La libération d’Ingrid Betancourt s’est imposée à nous avec toute sa force émotionnelle et la grâce de l’héroïne. Une fois passé le beau choc de l’évènement inattendu, je vous propose de revenir à nos vies quotidiennes et à ces tendances lourdes qui les transforment. Bref, je vous propose de revenir à la hausse du pétrole.
Résumons-nous, le pétrole va augmenter continuellement sous le double effet de l’augmentation de la demande (pays émergents, Asie) et de la diminution de l’offre.
Cette hausse sera probablement progressive (notamment avec la rentabilisation de gisements auparavant inexploités parce que trop chers, à commencer par les schistes bitumineux de l’Alberta Canadien). Elle peut devenir brutale en cas de chocs géopolitiques – basculement de l’Arabie Saoudite … - Il n’y a pas grand-chose à attendre de l’Etat, lourdement endetté qui défendra ses recettes et nous serons déjà bienheureux si son surplus de recettes permet d’amortir le choc des professions directement en premières ligne (pécheurs, transporteurs, etc …) et des plus fragiles d’entre nous (prime à la cuve, etc …). Mais pour la plupart d’entre nous, nous allons nous retrouver seuls face à la hausse des prix du fuel.
Alors, que faire, face à une telle situation qui menace directement notre pouvoir d’achat ? Les plus prophétiques des écologistes ont depuis longtemps adopté le bon slogan : Think global, act local ! (pensez global, agissez local). C’est effectivement le bon chemin et sur ce chemin, Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !
Prenons deux postes clés de nos budgets familiaux : la voiture et la maison et essayons aujourd’hui, içi et maintenant de diminuer notre « fuel dépendance ».
La voiture, d’abord magnifique instrument de liberté, plébiscitée par le peuple de Gaulois râleurs et libres que nous sommes, nous les Français …sommes nous si « dépendants » que cela ? Oui, je sais, la situation n’est pas la même dans le 7ième arrondissement de Paris que dans les terroirs ruraux de ma circonscription d’Agen-Nérac. Mais quand même, la voiture est remplaçable par le train sur les voyages longue distance que nous faisons seuls, par le bus sur certains de nos déplacements urbains, par le vélo - et avantageusement pour tous les déplacements inférieurs à 3 km - et par nos jambes, pour ceux qui ont la chance d’en avoir en bonne état de marche, pour nos déplacements de proximité. Quand elle est la mieux placée en coût et en service, la voiture peut être utilement partagée … Cela fait déjà une vraie marge de liberté et d’économie …et l’auteur de cette petite chronique se déplace à vélo depuis plus de dix ans pour ses petits déplacements urbains à Agen et à Paris et sait parfaitement l’économie que cela représente. Alors, changez tout de suite … sans attendre le grand soir où il y aura des trains, des bus, des vélib et des trottoirs en bon état partout….
Même raisonnement sur la maison …home, sweet home disent les anglais. Maison, douce maison et ... Très chère maison. Nous avons déjà vécu depuis deux ou trois années le choc de l’explosion de notre facture de chauffage. Là encore, pour ceux d’entre nous qui sont propriétaires et qui ont la chance de pouvoir investir, entre les économies d’énergie substantielles réalisées en isolant notre logement et celles non moins substantielles d’un basculement d’un chauffage au fuel vers un chauffage à l’électricité (et oui, l’électricité, nos écologistes intégristes ne peuvent pas avoir raison sur tout…) et bien cela fait là aussi une vraie marge de liberté et d’économie.
Mais, il est vrai que la réponse ne saurait être uniquement celle des citoyens consommateurs. Le reste est bien affaire de politique, …et pour faire rapide, c’est tout l’enjeu du Grenelle de l’environnement qui entre dans sa phase opérationnelle avec le débat au Parlement prévu au début du mois d’Octobre prochain.
Oui, il faut que l’Europe et le gouvernement donnent à nouveau une impulsion décisive à une nouvelle politique énergétique à la fois plus « propre » en Co2 et plus indépendante du pétrole (nucléaire et énergies renouvelables), aux infrastructures ferroviaires (fret et passagers), à toutes les formes de réseaux de transports urbains (métro, tramways, bus….) pour desserrer l’étreinte de la voiture en centre-ville … sans oublier bien sûr tout ce que nous pourrons faire pour aller progressivement vers des voitures propres.
