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dévoilement d'une plaque en hommage à Anna POLITKOVSKAIA

Publication : 08/10/2012  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Discours de M. DIONIS prononcé le 6 octobre 2012
La ville d’Agen est très heureuse de rendre, par cette plaque, un hommage à cette journaliste américano-russe assassinée quasiment jour pour jour il y a maintenant 6 ans.

L’assassinat d’Anna POLITKOVSKAÏA, c’est tout un symbole : celui de la liberté de la presse remise en cause par un pouvoir.

Certes, nous sommes en Russie au début des années 2000. Un Etat qui se bat contre l’indépendance de l’une de ses anciennes République, la Tchétchénie. Certes, la Russie n’est pas l’état démocratique le plus abouti, loin de là d’ailleurs. Les libertés ont toujours été bafouées en Russie, sous les tsars, sous les bolchéviques…. Les russes sont un grand peuple mais dont beaucoup estiment qu’ils ne peuvent se diriger qu’avec des autocrates. Est-ce que Vladimir POUTINE en est un ? En tout cas, il a été élu légalement et a été réélu tout aussi légalement. Cela laisse à penser que le peuple russe aime les « hommes forts ». Ce n’est pas pour cela qu’il faut museler la presse et faire taire ceux qui donnent des avis contraires !

C’est vraisemblablement ce qui s’est passé ! Anna POLITKOVSKAÏA a été assassinée parce qu’elle dérangeait en dénonçant les dérives du pouvoir en Russie.

Anna POLITKOVSKAÏA, fille de diplomates soviétiques, née aux Etats-Unis. Elle détenait la double nationalité américano-russe. C’est à Moscou qu’elle fait ses études de journaliste. Elle écrit dans la presse écrite puis à partir de 1999 dans le journal en ligne Novaïa. Dès le départ, elle dérange, menacée par un policier qu’elle accusait d’atrocités contre les civils, elle est obligée de se réfugier en Autriche avant qu’il ne soit condamné à 12 ans de prison. Elle s’engage dans de nombreuses affaires, la prise d’otage du théâtre en 2002 à Moscou, celle de la prise d’otage de l’école en 2004 pour laquelle elle tente une médiation ce qui lui vaut d’être empoisonnée et tombe gravement malade. C’est le conflit en Tchétchénie qu’Anna POLITKOVSKAÏA couvre avec le plus d’acuité. Un conflit dur, sanglant que seul l’histoire dans quelques années pourra faire complètement la lumière !

Anna POLITKOVSKAÏA sort Douloureuse Russie l’année de sa mort. Un réquisitoire contre la politique menée par V. POUTINE. Elle y prédit une révolution sanglante ! Fort heureusement, 6 ans après nous n’en sommes pas encore là. V. POUTINE s’est fait réélire, plus difficilement que les fois précédentes, mais il s’est fait réélire quand même.

La Russie, j’y suis allé cet été est un grand et beau pays. Rien ne s’y passe comme on pourrait le croire avec nos schémas occidentaux… Cependant, s’il doit y avoir un élément partagé dans le monde, ce sont les droits de l’homme et la liberté de la presse. La presse est un contre-pouvoir nécessaire, même en Russie.

Il n’y a pas eu d’effet Anna POLITKOVSKAÏA sur le long terme puisque nombre journalistes sont encore menacés un peu partout dans le monde. Les rapports annuels de reporters sans frontières sont assez éloquents, inquiétants. Cependant, l’assassinat d’Anna POLITKOVSKAÏA a été un choc dans l’opinion. Elle est devenue le symbole de la défense de la liberté de la presse.

Pourquoi avons-nous souhaité apposer une plaque en hommage à Anna POLITKOVSKAÏA à Agen ?

Pour tout ce que je vous ai dit ! Parce que nous sommes très attachés à la liberté d’opinion et à la liberté de la presse. Parce qu’elle est un symbole.

Parce qu’à l’origine de cette demande, c’est le collectif des droits d’e l’homme Lot-et-Garonnais qui m’en a fait la demande. Je salue l’ACAT, Amnesty International, la CCDFD, France Libertés, la LDH et le secours catholique. Merci de m’avoir soumis cette idée. Je crois que cette plaque ici, place des droits de l’homme sera un beau symbole et permettra, j’espère de faire acte de pédagogie.

Discours prononcé par Mme CHIOTASSO pour le Collectif des Droits de l'Homme
 Monsieur le Maire, M. l’adjoint, Mesdames, Messieurs,

Tout d’abord, au nom du Collectif 47 des droits de l’homme que je représente ici et qui, je le rappelle, rassemble les groupes locaux de l’ACAT, Amnesty International, le CCFD, France Libertés, la Ligue des droits de l’homme et le Secours catholique, je tiens à remercier M. Jean Dionis du Séjour, Maire d’Agen et M. Pierre Chollet, son adjoint, qui un jour de mai 2010, avait accepté d’être notre porte parole auprès de la commune, lorsque nous avions donné symboliquement le nom d’Anna à la place Wilson et manifesté notre désir de voir son nom donné à une rue ou une place de notre commune.

