Difficile de passer à côté de l’actualité japonaise cette semaine. Le terrible désastre qui touche la centrale nucléaire de Fukushima a suscité une immense émotion, et il vient nourrir émotion, angoisse et réflexion sur la place de l’énergie nucléaire en France.
Affirmons tout d’abord qu’il est essentiel d’avoir tous les éléments concernant la catastrophe nipponne (et notamment de savoir si il y aura finalement fusion ou non des cœurs de réacteurs) avant d’en tirer des conclusions. Le séisme qui vient de se produire est le quatrième plus violent jamais enregistré dans l’histoire de l’humanité : il s’agit d’un événement exceptionnel d’une fréquence millénaire. Lancer un débat aussi important dans l’émotion et sans informations tangibles ne nous permettra pas d’avoir des échanges raisonnés. Il faut donc écarter le débat d’émotion et s’obliger à rester sur le terrain de la raison. C’est pourquoi notamment la proposition de référendum lancé par Daniel Cohn-Bendit et les écologistes est le type même d’une proposition d’émotion qui ne sert qu’à rajouter de la confusion à un débat complexe.
Imaginons que la question soit : « Etes-vous favorable à ce que la France sorte du nucléaire ? » (ce qui est sans doute la question la plus claire que l’on puisse poser sur ce sujet), imaginons aussi que la peur ou l’angoisse ou de bonnes raisons fassent répondre oui aux français : que fait-on le lendemain du référendum dans un pays où l’électricité est produite à 78% par le nucléaire ? La question reste entière. Le référendum est au mieux inutile.
Pour bien comprendre la position énergétique de la France, il est nécessaire de faire un peu d’histoire pour appréhender le choix du nucléaire. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la période de reconstruction appelle l’accroissement de la consommation en énergies. Or, la France n’est pas un pays riche en hydrocarbures, tout comme le Japon. Elle est donc largement dépendante de ses importations en gaz et en pétrole. Une situation qui représente une faiblesse majeure pour un pays qui veut avoir son indépendance durant la guerre froide. Nos dirigeants successifs, de Charles de Gaulle jusqu’à François Mitterrand, ont tous fait le choix du nucléaire civil pour notre production d’électricité. C’est pourquoi la France compte aujourd’hui le premier parc nucléaire du monde par habitant avec 19 centrales et 58 réacteurs représentant 63 000 MW d’électricité. Le nucléaire français couvre donc 78% de nos besoins en électricité.
La seule question qui vaille est la suivante : sachant que nos centrales ont été construites pour l’essentiel entre 1975 et 1990, pour une durée de vie maximale de 40 ans, que comptons-nous faire au terme de leur existence ? Comptons-nous prolonger leur durée de vie (il existait un vrai consensus national sur ce point) ? Et si nous les arrêtons, comptons-nous les remplacer par une centrale nucléaire ?
Et c’est là que la proposition faite par François Fillon en tant que Premier ministre devant l’Assemblée nationale de faire un audit personnalisé de chacune de nos centrales, voire même de chacun de nos réacteurs prend toute sa pertinence. A long terme, la France doit avoir l’ambition de faire évoluer son bouquet énergétique en faisant une place plus grande aux énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, hydraulique…). Et cette ambition doit guider notre politique énergétique, nous devons nous en rappeler au moment où on a à faire des choix structurant notamment sur le photovoltaïque et l’éolien.
Il reste à gérer le court et le moyen terme et l’audit personnalisé par centrale proposé par le Premier ministre nous permettra de répondre aux deux questions pertinentes. Faut-il prolonger la vie de telle ou telle centrale et de combien de temps ? Et avec quels investissements de sécurité ? Si nous l’arrêtons, la remplaçons-nous par une centrale nucléaire de type EPR puisque c’est la nouvelle génération de centrale actuellement disponible ?
L’audit de sécurité qui sera lancé par les autorités compétentes (Autorité de sûreté nucléaire) devra être fait selon plusieurs critères : l’exposition de la centrale aux risques naturels (sismique et inondation), mais aussi des critères d’âge et d’historique d’accident. Il fera nécessairement apparaître des centrales plus exposées que d’autres (par exemple Fessenheim sur la fracture sismique du couloir rhénan ou le blayais exposé à un risque d’inondation dans l’estuaire de la Gironde). Et les décisions sur l’avenir du parc nucléaire français devront forcément être personnalisées. Avant même d’avoir le retour de la catastrophe de Fukushima, nous voyons bien le double pilotage qui serait opportun pour notre pays : un pilotage à long terme pour faire évoluer notre bouquet énergétique vers une part plus grande des énergies renouvelables qui doit être menée avec une volonté de fer et un pilotage à court et moyen terme autour d’un diagnostique sans complaisance mais sans affolement non plus autour de chacune de nos centrales nucléaires
Ce débat plus qu’un autre mérite de l’expertise, du sang-froid et aussi des convictions à long terme. En tant que vice-président de la commission de l’Assemblée nationale en charge de l’énergie, j’y prendrai toute ma part.
