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22/02/2012 - Majoration des droits à construire de 30%

Publication : 23/02/2012  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Veuillez retrouver ci-dessous le discours de discussion générale prononcé par Jean Dionis pour soutenir le projet de loi augmentant les droits à construire de 30%:
 
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, nous sommes réunis ce soir pour examiner une mesure simple et pragmatique : une majoration des droits à construire de 30 %. Le chef de l’État l’a annoncé le 28 janvier dernier, le projet de loi a été présenté en Conseil des ministres le 8 février et l’objectif est clair : libérer l’offre de logement en France alors même que nous vivons un déséquilibre entre offre et demande.
Un sondage de l’IFOP paru en octobre dernier plaçait cette problématique au troisième rang des préoccupations de nos concitoyens, après la santé et le travail. Le sujet est donc d’importance. Près de la moitié des ménages consacrent entre 30 et 50 % de leurs revenus au logement. Trois Français sur quatre pensent qu’il est aujourd’hui difficile de trouver un logement répondant à leur demande. Le prix des loyers en est la grande cause.
Mais cela est loin de nous amener à penser qu’il faut bloquer les loyers – proposition un peu pathétique, je le répète –, comme l’estiment nécessaire nos collègues sur les bancs de gauche. Souvenez-vous de ce qui s’est passé en France en 1948. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Tout a été modélisé, appliqué. Quand on dit que c’est pathétique, ça l’est !
Les députés du Nouveau Centre estiment au contraire qu’il faut jouer sur l’offre de logement.
Bloquer les loyers aura mécaniquement des effets pervers et ne résoudra rien. Au contraire, cela entraînera une diminution de l’offre sur le marché locatif et les propriétaires, soyez-en sûrs, s’ils voient leur rentabilité locative remise en cause, souhaiteront soit revendre leur logement, soit le garder pour eux, soit investir ailleurs. Cette proposition, somme toute assez parisiano-parisienne, il faut le souligner, aurait un seul effet : les investissements fuiraient le secteur du logement.
S’attaquer aux conséquences ne permettra pas de résoudre les causes du problème : dans les faits, encadrer les prix ne permettra pas d’offrir les logements supplémentaires dont ont besoin nos concitoyens ni d’enrayer la hausse des loyers.
Le Gouvernement fait le même constat que nous : celui d’un marché caractérisé par un déséquilibre, qu’il faut regarder en face, entre l’offre et de la demande. Un chiffre vient l’illustrer : en moyenne, depuis 1997, le nombre de logements construits annuellement est d’environ 370 000, soit moins de 75 % des besoins exprimés.
Comment, dès lors, satisfaire les 25 % manquants ? Le Gouvernement a choisi un outil parmi d’autres – agir sur l’offre. Le groupe Nouveau Centre soutient cette option.
Ne nous y trompons pas, mes chers collègues, le déséquilibre persistant entre l’offre et la demande appelle des solutions nouvelles. L’OCDE, dans son rapport 2011 sur les objectifs de croissance, indiquait que pour agir sur l’élasticité de l’offre, il fallait ouvrir la voie à une simplification – et la disposition proposée est simple – des « procédures aujourd’hui trop complexes en matière d’octroi de permis de construire », qu’il fallait « favoriser la mise à disposition des terrains en renforçant les liens entre la valeur fiscale des biens immobiliers et la valeur du marché ».
Quel est le dispositif proposé ?
Je suis, comme beaucoup d’entre vous, maire et je vous assure qu’il ne remet en rien en cause le travail de préparation du PLU.
Dans les territoires concernés par un PLU, un POS ou un PAZ, le projet prévoit une majoration de 30 % des règles de constructibilité en matière de gabarit, de hauteur, d’emprise sur le sol ou de coefficient d’occupation des sols.
Bien sûr, et c’est normal – et votre honnêteté intellectuelle ne peut que vous inciter à le reconnaître –, cette majoration n’est pas retenue dans les secteurs sauvegardés ou les zones voisines des aéroports souffrant de nuisances sonores. Elle ne déroge pas non plus aux règles en matière de protection du patrimoine ou aux lois montagne ou littoral.
Ce qui prend à contre-pied les habitudes en matière d’urbanisme, c’est le choix délibéré en faveur de la densification. À un moment donné, il faut dire si l’on veut être sérieux avec le Grenelle de l’environnement. Nous, centristes, nous soutenons, depuis le début, le Grenelle de l’environnement, un urbanisme moins consommateur d’espaces naturels, moins consommateur de terres arables. Les lois « Grenelle » et la loi de modernisation agricole avaient présenté des dispositifs en la matière, qui s’inscrivaient dans une certaine cohérence. Il est bien que cette nécessité de densification soit désormais intégrée dans la loi.
Nous le savons bien : tous les dix ans, c’est l’équivalent d’un département de zones naturelles qui est sacrifié à l’étalement urbain. Voulons-nous, oui ou non, prendre au sérieux la question de l’étalement urbain ?
Soyons clairs, la densification permettra de répondre à deux objectifs : la préservation des terres agricoles et la réalisation d’économies en matière de transports, d’équipements, de fonctionnement des services publics. En cette période de recherche d’économies de l’argent public à tous les niveaux, c’est là un argument que les maires que nous sommes peuvent entendre.
Je dis seulement que la densification va dans le bon sens.
L’article unique proposé entend donc renforcer de façon pragmatique et opérationnelle les possibilités de densification afin de pouvoir faire face à une demande toujours plus pressante. Ainsi, nous observons qu’est rendu possible, dans la limite de 50 %, le cumul de cette majoration avec les dépassements déjà votés par les communes ou les EPCI. Car ce sont bien les communes, voire les EPCI, qui ont la main en matière d’urbanisme et de PLU : de ce fait, elles seront totalement libres d’appliquer, de zoner, de sectoriser ou, à l’inverse, d’écarter cette possibilité ouverte par le texte.
Vous avez d’ailleurs, monsieur le secrétaire d’État, répondu à une de mes questions lors de l’examen en commission des affaires économiques : oui, une commune membre d’un EPCI pourra décider, le cas échéant, de l’application ou non de cette majoration sur son territoire, car il existe des secteurs communaux dans un PLU intercommunal. Autrement dit, cette mesure pourra être sectorisée et sera bien gérée au niveau de la commune, même avec un PLU intercommunal. C’était un point important pour les élus locaux que nous sommes – la question avait d’ailleurs été posée par Jacques Pélissard et l’Association des maires de France.
En un mot, la dynamique de ce texte est bonne. Elle s’inscrit dans une logique d’augmentation de l’offre, et nous vous proposerons, par amendement, d’aller encore un peu plus loin dans cet élan.
Nous avons notamment présenté un amendement visant à réduire des délais dédiés aux fouilles archéologiques, que M. le secrétaire d’État a qualifié de cavalier. Nous ne pensons que du bien des fouilles archéologiques, mais il arrive parfois qu’elles traînent parfois en longueur.
Pour conclure, ce texte allie deux objectifs : créer de l’offre de logements, indispensable compte tenu de l’actuel déséquilibre entre l’offre et la demande, et préserver les ressources naturelles par la densification de la ville.
La complexité du droit de l’urbanisme et l’accumulation de règles sur chaque territoire entraînent des longueurs et des blocages qui ne permettent d’atteindre que trop lentement ces deux enjeux. Votre projet de loi, monsieur le secrétaire d’État, se veut simple et efficace ; ce ne sera qu’un des outils dans la boîte à outils dont disposent actuellement les élus locaux et l’administration, mais ce sera un outil utile et c’est pourquoi les députés centristes soutiendront ce texte.

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