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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Méga-salaires des patrons : Que faut-il en penser ?

Publication : 04/04/2016  |  08:53  |  Auteur : Webmaster

Nous avons été très nombreux à réagir à l’augmentation du salaire du patron de PSA, Carlos Tavarès et nous avons eu raison car cette polémique soulève de vraies questions de fond. Il est important d’y réfléchir de manière contradictoire et pour les centristes que nous sommes, de construire une position sur ces questions à partir de nos convictions.

Commençons par les faits.

Le patron de PSA a reçu un salaire de 5,24 millions d'euros en 2015 contre 2,75 millions d'euros en 2014. Cette forte progression est principalement due à l'accroissement de la «part variable» du salaire basée sur l'évolution des résultats. Or, PSA a connu une excellente année 2015, dégageant un bénéfice (1,2 milliard d'euros) pour la première fois en cinq ans et bouclant même en avance son plan de reconstruction.

La décision de ce quasi-doublement de salaire a été prise par le conseil de surveillance de PSA. Celui-ci est présidé par Louis Gallois. Selon Carlos Tavarès « ce conseil respecte des règles de gouvernance très précises, qui fixent à la fois les objectifs à atteindre, et qui évidemment décident de la rémunération de Carlos Tavares en fonction des résultats qui ont été obtenus ». « Je m'en remets totalement au conseil de surveillance à la fois sur la fixation des objectifs et sur l'évaluation des résultats. D'ailleurs, je ne participe pas aux discussions qui conduisent à la fixation de ces objectifs », a-t-il insisté.

Selon Louis Gallois, l’augmentation de Carlos Tavarès n’est «pas disproportionnée du tout» (effectivement, la rémunération annuelle de C.Ghosn, le PDG de Renault est de 7,215 millions d’€)

Selon Laurent Berger, de la CFDT, cette rémunération n'est « pas légitime », ajoutant que les salariés avaient aussi « grandement » contribué au redressement du groupe automobile.  Ces derniers ont eu droit à une prime d’intéressement de 2 000 euros.

Voilà pour les faits, rentrons-maintenant dans le débat. Pour ma part, ce type de débat pose trois questions :

  1. Qui doit décider du salaire des grands patrons français ?
  2. Qui doit être récompensé en cas de réussite de l’entreprise et dans quelles proportions ?
  3. Quelle fiscalité appliquer aux très riches dans notre pays ?

 

Qui doit décider du salaire des grands patrons français ?

C’est la plus claire des trois questions. La rémunération de ses dirigeants concerne l’entreprise et elle seule et toute ingérence réglementaire ou législative de l’Etat quand il n’est pas actionnaire majoritaire serait illégitime et contre-productive.

La décision doit donc rester à l’entreprise et à ses propriétaires. Fort bien. Mais la pratique actuelle à savoir de confier cette décision au Conseil de surveillance pose un vrai problème de conflit d’intérêts tant il est établi que ce sont les mêmes personnes – tantôt juge, tantôt partie – qui siègent dans les instances dirigeantes des grandes entreprises françaises. C’est ce que plusieurs observateurs avisés de ce milieu ont appelé le caractère incestueux du capitalisme à la Française. Pour y répondre, il faut redonner vie à la démocratie d’entreprise et décider une fois pour toutes que la rémunération des dirigeants doit être décidée en Assemblée générale des actionnaires sur proposition du Conseil d’administration ou de surveillance.

Qui doit être récompensé en cas de réussite de l’entreprise et dans quelles proportions ?

Il est légitime de récompenser les salariés en cas de réussite de l’entreprise. Cette réussite est, par essence, collective. Certes, Il est aussi légitime que cette récompense soit en relation avec le niveau de responsabilité exercé dans l’entreprise. Mais voir augmenter de plus de 2,5 millions le salaire du  Directeur Général et…n’avoir qu’une prime de 2 000 € pour les salariés est profondément inéquitable. Car on sent bien à l’évocation de ces chiffres  qu’ils ne correspondent en rien à la contribution évaluée de chaque membre du personnel de PSA à la réussite de celle-ci. Cela devrait être le rôle du Conseil de surveillance de construire cette politique salariale de « récompense » avec l’équité, comme objectif.

Nous en sommes loin.

Quelle fiscalité appliquer aux très riches dans notre pays ?

Si c’est à l’entreprise et à elle seule de fixer la rémunération de ses employés, dirigeants compris, c’est à l’Etat de fixer la contribution de chacun, par l’impôt, aux recettes de la nation.

A cet instant du débat, il est utile de rappeler l’article 1er de la déclaration des droits de l’homme : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune »

Le fondement positif d’inégalités sociales dans une société ne peut être que l’utilité sociale de la personne qui en jouit. Un dirigeant compétent est d’évidence utile socialement. Il bénéficie légitimement de revenus élevés. Il est normal aussi qu’il contribue en proportion à ses revenus à la marche de son pays....

