Encore Caussade ! J’entends déjà certains de vous qui me faites l’amitié d’être lecteurs de ce blog « pester » quant à la présence encombrante de ce fameux lac dans le flot hebdomadaire de mes chroniques…Et c’est vrai qu’il y tient une place de choix.
Celles et ceux qui veulent la genèse de conflit exemplaire pourront utilement relire ma chronique « Lac de Caussade : attention danger ! http://jeandionis.com/blog/lac-caussade-attention-danger ».
Celles et ceux qui se demandent pourquoi les maires du 47 soutiennent unanimement leurs agriculteurs trouveront profit à lire «Lac de Caussade : les Maires avec nos agriculteurs http://jeandionis.com/blog/lac-caussade-maires-nos-agriculteurs ».
Celles et ceux qui veulent comprendre pourquoi ce dossier est devenu symbolique de dysfonctionnements majeurs de l’Etat liront « Gardarem lo lac http://jeandionis.com/blog/gardarem-lo-lac ».
Mais cet été, mon but était ailleurs en pensant à Caussade. Loin de la fureur et de la passion engendrées par cette initiative, je voulais aller voir tout simplement comment ce lac avait vécu son premier été, sa première saison d’irrigation ? …
Réunion après réunion, nous avions martelé que ce lac était d’utilité publique, qu’il était utile économiquement, socialement, écologiquement. Vrai ? Pas vrai ? Au-delà du débat idéologique, je voulais la vérité du terrain.
Aussi, en ce premier dimanche de septembre, j’ai pris ma voiture et je me suis rendu chez Patrick Franken, un des leaders de la Coordination Rurale du 47 et qui, à l’occasion de ce conflit, est devenu, comme Serge Bousquet-Cassagne, un ami. Patrick habite juste au dessus du fameux lac. Je lui avais passé une commande claire : «Je veux tout comprendre de l’irrigation en aval du barrage, tout comprendre sur ce que le barrage a changé ».
Nous voilà partis et premier constat, le lac que j’ai vu plein (920 000 m3 fin mai) a bien baissé (600 000 m3 début septembre) et cette baisse importante est due aux lâchers d’eau faits pour l’irrigation par Patrick Franken, gestionnaire de fait du barrage et pas de l’évaporation, véritable ânerie trop entendue dans cette affaire.
Nous avons ensuite fait plusieurs haltes de « pompage aval ». A chaque halte, un irrigant nous attendait et nous expliquait, longuement, patiemment, le détail de son installation, comment il pompait dans le Tolzac, à partir de là comment il irriguait directement ou comment il réalimentait un lac privatif à partir duquel partait son irrigation et surtout ce que le lac de Caussade avait changé pour son exploitation.
Au retour de cette journée de terrain passionnante aussi bien techniquement qu’humainement, j’avais mes réponses, éclatantes :
Oui, le lac est bien d’utilité publique.
Le lac est utile économiquement : il faut entendre les plus jeunes de ces agriculteurs nous dire gravement : « L’irrigation, c’est notre assurance récolte, y compris en grandes cultures ». Avec, on peut vivre, construire, grandir. Sans, nous ne sommes que des jouets à la merci des évènements. Plus marquant encore, il faut voir revenir dans cette vallée, avec le lac, les cultures rémunératrices comme les cultures semencières, les vergers de noisette, etc.…..Sans eau, ces terres étaient condamnées à être des friches. Avec, elles accueillent par exemple des contrats de semenciers, jusqu’alors cantonnés dans les vallées de Garonne et du Lot ou encore en Albret, riche en eau avec l’Auvignon, la Baïse et la Gélise. Les temps changent, les revenus de nos paysans aussi : une seule condition posée par les semenciers pour revenir en pays de Serres « L’eau ! » « Pas d’eau, pas de contrat ».
Le lac est utile socialement : alors que le nombre d’agriculteurs et les productions diminuent en Lot-et-Garonne (7 000 exploitations, nombre en baisse constante et 284 300 hectares cultivés, le chiffre d’affaires du secteur agricole environ 700 millions d’euros dans le département.), nous avons vu des agriculteurs jeunes, qualifiés, motivés. A chaque fois, ils nous ont dit qu’ils étaient prêts à prendre tous les virages imposés par notre époque (la transition vers le bio, les économies d’eau, les circuits courts…) tous, à une condition : qu’ils aient de l’eau en été. Qui veut sacrifier cette belle génération montante sur l’autel d’un malthusianisme sans fondement ?
