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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Refondation de notre système de santé : La part des collectivités locales

Publication : 09/01/2023  |  10:17  |  Auteur : Webmaster

 

Le Président de la République, Emmanuel Macron, a profité du rituel de la présentation de ses vœux à la communauté des soignants, le vendredi 6 Janvier, à l’Hôpital de Corbeil-Essonnes, pour préciser son projet en matière de refondation de notre système de santé, profondément secoué par les vagues à répétition du COVID.

Comme de très nombreux français, j’ai écouté, persuadé que l’accès efficace à un bon système de soins est la revendication première d’une majorité de Français en matière de services publics. Et, j’ai été convaincu par la pertinence du diagnostic et par la qualité du plan d’ensemble proposé : fin de la tarification à l’acte, double pilotage de l’Hôpital administratif-médecin, recrutement d’ici 2024 de 10 000 assistants médicaux, tarification des médecins à la hausse pour ceux qui prendront des patients supplémentaires, accélération de la délégation de tâches médicales à d’autres professions associées, etc. Bref, du souffle, de l’ambition, ce qui est un bon début. Il ne reste plus qu’à se remonter les manches et à faire. Bon courage, donc …

 Pas de regret, donc ?  Si, un seul mais de taille. Les collectivités locales ont été oubliées dans cette refondation de notre système de soins. Et c’est un oubli majeur qu’il importe de corriger impérativement.

Mais, me direz-vous, que, diable, iraient faire nos collectivités locales dans une compétence régalienne, la santé qui, à priori, ne concerne que l’Etat et les partenaires soignants ? 

Et bien tout simplement permettre un accès décent au système de santé à tous les citoyens français quelque soit leur territoire de résidence. Or, sans l’intervention des collectivités locales, le système de santé de soins, ne permet pas cet accès universel. Juste un chiffre : entre 2010 et 2020, le nombre de médecins en activité a diminué de 12% en Lot-et- Garonne alors qu’il augmentait de 13 % en Gironde.

Laissez faire le système actuel construit sur la liberté d’installation des médecins et sur une transformation profonde des attentes des jeunes médecins quant à l’exercice de leur travail et vous aurez le grand écart entre l’augmentation du nombre de médecins dans les métropoles hospitalo-universitaires et les départements du littoral et leur diminution brutale dans tous les territoires ruraux de l’intérieur de notre pays.

La voilà, la raison profonde de l’intervention des collectivités locales dans notre système de santé : Elle est, avec l’aide de l’Etat et de ses agences régionales de Santé,  de garantir un accès équitable à notre système de soins sur l’ensemble du territoire.

Pour cela, l’impératif absolu pour fonder cet accès équitable est de prendre acte qu’une période est révolue – celle des médecins de village travaillant 70h par semaine – et qu’il nous faut partir, les yeux ouverts, sur ce qu’est la nouvelle génération de médecins : féminine à plus de 67 %, exigeante sur son équilibre travail-vie personnelle, etc. Cette génération imposera ses conditions d’exercice de la profession : exercice en équipe, exercice pluridisciplinaire, qualité du travail (assistant administratif, etc.).

Aux collectivités locales, de définir en fonction de leur territoire, la carte de la présence médicale souhaitée et de définir les futurs « chefs-lieux » médicaux (finie, l’exigence du médecin de village).

A partir de cette carte, il sera nécessaire d’ouvrir la gamme et la boite à outils pour répondre au cahier des charges de la nouvelle génération médicale défini ci-dessus : Maisons de santé pluridisciplinaire avec l’intercommunalité comme maître d’ouvrage, centres communaux de santé, voir aide aux cabinets de groupe privés…

C’est cette démarche qui a conduit la communauté d’agglomération d’Agen à construire trois maisons de santé pluridisciplinaires à Astaffort, Laplume et Agen-Donnefort et à soutenir deux projets de centres communaux (Le Passage-Estillac et Foulayronnes). Seules les collectivités locales ont à la fois les moyens financiers et la connaissance fine du territoire et de ses besoins sociaux pour prendre en charge l’objectif d’un accès équitable aux soins de tous nos concitoyens.

Et à partir de cette exigence d’équité d’accès aux soins et de carte de présence médicale souhaitée, les collectivités locales pourront développer un ensemble d’initiatives pour atteindre leur objectif :

  •  D’abord le recours massif à une télémédecine de qualité qui pourra mettre en contact des spécialistes rares avec des patients géographiquement éloignés, mais intermédiés soit par un médecin généraliste présent à leurs côtés, soit un soignant à qui le médecin généraliste aura pu déléguer sa tâche (Infirmier en pratique avancé, pharmacien, kinésithérapeute, …)

  •  D’abord toujours, l’organisation des gardes et l’accès aux urgences où il faudra bien sortir du tête-à-tête hôpital/médecine de ville pour construire des solutions locales.    

  •  Ensuite une véritable politique de vaccination de masse à chaque fois que cela sera nécessaire. Il serait bon de se rappeler que lors qu’il fut nécessaire de vacciner toute la population contre le COVID, les collectivités locales ont porté la mise en œuvre des centres de vaccination, comme ce fut le cas avec succès à Agen.

  • Enfin, les politiques de prévention, parents pauvres de notre système de soins ne pourront être amplifiées qu’avec une participation massive des collectivités locales qui pourront les porter en milieu scolaire, les relayer grâce à leurs infrastructures, notamment sportives, etc.

En conclusion, la refondation de notre système de santé ébauchée par le Président de la République a besoin des collectivités locales comme partie prenante de premier rang de cette politique publique. Poussées par les citoyens, celles-ci accepteront de venir à la table de travail et de prendre leur juste part, notamment financière de cet effort. C’est dans cette perspective que le cadre défini par le Conseil National de la refondation prend tout son intérêt. Vous lirez pour cela avec intérêt ma chronique à ce sujet (cliquez ici)

Bonne lecture. 

@+,

  Jean DIONIS  

Maire d’Agen

Les réactions

Il ne faut pas confondre l accès aux soins et la qualité des soins . 
l accés aux soins est un slogan politique tel du " pain et des jeux " de la Rome antique devenu aujourd'hui : des soins et l euro million .

la qualité des soins c est tout autre chose : c est ce qui permet de diminuer la surconsommation d actes médicaux , gagner du temps , éviter les déplacements inutiles , de faire admettre et qu il est temps que les gens comprennent que faire 15 -20 km  ce n est pas la fin du monde quand la qualité est présente au rendez vous 

Pour une médecine de qualité , c est trés simple : laissez l organisation des soins aux soignants !   Pas besoin de la région , de la commune , de l ARS pour organiser les soins .... Seuls les soignants possèdent cette expertise . 
 

Moins d administration , moins de politique ...ça marchera beaucoup mieux et ça coûtera beaucoup moins cher . 

Le Samu des Pr Larrencq et Virenque ( dans lesquels j ai travaillé ) , les Urgences des hôpitaux , les ARS ont détruit durant les 30 dernières années  la médecine de proximité et de premiers soins ...Redonnez la parole aux soignants et jeunes généralistes : ils trouveront les solutions .

..... Faites enfin confiance aux Soignants pour soigner mieux ..... l administration , l hopital , la sécurité sociale , les mutuelles et la fiscalité ont créés les déserts médicaux  : maintenant fermez vos gueules et redonner l organisation des soins aux soignants . 
 

Dr Pierre Coulon 

 

 

 

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