Le 8 septembre, François Bayrou, notre Premier ministre, demandera à l'Assemblée nationale un vote de confiance quant à l'effort à faire au niveau de nos finances publiques nationales.
Il posera à nos députés une question simple : « Êtes-vous d'accord avec une réduction de 44 milliards d'euros du déficit de nos finances publiques sur un total général de 155 milliards d'euros ? »
Sa position, exposée très largement dans tous les médias, est solide : les 44 milliards, c'est-à-dire l'ampleur de l'effort, ne sont pas négociables. Par contre, le contenu de ces 44 milliards, c'est-à-dire l'ensemble des mesures qui contribuent à cette réduction de déficit, ce contenu, lui, est négociable.
Pendant tout l'été, François Bayrou nous a alertés sur le fait que la côte d'alerte en matière d'endettement de l'État français était atteinte. 155 milliards d'euros de déficit annuel, c'est environ 5,2 % de notre production intérieure brute, c'est une petite moitié de nos recettes fiscales.
À juste titre, le Premier ministre n'a pas arrêté de s'adresser directement à chacune et à chacun d'entre nous pour que, en tant que citoyens responsables du futur de la République française, nous nous saisissions de cet enjeu, chacun devant avoir le courage de se positionner en répondant clairement à la question des 44 milliards d'effort national.
Ma réponse personnelle sera un oui sans ambiguïté. Il est urgent de mettre l'État sur une trajectoire de maîtrise de nos finances publiques. Si nous ne le faisons pas à partir du 8 septembre, la France perdra une partie de sa souveraineté. De même que pour les familles en situation de surendettement, ce ne sont plus les membres de la famille qui décident de la gestion des finances familiales. De même pour la France, en tant qu'État souverain, en maintenant le déficit de ses finances nationales à ce niveau, la France accepte de fait que sa gouvernance démocratique soit bouleversée par le poids que prendraient mécaniquement ces prêteurs.
Oui donc au niveau des efforts demandés ! Les fameux 44 milliards ! C'est-à-dire une correction de l'ordre de 28 % de notre déficit annuel ! Oui, trois fois oui, enfin être sérieux avec notre État ! Et oui aussi à la négociation du contenu de ce budget 2026. Je suis notamment favorable à un effort plus grand des ménages les plus favorisés, notamment en contrepartie de toute partie de ces deux jours fériés travaillés et non payés, qui, visiblement, ne passent pas dans l'opinion publique. J'enfonce le clou en disant que je fais partie des ménages favorisés (retraite et indemnités d'élu) qui acceptent le principe d'une participation plus importante de ma part à l'effort de redressement national auquel nous appelle le Premier ministre.
Comme la plupart des observateurs de notre vie publique, je suis pessimiste sur les chances de François Bayrou de convaincre, d'ici le 8 septembre, une majorité à l'Assemblée nationale. En effet, le surendettement de l'État est devenu une véritable addiction française qui traduit notre incapacité à faire les arbitrages nécessaires pour l'intérêt national et donc à préférer systématiquement l'endettement aux efforts partagés. Mais le vote du 8 septembre aura au moins une vertu : celle de la clarification.
Passent encore les votes probables de nos extrêmes droite et gauche : ils font le choix permanent de l'irresponsabilité mensongère. Mais autre chose, et avec d'autres conséquences, sera le vote des grands partis de gouvernement : le Parti socialiste et Les Républicains.
Le 8 septembre, pas d'échappatoire minable du genre : « je suis pour les efforts, mais pas autant, pas comme ça, etc., etc. » J'ai la conviction que se lève un mouvement puissant dans l'opinion publique qui va sanctionner celles et ceux qui choisiront l'immobilisme et l'hypocrisie.
Je tiens à rappeler les deux raisons fondamentales de mon soutien à l'effort national demandé par François Bayrou.
La première est mon attachement à un État fort, en bonne santé financière, car porteur des services publics essentiels de notre pays : la défense, la sécurité, la santé publique, l'éducation nationale, la justice... comme je l'expliquais dans ma chronique de soutien à Michel Barnier (lire : Pourquoi je condamne la censure du gouvernement Barnier).
Je me refuse à voir, dans l'État, la cause majeure de nos problèmes, même si, bien sûr, des progrès sont à faire, des réformes structurelles sont et seront en permanence à mener, comme dans chaque organisme vivant.
L'État, c'est un des biens communs de notre nation et il est temps, grand temps, d'être sérieux dans la correction progressive mais déterminée de la trajectoire financière de l'État.
Je n'en peux plus d'un État financièrement fragilisé, de professeurs des écoles sous-payés, de nos hôpitaux en déficit permanent, d'une justice sous-financée par rapport à nos voisins européens.
Pas d'amélioration de nos services publics essentiels sans redressement des finances de l'État.
La deuxième raison de mon soutien à un effort de redressement de l'État est le refus absolu de mettre un fardeau financier et fiscal excessif sur les épaules de nos enfants et petits-enfants.
Qui sommes-nous si nous acceptons de financer notre niveau de vie actuel par des jours difficiles, voire de souffrance, de nos enfants ? François Bayrou dit quelque chose de très profond lorsqu'il affirme « qu'aucune famille ne ferait cela ».
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Le 8 septembre, les équilibres politiques de notre Assemblée nationale rendent improbable le vote de confiance de notre Parlement. Il m'arrive d'y penser avec tristesse et, c'est nouveau pour moi, avec un peu de honte quant à notre incapacité à nous en sortir entre Français.
Nous verrons bien.
Mais admettons que Bayrou démissionne après un vote négatif au Parlement. Et alors ? Et après ?
François Bayrou aura dit la vérité, à savoir l'absolue nécessité de redresser les finances de l'État.
La vérité, une fois dite, fera son chemin.
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Jean Dionis