Enfin, le lac est utile écologiquement : que ce soit au niveau de la faune ou de la flore, c’est dans ce domaine que la vérité est la plus criante. Là où avant le lac de Caussade, le ruisseau du Tolzac n’était qu’un fossé à sec dès le mois de juillet avec toute la désolation qui va avec, ce matin, j’ai vu un vrai ruisseau avec toute la végétation et toute la fraîcheur qui l’accompagnent. J’ai entendu le témoignage des agriculteurs sur le retour des poissons et des pêcheurs et j’ai vu des colonies d’aigrettes blanches, signe de vie majeur dans nos zones humides. Jusqu’à notre collègue, le Maire de Pinel-Auterive, le très sympathique, Jean-Pierre Sagnette, qui m’a déjà parlé de ses projets de chemins de randonnée pour ses habitants et les touristes…autour du lac. Alors qui, dans ce conflit, est du côté de la biodiversité ?
En revenant dans ma vallée de Garonne, j’avais plus que jamais la conviction que dans la vallée du Tolzac comme ailleurs, l’eau, c’est la vie. Alors, prenons résolument le parti de la vie et loin des discours mortifères des anti-lacs dont le dossier est décidemment terriblement vide, n’ayons pas peur de dire :
« Vive la vie ! Gardarem lo lac »
Un très bel ouvrage qui a fait gagner de l'argent aux Agriculteurs !! Et quand on a lu ce texte on a tout compris !! A quand nos Chambres du Gers,Tarn et Garonne, Haute Garonne etc... Et partout en France ...... vont elles se réveiller !! Bravo Patrick et Serge et tous ceux qui ont travaillé !! Il faut être fou et dingue d'en faire une affaire de justice !!
Francis Laffont CR 32
Bonjour , je suis heureux de te lire en bon défenseur et promoteur de l utilité de l'eau partagée en bonne intelligence sur nos territoires! J espère que tes collègues maires te suivront dans cette audacieuse démarche un peu à contre pieds de la tendance actuelle des biens pensants . Je reste persuadé que pour le rêve devienne réalité , le stockage de l eau, les maires ont une action importante à mener . Courage sur cette voie ou l immobilisme et l idéologie dogmatique fais fois
Mais bien sûr, tu as tout raison Jean, le Lac de Caussade est d'utilité publique. Toute cette affaire montre le fossé qu'il y a entre ceux qui sont confortablement installé dans des ministères et qui prétendent faire "la pluie et le beau temps" sans aucune objectivité dans ce cas précis. Ce sont de grands théoriciens et qui ont perdu toute conscience de la réalité du milieu rural et même de la nature. En attendant ils ne se rendent pas compte des dégats qu'ils occasionnent. Laissons un peu de liberté à nos agriculteurs qui doivent rester maître chez eux. Ils ont déjà bien assez de contraintes de toutes sortes. Ce n'est pas en leur compliquant un peu plus la vie que nos campagnes retrouveront le calme et la sérénité dont nous avons tous besoin. Nous devons être solidaire avec nos agriculteurs car sans eux je vous laisse le soin d'envisager dans quel monde nous vivrions !
Le bon sens Paysan, ne semble pas être la vertue première des burocrates parisiens et du Gouvernement, Président de la République en tête qui baissent leurs pantalons devant le diktat des écologistes d'E.E.L.V et des zadistes de Notre Dame des Landes (44). Après la 2éme Guerre Mondiale, une opération d'irrigation des Plateaux de Gascogne et au delà, avait été lancée, des lacs ont été creusés, jusqu'a une période récente et sans opposition et ça marche, pas de problème de manque d'eau pour l'arrosage des cultures.
Cordialement,
Bernard Herrou
Bravo Monsieur J. Dionis, Là on voit bien que vous êtez avec les Agriculteurs, c pas comme ce gouvernement qui "parlotte". Vous voyez juste. Encore bravo, sincères salutations.