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
zeus aveugle ceux qu'ils veut perdre
nouys avons déjà eu l'occasion d'échanger nos idées par le passé sur l'opportunité d'avoir recours à l'énergie nucléaire, et j'imagine que nos positions respectives ne vont pas être bouleversées du jour au lendemain. Néanmoins, j'aimerai vous faire part des causes profondes qui à mes yeux justifient un rejet inconditionnel du recours à l'énergie nucléaire aujourd'hui, et la catastrophe présente au japon n'en est pas le déclencheur: la question des déchets, non résolue, suffirait.
la référence en exergue ne sera pas de nature à vous intéresser, puisqu'a priori la sagesse antique n'est pas votre référence spirituelle - encore que je ne vous fasse pas l'injure de penser qu'elle ne vous intéresse pas.
pour prendre une référence qui vous parlera peut-être plus, nous sommes aujourd'hui dans une société dont la foi a été mise dans la science - le scientisme au sens étroit du terme-; et j'aimerai mettre cette foi en perspective avec un mythe qui vous parlera peut-être plus, celui du sacrifice d'Abraham, a qui Dieu demanda de sacrifier son fils unique; aujourd'hui, l'humanité est prête à sacrifier à sa foi en la science non pas seulement son fils, mais toute sa descendance, puisque nous ne savons pas ce que nous ferons des déchets, mais nous savons qu'ils resteront toxiques pour des temps qui dépassent l'entendement humain : c'est donc à l'espoir que nous allons trouver une solution à ce problème que nous nous raccrochons; et dans cette optique, le risque de catastrophe, s'il se rajoute à l'argumentaire, ne change pas la donne. Au final, je reconnais qu'une foi religieuse peut transcender cette approche, mais alors nous ne sommes plus dans ce rationnel sur lequel vous vous appuyez pour argumenter.
A la limite, en faisant abstraction du risque d'accident majeur - et l'actualité rend cette option périlleuse- je pourrais reconsidérer la question si l'on avait d'abord trouvé une solution au problème des déchets, puis mis ensuite en route le programme. Ce n'est peut-être qu'une image, mais celle de la voiture qu'on a lancé à toute vitesse avant d'envisager un système de freinage me semble avoir quelque pertinence...
Alors, je comprends votre real politik, parer au plus pressé et botter en touche avec l'audit et la diversification du bouquet énergétique... mon regard est que l'erreur est humaine, mais perséverer est diabolique. Et vous prenez une grave responsabilité morale à ne considérer ces avertissements qui ne sont pas sans frais - et même de plus en plus coûteux-, en refusant de changer de direction de manière drastique. Nous demandons une décision immédiate de sortie, et que ce soit le plus vite possible, même s'il en coûte de reconnaître que les quelques 400 milliards d'€ qui ont été investis ne l'ont pas été dans la bonne direction - pouvez-vous estimer ce que va coûter aux japonais cette catastrophe ? Au demeurant, je ne veux pas placer le débat sur ce terrain, pas plus sur un tas d'autres aspects sur lesquels nous pourrions ferrailler, indépendance nationale...,coût ... etc je crains que vous n'ayiez pas pris la mesure des enjeux .
J'entendais M. Bernard Bigo, administrateur du CEA, déclaré"en matière de nucléaire, il faut prévoir au-delà de l'imprévisible" (sic dans le contexte, même si nous sommes d'accord), pour ajouter, sans craindre ni peut-être voir sa propre contradiction " il n'y a pas de sécurité absolue" (ce n'était pas ce qu'on nous disait au lancement du programme.
bref, pour ramener la réfléxion dans la perspective intiale, le recours à l'énergie nucléaire impliquerait que l'homme soit infaillible; et dans son inconscience, il se plaît à le croire, mais n'est-ce pas vouloir s'égaler aux dieux - ou se prendre pour Dieu? les voyantsqui s'allument au rouge devraient nous ouvrir les yeux, et votre responsabilité d'homme politique vous place en situation de pouvoir influer sur les choses, et donc augmente votre responsabilité d'humain
je vous remrcie si vous avez eu le courage de me suivre jusque là .
très joli dessin Le nucléaire après Fukushima
ibrairie-quesseveur@club.fr
très joli dessin / Le nucléaire après Fukushima
Bonsoir.
De qui ce très joli dessin en haut de votre billet ?
Que signifie-t-il ?
Mettre en balance les possibilités de l'éolien et du nucléaire ? Ou bien il faut déménager la centrale de Fukushima sur des rouleaux comme un navire au sec sur une plage ?
Un audit de nos centrales ? Il n'en serait pas fait un en permanence par les responsables des centrales, mis à jour tous les matins ? Ouverture d'un juteux marché pour les auditeurs ? comme à Agen concernant notre urbanisme, tous bidons sauf un, et encore !
Le moment ne serait-il pas venu d'auditer tous les procédés de production d'énergie autres que l'éolien, l'hydraulique, le solaire, de ceux dont on dit que les brevets ont été achetés par les lobbies de l'énergie pour les stopper ?
Nous avons un compatriote -agenais par choix et non par obligation ni pour y faire fortune - ingénieur électro-mécanicien qui travaille sur un générateur simple(*) et bon marché qui sera une sorte de moulin individuel pas plus gros qu'une machine à laver utilisant comme fluide ni l'eau, ni la vapeur, ni le vent mais la gravité, force non pollluante, gratuite, permanente, inépuisable.
Voilà quelqu'un qui mériterait une aide ! Au lieu de cela, les collectivités locales d'Aquitaine ont choisi de dispenser de certains impôts ou taxes des plus lourds, un certain nombre de librairies parmi les plus riches...
Salutations.
(*) Concept simple, mais matériaux, technologie et usinage de pointe.
energie quand tu nous tiens..................
si le fait de vouloir lancer un projet de referendum dans les circonstances actuelles releve quelque peu de la provocation gratuite il convient cependant de rapprocher cette proposition de l absence absolue de debat objectif et depassionne non pas sur l energie nucleaire ( les centrales sont construites ) mais sur le type de developpement economique et social que nous souhaitons pour l avenir.Il faut savoir qu en terme d energie consommee le chauffage de l habitat est pour 40 pour cent de la consommation globale.L augmentation constante et reguliere du cout de l energie quelle que soit son origine est le seul veritable moteur de la recherche en matiere de techniques et nouveaux materiaux appliques a la construction.
Il est temps aujourd hui de prendre conscience que les economies d energie sont liees a nos modes de vie.Il faut savoir par exemple que pour un meme logement la consommation en chauffage peut varier de 1 a 3 suivant les occupants et que baisser la temperature de 1 degre reduit la consommation de 7 pour cent.
