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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Premières Leçons Rochelaises

Publication : 30/05/2022  |  12:01  |  Auteur : Webmaster
© Crédit photo : XAVIER LEOTY / SUD OUEST

 La Rochelle, Champion d’Europe !  Qui d’entre nous n’a pas vibré samedi en regardant les « Jaune et Noir » battre les favoris, la redoutable Province du Leinster (24-21), accédant ainsi, enfin, à un titre qui lui avait doublement échappé la saison dernière.

Je suis certain que nous étions nombreux, dans toutes les terres traditionnelles d’Ovalie, à nous dire, stupéfaits – in petto - « Putain, ils l’ont fait ! » et à être heureux pour les joueurs (avec un petit clin d’œil pour notre chouchou, l’Agenais, Brice Dulin), pour un club et ses dirigeants que nous admirons et pour une ville, la quatrième en population municipale de notre région la Nouvelle-Aquitaine, qu’à Agen, nous aimons et respectons.

Qu’il me soit permis, au nom de la ville d’Agen, terre de rugby s’il en est, d’adresser nos plus vives et plus amicales félicitations à la grande famille Rochelaise ! Chapeau bas pour le Stade Rochelais.

Nous leur souhaitons le meilleur pour les phases finales de notre championnat de France. Agen, que la géographie a placé, pour l’éternité, à mi-chemin entre Bordeaux et Toulouse, partageant avec ces deux métropoles régionales les rives de Garonne, ne verrait pas d’un mauvais œil qu’après la coupe d’Europe, le bouclier de Brennus aille à une ville moyenne, de tradition rugby. Je dis cela, je ne dis rien… mais, nous faisons un clin d’œil de soutien à nos amis Castrais et Rochelais.

Mais, une fois l’émotion sincère passée, il est impossible pour les Agenais d’oublier la finale Pro D2, d’accession en Top 14, à Bordeaux, au terme de la saison 2013-2014, qui opposa Agen à la Rochelle, finale perdue pour nous (31-22), qui vit les trajectoires des deux clubs, assez proches pendant des décennies, se séparer radicalement.

 Il est impensable de ne pas regarder vers la Rochelle pour en tirer les meilleures leçons pour Agen.

Commençons par reconnaître les limites de l’exercice. Je les connais par cœur et je les reconnais comme pertinentes. Agen en tant qu’agglomération (101 000 habitants) est plus petit que la Rochelle (133 000 habitants), Agen est moins riche que la préfecture des Charentes-Maritimes, département côtier rupin. Agen est plus concurrencée sur son territoire (par exemple par Montauban, à 70 Km) que la Rochelle, seul « grand club » de rugby dans cette partie Nord-Ouest de la Région Nouvelle-Aquitaine. Dont acte. Mais cela n’empêche de pointer certaines différences majeures entre nos deux clubs, qui, pour le moins, méritent réflexion.

J’en vois pour ma part au moins deux : l’affluence au Stade et la gouvernance du club

 

 Concernant l’affluence au Stade :

Depuis la saison 2016-2017, le Stade Rochelais joue pratiquement à guichets fermés (100 % de taux de remplissage) dans un stade dont la capacité est de 16 000 places  (13 000 correspondent à des abonnements annuels et seules 3 000 se vendent à l’unité). Vous me direz qu’il est plus facile de remplir un stade lorsque votre équipe est en Top 14, gagne et est à fortiori Championne d’Europe. Vous aurez raison. Mais il reste que cela n’a pas toujours été comme cela depuis Septembre 2016.

Or, nous avons, ensemble, le club, mais aussi le territoire, un défi à relever à Agen. La fréquentation moyenne d’Armandie a été, pour la saison 2022-2023, de 4 550 spectateurs par match avec tous les obstacles que nous connaissons : COVID, travaux du stade et surtout crise sportive sur deux saisons. Il reste qu’avec le Covid qui s’éloigne, un stade Armandie flambant neuf (10 000 places assises) et des résultats sportifs qui s’améliorent enfin, nous n’aurons plus aucune excuse pour ne pas gagner la bataille de l’affluence à Armandie. Les premières mesures prises par le club (baisse du prix d’entrée des places, accès à la tribune Lacroix pour 5 €, etc.) vont dans le bon sens.  Il reste que nous devons prendre avec intérêt et humilité toutes les idées qui nous viendraient de Marcel Deflandre pour mobiliser tous les amateurs potentiels du SUA.

 

 Quant à la gouvernance du club.

Mon attention s’est arrêtée sur trois faits concernant le Stade Rochelais.

J’ai d’abord été frappé par l’exceptionnelle longévité du président Vincent Merling, en fonction depuis 31 ans (1991 !) et pendant ces années-là, le Stade Rochelais a connu des hauts et des bas. Mais, son président, aux exceptionnelles qualités de joueur, de dirigeant, et d’entrepreneur, a eu pour lui la durée sans laquelle aucune œuvre ne peut se construire dans aucun des domaines de l’activité humaine. Il a eu le temps nécessaire pour construire un grand club. A  nous de nous en rappeler lorsque nous cédons trop facilement aux difficultés du moment et aux penchants nauséabonds pour trouver un « bouc émissaire » immédiat à nos échecs collectifs.

J’ai ensuite remarqué l’obstination du club à se projeter systématiquement à moyen-terme à l’aide d’un plan renouvelé tous les 5 ans (pour le moment, le Stade Rochelais déroule son plan 2022-2027). Je crois clairement que cette aptitude à garder un cap à moyen terme, quelques soient les aléas du court-terme, a permis au club de se structurer, bref de grandir. J’essaye, d’ailleurs, en matière de gestion territoriale d’avoir la même discipline du moyen terme. C’est notamment l’ambition de notre étude « Agen 2030 » faite en 2018.

Enfin, les statuts et ce qu’ils disent de la prise de décision à La Rochelle. J’ai été lire les statuts du stade Rochelais. Le pouvoir, quant aux décisions majeures du club, est clairement dans les mains d’un conseil de surveillance présidé par Vincent Merling. Le pilotage exécutif des décisions du conseil de surveillance est donné à un directoire, en charge de tout le court-terme, sportif compris. La composition du conseil de surveillance a retenu mon attention. Elle se compose du Président Merling, de l’association « Stade Rochelais », du président du club des sociétaires, du président du comité de réflexion, des onze actionnaires principaux du club et de deux personnes qualifiées, avec les droits de vote en relation directe avec le nombre d’actions détenues. Et bien, je trouve cette composition de l’instance de décision du club très intéressante et en tout cas méritant la réflexion collective Agenaise.

Club d’un propriétaire contre club d’un territoire ? Nous avons failli nous y noyer dans ce débat largement tranché par l’installation du professionnalisme. Mais le succès de La Rochelle ne tombe pas du ciel. Il est le fruit du travail acharné de dirigeants-actionnaires visionnaires portés par tout un territoire. Agen aurait bien tort de ne pas étudier, puis de s’inspirer de l’exemple Rochelais.

Qu’en pensez-vous ?

@+,

 

 Jean Dionis 

Maire d’Agen  

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