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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Santé Publique : l’heure de la prévention ?

Publication : 11/05/2025  |  23:50  |  Auteur : Webmaster
Remise de la décoration d’officier, de l’ordre national du mérite à François, CHOLLET par le Maire De Toulouse, Jean-Luc Moudenc

J’ai un ami d’enfance qui s’appelle François Chollet, fils de Paul Chollet, dont je fus « l’élève » en politique à la mairie d’Agen.

François a construit un parcours de vie exceptionnel autour de deux lignes de force : la médecine, plus exactement la neurologie, et la politique.

Dans les deux, il a excellé, ce qui lui a valu de se voir remettre l’insigne d’officier de l’ordre national du Mérite récemment par le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. À cette occasion, il a prononcé un discours qui a retenu toute mon attention.

Au début de son propos, François Chollet a rappelé l’aventure scientifique et technologique vécue par la neurologie, la spécialité de son choix, sous la double impulsion de la révolution de l’imagerie médicale et des avancées de la biologie cellulaire.

Mais son propos s’est fait plus politique et, en ce qui me concerne, plus bousculant, lorsqu’il parla de l’interface entre politique publique de santé et politique publique de l’environnement.

 

Je le cite :

« Nous évoluons dans un contexte où notre système de santé ne pourra pas supporter financièrement la vague qui nous touche. Le vieillissement de la population, l’explosion du nombre de cancers et l’accroissement du nombre de maladies chroniques nous submergent à courte échéance. Notre système de santé n’a pas les moyens de faire face à la vague. Il devra immanquablement moins soigner, plus prévenir et éviter la survenue des maladies. Dans le département de neurologie, plus il y avait d’AVC, plus nous étions valorisés. Quel paradoxe ! Je pense que cette époque est révolue et qu’il faudra valoriser désormais le nombre d’AVC évités. C’est un changement profond qui nous attend.

[…]

Les élus sont au cœur de cette démarche, acteurs et promoteurs de prévention plus sans doute qu’ils ne le sont actuellement. C’est le sens de l’histoire. C’est par la santé qu’ils seront au cœur des personnes. Ils sont porteurs de politiques publiques capables d’agir directement sur les déterminants de santé. »

(François Chollet, Toulouse, 09/04/2025)

 

J’ai reçu ce discours en pleine figure. Car ce n’est pas du tout le discours dominant lorsqu’on parle des difficultés de notre système de santé.

Le gouvernement Bayrou et le Parlement s’écharpent sur les modalités de la régulation de l’installation des médecins. Quand le Parlement veut soumettre celle-ci à l’autorisation des Agences régionales de santé (proposition de loi Garot), François Bayrou veut imposer deux jours par mois obligatoires dans les déserts médicaux.

Au niveau de l’Agglomération d’Agen, nous travaillons à la fois sur les conditions de logement des futurs médecins internes et juniors, sur la prise en charge par la collectivité d’une partie du travail administratif du médecin pour le libérer de cette charge et ainsi optimiser le temps passé auprès de ses patients.

 

Entendons-nous bien. Tous ces sujets sont importants et méritent d’être traités. Mais, de la prévention, pas de trace significative…

Pourquoi ? Je m’interroge à ce sujet. L’obstacle principal est, à mon avis, financier. Comment développer une activité de prévention quand celle-ci mobilise du temps de médecin rémunéré très cher, alors que la consultation ne rapportera à la structure employeur que le prix d’une consultation, soit 30 euros ?

De manière intuitive, je pressens pourtant que le diagnostic de François Chollet est le bon. Il y a urgence à changer de calendrier et d’échelle dans nos politiques publiques contre l’obésité et pour la mobilité, contre le tabac, l’alcool et autres addictions, et pour une vraie sobriété, contre les réseaux sociaux en dessous de 15 ans et pour des activités de convivialité et de lien social…

 

Qui sera assez crédible et courageux pour porter cette refondation de notre système de santé ? Il y a de quoi être pessimiste quand on voit que même la bourrasque du COVID n’a pas réussi à installer la prévention au cœur de nos habitudes sanitaires…

Et pourtant, là comme ailleurs, nécessité fera loi. Le chantier est immense ? Il s’impose à nous. Alors, nous avons le devoir d’anticiper la vague et de devenir tous des préventionnistes, les maires les premiers…

 

« C’est par la santé que vous serez au cœur des personnes ( ?). »

Voilà une belle promesse républicaine au moment où l’image de l’engagement politique est injustement dégradée.

Merci, François, pour être sorti des sentiers battus des discours défaitistes sur la démographie médicale.

« Là où il y a une volonté, il y a un chemin »… paraît-il.

Je crois qu’un bout de ce chemin est celui que tu montres, celui de la prévention. À nous de nous mettre en marche.

 

@+,

Jean Dionis, Maire d’Agen

 
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