrain d’implantation envisagé initialement était de loin le plus sûr. Pourquoi ? Il faut pour cela s’intéresser à la situation géographique particulière de la cité de Montanou où habitent la très grande majorité des enfants appelés à fréquenter la nouvelle école. La cité est coincée entre deux routes à très fort trafic - la RD 656 et la rue Pierre Paul de Riquet - et proche d'une usine comportant un site classé SEVESO au Nord-Est. Il faut rajouter à cette description que l’école actuelle se situe à proximité de lieux de trafic et délinquance bien connus des habitants de la cité.
Le choix de n’importe lequel des terrains alternatifs obligerait à faire prendre à celles et ceux qui vivraient sur ces sites des risques bien plus grands que le risque d’inondation.
Qui va prendre la responsabilité de faire traverser 4 fois par jour plus de 200 enfants de 3 à 11 ans, avec un risque d’accident routier autrement plus probable que celui d’inondation ? L’Etat ? En tout cas, pas le Maire, pas moi.
Qui va prendre la responsabilité de fixer l’école à proximité d’un site SEVESO et de sites connus de trafic et délinquance du quartier ? L’Etat ? En tout cas, pas le Maire, pas moi.
Ce faisant, l’Etat prend une responsabilité redoutable qui est de pousser les acteurs locaux à choisir un site d’implantation bien plus dangereux que le site proposé par la Ville. Il devra l’assumer.
Et là, devant cette situation, Kafka est de retour. L’Etat s’enferme, s’accroche – contre tout bon sens – à la seule prise en compte du risque d’inondation et refuse d’avoir une analyse consolidée des risques , non pas en théorie, mais pour le cas précis de Montanou. Et la machine à contentieux s’emballe : l’Etat conteste devant le tribunal administratif le Plan Local d’Urbanisme de l’Agglomération d’Agen. Celle-ci va répondre en contestant le Plan de Prévention des Risques de l’Etat. Voilà, comment on monte un territoire, celui d’Agen, plutôt innovant, plutôt bon élève contre l’Etat ! Voilà, comment est nourrie la colère des élus locaux ! (Lire ma chronique à ce sujet http://jeandionis.com/blog/elus-locaux-raisons-colere)
Kafka aura–t-il raison ? la machine administrative et judiciaire va-t-elle s'emballer, aveugle ? Je ne veux pas y croire. La solution de sortie de ce blocage est pourtant simple. Il faut choisir le terrain le moins dangereux, celui proposé par la Ville et travailler pour diminuer radicalement le risque d’accident pour cause d’inondation.
Déjà, les études démontrent que grâce aux travaux réalisés, la zone prévue pour la construction du groupe scolaire pourrait être classée en aléa moyen plutôt qu’en aléa fort et ce, pour une crue très exceptionnelle (de fréquence de retour 200 ans à 300 ans).
Déjà, le projet architectural de la ville a prévu de mettre les 12 classes du projet, 65 centimètres au dessus du niveau d’eau atteint lors de la crue bi-centennale
Déjà, le même projet a prévu de construire à 50 mètres de l’école un bâtiment refuge qui lui est en zone non inondable.
Mais, pour que la raison triomphe enfin sur ce dossier, la Ville est prête à aller plus loin : renforcer la régulation en amont, sécuriser encore plus le projet architectural, améliorer les dispositifs d’évacuation. Tout est envisageable. Tout, sauf de nous forcer vers un site plus dangereux.
Bloquée au niveau local, la situation doit être débloquée au niveau national et ministériel. J’en appelle donc aux ministres compétents, MM. Hulot et Lecornu pour qu’ils nomment une mission de médiation pour construire la bonne solution de sortie à ce conflit…
Il y a urgence, Messieurs les Ministres.
Je comprends tout a fait vos arguments,le Syndicat de ma Masse et de la Laurendanne a été crée suite a l'inondation de 1993
L'étude SOGREAH réalisée sur ce bassin démontrait qu'en écrétant 600000m3 on divisait par 2 la pointe de crue,on passait dun débit de 60m3/s à 30,débit maximum possible sous l'acqueduc du canal.L'ensemble n'a pas été réalisé,seulement 500000m3,au moyen de 2 retenues(Monbalen et Bajamont) et aussi une dizaine de petites retenues sèches dont Montanou 60000m3,Sauvagnas 50000m3 et autres.
Il est effectivement regrettable de ne pas tenir compte de ces amémagements qui ont couté pas mal de deniers publics.J'espère que vous arriverez a votre fin
cordialement
Madame la préfette est du genre parapluie. Elle ne s'appuie que sur les textes. Même pour les pêcheurs à la ligne elle a refusé la plus petite parcelle de discussion pour étendre les tirs aux cormorans sur les sites clos de truites tant que ces prédateurs sont là (fin mars). Plus bornée qu'elle tu "meurs". Seule sa carrière compte!!
Je partage entièrement vos propos. L'enjeu qui représente la construction de cette nouvelle école pour la cohésion sociale de notre ville et son agglomération est très significatif. Le risque venant de la circulation routière sur d'autres sites alternatifs est à mon avis également beaucoup plus important que celui d'une crue exceptionnelle contre laquelle on pourra par ailleurs prendre des mesures de prévention à temps. Nous disposons d'outils suffisamment performants pour anticiper un tel risque majeur potentiel (PREDICT, PCS qualifié entre autres). Par contre, le risque que subiraient les enfants en traversant des routes fréquentées serait quotidien et des mesures permanentes de prévention ne seraient guère possibles. Je vous encourage par conséquent de défendre le projet initial qui est un bon projet.
Volker Otlinghaus
Saint Caprais de Lerm
A mon avis c'est un grand souci de notre incapacité à prévoir les hautes eaux. J'attire ton attention que le plancher du bâtiment soit au-dessus de la côté de la dernière crue de 1875 en tenant compte que la plaine de BOE a été fortement imperméabilisée. Bon conseil, reste prudent pour ne pas te mettre en portafo vis à vis de la loi. Oui pour la construction de l'école LANGEVIN que les architectes et ingénieurs mettent en place un projet en fonction des règles demandées pour te protéger.