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16/09/05 - Tribune de Jean Dionis : Energie : une révolution, pas une crise ……

Publication : 16/09/2005  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis



Jean Dionis, Député de Lot-et-Garonne, Porte-parole de l’UDF à l’Assemblée Nationale sur les questions énergétiques, apporte sa contribution sur ce débat stratégique pour notre pays.

Prix brut du pétrole, passant de 40 à 70 dollars – record historique pour le prix brut du pétrole. Sans plomb explosant dans la même période de 0.95 à 1.35€ le litre aujourd’hui… Les français assistent abasourdis et impuissants au début d’une véritable révolution énergétique.

La France n'est pas une île. Sa situation énergétique et sa politique sont forcément marquées par un environnement mondial dominé par trois réalités d'une importance considérable :

- D'abord, l'épuisement prévisible à l'horizon de quelques décennies des réserves en hydrocarbures. Le fait énorme, compte tenu de la place du pétrole dans notre société, est là. La production mondiale de pétrole commencera à décliner dans quelques années. Dans quarante, cinquante ans, cent ans ou plus, le pétrole exploitable aura disparu de la planète, nous obligeant à une véritable révolution de nos comportements et de notre civilisation.

- Ensuite, une croissance mondiale très élevée, à un rythme de 5 % par an. Mais ce décollage a un corollaire mécanique dans le domaine énergétique à savoir celui de l'accroissement extrêmement fort de la demande. Combinée avec une offre déclinante et dont les prix de revient d'exploitation marginaux explosent, la hausse de cette demande nous a fait sans doute définitivement rentrer dans la période du pétrole et des hydrocarbures rares et très chers… Il y a là, c'est vrai, les ingrédients d'un véritable tsunami énergétique.

- Enfin, les enjeux environnementaux liés aux conséquences directes de nos modes de consommation énergétique devenus majeurs. Le réchauffement climatique, bien sûr, mais pas uniquement, pensons tout simplement à la sécheresse et aux ressources en eau devenues elles aussi en quelques années un enjeu planétaire…

Mais que faire de ce diagnostic ?

Le débat s’est aujourd’hui polarisé sur la fiscalité qui pèse sur les carburants. L’Etat français enregistre avec la hausse des carburants une hausse des rentrées fiscales. Que doit-il en faire ? Redistribuer des excédents au consommateur français ? Réinstaurer la TIPP flottante qui maintient artificiellement le prix des carburants constant en baissant les taxes chaque fois que le prix du brut augmente ? L’heure n’est pas, pour moi, au bricolage à court terme. À l’exception notable du dispositif pour garantir le chauffage et l’électricité à tous, l’Etat doit concentrer son aide vers les professionnels directement exposés à la hausse du carburant (transporteurs, agriculteurs, etc…).

Pour le reste, l’urgence est d’adapter à cette perspective nos comportements individuels et collectifs.

En ce qui concerne nos comportements individuels, notamment en matière de transport et de logement, malheureusement, la hausse du pétrole et des hydrocarbures sera, pour cela, un aiguillon puissant.

Mais, l’essentiel se jouera sur nos choix énergétiques collectifs .Or, nous avons débattu, à l’Assemblée Nationale du long terme lors de l’examen de la loi d’orientation sur l’énergie. Ce fut « une première » que nous avons à ce titre saluée, même si les politiques qu’elle a initiées sont bien trop timides à l’échelle de notre avenir énergétique. Mais au-delà de la loi, ce débat ne fait que commencer.

Il y a en France un véritable consensus national sur une partie importante de la stratégie énergétique de notre pays qui se retrouve dans l’article 1 de la loi :
-contribuer à l'indépendance énergétique nationale
- assurer un prix compétitif de l'énergie
- assurer l'accès de tous à l'énergie.

L’UDF par ma voix a fait adopter comme objectif majeur de notre politique énergétique nationale la préservation de la santé humaine aux côtés de la lutte contre l’effet de serre et le changement climatique. En effet, certaines pollutions sont des conséquences directes de nos choix énergétiques et ont une incidence directe sur le développement de certaines maladies cardiovasculaires et cancers.
Mais reste un travail considérable à réaliser pour être à la hauteur de la révolution énergétique en cours. Quatre chantiers majeurs sont à ouvrir le plus rapidement possible.

La mise en place d'une nouvelle gouvernance énergétique

L'action publique dans le domaine énergétique réclame la planification à long terme, et ceci d'autant plus que la France, à juste titre, a engagé sa parole à un horizon 2050 en signant le protocole de Kyoto, en s'engageant à diminuer par quatre nos émissions de Gaz à effets de serre…..

A moyen terme aussi, la France a donné sa parole à ses partenaires européens concernant la part des énergies renouvelables à atteindre (21 %) en 2010. Parole donnée aussi, concernant les bio carburants : 5, 75 % d'incorporation en 2010 dans les hydro carburants….