Fraîchement élu Maire d’Agen et Président de la Communauté d’agglomération, je sais aussi que cette révolution verte doit se décliner localement et notre projet de mandat 2008-2014 n’est pas passé à côté de cet enjeu (voir le détail de nos 103 propositions sur le site de la ville d’Agen www.agen.fr ). Pour avoir été à l’initiative du premier plan vélo de la ville d’Agen, je sais enfin que ce bouleversement des mentalités ne coule pas de source ….et j’imagine déjà les trésors de conviction, d’énergie et de diplomatie qu’il nous faudra déployer….
Mais de toute façon, c’est ce chemin-là ou … le recul brutal de notre richesse nationale, locale, ou familiale. Bizarrement, je suis optimiste. Nous sommes un drôle de peuple, jamais aussi bons que dos au mur. Lors du premier choc pétrolier, celui de la guerre du kippour en 1973, la France avait été un des pays qui avait le plus fortement et positivement réagi –notamment en lançant sa politique électronucléaire, si précieuse aujourd’hui.
Nos parents avaient inventé un slogan qui n’a pas pris une ride : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées …» Allez , avec en plus, une bonne dose de volonté, cela devrait le faire comme disent les sportifs …
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Amitiés
J.Dionis
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
Sans le petrole, les idées oui, mais...lesquelles?
Je ne pense pas personnellement que la "flambée" du prix du petrole soit la seule explication au constat partagé inherent notamment au pouvoir d'achat, et à la prise de conscience subite sur l'impact environemental. Dans les années 80 (jusqu'en 1985 si mes souvenirs sont bons...) le baril coutait 40 Dollars US. Le dollar coutait à cette époque environ 10 francs. Dans les années 2000 (soit presque 20 ans après), lorsque le baril a atteint les 40 dollars (avec un dollar qui avoisine les 6 francs!!! soit en dessous d'1 €) , tout le monde crie au scandale. Il ya un truc la dedans que je ne comprends pas Jean. Lorsque le baril de petrole avoisinnait les 15 dollars, est-ce que tu trouves que c'est la vraie valeur de l'or noir? Est-ce qu'on s'est posé la question pour savoir si on payait le prix juste au pays producteurs? Non. Actuellement, nous vivons une période terrible. La course au profit prend une dimension affolante. La libre concurrence (dé)montre (s'il en est) ses limites. La dérégulation à outrance nous fait payer le prix fort! Pour revenir aux idées, pourquoi ne pas reparler des moteurs qui fonctionnent à l'eau? Tu le sais comme moi que c'est une invention ingénieuse qui a existé il y a bien longtemps. Puisque nous voulons preserver notre environnement, puisque le pétrole est si cher, puisque nous bénéficions (encore) d'un stock hydrique assez apréciable, puisque, puisque, etc,... J'attends des parlementaires et notamment de toi de bien vouloir intervenir sur ce sujet, et de défendre l'idée, que au delà des lobby, il y a l'intêret général. La première idée lorsqu'on n'a pas de pétrole c'est de penser INTERET GENERAL. Pour ma part, le prix actuel du petrole est loin de refléter sa véritable valeur marchande. Conclusion: Vive le pétrole cher, pour que (re)naissent les bonnes idées (mise au placard).
Smoke in the water
"La libre concurrence (dé)montre (s'il en est) ses limites. La dérégulation à outrance nous fait payer le prix fort! Pour revenir aux idées, pourquoi ne pas reparler des moteurs qui fonctionnent à l'eau?"
Oui vous avez raison concernant la libre concurrence : le prix de l'essence est beaucoup moins élevé au Luxembourg.
Plus sérieusement il n'y pas pas d'accord européen sur le sujet : réguler ou pas ?
Pour l'Allemagne c'est non :
http://www.lefigaro.fr/impots/2008/06/20/05003-20080620ARTFIG00648-prix-...
Faut dire tout de même au bénéfice de l'Allemagne, qu'un Walter Eucken c'était autre chose que les partisans bêlants d'une économie planifiée et dirigiste (non libérale) et dont le meilleur exemple historique et bien réel reste encore le désastre sans précèdent de l'économie soviétique. De plus réguler et subventionner c'est sur-produire généralement, subventionner l'essence comme en Inde conduit à la hausse mondiale en augmentant la consommation, et il fut un temps ou au travers de la PAC, on jeta au contraire le lait au caniveau.
Tant qu'au moulin à eau ... C'est plutôt le moulin à vent qui intrigue mais en Inde, avec encore un ingénieur Français de talent exilé, un de plus :http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39369719,00.htm
Notre économie est moins dérégulée (la barbe pour choisir librement ses prestataires de services) que déréglée tout simplement parce qu'elle n'est plus adaptée à la réalité du monde.