A lire, un très bon article sur François Hollande paru dans le point.
Par Philippe Tesson
François Hollande, l'homme des temps de paix
François Hollande n'est pas mou, il est tout simplement modéré. Ce n'est pas une injure, c'est un fait. La mollesse est un manque de force, la modération est une forme de sagesse. On vient de refermer son livre, qui se lit rapidement, et qui confirme ce jugement. Dans le paysage politique français d'aujourd'hui, le vrai centriste n'est pas Bayrou, mais Hollande, si la modération est la qualité qui définit le centrisme. Il y a une folie chez Bayrou, une extravagance romanesque qui fait sa séduction, il a un style, il mène une croisade solitaire au service d'une ambition fière et vaine au mépris d'une réalité médiocre. Il est le hors-la-loi de la droite.
Chez Hollande au contraire, tout est circonspection et mesure, prudence et calcul, dans la tradition des républiques défuntes, dont il aurait été un excellent président. C'est un homme équilibré, un politique des temps de paix. L'un de ces honnêtes hommes à la française qui répugnent au risque. Qui s'abstiennent. Il suffit de voir à ce sujet ce qui s'est passé mardi dernier lorsqu'il a recommandé aux députés socialistes de s'abstenir dans le vote sur le dispositif européen de soutien aux pays frappés par la crise, décision lamentable et hautement coupable.
Refuge
L'abstention est une attitude neutre. Ne pas se prononcer, dire qu'on est à la fois ceci et cela : socialiste et libéral, par exemple, pour ou contre. Attendre de voir, comme on dit vulgairement. Choisir après coup, au gré du vent, lorsqu'il est trop tard. L'hommage appuyé rendu dans son livre par Hollande à De Gaulle est savoureux. Cet homme-là fait partie des gaullistes de la quatorzième heure : les gaullistes d'après le gaullisme, et qui avaient contribué à l'abattre.
Or, ce portrait définit précisément non seulement ce dont la France n'a pas besoin aujourd'hui, mais ce qui lui serait néfaste. Elle a besoin d'autorité, elle a besoin d'être dirigée avec détermination, parce que les vents lui sont contraires. On veut bien comprendre cette peur de l'avenir qui rend frileux de nombreux Français. Ils voient un refuge dans la tempérance de Hollande, parce qu'ils voient une aventure dans la fermeté. Comme il est rassurant, ce candidat qu'on n'entend jamais évoquer avec force les tumultes vers lesquels nous allons et qui exigent l'esprit de décision, ce candidat dont les valeurs sont aussi neutres, aussi décalées qu'il l'est lui-même en regard des urgences : la vérité, le mérite, la solidarité... Le feu menace le monde et Hollande moralise.