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28/01/06 - Discours de Jean Dionis au congrès UDF de Lyon

Publication : 28/01/2006  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Mes chers amis,


Faire gagner le centre pour faire gagner la France, voilà l’enjeu à la hauteur de nos espoirs, de nos efforts personnels…Alors, à 15 mois des présidentielles, comment atteindre cet objectif que nous partageons tous…. ?

Le bureau politique du 14 Décembre 2005, sur proposition de François Bayrou, a décidé de convoquer un congrès extraordinaire pour clarifier et choisir la ligne politique de notre parti. C’était une décision forte, c’était une bonne décision au regard de l’ampleur du débat concernant le positionnement politique de notre parti, entre des personnalités majeures de notre famille politiques, au sein de nos groupes parlementaires, et sur les médias.

Je regrette la présence d’une seule motion, celle de François BAYROU.

J’ai dit à Gilles de Robien, dont je partage certaines analyses que j’aurais préféré qu’il dépose une motion et qu’il vienne à Lyon.

Notre débat y perd de fait en clarté et en intensité. A nous de l’animer maintenant, durant ce congrès à la fois par la rigueur de nos interventions et par notre capacité à s’écouter mutuellement.

Je suis pour ma part dans cet état d’esprit…..malgré la neige, les bulletins météo orange et rouge….

Où en sommes-nous, où en est l’UDF aujourd’hui ? Et que voulons faire ensemble demain ?

Aussi, pour ne pas faire d’analyse sommaire et notamment confondre 2007 avec 2002, il importe de faire le point sur ce qui, aujourd’hui nous soude, nous rassemble à l’UDF et sur ce qui clairement fait débat.



Ce qui nous rassemble, aujourd’hui à l’UDF ,
Ce sont d’abord les valeurs qui sont à la fois notre héritage politique, notre identité et la source de notre action avenir :

Plus que jamais l’UDF, nous mes amis, devons affirmer un corps de doctrine fort, affirmant à la base son attachement aux droits de l’homme, mais aussi à son corollaire qui est la responsabilité personnelle. Ce double attachement fonde la « fameuse fibre sociale » de l’Udf et notamment l’importance que nous accordons au travail à l’UDF.

Et puis nous sommes d’indécrottables girondins….. Nous croyons viscéralement au vertu du terrain et affirmons plus que jamais, que dans une société complexe comme la nôtre, tout ce qui pourra être fait à la base, au plus près des personnes concernées, a toutes les chances d’être plus efficace que ce qui sera consolidé et centralisé.

Cette conviction de fer est :

• la source de notre attachement à tous les corps intermédiaires de notre société (les familles, les entreprises, les associations, les syndicats, etc.…),

• la source aussi de notre engagement pour la décentralisation,

• la source de notre volonté de construire un Etat et une Union Européenne efficaces, limités aux seuls domaines où la consolidation et la centralisation sont synonymes de progrès.

Voilà, les valeurs qui nous réunissent et nous soudent profondément entre nous.

Ce qui nous rassemble, aujourd’hui à l’UDF ,
c’est aussi l’ attachement au pluralisme dans la vie politique française :

Les adhérents UDF en 2006, mais aussi nos sympathisants, nos électeurs sont dans leur immense majorité revenus de l’attraction qu’a pu exercer le projet d’un parti unique de la droite et du centre, notamment en 2002.

Nous sommes donc à l'aise et je suis donc à l’aise avec l’exigence d’autonomie et d’indépendance à laquelle nous appelle François Bayrou aujourd’hui à Lyon..

L’indépendance, c’est notre capacité de définir de manière autonome un projet politique,

L'indépendance, c’est surtout notre droit sacré de pouvoir le défendre devant les électeurs à chaque fois que cela nous paraîtra nécessaire, ou tout simplement conforme aux intérêts de notre famille politique, à commencer par la mère de toutes les élections dans la Vième République, l’élection présidentielle. Cela n’est sérieusement contesté par personne au sein de l’UDF.





Ce qui nous rassemble, aujourd’hui à l’UDF ,
C'est enfin, François Bayrou et l'attachement légitime que nous lui portons :

François, tu incarnes aujourd’hui légitimement ce projet de Centre fort et indépendant pour de multiples raisons :

• pour faire rapide, d'abord parce que tu es le meilleur d’entre nous,

• mais ensuite et surtout parce que tu as su résister pour défendre ce projet de parti libre, lorsque les vents soufflaient dans le sens contraire, celui de la construction d’un parti unique de la droite et du Centre.

