Je suis un des très nombreux maires à être "montés à Paris" pour le 100ème congrès de leur association, la puissante Association des Maires de France. J’ai fait « la totale » : visite du Salon des Maires, réception à l’Elysée, lecture du Discours d’Emmanuel Macron… et je suis revenu, chez moi, en faisant un constat simple : le dialogue entre Emmanuel Macron et les Maires est difficile, marqué par beaucoup de défiance de part et d’autre et je me suis posé une question – elle aussi très simple – : Pourquoi ?
Pour convaincre les Maires, Emmanuel Macron a objectivement fait des efforts louables et cohérents, « n’hésitant pas à mettre les petits plats dans les grands ».
Une nouvelle fois, le Président a fait preuve de talent et d’habileté.
Talent oratoire et mots justes d’abord pour faire preuve de respect et de reconnaissance envers ces « tauliers de la République » que sont les maires. Lorsqu’Emmanuel Macron affirme : « Parce qu’il y a dans la relation entre l’Etat et les communes quelque chose qui relève d’un compagnonnage républicain. La République n’est pas détenue par quelques-uns. Elle est en partage avec les maires. La République c’est ce que nous avons en partage », ses paroles fortes vont droit au cœur des Maires.
Habileté aussi lorsque le président prend bien soin de concentrer ses projets les plus contraignants pour les collectivités locales sur les plus importantes d’entre elles, assurant la très grande majorité d’entre elles que rien ne changerait pour elles. Ecoutons le Président sur la réforme du cumul des mandats dans le temps : "La vitalité démocratique dans notre pays nécessite que nous engagions un travail pour les mandats nationaux et locaux avec un non-cumul dans le temps. Beaucoup de ceux qui disent : "Un élu, il ne faut pas le limiter dans le temps", ils étaient d’accord pour limiter celui du président. L’engagement que j’ai pris est clair.
Cette réforme (limiter le cumul à mandants identiques et successifs) ne touche pas les mandats pour les communes de moins de 3 500 habitants. 90% des communes de France seront exonérés de cette disposition. »…
Habile. Le Président utilise avec les Maires une arme qui a été efficace dans sa lutte contre les partis traditionnels : la fragmentation. Soyons beau joueur, chapeau l’artiste.
Et pourtant… dans les trains et les bus qui nous ramenaient dans notre France Périphérique, si les maires reconnaissaient au Président une certaine sincérité et un talent incontestable, l’ambiance restait lourde de méfiance.
Les maires constituent un corps intermédiaire à part dans le France d’aujourd’hui. 35 000 Maires, 60 0000 élus locaux, cela fait d’abord beaucoup de monde, à la fois très proches de nos concitoyens et avec une bonne culture générale politique qui les vaccinent contre de très beaux discours qui sont en fait des « marronniers de congrès de Maires ». A l’occasion de chacun d’entre eux, l’Etat nous promet les mêmes réductions de normes, les mêmes préfets facilitateurs, les mêmes lois permettant l’expérimentation territoriale. Macron n’a pas manqué à cette règle impérative et a coché toutes les cases des bonnes paroles d’un « bon congrès des Maires ». Sauf que… les maires n’y croient plus, mais plus du tout. Ils ne croiront que… des actes en matière de réductions de normes, préfets facilitateurs, et autres lois permettant l’expérimentation territoriale.
Et puis, il y a les « gros obstacles », ce qui fâche vraiment entre les Maires et le Président : la réforme du logement et celle de la taxe d’habitation.
Sur la réforme du logement, il semblerait que le Président se prépare à mettre de l’eau dans son vin puisqu’il affirme vouloir faire sienne la proposition du président du Sénat, Gérard Larcher, de réunir une conférence du consensus sur le logement. « Cette concertation devra associer étroitement les collectivités territoriales et les acteurs du logement, pour permettre de finaliser le projet. La conférence nationale des territoires sera également une enceinte privilégiée dans ce cadre ». Ne faisons donc pas de procès d’intention. Nous jugerons sur pièces.
Par contre, sur la taxe d’habitation, les Maires ont compris que le Président est déterminé à mettre en œuvre la suppression de la TH pour 80 % de nos concitoyens, et même à aller plus loin et à mettre en œuvre une refonte complète de la fiscalité locale. Dont acte.
J’ai déjà dit mes plus grandes réserves sur ce projet (lire ma chronique à ce sujet http://jeandionis.com/blog/suppression-taxe-habitation-premiere-faute ) et je constate qu’elles sont partagées par la très grande majorité des élus.
Le Président n’a pas convaincu sur l’utilité et l’opportunité de cette réforme. Les élus ne comprennent toujours pas pourquoi l’Etat va rajouter 10 milliards d'euros - le coût de cette réforme – à son déficit déjà abyssal de 70 milliards.
Le Président n’a pas convaincu non plus sur le caractère injuste de cet impôt. Femmes et hommes raisonnables, présents sur le terrain, ils savent bien que l’on voit très rarement des riches habiter dans des maisons de pauvres.
Enfin, le Président n’a surtout pas convaincu en affirmant aux maires que l’Etat compensera à l’euro près la disparition de cette recette qui pèse en moyenne plus de 35 % des recettes fiscales des communes. Excusez du peu…
Bref, les Maires ont surtout compris qu’il s’agissait de la proposition la plus « totémique » du candidat Macron et que le risque politique de revenir sur celle-ci serait énorme.
Sur ce sujet, le Président et ses conseillers doivent être lucides. La méfiance des élus est quasi-unanime et leur vigilance sera maximale… Attention aux rdv des 101, 102 et 103èmes Congrès.
Bref, entre le Président et les maires de France, ça coince toujours…
Pour que le courant passe, il faudra plus que du talent et de l’habileté. Il faudra des actes. Il faudra une ligne politique résolument et durablement « Girondine ».
Chiche, M.le Président ?
Pour comprendre pourquoi le candidat Macron a fait la promesse de la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des contribuables, il faut se rappeler que cela lui permettait de faire passer la pilule de la hausse de la CSG pour tous les Français "aisés" (qui ont un revenu de plus de 1200 € par mois..., mais qui ne bénéficient pas pour autant de l'exonération de l'ISF sur les valeurs mobilières !). Un tour de passe passe jacobin qui permet en même temps de mettre les communes sous tutelle de l'Etat. "Penser globalement" oui !, mais "permettre d'agir localement" non!, telle paraît être la devise de Monsieur Macron.
nous sentons tous , ici, sur Agen et dans la circonscription, le début du retournement de veste , doucement, doucement, en faveur de Macron.... un VRAI centriste, quoi....
cdlt
BONJOUR , 80% exonérés ! ! C'est ça , elle est ou l' égalité devant l'impot ? Et pourquoi 20% de " riches " devraient payer pour les autres
C'est pas discriminatoire ça !! en plus à NERAC ou on nous prend pour des vaches à lait + 46% d'inter communalité et + 21 % au departement !!! et c 'est normal . ATTENTION nous aussi on demandera un jour le remboursement .... ETLA TETE DES ELUS ( c'est une image ) qui ont osé faire cette arnaque sans etre le moins du monde inquiétés . Enfin pour l'instant mais la colère monte et grogne dans nos campagnes . ENTENDEZ NOUS MESSIEURS TANT QU IL EST TEMPS .