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Crise dans l'industrie laitière : la réponse du gouvernement

Publication : 20/05/2009  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Crise dans l'industrie laitière : question au gouvernement et réponse

M. le président. La parole est à M. Jean-Michel Villaumé, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.

M. Jean-Michel Villaumé. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture. Elle concerne la situation catastrophique et intenable des producteurs de lait.

Alors que les charges augmentent, le prix d'achat du lait est tombé à 21 centimes le litre, soit une baisse plus de 50 % par rapport à 2007, sans que le prix des produits laitiers aient baissé pour les consommateurs. Aujourd'hui, le prix du litre acheté se situe en dessous des coûts de production supportés par les agriculteurs.

Vous le savez bien, monsieur le ministre, le rapport de force est inégal entre producteurs et transformateurs. Au Parlement européen, vos collègues du PPE font le jeu des grands groupes de l'agroalimentaire. Ils ont voté pour une libéralisation accrue du secteur agricole et se sont prononcés en faveur de la suppression des quotas. Vous ne pourrez pas plus longtemps tenir cette contradiction entre vos discours et vos actes, entre des propos rassurants aux agriculteurs et le démantèlement des outils de régulation ! Vous avez sapé les bases des instruments de régulation de la PAC, et la situation a été aggravée par votre loi de modernisation de l'économie. Cette vision libérale, cette absence de maîtrise du marché déstabilisent complètement la filière.

Monsieur le ministre, vous avez laissé la situation se dégrader ! Que comptez-vous faire face à cette crise qui pourrait engendrer la disparition de nombreux producteurs laitiers ? Vous annoncez une mission de médiation : avez-vous besoin de nommer deux médiateurs pour vous aider ? Sûrement, car vous ne pouvez pas régler les problèmes de nos producteurs en étant en campagne. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Aujourd'hui il est temps de prendre les choses à bras-le-corps et d'être ministre à plein temps pour soutenir notre agriculture ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture et de la pêche.

M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture et de la pêche. Monsieur Villaumé, qui espérez-vous convaincre avec de telles polémiques ?

M. André Wojciechowski. Personne !

M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture. Pensez-vous vraiment que les agriculteurs et les éleveurs ont besoin en ce moment d’une telle agressivité ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Et le fait que nous soyons en campagne électorale ne vous excuse pas !

Permettez-moi de vous donner tranquillement trois conseils. En premier lieu, n’ayez pas la mémoire courte.

M. Jean-Marc Ayrault. Vous non plus !

M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture. Je vous rappelle que c’est en 1999, alors que M. Jospin était Premier ministre, et malgré l’avis du ministre du ministre de l’agriculture de l’époque, M. Glavany, que vous n’avez pas su, faute d’être assez convaincants, empêcher la suppression des quotas laitiers en Europe. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. Jean-Louis Bianco. Qui était président ?

M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture. Faites également attention à ce que vous dites, les uns et les autres. J’ai entendu vendredi soir, dans un débat auquel je participais, le représentant du parti socialiste, M. Harlem Désir, déclarer publiquement sur une chaîne de télévision qu’il était favorable à la suppression des restitutions.

M. Henri Emmanuelli. Ce n’est pas le sujet !

M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture. Et ce, au moment même ou vous, les députés socialistes, faisant écho à la préoccupation des éleveurs, vous me demandez de les activer au niveau européen ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Enfin, ne vous inquiétez pas, monsieur Villaumé. Jusqu’au bout, j’accomplirai mon travail de ministre consciencieusement et avec passion, parce que les agriculteurs sont plus intelligents que vous ne le pensez et savent que débat européen et agriculture vont ensemble. (Applaudissements nourris sur les bancs du groupe UMP.)
Crise dans l'industrie laitière

M. le président. La parole est à M. Yves Deniaud, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.

M. Yves Deniaud. Ma question s’adresse également au ministre de l’agriculture et porte sur le même sujet, mais je la formulerai sur un tout autre ton.

C’est en effet avec gravité que je vous interroge, monsieur le ministre, sur le désespoir des 90 000 producteurs de lait de notre pays. Ce désespoir s’est d’ailleurs manifesté par des actions violentes, chez moi dans l’Orne, mais aussi dans la Manche, le Calvados et le Morbihan. La violence n’est pas excusable mais, si l’on n’y prend garde et si la volonté fait défaut, elle risque de s’étendre.

Vingt centimes d’euros le litre de lait, c’est de la vente à perte. Pour les agriculteurs, cela signifie non seulement l’absence de revenus mais la faillite pure et simple. Or, contrairement à d’autres catégories sociales, ils n’ont même pas la ressource des indemnités chômage, totales ou partielles.

Les agriculteurs savent la force de votre engagement et de celui du Gouvernement, monsieur le ministre, tout comme ils connaissent l’influence personnelle dont vous jouissez à Bruxelles, plus forte encore depuis que la crédibilité de notre pays a été renforcée par sa présidence de l’Union européenne. Il est donc crucial que vous donniez des signes d’espoir aux producteurs de lait de notre pays. C’est la demande, le cri d’angoisse que je vous transmets aujourd’hui. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture et de la pêche.

M. Michel Barnier, ministre de l’agriculture et de la pêche. Merci à Yves Deniaud pour la manière dont il exprime avec force la préoccupation et le désespoir de nombreux agriculteurs, aux côtés desquels nous travaillons.

Pas davantage en France que dans d’autres pays ce ne sont les gouvernements qui fixent le prix du lait. La colère des producteurs s’exprime au moment où commencent entre coopératives, producteurs et industriels les négociations sur le prix du lait pour le second trimestre 2009.

Nous sommes sut tous les fronts aux côtés du secteur agricole. Sur le front européen, comme je l’ai dit à M. Benoit, où nous utilisons tous les outils qui ont été préservés – n’en déplaise au parti socialiste – lors du bilan de santé de la PAC et qui sont actuellement activés : le stockage, les restitutions et l’intervention sur le beurre et la poudre de lait.

Au plan national, j’ai décidé de geler le 1 % de quota supplémentaire autorisé au 1er avril, et nous avons créé, avec Luc Chatel, l’Observatoire des prix – sachant que ce ne sont pas les paysans qui auront peur de la transparence sur les prix à la consommation.

Nous avons également redessiné avec votre appui le nouveau cadre réglementaire interprofessionnel. C’est dans ce cadre que les négociations doivent reprendre. Pour les encourager, j’ai désigné ce matin, avec Luc Chatel, deux médiateurs, M. de Guénin et M. Lepetit.

Encore une fois, ce n’est pas le Gouvernement qui fixe le prix du lait, mais nous voulons, avec ces médiateurs, encourager producteurs, coopératives et industriels à s’entendre dans les jours qui viennent sur le prix le plus équitable pour payer les éleveurs de leur travail. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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