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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Gardarem lo lac !

Publication : 25/05/2020  |  10:55  |  Auteur : Jean Dionis

Barrage et lac de Caussade ? Cela continue, ce n’est pas encore réglé, vous demandez-vous à juste titre ? Et bien non, ce n’est pas réglé. Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi cette affaire depuis le début (2016 !), la lecture d’une de mes chronique précédentes (21 janvier 2019 -  Lac de Caussade : attention Danger ! http://jeandionis.com/blog/lac-caussade-attention-danger ) permettra une entrée en matière rapide.

Depuis plus de 15 mois (ce lac a été fini en février 2019), ce lac est devenu l’objet d’un contentieux  larvé entre nos agriculteurs et nous, les maires de ce département, d’une part et de l’autre la partie la plus radicalisée du mouvement écologiste (FNE, etc…) idéologiquement contre les barrages et un certain nombre de fonctionnaires d’Etat (pas tous, j’y reviendrai).

Ceux-ci n’ont pas digéré le passage à l’acte de nos agriculteurs, pourtant bien compréhensible après l’humiliation d’un arrêté préfectoral autorisant la création de ce lac, le 29 juin 2018 immédiatement suivi d’un arrêté de retrait le 18 septembre pour donner suite à des ordres ministériels de deux ministres François de Rugy et Didier  Guillaume.

Depuis cette date, nous avons vécu à l’intérieur d’un contentieux larvé, interminable, entre d’une part nos agriculteurs et nous les élus locaux de ce département et d’autre part, une partie du mouvement écologiste (FNE, etc…) idéologiquement contre les barrages et une partie des services de l’Etat (pas tous, loin de là….) qui, pour s’abriter contre d’éventuels problèmes de sécurité et parce qu’ils n’ont pas digéré le passage à l’acte de nos agriculteurs, se retrouvent engagés très loin de la sacrosainte neutralité de l’Etat Républicain. 

Ce contentieux use toutes les personnes de bonne volonté qui s’approchent rationnellement de ce dossier, au rang desquelles, je mets clairement Mme Emmanuelle Wargon, notre secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire et la préfète de Lot-et-Garonne. Devenu symbolique, ce contentieux est dangereux car il est potentiellement porteur de violences graves, car, sur la question de l’accès à l’eau dans notre département, je suis persuadé que les parties prenantes se battront avec acharnement.

Nous sommes donc arrivés à un carrefour. Car, sur ce dossier, il n’existe que deux sorties :

  • Celle de la raison qui reconnait une fois pour toutes que ce lac est utile économiquement, écologiquement et socialement et qu’il faudra bien, sans doute après avoir fait les quelques travaux correctifs nécessaires, l’autoriser.
  • Celle de l’affrontement dont j’ai parlé avec crainte ci-dessus.

N’importe quelle personne sensée choisirait la voie de la raison. Pourquoi alors tant de confusion et d’hésitation ? 

Parce que les adversaires du barrage ont sur ce dossier mis en place une stratégie mensongère d’instrumentalisation des arguments de sécurité.

L’argumentaire est très simple et très efficace :

  1. Le barrage n’a pas été construit sous le contrôle de bureaux d’études agréés par l’Etat, ce qui est vrai. Il peut donc rompre sous la pression de l’eau. Ce qui reste à démontrer. Pour le moment, il est sous surveillance bihebdomadaire et il n’a pas bougé. Mais admettons et passons au point 2.

 

  1. Si le barrage rompt brutalement et dans certaines conditions météorologiques, il y aura des victimes dans les habitations situées en aval.

 

  1. Il faut donc procéder d’urgence à la vidange du lac…et l’affrontement est en marche.

Et là précisément, s’est noué un mensonge d’Etat :

En mars 2019, l’étude commandée par le Préfet de Région et effectuée par l’ INRA-IRSTEA, de l’onde de rupture de l’ouvrage de Caussade conclut que pour une crue décamillénale (période de retour : 10 000 ans et lac plein) plusieurs dizaines (>70) d’habitations seraient directement impactées par la rupture, soit plus d’une centaine de personnes exposées.

Même avec un scénario extravagant (crue décamillénale + lac plein), ces chiffres sont manifestement surestimés et il suffit d’aller sur le terrain pour s’en convaincre.

Et d’ailleurs, bizarrement, l’INRA-IRSTEA réalise une nouvelle étude à la demande de la DGPR  (Direction générale de la prévention des risques) en avril 2020. On ne mollit pas : la cote de l’onde de rupture est relevée de plus de 2 m par rapport à l’étude précédente. On majore tout, les hauteurs, les vitesses et les débits de cette onde dans le logiciel de modélisation.

Et pourtant, cette étude est obligée de conclure, même dans ce scénario extravagant et pour une crue décamillénale, seules 7 habitations sont concernées dont 3 maisons avec hauteur d’eau > 1 m !

Enfin, la vérité du terrain éclate. Il n’y pas de risque grave pour les personnes dans ce dossier. Alors pourquoi ? Qui a manipulé ces données ?  Et sur l’ordre de qui ?

Cette semaine, une mission de trois inspecteurs généraux des trois ministères (intérieur, agriculture, environnement). Cette mission est, pour moi, une bonne nouvelle et un espoir. Enfin, les ministres et leurs directeurs centraux acceptaient de venir sur le terrain voir le barrage et le redoutable ruisselet du Caussade !

J’ai fait partie des personnes auditionnées par cette mission d’étude. Mon message a été clair : d’abord arrêter le mensonge d’Etat sur la sécurité et après reprendre ce dossier raisonnablement, faire les études et les mesures nécessaires, puis les travaux correctifs nécessaires et après, le laisser vivre et être utile à tous, ce lac.

En revenant à Agen, je ne sais pourquoi, le souvenir de la lutte des paysans du Larzac m’est revenu en tête. Au Larzac et à Caussade, des agriculteurs qui veulent vivre sur place, chez eux. Même lutte, longue, âpre…Gardarem lo Larzac !

Gardarem lo lac !

 

 

Les réactions

 Bravo Monsieur le maire. Vous êtez le défenseur, à juste titre, des Paysans. Nous avons besoins de nos agriculteurs, que serait la France sans eux !!! Encore bravo;;;

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