J’ai déjà ouvert ce blog au débat sur la fraternité municipale (lire ma première chronique à ce sujet « Fraternité municipale : Comment progresser ? » http://jeandionis.com/blog/fraternite-municipale-comment-progresser).
J’y rappelais les évènements qui avaient concouru à fixer mon attention sur ce sujet de l’isolement social : la sensibilisation qu’est venue en faire, à Agen, Jean-François Serres, fils de notre Michel national, le décès dramatiquement ignoré de Mme Garène, femme agenaise décédée depuis plus de deux ans avant que l’on remarque son absence……
J’ai continué à creuser ce sillon avec mes collègues municipaux. Nous l’avons fait en complétant nos engagements municipaux sur les quartiers et la vie démocratique agenaise par une nouvelle rédaction de notre engagement 43 : « Donner aux conseils de quartier des compétences et des moyens supplémentaires pour en faire des acteurs majeurs de deux des priorités municipales : la transition écologique et la lutte contre l’isolement social et ce fameux engagement 43 de notre programme municipal affiche fièrement : « Nous croyons à la mobilisation citoyenne pour la transition environnementale et la lutte contre l’isolement…. Pour ce faire, nous affecterons une enveloppe budgétaire significative à chaque quartier pour ce genre d’initiatives. Elles seront contractualisées avec la Ville à chaque signature des contrats de quartier ».
Pendant ce temps, je terminais la lecture des deux livres de Jean-François Serres consacrés à ce sujet : « Solitude, Dialogue sur l’engagement » écrit avec son père Michel et « Vaincre l’Isolement »… Et à la fin de ces lectures, je suis convaincu que le quartier est la bonne échelle pour faire reculer la solitude et réinventer la fraternité qui nous fait si cruellement défaut ces temps-ci.
Facile à sentir et à décrire cette nouvelle vocation pour nos quartiers, pas si facile à faire..
D’abord parce que l’histoire de nos quartiers à Agen ne part pas de la lutte contre l’isolement ou même de l’animation du quartier. Pour les fondateurs de cette institution, et j’en étais, il s’agissait d’abord d’aménager le quartier avec les habitants, de leur rendre le pouvoir de décision sur tous les arbitrages de la vie quotidienne : jeux d’enfant dans le parc naturel, choix de la rue dont la voirie est à reprendre, sens interdit à instaurer, etc.…
12 ans après, les conseils de quartiers d’Agen sont un succès indiscutable, repérés au niveau national - et même de l’Union Européenne dont nous avons gagné un appel à projet – Ils ont fait faire d’indiscutables progrès à la gouvernance municipale agenaise. Mais, pertinents et efficaces comme aménageurs de proximité, seront-ils les bons outils pour faire reculer la solitude, chez nous à Agen ? Voilà la question qui me taraude ces jours-ci…
Avec vous, comme premiers témoins, je veux faire le pari que oui, les quartiers Agenais peuvent rimer avec fraternité.
D’abord, parce qu’ils ont la bonne taille, celle d’un village de 1000 à 1500 habitants où l’on est toujours resté les voisins des uns et des autres.
Ensuite, parce que les conseils de quartiers, qui se sont administrés librement pendant 12 ans, ne sont pas restés sagement dans le couloir, la mission imaginés par la municipalité… Ils ont librement et spontanément occupé l’espace de l’animation de leurs quartiers et organisé expositions, concerts, repas de voisinage. Ils ont même fait naître et grandir une très belle association « l’Accorderie Agenaise », où l’on s’échange des services gratuitement.
Mais avec moi, vous vous direz que tout cela, c’est bel et bien beau mais que cela reste des activités faites par et pour des personnes en bonne forme physique et relationnelle.
De là à pousser la porte de personnes isolées qui estiment « ne compter pour personne, ne pouvoir compter sur personne »… Et ramener ces personnes à une vie sociale digne de ce nom.
Et bien, avec les 207 conseillères et conseillers de quartiers issues des urnes électroniques et postales cette semaine, nous allons le faire.
Nous, les élus municipaux et de quartier, ne serons pas seuls pour faire reculer la solitude. Nous pourrons compter sur les travailleurs sociaux de nos centres sociaux et de notre CCAS (centre Communal d’action sociale), les gardiens et les concierges de nos résidences HLM, sur nos policiers en îlotage…. Nous nous appuierons sur l’expérience de celles et de ceux qui ont de l’avance sur nous dans ce grand combat contre la solitude, le réseau MONALISA (Mobilisation nationale contre l’isolement des personnes âgées) et ses équipes citoyennes….
Nous aussi, nous allons faire nos équipes citoyennes !
Jardins partagés, cafés des villes ou des champs, ateliers web, visites conviviales, sorties culturelles, activités sportives… nos équipes citoyennes, appuyée par nos conseils de quartier, nos équipe de bénévoles lutteront contre l’isolement des personnes âgées à travers des activités qu’elles ont elles-mêmes choisies de faire.
Aujourd’hui, à Agen comme ailleurs, il nous faut bien reconnaître que la fraternité a pris des rides et perdu des couleurs. Et, comme l’écrit Patrick Viveret dans son livre, "Fratenité, j’écris ton nom", «Et la fraternité devient vide de sens. Elle, n’est plus, comme le faisait remarquer Régis Debray, que cette vieille cousine que personne n’invite à danser ».
Et bien, nous relevons le défi. Nous allons faire rimer quartiers et fraternité. Nous allons faire danser la vieille cousine !
Bonjour Jean,
Trois angles d'attaque s'offrent à l'"insolitude", sociologique, anthropologique et médical.
Notre parcours se décline en trois tiers de vie non-pathologique, ou pathologique.
Dès lors les rôles des accompagnés, des accompagnants et des accompagnateurs se réparissent en 18 possibilités ou possibles missions à satisfaire.
C'est le coeur du projet de Monbran, centré sur la formation des dits-acteurs. C'est également le sujet de l'ouvrage que nous terminons actuellement Paul Mbanzoulou (directeur de la recherche de l'ENAP) et moi-même.
Les contenus des formations seront validés par l'Université de Bordeaux.
La bonne nouvelle est que vous disposerait d'un défrichage méthodique et qui sait d'une plateforme territoriale de mise en application du concept de l'insolitude qui a vu le jour à Agen en mai 2015.
Amitiés.
Pierre Martinez
Bonjour,
Votre projet d'apporter des moyens d'existence assurés aux Agenais est un bel engagement. En dehors du débat de quoi de mieux entre l'indépendance ou l'autonomie, il m'est évident que nous ne savons plus nous réunir. Les raisons sont nombreuses et l'échelle des quartiers permettrait une diversité de solution.
Bon courage
Cordialement.
Tout à fait d'accord avec vous !