Qui était Anna Politkovskaïa ?

Fille de diplomates russes, Anna était née à New York en 1959. Après des études de journalisme, elle était devenue grand reporter et travaillait pour un journal indépendant qui, dans les années 2000, était quasiment le seul journal russe à rendre compte de la situation en Tchétchénie. Anna s’est rendue à de nombreuses reprises dans les zones de combat et dans les camps de réfugiés tchétchènes.
En novembre 2002, au péril de sa vie, elle avait accepté de servir de négociatrice lors de la prise d’otages dans un théâtre de Moscou, prise d’otages qui, vous vous en souvenez sans doute, se termina de manière dramatique.
Régulièrement menacée, elle avait subi en 2004 une tentative d’empoisonnement, alors qu’elle se rendait dans le Caucase pour servir de médiatrice dans une autre affaire de prise d’otages. Mais en dépit des actes d’intimidation dont elle faisait l’objet, elle dénonçait inlassablement les atrocités dont elle était témoin, atrocités commises par les troupes russes d’occupation, la police et aussi les rebelles tchétchènes. Malgré les menaces de mort, elle continuait à briser le mur du silence, à exiger des réponses de la part des autorités russes et tchétchènes.
Le titre de chacun des ouvrages qu’elle a publiés nous donne une idée de son action militante. Je les cite : « Tchétchénie, le déshonneur russe » ; « Voyage en enfer, journal de Tchétchénie » ; «La Russie selon Poutine » ; « Douloureuse Russie, journal d’une femme en colère ». Lorsqu’elle fut assassinée ce 6 octobre 2006, elle venait juste de publier son cinquième ouvrage : « Qu’ai-je fait ? » .
Le réalisateur, Eric Berkraut, cinéaste suisse, auteur du poignant film documentaire « Lettre à Anna », qui fut présenté à Agen par les Montreurs d’images en 2010, nous dit que lorsqu’il rencontre Anna pour la première fois en 2003, il ne fait pas seulement la connaissance d’une journaliste : il rencontre une femme qui fait de son travail une mission, un combat qui prime sur sa propre vie, une femme qui, jusqu’au bout, jusqu’à son assassinat, se battra pour la vérité, contre les injustices subies en particulier par les civils en Tchétchénie.
Dans sa « Lettre à Anna », le cinéaste nous la montre bien vivante, comme si elle n’avait pas été abattue dans l’escalier menant à son appartement moscovite, elle qui, à sa grande joie, allait devenir grand-mère pour la première fois. On la voit ainsi rire, quoi que de moins en moins souvent. Souriante, elle marche calmement sous le soleil… Mais on la voit aussi se débattre pour faire avancer sa cause malgré l’adversité, les incompréhensions, malgré les risques qu’elle encourt et dont elle a pleinement conscience.

Dans ce combat parfois incompris de ses proches même, pour dénoncer ce qu’elle considère comme un « génocide » en Tchétchénie, elle avait trouvé quelques âmes sœurs : son amie tchétchène Zaïnap Gashaeva, membre de l’ONG MEMORIAL qui reçut le prix Shakarov 2009 du Parlement européen et qui fait aujourd’hui figure de pendant naturel au symbole de la lutte pour la liberté d’expression qu’est devenue Anna Politkovskaïa. Une âme sœur aussi en la personne de sa collaboratrice au journal, engagée comme elle pour la cause tchétchène, Natalia Estemirova. « Nous sommes de moins en moins nombreuses à avoir la volonté de témoigner. Il faut donc que je continue », disait cette dernière… Quelques jours plus tard, en juillet 2009, Natalia Estemirova était assassinée à son tour, comme son amie Anna trois ans plus tôt.

Aujourd’hui, six ans après, jour pour jour, la lumière n’est toujours pas faite sur l’assassinat d’Anna et l’ombre menaçante de tous ces crimes irrésolus plane toujours sur celles et ceux qui se battent pour un monde plus juste, pour la liberté d’expression, pour la liberté de chaque citoyen, pour le respect de leurs droits fondamentaux.
Au mois de juillet dernier, un officier de police russe à la retraite, interpellé en 2011, a été inculpé sous l’accusation d’être l’organisateur du crime d’Anna ; il aurait recruté le commando chargé de filer et d’abattre la journaliste, commando auquel les trois frères jugés et acquittés « faute de preuves suffisantes » en 2009, sont soupçonnés d’appartenir. La réouverture de l’enquête et le procès en cours d’instruction de l’officier de police, permettront-ils de remonter aux commanditaires ? On peut hélas en douter car le « nouveau et ancien » président de la Fédération de Russie n’a jamais pris la peine de manifester un quelconque désir de s’attaquer à l’impunité des assassins de journalistes…
Alors, nous devons redoubler de vigilance et d’efforts afin que les défenseurs des droits humains, journalistes, avocats, écrivains, responsables d’ONG ou simples citoyens puissent poursuivre leur noble tâche et dénoncer sans cesse les atrocités, les injustices, les impunités, sans avoir à risquer leur vie, en Russie comme ailleurs …
Je vous remercie.

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