Des 1978 aux U.S.A.un projet de batiment tertiaire public n etait financierement aide que si sa conception integrait au minimum 35 pour cent d energie d origine solaire passive.
Les exemples d habitats sociaux publics ou prives appliquant les principes de l architecture bioclimatique sont legion dans les pays anglo saxons mais pas chez nous.Paresse ou frilosite intellectuelle allez savoir.......mais je m egare...
Le choix du type de developpement que nous souhaitons se posera tot ou tard
pour bien des raisons.Il appartient aux acteurs politiques mais pas seulement d engager une veritable reflexion de societe de laquelle la democratie se trouverait forcement grandie.
Mais il faudra encore beaucoup d eau sous les ponts de Garonne.................
Michel L.
Un débat plus que nécessaire
Bon, pour commencer, je crois qu'il est bon de rappeler quels sont les types de risques les plus lourds.
-Le premier (à mon sens), c’est le risque d’accident grave, qui peut intervenir à la fois dans une centrale nucléaire et dans les industries du combustible. La fabrication du MOX est ainsi particulièrement problématique, car le plutonium est un corps très dangereux. Il faut bien avoir conscience que la sûreté nucléaire ne concerne pas uniquement les réacteurs. C’est ce qu’ont rappelé au grand public les incidents survenus au Tricastin et à Romans-sur-Isère en juillet 2008, avec la dispersion d’uranium dans l’environnement autour de sites d’installations nucléaires liées à la conversion et à l’enrichissement de l’uranium, et à la fabrication de combustible – mais de tels incidents ne sont pas rares. (Des événements comme au Japon sont donc rares...Mais pas les risques liés au nucléaire, moins "médiatiques" mais néanmoins présents)
Plus récemment, ont ainsi été révélées les erreurs sur la comptabilité de la quantité de plutonium traité dans l’atelier de plutonium de Cadarache (ATPu). Il y a donc un risque d’accident grave qui concerne à la fois, dans des formes différentes, les centrales, les usines, les transports de matières radioactives et l’entreposage ou le stockage de déchets.
Dans une centrale nucléaire à eau sous pression (PWR, ou REP), qui est le modèle des réacteurs équipant les centrales actuelles, l’accident majeur résulterait de la perte de refroidissement entraînant une fusion partielle ou totale du «coeur» (l’ensemble des éléments combustibles) du réacteur nucléaire. Un tel accident peut intervenir soit du fait de la rupture de la cuve du réacteur ou d’une tuyauterie du circuit primaire, soit du fait d’une défaillance totale du système de refroidissement.
Or les causes possibles de rupture ou de défaillance des systèmes de refroidissement sont multiples: un tel accident peut être causé par des actes de sabotage, mais aussi par un séisme, ou encore par des perturbations météorologiques extrêmes (par exemple, des inondations : la France est souvent touchée), des missiles externes (on peut penser à la chute d’un avion : Rafale !), ou encore par une accumulation d’erreurs humaines dans la conception, la construction ou l’exploitation de l’installation. De telles possibilités nous sont aujourd’hui présentées comme négligeables, mais elles doivent être prises en compte. Il n’est pas possible de ne pas prendre en compte le risque d’attaques terroristes (M. FILLON nous assure ne pas pouvoir circuler en France par train !) ou de guerre (nous sommes en guerre en ce moment), ni celui que constitue la multiplication actuelle des phénomènes météorologiques extrêmes. (Cf Météo France)
Depuis l’accident de Tchernobyl en 1986, on sait en effet les conséquences dramatiques que peut avoir un tel accident, aussi bien sur la vie et la santé de centaines de milliers d’individus que sur l’environnement de régions très étendues: l’Ukraine a été contaminée, mais la Biélorussie, dont on parle peu, l’a été aussi.
Tchernobyl a été un moment de prise de conscience de ce qu’était un accident nucléaire, mais il y a aussi eu l’idée, comme l’accident avait eu lieu en URSS, que c’était une situation tout à fait particulière, due à la fois au système de pouvoir et à la vétusté des installations nucléaires.
Le modèle des réacteurs équipant la centrale de Tchernobyl avait pourtant une longue expérience de fonctionnement et ces réacteurs étaient considérés comme très sûrs. (Comme on assure que les nôtres le sont) Le nucléaire soviétique avait, avant l’accident, une très bonne réputation auprès des milieux nucléaires occidentaux. D’ailleurs, ce n’est pas le seul accident majeur qui soit survenu: il y a aussi eu Three Mile Island, qui a eu lieu en1979 aux États-Unis. À la suite de défaillances techniques et d’erreurs humaines, le coeur du réacteur a fondu. On s’est trouvé à la limite de la catastrophe: la bulle d’hydrogène qui s’était formée pouvait tout à fait exploser et le Gouvernement a eu raison d’évacuer la population. (Parce qu'il le pouvait : songez un peu, comment ferait on pour évacuer Paris ?) Cela fait donc deux accidents majeurs, dont l’un, par chance, a eu surtout des conséquences économiques et industrielles. Cet accident a néanmoins porté un coup d’arrêt au développement du nucléaire aux États-Unis, déjà très ralenti du fait de l’explosion des coûts d’investissement.
On commence à réfléchir à des réacteurs qu’on appelle «à sûreté intrinsèque»: si quelque chose ne fonctionne pas comme il devrait, tout s’arrête… Le danger majeur, dans les réacteurs PWR (pressurised water reactor, les réacteurs à eau sous pression, le modèle dominant aujourd’hui), intervient si l’alimentation électrique n’est plus assurée, et que l’alimentation de secours ne marche pas. Dans ce cas-là, c’est la catastrophe: la radioactivité est trop élevée, et le coeur fond, quoi qu’on fasse, comme à Three Mile Island. Il s’agirait d’imaginer des réacteurs dans lesquels ça ne se produirait pas.