Tout cela est fort bien en théorie…sauf qu’en pratique cela coince. La France est depuis les années 80 une terre d’inégalités croissantes. La part du centile supérieur (le 1% des français les plus riches – environ 500 000 de nos concitoyens) dans le revenu national  y est passée de 7% dans les années1980 à 9% en 2010. Les inégalités y sont encore plus fortes en matière patrimoniale. En 2010, les 10% des français les plus riches possèdent 60% du patrimoine total du pays pendant que la classe moyenne (40% de la population) en possède 35% et que la moitié la plus pauvre (50% de la population) se contente de 5% de ce même patrimoine !

Sans tomber dans la démagogie socialiste (rappelez-vous les fumeux 75% d’impôts au dessus d’1 million d'euros de revenus de François Hollande), il est capital pour notre pays de garder une fiscalité qui régule ces inégalités croissantes.

Comment ? c’est toute la question sociale dont nous centristes devront veiller à ce qu’elle ne soit pas la grande oubliée de 2017. Promis, nous en reparlerons.

Les réactions

Cher Mondieur Dionis, vous partez des faits pour aller (trop ) vite dans une interprétation un peu courte avec votre jugement d'inequité comparant le montant de la prime de résultat du pdg à celui de la prime du salarié. Vous oubliés de faire une simple multiplication à savoir 2000x 1,5 de charge sociales = 3000 / personne x 96000 personnes = 288 Millions € de prime versée par l'entreprise. Où est l'inequité?
Quant à la rémunération totale du pdg, elle 3 fois plus faible que celle du pdg de Renault pour son seul poste de pdg de Renault (hors Nissan)
Le vrai pb est qu'on est incapable en France d'avoir un débat sur la rémunération légitime d'un dirigeant, aveuglés par le chiffre en valeur absolue.
Je ne dis pas que cette rémunération est "légitime" mais je constate qu'on ne sait pas ne pas avoir une attitude rationnelle et non passionnelle.

Méga salaires des patrons, une nouvelle fois le titre est inacceptable. Il ne se passe pas une semaine sans que les patrons soient traités pas les différents médias et autres de salaud, de voyou, de voleur... Effectivement des patrons de ce type existent mais pas plus que chez les politiques, les syndicalistes... Imaginez un instant, si notre profession utilisait ce genre de terminologie envers ce type d'individus, nous serions immédiatement attaqués pour diffamation et très certainement traduit devant la justice. Se payer la tête d'un patron c'est médiatique ! Mais que serait la France sans ces milliers de patrons petits et grands qui mettent en jeu parfois leurs biens, leur vie familiale, leur santé au profit de la vie de leur entreprise et de leurs collaborateurs. Pour en revenir à l'article, il aurait été préférable d'écrire: le doublement du salaire de Carlos Tavares, que faut-il en penser ? Il est nul besoin de jeter l'opprobre sur l'ensemble de la profession. Bien sûr, c'est une honte, il est grand temps de limiter l'ensemble des très gros salaires toutes professions confondus. Cependant dans ce cas précis, pour respecter le contrat de travail, ce patron devrait avoir l'obligation par une loi, de réinvestir au minimum 75 % dans son entreprise.

Oui il est difficile de réaliser qu'une telle somme puisse être versée à un SEUL ! (on se demande même comment cette somme peut-être judicieusement placée par son bénéficiaire !)
Néanmoins sauver près de 200.000 emplois , quelle réussite !!! Sa rémunération représente moins de 30 €. par emploi sauvé!
Le personnel a perçu en tout 2000 x 185000 = 370 000 000 € de primes.
Je ne connais pas la fiscalité appliquée à Carlos Tavarès , mais il est normal qu'elle soit maximale mais pas au point de le décourager et de partir vendre son savoir faire dans un pays concurrent .
Quel serait notre réaction si notre Président de la République percevant une rémunération identique , voire supérieure , rétablissait durablement l'équilibre des finances de notre PAYS ? Moi j'en serais satisfait , pas vous ?
Ne vaudrait-il pas mieux un HOMME d'ETAT VALABLE , COMPETENT grassement payé plutôt qu'un nul fort BIEN rémunéré , auquel s'ajoutent de multiples avantages ?
Vous évoquez l'EGALITE qui devrait être respectée! Oh combien je suis d'accord avec vous …
Mais ne faut-il pas regarder devant sa porte (d'élu) . En effet le citoyen lambda que je suis ne supporte plus qu'on le mette à contribution , toujours plus , et que les élus , de droite comme de gauche , perçoivent des émoluments substantiels , en progression constante , souvent avec cumul , (comme si un salarié pouvait être rémunéré à temps complet par plusieurs employeurs) , partiellement ou totalement défiscalisés , plus des avantages en nature également exonérés de toute ponction . Il faut ajouter que la plupart sont incompétents ou (et) démagogues . Voir l'état des comptes publics à tous les niveaux .
Cette situation explique à la fois les nombreuses abstentions et le vote de défoulement F.N. ! Pour réduire l'abstentionnisme il faut rendre effectif le vote bulletin blanc . Mais si les bulletins blancs ne sont pas comptabilisables c'est bien parce que les candidats et élus sont bien conscients que le nombre des bulletins blancs serait majoritaire dans de nombreux scrutins !!!

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