Du mercredi 23 mars au dimanche 28 mars derniers, je me suis rendu à Lomé, capitale du Togo, à la tête d'une délégation de l'Agglomération d'Agen, comprenant notre vice-président au développement durable (Patrick Buisson), le conseiller municipal agenais en charge de nos relations extérieures (Jean-Marie Nkollo) et notre directeur des services techniques (Christophe Enault).
Nous y sommes allés à l'invitation de M. Joseph Koamy Gomado, maire de la commune de Golfe 1 (350 000 habitants), une des communes constitutives du district du Grand Lomé, pour signer (enfin !) la convention de coopération décentralisée que, patiemment, nous avons élaborée avec nos amis togolais.
Coopération décentralisée ? Togo ? Je sens que c’est pour moi le bon moment pour faire un peu de pédagogie.
La coopération décentralisée est un cadre spécifique de coopération entre deux collectivités locales, en l’occurrence Agen pour la France, et Golfe 1 de Lomé pour le Togo, qui complète la coopération d’État entre la France et le Togo.
Mais pourquoi nous, Agen, et pourquoi eux, Golfe 1 ? L’histoire de cette rencontre mérite d’être racontée, car elle est révélatrice des attentes de chacune de nos deux communes.
Tout commence par un contact commercial entre UPSA, notre fleuron pharmaceutique, et la commune de Golfe 1 au Togo. À l’époque, UPSA essayait de vendre au Togo un laboratoire modulaire capable de faire des dialyses dans de bonnes conditions sanitaires, tout en étant bon marché.
Ce contact ne débouchera pas sur un contrat commercial en bonne et due forme, mais il permet néanmoins au maire de Golfe 1... Mais Joseph Koamy Gomado est lui-même de ce voyage. Il a le bon réflexe de venir se présenter à la mairie. Nous faisons connaissance. Nos cadres, nos élus font de même.
Rentré chez lui, et malgré l’échec des négociations sur le labo de la pharmacie, le maire, qui, dans l’histoire de cette rencontre, en aura été la véritable âme, décide de renvoyer une deuxième délégation pour déterminer le contenu… d’une éventuelle coopération entre nos deux collectivités.
Cette délégation travaille avec leurs homologues togolais et aboutit à la version que nous avons officialisée jeudi dernier. Ensemble, dans son article 3, nous avons pris l’engagement de :
- Être partenaires dans le développement de l’éclairage public photovoltaïque en nous appuyant sur l’expérience de l’entreprise FONROCHE ainsi que sur celle d’exploitant de l’Agglo d’Agen.
- Être partenaires dans le domaine, ô combien sensible, de la collecte et du traitement des ordures ménagères et des énergies renouvelables. Nos amis africains ont été particulièrement sensibles, et à juste titre, à notre « Révolution des Poubelles ».
- Être partenaires dans le domaine de la santé, notamment avec notre entreprise UPSA.
- Et enfin, de développer les relations entre les élus et les cadres des deux collectivités.
Sur la route vers une convention qui nous engage, je ne serais pas honnête si j’omettais de vous dire que, dans un premier temps, j’ai eu des doutes sur notre capacité à mener à bien cette convention. En effet, la Ville d’Agen est quant à elle déjà engagée dans une deuxième coopération décentralisée avec nos amis ivoiriens de Djebonoua, à laquelle nous accordons le plus grand prix.
C’est Jean-Marie Nkollo qui a fini de me convaincre en me conseillant d’innover, de faire du neuf.
Et du neuf, dans cette convention, nous en avons fait. Écoutez plutôt :
- D’abord, ce sera la première convention de coopération décentralisée pour notre Agglomération, qui se lance dans le grand bain des relations extérieures.
- Ensuite, cette convention est centrée sur la vie quotidienne (éclairage public, collecte et traitement des ordures ménagères, etc.). Elle est pour l’essentiel technique et gestionnaire.
- Enfin, elle ne se limite pas aux seules administrations publiques. Elle implique – aujourd’hui ou demain – toutes les entreprises privées majeures du territoire agenais.
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Juste après la signature de cette convention, le maire du Togo tint une conférence de presse avec la presse nationale togolaise et un journaliste togolais me posa une question directe :
« Qu’avez-vous, vous les Français, à gagner avec cette convention ? »
Je répondis alors : « Cette convention est d’abord une convention de transfert de savoir-faire d’Agen à Golfe 1, mais si nos entreprises agenaises peuvent, à l’occasion de ce transfert de savoir-faire, venir faire ici du commerce de qualité, eh bien, ce sera parfait. »
Et je crois, pour finir, que cette convention est très moderne et en phase avec les rapports que les États africains de l’Ouest veulent entretenir, maintenant, avec la France, c’est-à-dire des partenariats entre États souverains, “gagnant-gagnant” et respectueux des intérêts nationaux de chacun.
Cette convention est un pari, une prise de risque.
Avec nos amis africains, nous avons l’énergie et la détermination pour le relever et le gagner.
@+,
Jean Dionis, Maire d’Agen