Mais - peut être faute d'accompagnement par l'Etat - pour le moment, on n’a pas trouvé, le risque subsiste. Il est par exemple encore présent dans l’EPR, dans lequel on cherche à empêcher un accident majeur en ajoutant des dispositifs supplémentaires doublant ceux qui existent déjà, sans que la conception elle-même soit remise en question !
On nous présente l’EPR comme un réacteur plus sûr, mais on pourrait rappeler sur ce point les doutes de certains experts sur cette affirmation: en cas d’accident majeur, le core catcher (le réceptacle destiné à recueillir et isoler le coeur fondu du réacteur) et ses bassins de refroidissement pourraient s’avérer incapables de remplir leur fonction et de permettre le refroidissement du coeur, et au contraire provoquer de violentes explosions de vapeur, susceptibles de détruire l’enceinte de confinement; de plus, les taux de combustion étant plus élevés et les combustibles irradiés plus radioactifs, l’impact d’un accident serait plus important qu’avec un autre type de réacteur; enfin, il a été reconnu que le réacteur ne résisterait pas au choc frontal d’un avion de ligne.
Concernant l’EPR, on peut également citer les doutes des autorités de sûreté finlandaise (STUK) et britannique (NII) sur la capacité du nouveau système de contrôle-commande, plus complexe, à répondre aux exigences de base de la sûreté («basic safety requirements»).
Ce qui est inquiétant, c’est qu’il y a eu, en France même, suffisamment de défaillances, depuis le démarrage de Fessenheim, la première centrale PWR installée en France en1977, pour que l’on puisse parfaitement imaginer l’occurrence d’un accident grave. On peut citer trois exemples récents: l’erreur de conception du circuit de refroidissement à l’arrêt des réacteurs du palier N4 (1998), l’inondation de la centrale du Blayais par la tempête (1999) et le blocage possible en cas d’accident des vannes des circuits de refroidissement de secours des réacteurs du palier P4 (2001).
Sur cette question de la vulnérabilité des installations nucléaires, le rapport de Global Chance, «Nucléaire, la grande illusion», est particulièrement éclairant. On peut en citer un passage, qui traite précisément de ce qui s’est produit à la centrale de Blayais:
«L’incident du Blayais est ainsi une démonstration de la faiblesse de la perspective probabiliste : du fait de la violence de la tempête qui a frappé la France le 27décembre 1999, deux conditions critiques se sont combiné: une inondation centennale de la centrale et la perte de connexion au réseau électrique externe, entraînant un arrêt d’urgence alors même que certains équipements de sûreté clé n’étaient pas en état de fonctionner (pompes des circuits d’injection d’eau, circuits d’aspersion) et que toute intervention humaine était périlleuse vu les conditions météorologiques. Chacune de ces conditions avait été considérée comme suffisamment probable pour être prise en compte, mais pas leur survenue simultanée. Cet incident a d’ailleurs conduit à la révision des protections contre les inondations sur tous les sites.»
À propos de la sûreté supposée des centrales en France, on pourrait citer aussi la phrase de Pierre Wiroth, inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection, à EDF, en janvier 2008, qui exprime ainsi ses inquiétudes: «La baisse du coefficient de disponibilité[le rapport entre la quantité d’électricité que l’on pourrait produire en un temps donné et celle que l’on produit effectivement]est un clignotant pour la sûreté et doit interpeller: est-on suffisamment attentif aux compétences des équipes ainsi qu’à la qualité de la maintenance et au vieillissement des matériels ?»
A t on besoin de faire un nouveau diagnostic, en 2011...Alors que le rapport de cet inspecteur - et son audition par le Parlement - semblerait plus pertinent ?
Plusieurs fois (et il y a plusieurs exemples dans d’autres pays), on est passé à côté de l’accident grave d’un cheveu, sans qu’on sache trop pourquoi – et pourtant cette possibilité de l’accident n’est jamais réellement prise en compte, aucun plan d’urgence sérieux n’étant par exemple élaboré.
Transférons l’accident de Tchernobyl sur n’importe quel site de la vallée du Rhône, de la Loire ou du Nord de la France – rappelons que la centrale de Nogent-sur-Seine est à 80km en amont de Paris –, et voyons si les collectivités locales, nationales et européennes sont prêtes à assumer ce risque. Moi, je prétends que non. Mais le problème n’a jamais été posé dans ces termes.
Les promoteurs du nucléaire ne nient pas d’ailleurs la possibilité d’un accident majeur, mais ils s’appuient sur le fait qu’il n’y a encore jamais eu d’accident grave en France même pour essayer de convaincre qu’il n’y en aura jamais parce que «toutes les précautions sont prises». Mais le problème est qu’un tel accident est toujours possible, du fait de la nature des réacteurs nucléaires et des usines de combustibles.
Il faut d’ailleurs noter que l’AIEA (l’Agence internationale de l’énergie atomique) a toujours cherché à masquer l’ampleur de la catastrophe de Tchernobyl, allant jusqu’à soutenir, jusqu’à très récemment, que le nombre de victimes ne s’élevait qu’à 400, et ne reconnaissant aujourd’hui que 4000 victimes, alors que celles-ci se comptent probablement en centaines de milliers. D’après le ministre ukrainien de la Santé, 2,4millions d’Ukrainiens, dont 400000 enfants, souffrent toujours de problèmes de santé liés à l’accident de Tchernobyl.
Évidemment, et heureusement, il y a eu très peu d’accidents graves, sinon il y aurait bien longtemps qu’on aurait arrêté. Mais s’il y en a un qui se produit, ça peut être une catastrophe, et c’est ce que Tchernobyl a montré.
