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Le secrétaire départemental de la CFDT, Didier Delanis, livre son avis sur la réforme des retraites

Publication : 10/06/2010  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Que pensez-vous des orientations prises par le gouvernement dans ce projet de réforme des retraites ?

La CFDT est consciente des difficultés existantes quant au financement de notre système de retraite par répartition et si l’on peut se féliciter que le dispositif spécifique des carrières longues soit reconduit, il apparait surtout que le gouvernement semble aborder la question d’un point de vue comptable. Et encore, il reste très flou quant aux solutions qu’il envisage. Il évoque notamment le recul de l’âge légal et l’augmentation de la durée de cotisation, mais n’en dit pas plus. De même, il annonce la mise en place d’une contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital, ce qui, pour partie peut être intéressant, mais sans pour autant la chiffrer ni préciser les modalités concrètes d’application.

Pour la CFDT, le dossier doit être abordé de manière beaucoup plus large, en approfondissant notamment la question des solidarités. Il est en effet nécessaire d’identifier les déficits dus à la crise économique actuelle, ceux qui résultent du déséquilibre démographique provisoire lié au baby-boom de l’après-guerre (jusqu’aux années 2030) et ceux qui correspondent à l’allongement de la durée de vie. Selon le rapport du COR (Conseil d’orientation sur les retraites) d’avril 2010, la crise économique actuelle explique à elle seule près de la moitié du besoin de financement supplémentaire à l’horizon 2020, soit près de 20 milliards d’euros. Ces cotisations manquantes doivent trouver une compensation par de nouvelles sources de financement assises sur tous les revenus, notamment les revenus du patrimoine. De même, le déséquilibre démographique lié au baby-boom nécessite une prise en compte particulière – en augmentant les ressources du fonds de réserve des retraites, qui a justement été créé pour faire face à cette situation provisoire.
Modifier l’age légal de départ à la retraite aurait pour effet pervers de contraindre les plus faibles, ceux qui ont eu des métiers pénibles ou des carrières morcelées à travailler bien au-delà des 40 années de cotisation…

Retraite des Fonctionnaires :Si le mode de calcul dans la fonction publique est différent de celui du privé, il est faux de dire que les fonctionnaires sont des privilégiés. Dans le privé, la pension est calculée sur les vingt-cinq meilleures années, primes comprises. Dans la fonction publique, elle l'est sur les six derniers mois hors primes. Ainsi, pour un salarié du secteur privé né en 1948, le montant mensuel de la retraite se situe entre 60,3 et 75,5% du dernier salaire net ; il varie de 58,8 à 83,3% pour un fonctionnaire, selon le poids des primes dans son salaire. La retraite moyenne était de 1689€ par mois pour le public en 2004, contre 1288€ pour la moyenne nationale. Des écarts qui reflètent les différences de niveaux de qualification. La question d’une convergence à terme des régimes se pose cependant en raison du nombre croissant de poly pensionnés.
Par ailleurs le problème des poly pensionnés reste entier, ainsi ceux qui auront eu des carrières décousues avec des parcours professionnels composés d’emplois du privé et du public seront sérieusement pénalisés.

Emploi : Augmenter le taux d'emploi de la population active en France apporterait indéniablement un bol d'air au système de retraites. Une condition nécessaire, comme ne cesse de le clamer la CFDT, qui revendique des politiques d'emploi volontaristes pour les jeunes, les seniors et pour réduire la précarité et les inégalités hommes-femmes. Nécessaire, mais insuffisante ! Le 8e rapport du COR chiffre les besoins de financement du système à 40 milliards d'euros à l'horizon 2015, avec les hypothèses de calcul les plus optimistes qui tablent sur un taux de chômage de 4,5%... du jamais vu en France depuis 1975 ! En cause, la pyramide des âges, qui va faire passer le rapport de 2 cotisants pour 1 inactif en 2000 à 1,1 cotisant pour 1 inactif d'ici à 2040.

En la matière, le Grenelle de l’environnement était un espoir, notamment pour la création d’emploi « vert », …Qu’en reste-t-il aujourd’hui ???

Taxation du capital :Les revenus du capital sont cinq fois moins élevés que les revenus d'activité. Ils ne suffiraient donc pas à eux seuls à apporter une réponse définitive à la question du financement des retraites. Pour la CFDT, la mise à contribution des revenus des capitaux doit être accrue, mais pour financer les solidarités du système de retraite : droits dits non contributifs associés aux périodes non travaillées, lissage des effets du papy-boom, prise en charge par l'État de l'impact de la crise, etc.

Rythme de la réforme : Concertation depuis la mi-avril, projet de loi à la mi-juin pour un vote au Parlement en septembre : le calendrier gouvernemental est pour le moins serré, au risque d’une réforme bâclée. Pour la CFDT, il importe de prendre le temps de poser tous les éléments du débat afin de dessiner un système de répartition plus juste qui permette aux générations entrant aujourd’hui sur le marché du travail de garder confiance en l’avenir… y compris de leur retraite !

Les travaux du COR ont bien montré qu’à ne jouer que sur les paramètres, on ne règle pas la question.

Aucune mesure spécifique n’est prise en direction des femmes alors qu’en moyenne ces dernières perçoivent une pension infèrieure de 38% par rapport aux hommes.

Pour ce qui concerne la possibilité pour les carrières longues (ceux qui ont commencé à travailler dés 16 ans) de continuer à bénéficier d’un départ anticipé, cette mesure a été négociée en 2003 par la CFDT et il est heureux que ce processus soit reconduit

La problématique de la pénibilité n’est pas actée de manière formelle et est renvoyée à la négociation de branche, or des promesses ont déjà été faites en la matière à la CFDT qui s’est engagée par le passé. Nous avons constaté qu’elles n’ont pas été tenues….Nous nous en rappelons…

La crise économique que nous vivons, historique par son importance, était un moment particulier qui aurait pu permettre de prendre un virage dans la façon de vivre notre économie, il est probable que nous ayons raté là une chance.
Nous restons cependant en alerte et gardons l’espoir que le gouvernement amendera ses propositions dans un sens plus conforme à l’équité, à la justice sociale

Que souhaiteriez-vous que les députés apportent comme changement à ce projet durant son examen à l’Assemblée Nationale ?

1er) Suppression du bouclier fiscal et affectation des sommes concernées sur le fonds de réserve des retraites
2ème) Des textes clairs précisant la prise en compte de la pénibilité
3éme) Une taxation claire des revenus du capital et du patrimoine

Est-ce qu’il y a une ou plusieurs mesures que vous souhaiteriez voir défendues par Jean Dionis dans l’Hémicycle ?

Une contribution des revenus du capital significative et affectée au fond de réserve
Une politique ambitieuse pour l’emploi (grands travaux, etc…)

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