Alors, en conscience, une question doit nous obséder : et pour reprendre une chanson d'un de mes compatriotes lot-et-garonnais, Francis Cabrel : est-ce que ce monde est sérieux ?
Avons-nous décidé d'être sérieux avec la parole de la France ?
Avons-nous décidé d'être sérieux en matière énergétique et environnementale ?

Si oui, alors, il nous faut une planification - oui, j'ai bien dit planification, forcément indicative, - et ce n'est pas parce que ce concept a été caricaturé à l'Est qu'il nous fait peur, à nous gens de liberté -, à long terme détaillant le chemin à emprunter pour honorer nos engagements internationaux.
Où est-elle aujourd'hui ?

Il nous faut une articulation entre cette planification à long terme et notre gestion budgétaire annuelle.
Où est-elle aujourd'hui ?

Il nous faut enfin un contrôle parlementaire sur le respect de la parole donnée de notre pays en matière énergétique et environnementale.
Où est-il aujourd'hui ?

Force est de constater que la loi d’orientation sur l’énergie n’a rien proposé pour orienter les besoins énergétiques du pays dans le sens de nos engagements à moyen et long terme. Là aussi tout reste à faire.

J’ai proposé à l’Assemblée Nationale la mise en place d’un projet de loi de finances énergétique annuel qui donne vraiment au Parlement les moyens de maîtriser, à travers la fiscalité, la production et la consommation d’énergie et d’engager un vrai programme d’économies et de développement des énergies renouvelables. C’est dans cet esprit que le gouvernement Juppé avait créé les lois de finances de la sécurité sociale et c’est dans cet esprit que nous serons amenés à créer un jour ou l’autre cet outil budgétaire et fiscal.

Repenser la place de l'énergie nucléaire

La question du lancement du nouveau réacteur EPR a focalisé l’essentiel de nos débats au détriment d’une vraie réflexion stratégique quant à politique équilibrée et adaptée de l'électronucléaire Français à la période que nous vivons.

C’est pourquoi, si nous avions approuvé la construction d’un démonstrateur EPR qui servira de solution de remplacement d’ici 2015, nous pensons que la question de fond concernant la filière électronucléaire française attend toujours une réponse.
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Combien de centrales nucléaires devrons-nous reconstruire pour remplacer le parc actuel et satisfaire aux besoins énergétiques de la nation ? Là non plus, nous n'avons pas répondu à cette question centrale.

Pour notre part, nous reconnaissons le rôle positif et central du nucléaire dans l'offre énergétique française, mais nous sommes opposés, a priori, à un renouvellement à l’identique de notre parc nucléaire dont la production occupe aujourd'hui 78,2 % de la production brute totale d'électricité.

Pour obtenir une réelle diversification du bouquet énergétique français, il faut se fixer une règle simple : la production d'électricité nucléaire doit être recentrée sur la satisfaction de la base de notre demande énergétique, le gaz naturel et les énergies renouvelables doivent monter en puissance pour satisfaire les besoins exprimés lors des pointes saisonnières et journalières.

Faire des énergies renouvelables la priorité nationale des années 2005-2015

La France s’est engagée à atteindre le seuil de 21 % de notre énergie consommée grâce aux énergies renouvelables en 2010. Hydroélectricité, éolien, biocarburants, un élan nouveau et massif doit être donné dans chacun de ces domaines, de la même ampleur que celui donné dans les années 70-80 pour le nucléaire.

Une priorité toute nouvelle doit d’abord être donnée à l’énergie hydroélectrique. La France doit savoir relever en même temps les défis du pétrole rare et cher et de l’eau rare et chère en été.




Il nous faut nous lancer très fortement dans des programmes hydroélectriques le long de nos fleuves et dans nos massifs montagneux atteignant le double but de constituer des réserves en eau et d’augmenter la production de notre 1ère énergie renouvelable, à savoir l’eau.

Les économies d'énergies dans le secteur du logement ancien

Le secteur du logement représente un enjeu majeur de la politique énergétique compte tenu de son importance, 46% de la consommation d’énergie, ce qui en fait la deuxième source d’émission de gaz à effet de serre.

30 millions de bâtiments mal chauffés et mal isolés rejettent chaque année dans l’atmosphère 100 millions de tonnes de CO2. Afin d’atteindre l’objectif global mentionné dans la loi d’une diminution par quatre des émissions de gaz à effet de serre en France d’ici 2050, ce sont 400.000 logements qui devront être réhabilités chaque année. Les technologies et les savoir-faire fiables, maîtrisés et économiques existent pour atteindre ces objectifs.

Aujourd’hui, nous devons saisir l’opportunité de la relance gouvernementale en matière de logements notamment anciens pour imposer cette politique.

En face des turbulences majeures qui s'annoncent à l'horizon, osons être à la hauteur du changement d'époque que nous allons vivre ! Soyons sérieux et audacieux !

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