Tchernobyl a aussi montré que la première réaction des autorités nationales et internationales est toujours de minimiser l’accident et ses conséquences, ce qui implique de fait que les mesures de protection nécessaires ne sont pas prises à temps.
-Le risque d’accident n’est pas le seul risque lié à l’industrie nucléaire, il y a aussi le problème des déchets. C’est le deuxième type de risque. Les combustibles restent à peu près trois ans dans le réacteur. Quand on les en sort, ce sont des «combustibles irradiés» qui contiennent encore en majorité de l’uranium mais aussi des «produits de fission» et des éléments lourds, dont le plutonium. Ils sont à la fois extrêmement radioactifs et extrêmement chauds. On les place alors dans des piscines, à côté des réacteurs, pour faire décroître leur température et leur radioactivité.
Pour la suite, il y a deux attitudes: la plupart des pays, dont les États-Unis, qui sont le pays où il y a le plus de réacteurs au monde, stockent les combustibles irradiés en l’état. Ils les conservent soit dans les piscines des réacteurs, soit dans des conteneurs entreposés sur les sites des centrales.
D’autres, dont les Anglais, et les Français – pour le moment, ce sont les seuls (les Japonais ont une usine en construction) –, ont des usines de retraitement, c’est-à-dire qu’ils traitent les combustibles irradiés, considérés ailleurs comme des déchets, pour récupérer le plutonium, et isoler la part la plus radioactive des déchets, qui est coulée dans du verre et stockée.
Mais ce qu’il est important de voir, c’est que le retraitement n’élimine absolument pas les déchets. On les sépare, on les trie, mais on ne s’en débarrasse pas. Pour l’instant, on n’a aucune solution. EDF parle donc, bien mal, de "recyclage" ! Alors que le retraitement ne "recycle" absolument rien !
En effet, dans le meilleur des cas, l’opération qui consiste à isoler le plutonium pour ensuite produire du combustible MOX ne permet de réduire que de 15% les déchets les plus actifs à très long terme (le plutonium et les actinides), ce qu’on appelle les déchets de type C. En revanche, elle entraîne une accumulation importante de déchets de moyenne activité, les déchets de type B. Le plutonium produit par l’opération, et censément destiné à être réutilisé, ne l’est en fait qu’en partie, de sorte qu’une quantité de plus en plus grande de plutonium non utilisé s’accumule, en dépit des déclarations d’intentions d’EDF. Fin 2006, le stock non réutilisé de plutonium, en croissance continuelle depuis1987, était de 52,4 tonnes. Enfin, le combustible MOX, élaboré à partir du plutonium isolé lors du retraitement, n’est pas lui-même retraité, et nécessite environ 150 ans de refroidissement contre 50 ans pour les combustibles classiques, avant un éventuel stockage.
Les pays étrangers qui avaient vu dans le retraitement à La Hague (ou à Sellafield, en Grande-Bretagne) des combustibles irradiés produits dans leurs centrales nucléaires le moyen de s’en débarrasser ne s’y sont pas trompés: successivement, l’Allemagne et la Belgique ont décidé d’abandonner cette opération coûteuse et d’étudier le stockage direct de leurs combustibles irradiés (ce que font déjà le Canada, les États-Unis, la Suède, etc.). En France même, EDF se pose sérieusement – derrière le discours officiel – la question de l’abandon du retraitement, qui lui coûte cher et ne résout pas ses problèmes de déchets.
En fait, la solution envisagée depuis le début par les développeurs du nucléaire est de «faire disparaître» les déchets, en les enfouissant à grande profondeur. Mais une telle décision pose des problèmes majeurs concernant des déchets à vie longue, qui seront encore radioactifs pendant des siècles, et jusqu’à des dizaines de millénaires.
Du fait des résistances à cette «solution», on pourrait s’orienter vers des stockages de longue durée en site protégé (en «sub-surface»), qui laisseraient la possibilité de récupérer des matières qui s’avéreraient précieuses, en espérant que la recherche scientifique permettra un jour la neutralisation de ces déchets. C’est sans doute la moins mauvaise solution, mais il faut bien reconnaître que tout ça n’est pas très brillant. (La seule autre "solution" en cours est de disperser les déchets autour de la planète !)
Outre la question des déchets, il y a aussi une pollution permanente, en particulier dans les mines, qui ne sont plus en France mais au Niger aujourd’hui, et avec les rejets non pas certes des réacteurs, mais des usines de retraitement (on remarque ainsi que les autorisations de rejet de l’usine de LaHague sont jusqu’à 1000 fois plus élevées que celles qui s’appliquent à la centrale voisine de Flamanville), et aussi les risques liés au transport des matières nucléaires d’un bout à l’autre du territoire national.
-Il y a aussi le problème de la prolifération. C’est le troisième risque majeur. Un pays qui engage un programme de développement du nucléaire civil se dote d’usines d’enrichissement, de fabrication de combustible et, éventuellement, d’une usine de retraitement, sur le modèle de la France. Or, les techniques d’enrichissement de l’uranium ou de production du plutonium par retraitement sont les mêmes qu’il s’agisse de produire des matériaux fissiles à des fins militaires ou civiles. Avec de l’uranium très enrichi ou avec du plutonium, il est possible de faire une bombe. Les technologies du nucléaire civil sont donc des vecteurs de prolifération du nucléaire militaire.
Il y a un élément proliférant dont on pourrait se passer, c’est le retraitement. Mais la France et l’Angleterre continuent à retraiter et le Japon cherche à démarrer sa propre usine. Il y a bien eu des tentatives… Le président Carter en particulier a tenté, en1974, d’obtenir un accord international pour l’arrêt du retraitement. La France a été à la tête de ceux qui s’y sont opposés, et l’on n’a pas arrêté le retraitement.
