Tout le monde se rappelle de l’expression de Jean-Pierre Raffarin à propos de la « France d’en bas ». Elle fit mouche dans le débat politique en 2002, tellement le vécu des élites françaises et celui de la majorité de nos concitoyens divergeaient.
Et bien, cette semaine, cette expression m’est remontée en mémoire, mais cette fois-ci pour l’Europe et sa version institutionnelle, notre Union Européenne.
Ah, l’Europe ! « Comment fais-tu, Jean, pour rester indécrottablement…pro-européen ? » me demandent, ces temps-ci, plusieurs bonnes consciences et autres observateurs soi-disant avisés et de me citer les turbulences du Brexit, comme preuve absolue de la fragilité de la construction Européenne….
Le Brexit, la diplomatie Européenne, la politique Agricole commune, tout cela représente des enjeux immenses pour lesquels j’ai des convictions personnelles très fortes. Et pour faire simple, je soutiens l’action résolument pro-européenne de notre Président de la République. …Voilà pour l’Europe d’en haut.
Mais aujourd’hui, je veux échanger avec vous sur l’Europe d’en bas telle que la vit le maire d’une ville moyenne de France, Agen en l’occurrence.
Je veux vous parler des jumelages entre villes d’abord. Ces jumelages sont une idée de l’immédiat après deuxième guerre-mondiale. A juste titre, les survivants de cette barbarie ont estimé que la Paix était une chose trop grave pour être laissée aux seuls soins des Etats, toujours susceptibles de sombrer dans le nationalisme. Il fallait multiplier « les petits liens directs entre les peuples » ……et ce fut l’idée géniale des jumelages directs de ville Allemande à ville Française d’abord, étendue ensuite à l’ensemble de l’Europe et finalement au monde entier.
Agen, pour ne parler que de nos jumelages européens, est jumelée avec Dinslaken en Allemagne, Llanelli au Pays de Galles, et Tolède en Espagne. Quarante ans après, ces jumelages font maintenant clairement partie du patrimoine immatériel d’Agen. Ils sont bien sûr inégaux dans leur intensité dans le temps et selon les secteurs d’activité concernés. Mais, les liens tissés sont d’une diversité et d’une qualité remarquables : sports, culture, handicap, tourisme, apprentissage des langues nationales concernées, voyages de collégiens et lycéens, etc.…oui, la vision de « milliers de petits liens directs entre les peuples » de nos prédécesseurs est devenue réalité et cette réalité ancre l’union Européenne de manière quasi-charnelle dans chacun de nos territoires.
Mais cette semaine, j’ai découvert un autre visage de cette Europe d’en bas : celui des appels à projet Européens. C’est une belle histoire qu’il faut prendre le temps de raconter.
Depuis 15 ans, l’Union Européenne anime un programme appelé URBACT dans le cadre de sa politique de cohésion territoriale. Ce programme a pour mission de permettre à des villes européennes de travailler ensemble à la mise en place de solutions globales pour relever des défis urbains qu’elles ont en partage (environnement, gouvernance, etc……). Ce travail en commun exige le repérage des bonnes pratiques des unes et des autres, leur partage ainsi que leur adaptation aux différents contextes nationaux. Ce programme, pour la période 2014-2020, est doté de moyens conséquents (96,1 Millions d’euros).
Agen, sous l’impulsion de son Directeur général des services, Olivier Lamouroux, a répondu à un des appels à projet organisés par Urbact sur le thème de la démocratie participative et a été retenu comme « Partenaire Leader » sur le thème de la Démocratie participative. Pourquoi ? parce que depuis 11 ans, notamment en mettant en place une gouvernance de conseils de quartier particulièrement innovante, Agen est à l’avant-garde de ce mouvement vers une gouvernance municipale plus démocratique et cette expertise agenaise, la gouvernance du projet URBACT l’a vue et nous a sélectionnés comme tête de réseau (et nous en sommes fiers) de ce projet particulier.
L’union Européenne a ensuite constitué notre équipe en sélectionnant nos partenaires dans différents Etats-membres. Ainsi, le réseau "ActiveCitizen" ("Citoyen Actif") rassemble sept villes de sept pays de l’Union Européenne, autour d’Agen: Bistrita (Roumanie), Cento (Italie), Dinslaken (notre ville jumelle d’Allemagne que nous avons embarquée avec nous), Hradec Králové (République Tchèque), Tartu (Estonie), Saint-Quentin (France) et Santa Maria da Feira (Portugal). L’objectif du projet est de trouver un équilibre entre démocratie représentative et démocratie participative. Dans ce but, ces huit villes européennes de petite et moyenne taille, qui partagent les mêmes attentes et font face aux mêmes défis, utiliseront les nouveaux outils numériques, tout en intégrant la problématique des citoyens qui n’y ont pas accès ou ne sont pas à l’aise avec ceux-ci.
