Nous connaissons maintenant le premier gouvernement du deuxième quinquennat d’Emmanuel MACRON. Je lui trouve plutôt bonne allure, sachant la complexité de l’exercice qu’est sa composition : parité hommes-femmes, des anciens, des jeunes, la représentation des minorités les plus influentes en France, conservation des poids lourds politiques, prise de risques pour nommer des nouveaux prometteurs, les équilibres entre les différentes familles politiques composant la majorité présidentielle… bref, en matière de composition gouvernementale, la perfection n’étant certainement pas de ce monde (un exemple ? La représentation du MoDem, réduite à la portion congrue, appelle correction urgente post-législatives) Emmanuel MACRON et Elizabeth BORNE, à mon très humble avis, s’en sortent plus qu’honorablement.
Voilà pour l’équipe, pour l’image globale… Et puis, il y a les signaux forts, personnels, incarnés.
Le premier est, bien-sûr, celui porté par Elizabeth BORNE , notre nouvelle première ministre.
Dieu sait que j’ai apprécié Jean CASTEX et sa façon très personnelle d’exercer le pouvoir à Matignon, fait d’un mélange très spécifique d’excellence technocratique et de très grande proximité avec les territoires et leurs élus ( lire le discours que j’ai prononcé lors de sa venue à Agen en cliquant ici)
Mais le Président, conscient de l’attente de notre pays dans ses profondeurs, avait promis un changement à la fois de priorités et d’incarnation de la fonction. En faisant le choix d’Elizabeth BORNE, Emmanuel MACRON tient parole. Il choisit comme première ministre, une femme au parcours professionnel et politique de très-haut niveau et lui confie la responsabilité transversale de la transformation écologique. Premier signal fort de changement…
La nomination de Damien ABAD , alors qu’il est accusé de viol par deux femmes ? Première faute de ce gouvernement ? Je suis, comme tout le monde, percuté par ces accusations très graves. Damien ABAD les réfute catégoriquement. Parole contre parole. La vigilance et la prudence sont obligatoires dans ce type de situations. Dans l’attente du travail de la justice, Damien est présumé innocent.
Car Damien que je connais personnellement depuis nos années communes au Nouveau Centre, ne peut se résumer à ces accusations de viol. Damien est atteint d'une maladie rare (arthrogrypose), il incarne, avec une énergie vitale hors du commun, le handicap physique porté et dépassé dans notre vie politique nationale. Seul député de la XVe législature, voire le premier de toutes les législatures, porteur de handicap, seul ministre dans cette situation, sa nomination est un magnifique signe d’espoir pour tous nos concitoyens handicapés. Pour ce parcours de vie qui refuse la résignation, respect, Damien !
Et puis, il y a Pap NDIAYE que je ne connaissais pas. J’ai donc fait, comme tout le monde : je suis allé faire connaissance avec lui sur Wikipédia. D’abord, il a un beau visage, un sourire optimiste, bref du charisme qui vous « pète à la figure » instantanément.
Il ne faut pas s’arrêter là ! D’accord, mais quand même, ça fait du bien. J’ai donc lu la fiche. Et j’ai trouvé qu’il se résumait bien en « pur produit de la méritocratie française » et de la République, c’est aussi le mérite respecté et récompensé.
Son histoire personnelle de métis Franco-sénégalais, élevé par une mère enseignante française, qui l’a conduit à Normale Sup Saint-Cloud, à l’agrégation d’histoire et à des responsabilités éminentes dans le monde de l’enseignement, cette histoire m’a profondément ému.
J’ai aimé son parcours de recherche sur les Noirs Américains, sur la minorité noire Française et sur la question très sensible des discriminations raciales dans la France d’aujourd’hui.
L’ancien directeur du musée de l’Histoire de l’immigration a tout de suite été accusé d’être « islamo gauchiste », «anti-flics» et de vouloir «déconstruire l’histoire de France» par l’extrême droite. « Ce choix de mettre un homme qui défend l’indigénisme, le racialisme et le wokisme à la tête de l’Éducation nationale, c’est un choix terrifiant pour les parents et grands-parents que nous sommes », selon Marine Le Pen. Détestable, mais prévisible caricature venant du camp de la nostalgie haineuse.
Toujours à mon humble avis, Pap NDIAYE pourra et saura tenir, à la fois, la promotion de la laïcité et de l’universalisme « à la française », de concert avec une compréhension fine et donc une action efficace contre les discriminations raciales en France.
Bon vent, Monsieur le Ministre, Cher Pap !
Et puis, maintenant, si on les laissait travailler et si nous les jugions sur leurs actes politiques, législatifs, budgétaires et non pas sur des accusations ou la couleur de leur peau ?
Chiche !
@+
Jean Dionis
Maire d’Agen