Quant à l’enrichissement, pratiquement toutes les centrales nucléaires dans le monde sont sur le même modèle, PWR, qui fonctionne à l’uranium enrichi – donc, pour se passer de l’enrichissement, il faudrait changer entièrement de système. Ce n’est pas du tout ce qu’on fait: au contraire, on fait l’EPR et on nous le présente comme le réacteur du XXIe siècle. Mais l’EPR n’est pas du tout un réacteur de «troisième génération», comme l’affirment ses promoteurs, ce n’est que le dernier modèle de la deuxième génération, le dernier modèle des réacteurs PWR qui fonctionnent actuellement. C’est pour cela qu’il n’est pas plus acceptable que les autres: trop de risques sont associés à ce type de réacteurs, à la fois le risque de prolifération, avec l’enrichissement, le risque d’accident grave et celui des déchets.
Serait ce d'ailleurs "profitable" (à la France) de continuer dans la voie du "tout nucléaire" ? Pas nécessairement.
En effet, au début, dans les années 1950, on pensait qu’on allait produire de l’électricité tellement bon marché que ce ne serait pas la peine de mettre des compteurs. Les centrales nucléaires fonctionnant en base – c’est-à-dire de façon continue toute l’année, en dehors de pointes de production, pour lesquelles le nucléaire n’est pas adapté –, et sans problèmes techniques, produisent un kWh à un coût relativement compétitif, c’est vrai, mais les coûts d’investissement des nouvelles centrales ne cessent d’augmenter.
Ce relatif avantage économique ne tient plus dès lors qu’on ajoute à ce coût les dépenses de la recherche publique sur le nucléaire et les «coûts futurs du nucléaire» (les coûts du démantèlement des centrales et de la gestion des déchets), qui sont difficilement estimables, mais sont sans conteste considérables. D’autre part, l’uranium est entièrement importé, ses réserves sont limitées et son coût ne reste bas que parce que le nucléaire ne se développe pas.
Par ailleurs, du fait du risque d’accident, on a dû élaborer des systèmes de protection de plus en plus poussés, ce qui a entraîné des coûts qui n’avaient pas du tout été anticipés. Et puis, du fait même de ces risques, les assurances ne couvrent pas l’accident grave: tout repose sur l’État, donc sur les contribuables, voire sur des mécanismes de solidarité interétatiques.
C’est pour cela que le nucléaire a finalement été très peu développé, alors qu’il n’y a pas d’autre source d’énergie pour laquelle les États aient consacré autant de moyens, prenant en charge la recherche et développement, la question de déchets, toute la question du contrôle et même la garantie en cas d’accidents graves. Il faut bien voir que cette industrie ne s’est jamais développée dans des conditions de marché, mais toujours par une volonté politique et, dans beaucoup de pays, par la volonté politique de détenir l’arme nucléaire.
Le nucléaire représente assez peu dans la consommation d’énergie primaire mondiale. On dit que le nucléaire représente 6% et que l’hydraulique plus l’éolien, etc., représentent à peu près 3%. Ce qui déjà n’est pas beaucoup, mais, en plus, pour le nucléaire, on compte, dans l’énergie qu’on appelle l’énergie primaire, la chaleur produite dans le réacteur, et non la seule électricité.
Or il y a une importante déperdition de chaleur. Une déperdition des deux tiers, si l’on considère l’énergie produite en amont, et non l’énergie utilisable. Si l’on tient compte de cette déperdition, on s’aperçoit que les renouvelables fournissent en fait plus d’électricité que le nucléaire.
Le nucléaire ne représente donc actuellement pas grand-chose, au niveau mondial. Donc si l’on décidait d’abandonner le nucléaire, ce serait un problème, mais certainement pas une catastrophe. Certes, ce serait compliqué pour la France, dont la consommation d’électricité repose à pratiquement 70% sur le nucléaire (ce n’est pas 80% parce que 80%, c’est la production, qui inclut les exportations), ce qui est un record (par comparaison, l’Ukraine, le pays le plus dépendant du nucléaire après la France, dépend à 48% de sa production). Mais cela dit, même pour la France, la sortie du nucléaire à la fin de vie technique des centrales nucléaires actuelles est parfaitement possible, et peut-être même à terme économiquement favorable, comme l’avait montré il y a déjà dix ans l’un des scénarios énergétiques du Commissariat général du Plan11, surtout si l’on prend en compte les coûts de la technologie nucléaire dans son ensemble (recherche, sécurité nucléaire, démantèlement des centrales et des usines du combustible…).
Les Allemands ont eu l’intelligence de prendre la décision de sortir du nucléaire à temps, ce qui va permettre à leurs industries, à leurs villes et à leurs régions de se préparer à cette transition. Il est significatif que cette politique d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables soit soutenue par les industriels et les syndicats allemands.
Cette transition ne peut en tout cas se faire que par de grands programmes de meilleure utilisation de l’énergie et surtout de l’électricité, ce qui permettait de consommer beaucoup moins à service rendu égal. Il y a là, en particulier en France, un potentiel considérable.
C'est pourquoi, l'idée d'un débat, pour moi s'impose. Car quand on parle du nucléaire, en France...On a souvent la réaction des partis dits "de Gouvernement" qui se limitent à "mais c'est indécent de remettre en cause un choix du Général De Gaulle" !
Résultat ? Le Gouvernement "français" considère que tous les autres pays sont des imbéciles, que nous sommes les seuls à avoir raison et qu’un beau jour tout le monde va faire comme nous. Donc on continue à faire, imperturbablement, un EPR, deux EPR, etc., malgré les coûts, malgré les dangers… Et on investit massivement dans la recherche sur le nucléaire, au détriment de la maîtrise de la consommation d’énergie, au détriment du développement de systèmes décentralisés de production et d’utilisation de l’énergie, et des énergies renouvelables. Il est clair que la surcapacité du parc nucléaire français par rapport aux besoins est un frein à la fois aux économies d’énergie et au développement des énergies renouvelables.