Nous te sommes, donc, tous légitimement attachés François, attachés à notre président et, pour être précis et bien mettre les poins sur les "i", moi, comme tous dans cette salle, nous voulons que tu portes nos couleurs, notre drapeau à l’élection Présidentielle 2007 et nous nous engageons à ramer de toutes nos forces avec toi dans cette fameuse campagne qui se profile à l'horizon…

Voilà ce qui nous unit, ne pas le comprendre et ne pas le reconnaître, c’est ne rien comprendre à l’UDF 2006.

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Mais alors est-ce que tout va bien sous le soleil de l’UDF ?

Et bien non !! et ayant été un fidèle compagnon de notre famille politique et de François depuis 15 ans, et un à la manière des chevaliers du Roi Arthur, je réclame le droit de dire, à la table ronde de Lyon, ce qui, à mon avis, ne va pas à l’UDF,

Reconnaissons d’abord que le débat qui traverse notre parti, n’a pas pour racines de sombres complots extérieurs. Il a pour racines de vrais problèmes et de vraies interrogations quant à l’évolution récente de notre parti.

Alors parlons de ce qui fâche, de ce qui fait débat aujourd’hui à l’UDF :

Ce qui fâche à l’UDF, c'est d’abord, une qualité de vie démocratique interne à l’Udf médiocre qu’il est urgent d’améliorer :

Depuis, longtemps nous avons perdu la pratique de débats démocratiques mobilisant clairement tous nos militants et tranchés par le vote de l’ensemble des militants, dans chacune de nos fédérations. Nos congrès, nos conseils nationaux sont trop souvent des chambres d’enregistrement de décisions prises par des cercles très restreints de responsables de notre famille politique. La seule élection interne mobilisant l’ensemble de nos militants est celle de l’élection du président du parti, sans enjeu chez nous depuis plus de dix ans.

Bien des clignotants sont allumés en la matière :

• Clignotants allumés dans ma fédération, celle du Lot-et-Garonne, fédération moyenne d’environ 300 militants. Et bien en un an, nos effectifs ont baissé de 10 %..... et je connais ces militants de l’UDF partis sur la pointe des pieds, désorientés par la ligne politique actuelle perçue comme trop systématiquement hostile au gouvernement, fatigués de ne jamais être consultés sur l’essentiel, ….et puis, aujourd'hui, à ce congrès, j'ai une pensée pour eux.

• Clignotant allumés, encore, avec les divergences au sein des groupes parlementaires

• Clignotants allumés avec l'absence de débat contradictoire à l’occasion de notre congrès extraordinaire à cause de l’absence de culture de vote sur des options politiques.


Alors, oui, il est urgent d’améliorer la vie démocratique interne de notre parti,

Oui, je réclame devant notre congrès une réforme statutaire d’ampleur permettant le vote de tous les militants dans chaque fédération sur la base de textes d’orientation politiques à chacun de nos congrès ordinaires. François, lui-même, a dit ne pas être hostile à une telle réforme lors de notre dernier comité exécutif.

Et à toutes les vierges effarouchées « Jean, tu n’es quand même pas pour des courants ? » , je réponds que le PS, aux très lourds défauts, a sans doute la vie démocratique la plus respectable des partis français et qu’il ne nous est pas interdit de faire mieux……

Oui, nous avons besoin d'une telle réforme ! Nous avons un besoin urgent de franchir un seuil de démocratie ! Alors n'hésitons pas et engageons franchement dans cette direction !


Ce qui fâche à l’UDF, c’est aussi un projet politique inaudible par les français…….

Les français ont enregistré la distance prise par l’UDF, ces dernières années par rapport au gouvernement et à l’UMP ; Mais, ce n’est pas pour cela qu’ils nous identifient positivement à un projet politique clair et crédible.

Car mes amis, l'indépendance, pour souhaitable qu'elle soit, l'indépendance, cela ne fait pas une stratégie.

Une stratégie, c'est d'abord se fixer des objectifs et ensuite, trouver un chemin pour les atteindre.

Or, nous avons beaucoup de travail à faire pour que nos objectifs soient audibles et crédibles par les français.

