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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Finances de l’Etat : Pour la rigueur juste

Publication : 14/10/2024  |  05:40  |  Auteur : Webmaster

Il y a urgence. Urgence à redresser les finances publiques de l’État. Ce constat a maintenant largement diffusé dans l’opinion publique. Les chiffres-clés du constat sont connus et ils font mal :

 
À la fin du quatrième trimestre 2023, la dette publique s’établit à 3 101,2 milliards d’euros (et ça continue de monter… À la fin du deuxième trimestre 2024, la dette publique s’établit à 3 228,4 Md€).
Le déficit public pour 2023 atteint 154 milliards d’euros, soit 5,5 % du produit intérieur brut (PIB) après 4,8 % en 2022 et 6,6 % en 2021.
 
Les conséquences déjà certaines et celles potentielles sont, elles, déjà bel et bien là :
 
La charge budgétaire de la dette (les intérêts payés pour notre dette publique) est prévue à 50,9 milliards d’euros pour 2024, contre 52,2 milliards prévus en LFI 2024, c’est-à-dire déjà largement au-dessus du budget de la Défense (43 Mds €/an).
La France est sous le coup d’une procédure pour déficit excessif par l’Union européenne. Elle y risque de lourdes pénalités financières à la hauteur du dépassement du plafond de 3 % par rapport au produit intérieur brut qu’elle s’était engagée à ne pas dépasser en signant le traité de Maastricht (1992).
Les marchés financiers ont commencé à nous adresser des mises en garde pour un éventuel abaissement de la note, ce qui signifierait inévitablement un recours à l’emprunt plus cher pour notre pays.
 
Il y a donc bien urgence. Mais, avant de discuter de l’ordonnance, il nous faut absolument poser un diagnostic et oser se poser la question simple : « Comment en est-on arrivé là ? ».
 
Il est important d’avoir une réponse la plus juste possible en la matière.
 
Si l’on attribue l’ensemble de l’année 2017 à l’actif d’Emmanuel Macron, la dette publique a crû de 911 milliards d’euros entre 2016 et 2023, mais comparer des euros 2016 avec des euros 2023 n’a pas beaucoup de sens en période de forte inflation comme cela a été le cas à partir de 2021. Il y aurait donc des correctifs techniques à faire à ce chiffre brut.
 
Contentons-nous pour l’instant de cerner les causes structurelles et politiques qui ont pesé sur cette très forte évolution. J’en vois trois :
 
1- La crise sanitaire du COVID (2020-2022) et son fameux « quoiqu’il en coûte ». Cela représenterait environ 300 milliards de dépenses supplémentaires.
2- La crise inflationniste et énergétique (2022-2024) initiée par la guerre en Ukraine, avec notamment la mise en place du bouclier tarifaire. L’impact de cette cause a été estimé à 50 milliards d’impôts.
3- La perte de recettes par l’État à la suite des différentes réductions d’impôts (ISF, taxe d’habitation), estimée quant à elle à plus de 70 milliards d’impôts.
 
Et soyons clairs. Comme l’immense majorité des Français en leur for intérieur, j’approuve ce qui a été fait par le Président de la République et les gouvernements successifs à la fois pour lutter contre le COVID, mais aussi contre le coût de l’électricité devenu hors de contrôle.
 
Ce n’est pas la même histoire avec la suppression des différents impôts. Ces suppressions ont pu contribuer à la baisse du chômage en France et au renforcement de l’attractivité de la France, vis-à-vis des investisseurs étrangers, mais il nous faut aussi reconnaître qu’elles ont mis à mal les finances de l’État. En effet, en aucun cas elles n’ont été compensées par des recettes fiscales qu’elles étaient censées générer.
 
La suppression de la taxe d’habitation est symbolique de cet échec. Il n’était pas heureux de supprimer la taxe d’habitation, un cadeau fiscal de 22 milliards d’euros fait par l’État aux ménages. Est-ce que c’était indispensable ? Non ! Il y a eu beaucoup trop de perdants dans cette histoire :
 
L’État, qui a creusé son déficit de 22 milliards supplémentaires.
Les collectivités, qui ont perdu une part essentielle de leur autonomie fiscale.
Les propriétaires, qui portent désormais seuls le poids de l’imposition locale municipale.
Une majorité de citoyens, qui n’ont plus de responsabilité fiscale dans leur commune.
 
Je soutiens donc le Premier ministre Michel Barnier dans sa proposition de corriger la trajectoire financière de notre pays. Sa proposition m’apparaît bien calibrée, que ce soit sur son montant global (65 Mds €) ou dans sa répartition entre augmentation des recettes (25 Mds €) et diminution des depenses (40 Mds €).
 
Je le soutiens car il est temps que nos arbitrages aillent en faveur de l’État. L’État, c’est notre bien commun par excellence, c’est lui qui est porteur de nos services publics les plus précieux : nos forces de défense et de sécurité, la justice, la santé, l’Éducation nationale.
 
Je mesure ce que le virage proposé exigera de rigueur pour nos concitoyens, nos entreprises, nos collectivités locales auxquelles j’ai consacré ma vie active. Je crois cette rigueur nécessaire.
 
Encore faut-il impérativement qu’elle soit juste. Et là, il y a du pain sur la planche pour notre parlement. Un seul exemple : les collectivités locales.
 
Que celles-ci soient appelées pour faire 5 milliards d’économies dans le plan global du Premier ministre ne me choque pas. Chacun doit faire sa part.
 
Que l’essentiel de cet effort soit porté par les seules collectivités faisant plus de 40 M€ de recettes annuelles est ubuesque, contre-productif et injuste. Le Parlement doit faire son travail et corriger ce contresens.
 
Oui à la rigueur proposée par Michel Barnier, à la seule condition qu’elle soit juste. Vive la Rigueur juste !
 
@+,
 
Jean Dionis, Maire d’Agen
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