Il faut savoir par exemple que le programme Messmer, le programme de construction massive de centrales décidé en1973-1974, reposait sur une surestimation colossale de l’évolution de la consommation d’électricité. En1975, la France consommait 175milliards de kWh par an. L’argument pour justifier la construction de six réacteurs par an était que la consommation d’électricité allait doubler tous les dix ans. C’était considéré comme une loi absolue. On devait donc aboutir, en 2000, à environ 1000 milliards de kWh. En fait, la production d’électricité en 2000 pour les besoins des consommateurs français a été d’environ 480milliards de kWh. Ce qui est frappant, c’est que même lorsqu’il est apparu clairement, dès la fin des années1970, que l’évolution réelle de la demande n’obéissait pas à cette «règle» du doublement tous les dix ans, on a maintenu un rythme élevé de construction de nouvelles centrales pendant toute la première moitié des années1980, à la différence d’autres pays, comme par exemple les États-Unis, qui ont progressivement annulé toutes les commandes passées depuis1973.
Du coup, la France a une surcapacité de production d’électricité, et se retrouve à exporter environ 80 milliards de kWh sur les 550 milliards de kWh qu’elle produit. Or, il n’a jamais été question de produire pour exporter, mais seulement pour les besoins intérieurs. Ce n’est que parce qu’on s’est trouvé en surcapacité qu’on s’est mis à exporter de l’électricité, mais, du point de vue économique, ça ne présente aucun intérêt, sans compter que les Français, sans s’en rendre compte, gardent pour eux les déchets, les risques, etc.
D’ailleurs, les pays qui achètent de l’électricité à la France le disent. Je pense à cette déclaration d’un ministre belge: «Si les Français sont assez idiots pour fabriquer du nucléaire, pour garder tous les problèmes chez eux et nous vendre de l’électricité, on ne voit pas pourquoi on s’en priverait !»
Il a des parallèles étonnants. En 1974, on a présenté le nucléaire comme le garant de «l’indépendance énergétique» de la France, alors que le développement du nucléaire n’a diminué en rien notre dépendance au pétrole, puisque le secteur des transports, un secteur essentiel, en dépend toujours presque exclusivement – et même, curieusement, la consommation de pétrole par habitant de la France est supérieure à celle de nos grands voisins: Allemagne, Italie, Royaume-Uni.
Aujourd’hui, on nous présente le nucléaire comme la solution pour réduire nos émissions de CO2 – alors que c’est ce même secteur des transports qui pose le problème majeur, et que plus d’électricité n’y changerait à peu près rien!
Il n’est pas inutile de rappeler que, en France, la part de l’électricité dans la consommation d’énergie finale est de 21%, de sorte que, la contribution du nucléaire à la consommation finale d’électricité étant de 67%, la contribution du nucléaire à la consommation d’énergie finale de la France est seulement de 14%.
Bref, le nucléaire n'est pas aussi "essentiel" qu'on le prétend. Surtout vu ce qui précède. La question n'est donc pas "faut il sortir du nucléaire" mais "va t on enfin accepter de discuter sereinement sans faire du nucléaire un "domaine étatique" régalien ? Et donc, par là même, non critiquable (de manière constructive) ?
Le référendum m'apparait utile, moins pour la question, que pour le débat. Qu'on se souvienne comme les Français se sont emparés du TCE, en 2005...Même si le résultat n'a pas plus à certains.
Il est utile, même indispensable à mon sens, parce que, tout le monde a pu s'en apercevoir, les experts ne doivent pas être juges et partis. Sinon, on se retrouve avec des conflits d'intérêt terrifiants.
Les experts doivent contribuer à déterminer en quoi consiste le risque mais la question de son acceptation n’est ni de leur compétence ni de leur responsabilité. C’est une décision fondamentalement politique, qui doit être prise par un processus démocratique. Il faudrait qu’on dise: voilà quels sont les risques, est-ce que vous les acceptez ou pas ? Et vous voyez, là, on peut répondre par oui ou non.
Aujourd'hui, le nucléaire est devenue la "proie" de lobbystes très puissants, que du reste vous connaissez très bien : EDF, Areva, le CEA. Si puissants que des élus, pourtant honnêtes, se font les défenseurs du nucléaire, moins par conviction reposant sur des données étudiées, que par principe...Fidélité au Général, ou accointance avec les lobbystes cités.
Ils font le panégyrique du nucléaire, alors que, très souvent, leur ignorance sur le sujet est proprement sidérante. Cette chape de plomb s’étend d’ailleurs jusqu’aux médias, à quelques exceptions courageuses près, du fait notamment du pouvoir financier des entreprises du nucléaire, par le biais de la publicité, et la pression est également présente dans le milieu scientifique et à l’Université.
Il y a des images frappantes dans le film d’Éric Guéret et Laure Noualhat, Déchets, le cauchemar du nucléaire, qui est passé récemment sur Arte, ce sont celles de responsables de l’industrie nucléaire, comme par exemple Bernard Bigot, qui est «haut-commissaire à l’énergie atomique et (ex-)conseiller technique et scientifique auprès du gouvernement et du président», qui nous explique avec un sourire mielleux que la gestion des déchets nucléaires, c’est un peu comme, à une autre époque, la construction des cathédrales, que c’est la construction de l’avenir, et qu’il faut avoir «confiance», dans «le sens des responsabilités» des gens et dans la «science». On a du mal à imaginer qu’il croit une seconde à ce qu’il raconte…:
Il y a effectivement deux problèmes: il y a le problème du nucléaire lui-même, de ce qu’il est, de ses risques, et il y a le problème des gens qui s’en occupent. Cette population des dirigeants du nucléaire m’effraye à un point…
Cette attitude de mépris extrême pour tout ce qui est en dehors de leur cercle, cette façon de décider de choix cruciaux hors de tout processus démocratique… Cette espèce de cynisme et d’arrogance, alors qu’il s’agit de faire de l’électricité…
Bref, M. DIONIS DU SEJOUR...Rencontrez autant "d'experts" que vous voulez. Mais si possible, un peu moins dépendant de l'industrie nucléaire que les "compagnons" de Roselyne au moment de la grippe A de celle du médicament !
