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La tragédie Grecque doit nous servir de leçon...

Publication : 04/05/2010  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Note de conjoncture économique

La Grèce, entre plan d’austérité et besoin de financement

L’UE et le FMI ont finalisé le plan de sauvetage commun à la Grèce. Celui-ci s’élève à 110 Mds€ (80 Mds€ à charge pour l’UE, 30Mds€ pour le FMI) sur 3 ans pour aider le pays et tenter ainsi de dissuader les marchés de spéculer sur une défaillance d'autres membres de la zone euro.

30Mds€ seront débloqués via des prêts bilatéraux des 15 partenaires de la Grèce dès cette année, l'Allemagne y participant à hauteur de 8,4 milliards d'euros et la France pour 6,3 milliards (soit 16 milliards sur trois ans), la contribution de chacun étant calculée en fonction de son poids dans le capital de la Banque centrale européenne.

En contrepartie, la Grèce a détaillé un plan d'austérité qui prévoit hausse de la TVA, flexibilité du marché du travail, suppression des primes dans le secteur public et réforme des retraites. 

Le respect de ce plan sera contrôlé chaque trimestre, dont une première fois avant l'été, par la Commission, la BCE et le FMI.

1.Les mesures d'assainissement annoncées par Athènes depuis janvier

Le gouvernement grec a annoncé depuis janvier 2010 plusieurs mesures d'austérité :

Janvier 2010 :

Une augmentation des recettes de près de 7 milliards d'euros grâce à la fin des privilèges fiscaux, l'intensification de la lutte contre l'évasion fiscale, une taxe exceptionnelle sur les grandes fortunes et des privatisations.
Une réduction des dépenses, pour 3,6 milliards d'euros, notamment dans la fonction publique (gel des embauches, fin des contrats à durée déterminée dans l'administration, non-remplacement de quatre départs à la retraite sur cinq à partir de 2011, réduction des primes et gel des plus hauts salaires).
Une diminution de 1,4 milliard d'euros des ressources des hôpitaux, et de 500 millions d'euros des dépenses d'armements.

En février 2010 :
Gel total des salaires des fonctionnaires : La Grèce étend le gel des salaires dans la fonction publique aux agents gagnant moins de 2.000 euros par mois.
L'âge légal de la retraite est repoussé à 63 ans.
Les taxes sur les carburants sont augmentées.

En mars 2010 :
Un nouveau plan a été mis en œuvre afin de « débloquer » 4,8 milliards d'euros :
Plusieurs taxes sont revues à la hausse (2 points de plus pour la TVA, augmentation des taxes sur les alcools, le tabac) pour un apport total de 2,4 milliards d'euros.
Les contribuables qui gagnent plus de 100.000 euros seront plus lourdement taxés, de même que les grands propriétaires immobiliers.
Les pensions des fonctionnaires et salariés du secteur privé sont gelées pour 2010.
d'autres coupes salariales dans la fonction publique sont prévues (réduction de 30 % du 13 e mois de salaire et de 60 % du 14 e mois).

Le ministre grec de l'Emploi, Andréas Loverdos, a cependant annoncé qu'il refusait les coupes salariales exigées.

2.Le plan triennal de redressement des FIPU (30 Mds€ sur 3 ans)

Ce plan vise à ramener le déficit public grec sous la barre des 3% du PIB d’ici à 2014 (14% en 2009). Pour y parvenir, plusieurs mesures drastiques ont été annoncées :

Concernant les dépenses :

coupes dans les dépenses qui représenteront au bout de trois ans environ un dixième de dépenses publiques
suppression des 13 e et 14 e mois dans la fonction publique, ainsi que pour tous les retraités
réduction des dépenses annuelles de fonctionnement de l’Etat de 1 milliard et de ses investissements de 1,5 milliard.

Au total, les dépenses publiques devraient être réduites de 7,6 milliards d'euros sur deux ans.

Concernant les recettes :

hausse de 2 points du taux principal de la TVA (21% actuellement)
création d’un impôt sur les constructions illégales
augmentation de 10% des droits d'accise sur le tabac, l'alcool et les carburants

Le plan prévoit ainsi une hausse des recettes fiscales de 7,8 milliards d'euros sur deux ans.

Mesures sur les retraites :

la durée des cotisations sera portée d'ici 2015 à 40 annuités, contre 37 actuellement
instauration d’un âge minimum de départ à 60 ans

Autres dispositions :

Le plan prévoit également des mesures pour renforcer la flexibilité du marché du travail, puisque actuellement les entreprises ne peuvent pas licencier plus de 2 % de leur personnel chaque mois, et ouvrir à la concurrence une série de professions protégées. Un nouveau salaire minimum sera élaboré spécifiquement pour les chômeurs longue durée et les jeunes.

Limites de ce plan et surveillance européenne :

Malgré tout, ce redressement des finances publiques sera très délicat car il ne pourra pas s'appuyer sur la hausse automatique des recettes fiscales suscitée par la croissance : la récession sera cette année plus grave que prévu, avec une chute du PIB de 4%, contre les 2 % annoncés encore il y a quelques jours. Surtout, le pays ne renouera vraisemblablement avec la croissance qu'en 2012.

Par ailleurs, la réalisation de ce plan sera examinée sur une base trimestrielle et Athènes sera étroitement surveillé. Afin de tirer les leçons de la crise, Berlin suggère également de durcir considérablement les sanctions à appliquer aux membres de la zone euro coupables à l'avenir de déficits publics excessifs. Celles-ci seraient de nature politique, et pourraient, par exemple, prendre la forme d’une suspension des droits de vote.

3.Un éventuel défaut de paiement
Impensable politiquement, il pourrait coûter 200 milliards d'euros.

Standards and Poor's a dégradé à BB + la note à long terme de la dette grecque. L’agence a également octroyé une « notation de recouvrement » de 4, ce qui suppose qu'en cas de défaut de paiement du pays le taux de recouvrement des créanciers se situerait entre 30 et 50 % de la valeur des obligations qu'ils détiennent.

Les banques françaises, avec 54 milliards d'euros d'exposition sur la Grèce, seraient les premières concernées. Toutefois, les groupes bancaires se sont, pour la plupart, largement couverts via des produits d'assurances.

Les conséquences sur le système bancaire grec et, dans son sillage, sur le système européen, seraient catastrophiques.


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