Pour ne prendre qu’un exemple, l’UDF a eu raison de tirer la sonnette d’alarme sur l’ampleur des déficits budgétaires et la progression de la dette, et je salue ici la qualité du travail fait par nos collègues Charles Amédée de COURSON et Nicolas PERRUCHOT pour l’Assemblée Nationale et Michel MERCIER, Jean ARTHUIS pour le Sénat. Oui mais après que faisons nous de ce travail de sensibilisation ? Que proposons nous comme projet politique pour restaurer les finances de notre pays ?

Que disons-nous sur le nombre de fonctionnaires partant à la retraite que nous déciderions de ne pas remplacer ?
Que disons nous sur l’évolution des salaires de ces fonctionnaires ?
Que disons-nous sur une éventuelle diminution des soutiens de l’Etat aux collectivités locales ?
Que disons-nous sur la réduction des dépenses sociales ? Militaires ?
Reconnaissons que par habileté tactique, nous avons pour le moment refusé de trancher politiquement ces questions centrales, nous privant ainsi de pouvoir être entendus par les Français.
Or, en 2007, face aux logiques électorales de la droite – baisse des impôts – et de la gauche – encore plus de social – le Centre n’a pas d’autre chemin qu’un discours d’intérêt général et de vérité très fort, n’ayant cure des intérêts catégoriels. Aucun argumentant de calendrier, de subtilité tactique ne doit nous empêcher d’afficher dès maintenant nos objectifs politiques majeurs.

Ce qui fâche à l’UDF, c’est enfin une stratégie d’alliance à clarifier de toute évidence

Quand nous aurons fait le travail en profondeur sur nos objectifs politiques, alors le problème de notre positionnement politique et de notre stratégie d’alliance deviendra plus simple. Il apparaît en effet une plus grande proximité d’objectifs avec l’UMP qu’avec le PS. Avons-nous seulement pris à ce sujet le temps de lire les documents politiques majeurs de ces deux formations. La lecture de la motion de synthèse du parti socialiste adoptée au Mans est à cet effet particulièrement éclairante.
Ecoutez bien mes amis :
• Abandon de la constitution européenne,
• Abrogation des lois Fillon sur les retraites
• Renationalisation d’EDF
• etc……

Il faut, à ce niveau, de notre réflexion reconnaître que le vrai choix stratégique de l’UDF n’est pas : alliance avec le P.S ou alliance avec l’UMP. Jamais le PS actuel n’envisagera la moindre alliance avec nous. Nous n’avons pas de stratégie de rechange à ce niveau là.
La vraie décision que nous avons à prendre est donc : Comment faire gagner le Centre ? Le discours sur la troisième voie, indépendante de l’UMP et du PS, est peut-être mobilisateur à l’intérieur du parti. Il est douteux qu’il soit efficace électoralement. Car les électeurs – et c’est normal – ne s’engageront pas pour un parti qui leur cachera quelle est sa stratégie d’alliance.

Non, la démarche gagnante n’est pas celle-là.

La démarche gagnante pour nous centristes c’est :
• L’indépendance dans l’élaboration de notre projet politique
• La compétition au premier tour des élections, j’allais presque dire virile mais correcte comme on dit chez nous pour les matchs de rugby serrés
• L’alliance loyale et claire UDF-UMP au deuxième tour autour du vainqueur du premier tour.

Qu’il soit permis pour appuyer cette conviction à un militant de la fédération du Lot-et-Garonne d’apporter son témoignage d’une triple victoire en primaire en compétition avec l’UMP – législatives 2002, régionales 2004, Européennes 2004. Comment avons-nous fait pour obtenir ce résultat ? Qu’avons-nous dit aux électeurs ? Et bien notre message était très simple. Nous leur disions: « Vous avez deux listes de la même majorité, L’UMP pour la droite, l’UDF pour le centre, choisissez ! »

C’est cela la stratégie gagnante pour l’UDF et pour le Centre.

Mes amis un dernier sondage montre à quel point nous sommes à la croisés des chemins. Il dit à la fois que 4 % uniquement des gens sont absolument décidés à voter pour l’UDF et pour François BAYROU lors de la prochaine présidentielle, mais que 30 % des gens pourraient le faire.

4 %, 30 %... Nous sommes à la croisée des chemins ! Et nous devons nous mettre sur la route des 30 % ! Voilà l’enjeu ! Voilà le défit !
Pour cela nous devons d’abord nous rassembler au sein de l’UDF. Pour cela nous aurons besoin de tout le monde ! Ensemble nous devons faire de l’UDF une redoutable machine à rassembler, à attirer autour de François BAYROU pour faire gagner le Centre, pour faire gagner la France !

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