et vous, que feriez vous?
difficile de traiter d'autres sujets que le japon ou la lybie...mais, en france, il se pose en ce moment une seule et même question pour beaucoup d'entre nous. que feriez vous, personnellement,si vous aviez dimanche à choisir entre un bulletin ps ou un bulletin fn;? ce choix, les français risquent de se le poser pour l'élection de 2012....en 2007, malgré mes opinions les concernant, j'avais trouvé personnellement le choix socialiste trés "citoyen" leur avais dit "merci" et n'avais pas pu m'empêcher, de douter du choix éventuel inverse. je vous confirme donc, ce que je craignais déjà au 2ième tour de 2007...cette droite nouvelle, portée par notre actuel président et quelques uns de ses acolytes ne représentent plus aucune valeur de notre héritage gaulliste; il est temps, alors de créer un centre élargi, digne de ce nom, en regroupant toutes les personnalités actuelles qui pourraient le représenter efficacement et dignement;,évitons la multiplicité des candidats...les courses aux éventuels portefeuilles... et j'en passe....avec la capacité, l'honnêteté sera la meilleure arme... est ce trop demander???sincèrement; ck
sortir du nucléaire, un choix raisonnable
« La terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants » dit la sagesse.
Nous sommes nombreux à attendre de nos responsables qu’ils écoutent cette voix et qu’ils fassent entendre la voix de la raison, que vous invoquez dans votre billet.
La raison nous montre le chemin de la sortie du nucléaire, le seul viable à long terme et possible dès aujourd’hui pour l’humanité.
Raisonner, c’est avant tout observer les faits :
- Catastrophes et accidents, civils et militaires, dans des contextes variés, jalonnent l’histoire récente du nucléaire. Sans le sacrifice de la vie des « liquidateurs » de Tchernobyl, notre continent européen serait à présent en grande partie inhabitable, pour des siècles.
- Produire de l’énergie nucléaire, c’est produire des déchets dont la radioactivité durera des millénaires, et dont on ne sait que faire. Les enfouir ? beau cadeau aux générations futures …
- Indépendance énergétique ? La France importe 100% de l’uranium nécessaire à ses centrales.
- Les soubresauts de notre planète vivante (séismes, tempêtes …) nous rappellent régulièrement à la prudence, au présent et pour ce qui engage les générations à venir.
Donc la question n’est pas de sortir ou non du nucléaire : le recours à l’énergie nucléaire inclut inéluctablement de graves problèmes non résolus, et à terme, la destruction de la Vie.
La question est celle de la volonté d’en sortir : penser à très long terme, quels que soient les intérêts en jeu aujourd’hui. Débattre, sans exclure de revenir sur les décisions technocratiques.
Après, comment sortir du nucléaire ? là aussi regardons les faits et retroussons nos manches : arrêt du gaspillage, efficacité, sobriété, simplicité, partage. Vivre mieux avec moins, c’est possible.
Aujourd’hui être responsable et raisonnable, c’est opter pour un bouquet énergétique sans atome. Pour notre avenir commun.
Un audit pour le débat, pas un audit contre le débat
Enfin, la Représentation nationale sort d'un demi-siècle de torpeur sur la question du nucléaire ! La question que vous posez est donc : comment opérer une diversification énergétique optimale en France, qui tienne compte à la fois des impératifs économiques et environnementaux ?
L'accent mis ici sur les audits n'est pas une réponse en soi : ces études apportent des éléments de réponse, mais la réponse ne peut venir qu'un choix politique. Ce choix peut être guidé par plusieurs constats :
- Le bilan économique catastrophique des deux entreprises en charge de la production électrique en France, tenues à bout de bras par les fonds publics. L'énergie nucléaire "bon marché" a en réalité un prix élevé pour le contribuable !
- L'extrême faiblesse des dépenses R&D en matière de renouvelable, qui ne préparent pas en l'état actuel à une modulation de ce fameux "bouquet énergétique"
- La faiblesse des incitatifs à la production d'énergie renouvelable
Le modèle économique de la politique énergétique française n'est donc pas seulement une aberration (étant tourné vers un seul type de production, sous perfusion du budget de l'Etat), il capte les ressources nécessaires à une réorientation.
Soyons réalistes, l'une des seules alternatives concrètes que vous envisagez à un parc nucléaire vieillissant est.. un autre type d'énergie nucléaire, l'EPR. Or, ce type de centrale est encore au stade expérimental, ne répond pas au problème des déchets et représente également un coût faramineux (douloureuse expérience de la Finlande, refus récent des Emirats). La France s'est jusqu'à présent obstinée à ne miser que sur un seul cheval, et refuse d'admettre que celui-ci est en train de perdre la course.
Les audits de sécurité (et les audits de gestion) ne doivent donc pas être un écran de fumée cantonnant la question aux considérations sur la sécurité ! Ils doivent servir de base à un débat sur les modalités de sortie (partielle à court terme, totale à long terme) du nucléaire. Une approche responsable appelle une analyse globale de la pertinence de la politique.
De ce fait, les questions à poser sont donc : comment créer une politique de recherche, des infrastructures et des incitatifs adéquats pour s'affranchir d'un choix économiquement lourd fait il y a cinquante ans ?
Il est donc de la responsabilité de nos élus de ne pas s'en remettre à l'expertise, mais de se saisir de cette expertise pour proposer aux Français des solutions innovantes, équilibrées et soutenables !