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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Petites leçons du jumelage sur…le Brexit

Publication : 08/07/2019  |  14:54  |  Auteur : Jean Dionis

Agen est engagé depuis 30 ans dans un jumelage avec nos amis Gallois de Llanelli, ville industrielle sur la côte sud-ouest du Pays de Galles.

Notre jumelage, au début, c’est un peu l’histoire d’un mariage arrangé par les deux clubs de rugby de deux villes aussi « folles » de rugby l’une que l’autre : Agen avec son SUA, Llanelli avec ses Scarlets.

Mais il parait que les mariages arrangés ne sont pas forcément les moins solides et notre jumelage plaide pour cette thèse.

Bref, nous sommes allés les fêter, ces 30 ans d’échanges entre sportifs, entre collégiens, entre élus et nous avons trouvé nos amis Gallois en pleine interrogation existentielle, profondément divisés par le Brexit.

Comme tout le monde, j’avais suivi la tragicomédie du Brexit au Parlement britannique, avec tristesse pour cette grande institution démocratique, où s’est notamment enracinée la résistance au nazisme dans les heures sombres de 1940. Mais je ne pensais pas que ce blocage, cette division qui nous sautait aux yeux au Parlement reflétait la division encore plus profonde de nos amis britanniques entre eux.

Après quatre jours de discussion avec eux, il était clair que nos amis étaient perdus et divisés.

Faut-il quitter l’Union Européenne dans le cadre d’un accord avec celle-ci ? perdus et divisés.

Quand la Grande-Bretagne aura quitté l’Union Européenne, faut-il payer les 45 milliards d’euros que l’Union Européenne réclamera à la Grande Bretagne ? perdus et divisés.

Quand la Grande-Bretagne aura quitté l’Union Européenne, faut-il rétablir une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord ? Faut-il permettre aux Ecossais de revoter quant à leur indépendance et leur appartenance à l’Union Européenne ? perdus et divisés.

Faut-il redonner la parole au peuple britannique dans un deuxième référendum de confirmation de sa volonté de sortie de l’Union Européenne en prenant notamment appui sur le caractère grossièrement mensonger de la campagne électorale des partisans du Brexit scandale ? Rappelez-vous…les bus britanniques placardés d’affiches (mensongères bien sûr) promettant 400 millions par semaine économisés et réaffectés à la sécurité sociale britannique. Perdus et divisés.

Franchement leur confusion et leurs divisions faisaient peine à voir au fil de nos discussions amicales. Et leurs questions sont devenues les nôtres.

Entendons-nous bien.

Je suis et reste un pro-européen convaincu. Convaincu donc que nos amis Britanniques font une erreur tragique, mais respectueux du choix d’une grande démocratie.

Je pense que le seul chemin démocratique pour sortir de cette division serait de redonner la parole au peuple. Mais, à mon avis, au regard de leur histoire, nos amis Britanniques ne le feront pas et sans doute, autour du début du mois de novembre prochain, ils quitteront effectivement l’Union Européenne.

Evénement considérable…L’Union avait ses crises, ses blocages, mais bon an, mal an, elle progressait. Son territoire s’élargissait. Ses compétences aussi. Là avec le Brexit, pour la première fois, une grande nation, membre de l’Union, va quitter celle-ci et ne nous trompons  pas, cette crise ébranle l’ensemble de l’édifice.

Au fil des discussions, j’ai identifié trois débats majeurs posés par le Brexit auxquels il faudra bien répondre :

1/ le fameux « I want my money back » de Margaret Thatcher pose le problème de la contribution nette de la Grande-Bretagne et de la raison d’être du budget européen.

Le Royaume-Uni est le deuxième contributeur net de l'Union Européenne (5,3 milliards d’euros en 2017). Juste ? Pas juste ? Et surtout pourquoi faire ? si ce sont des programmes d’aménagement du territoire (fonds FEDER) ou sociaux (FSE), quelle utilité a cette gestion européenne ? Ne faudrait-il pas mieux les concentrer sur de véritables enjeux européens (défense, police des frontières, transition écologique….).

2/ L’avenir de la souveraineté nationale. Plus qu’aucune autre nation européenne, les Britanniques sont fiers de leur identité nationale et plus que les autres, sont allergiques au caractère envahissant des conséquences des directives européennes. Que faut-il faire pour limiter la perte de souveraineté nationale aux grands enjeux géopolitiques ?

3/ L’immigration : les Britanniques, à tort ou à raison, ne se sont sentis ni compris, ni protégés par l’Union Européenne alors que leur passé d’empire colonial met sur eux une pression considérable dans ce domaine.

Que cela nous plaise ou non, après le départ des Britanniques, il faudra améliorer la réponse de l’Union Européenne sur ces trois questions existentielles. Sinon, l’Europe peut se détricoter.

Pendant mon voyage gallois, j’ai lu un très bon livre « Le vertige de l’Europe » d’Olivier Abel (chez Labor et Fides) et j’y ai trouvé les contours du nouveau projet Européen, en réponse à la crise du Brexit.

Une Europe démocratique : nous ne ferons pas l’économie d’installer une véritable citoyenneté européenne avec ce qui va avec (constitution, institutions, etc.….).

Une Europe pluraliste qui reconnaisse sa fondamentale diversité et le respect qu’on lui doit.

Une Europe responsable sur un certain nombre limité de grands enjeux géopolitiques.                                                   

Une Europe promotrice d’un nouveau modèle de société et de solidarité qui « joue la croissance autrement, dans le partage des richesses et des expériences de vie, dans la création artistique et dans la recherche scientifique désintéressée ».

Lisez ce livre. Je l’ai vécu comme un antidépresseur anti-Brexit. Il m’a rappelé un fait d’Histoire. L’Europe n’avance qu’en dépassant les épreuves qui menacent son existence même.

Le Brexit va nous secouer durement. L’Europe va s’en sortir par le haut. Ce sera notre combat.

 

 

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