Et nous voilà embarqués pour 3 ans dans une belle aventure commune européenne ! Cette aventure, seule l’Union Européenne l’a rendue possible par son expertise (elle met à notre disposition un expert reconnu sur cette thématique démocratique), sa logistique et ses financements (pour des postes de travail particuliers…). Je vous la ferai partager grâce à ce blog.
La semaine dernière, nous avons tenu notre 1ère réunion de lancement à Agen. Emouvant de recevoir des collègues européens, élus et administratifs faire des milliers de km pour venir travailler ensemble dans notre « deep french south-west » ; Ambiance de départ juste superbe !
Alors, comment vous la trouvez, l’Europe d’en bas, et encore je ne vous ai rien dit sur Erasmus et tutti quanti…?
La vérité, c’est qu’elle est sympa, cette Europe d’en bas, plus costaude qu’on ne le pense et qu’elle n’a pas fini de grandir.
Version anglaise :
Nice: Europe from below
Published on Monday, October 7, 2019
Everyone remembers Jean-Pierre Raffarin’s words about “France from below”. It struck a chord in the political debate in 2002, because the experience of the French elites and that of the majority of our fellow citizens differed.
Well, this week, that expression came back to me, but this time for Europe and its institutional version, our European Union.
Ah, Europe! “How do you do, Jean, to remain indelibly… pro-European?” ask me, these days, several good consciences and other so-called wise observers and to quote me the turbulence of Brexit, as absolute proof of the fragility of the European construction….
Brexit, European diplomacy, the common agricultural policy all represent immense stakes for which I have very strong personal convictions. And to put it simply, I support the resolutely pro-European action of our President of the Republic. That’s it for Europe from above.
But today, I want to talk with you about Europe from below as the mayor of an average city of France, Agen in this case, lives it.
I want to talk about town twinning first. Town twinning is an idea from the immediate post-World War II period. Rightfully, the survivors of this barbarism felt that Peace was too serious to be left to the sole care of States, always liable to sink into nationalism. It was necessary to multiply “the small direct links between peoples” … and this was the brilliant idea of direct twinning from German city to French city first, then extended to the whole of Europe and finally to the whole world.
Agen, to speak only of our European twinning, is twinned with Dinslaken in Germany, Llanelli in Wales, and Toledo in Spain. Forty years later, these twinning schemes are now clearly part of Agen’s intangible heritage. They are of course uneven in their intensity over time and according to the sectors of activity concerned. But the bonds that have been forged are of remarkable diversity and quality: sports, culture, disability, tourism, learning the relevant national languages, trips by secondary school students, etc. Yes, the vision of “thousands of small, direct links between peoples” of our predecessors has become a reality and this reality anchors the European Union in a quasi-fleshly way in each of our territories.
But this week, I discovered another face of this Europe from below: that of European calls for projects. It is a great story to tell.
For 15 years, the European Union has been running a programme called URBACT as part of its territorial cohesion policy. The mission of this programme is to enable European cities to work together to put in place global solutions to meet the urban challenges they share (environment, governance, etc…). This joint work requires the identification, sharing and adaptation of good practice to different national contexts. This programme, for the period 2014-2020, is endowed with substantial resources (96,1 Million euros).
Agen, under the leadership of its Director General of Services, Olivier Lamouroux, responded to one of the calls for projects organized by Urbact on the theme of participatory democracy and was selected as «Partner Leader» on the theme of Participatory Democracy. Why? because for the past 11 years, in particular by establishing a particularly innovative district council governance, Agen has been at the forefront of this movement towards more democratic municipal governance and agency expertise, the governance of the URBACT project has seen it and has selected us as network leader (and we are proud of this) of this particular project.
The European Union then formed our team by selecting our partners in different Member States. Thus, the network "Activecitizen" gathers seven cities from seven countries of the European Union, around Agen: Bistrita (Romania), Cento (Italy), Dinslaken (our twin city of Germany that we embarked with us), Hradec Králové (Czech Republic), Tartu (Estonia), Saint-Quentin (France) and Santa Maria da Feira (Portugal). The aim of the project is to find a balance between representative and participatory democracy. To this end, these eight small and medium-sized European cities, which share the same expectations and face the same challenges, will use the new digital tools, while integrating the problems of citizens who do not have access to them or are not comfortable with them.
And here we are embarked for 3 years in a beautiful common European adventure! This adventure, only the European Union has made it possible by its expertise (it puts at our disposal a recognized expert on this democratic theme), its logistics and its financing (for particular workstations, etc.). I’ll share it with you through this blog.
Last week, we held our first launch meeting in Agen. Moving to host European, elected and administrative colleagues who travel thousands of kilometers to come and work together in our «deep French south-west»; Great starting atmosphere!
So how do you find Europe from below, and I haven’t told you anything about Erasmus and all that?
The truth is, it’s a nice Europe from below, bigger than we think and it’s still growing.