J’ai la volonté, à mon niveau, de faire émerger de nouvelles pratiques politiques, (forums citoyens, blog, visites communales, etc…) et effectivement grâce à celles-ci, une véritable démocratie participative complétant, irriguant la démocratie représentative. Alors quand Ségolène Royal a parlé de jurys citoyens, j’ai tendu l’oreille…..Je suis, donc, allé sur son blog (http://www.desirsdavenir.org/index.php?c=actualites&actu=230 ) pour ne pas dénaturer sa proposition.
Je la cite in extenso : « J’ai proposé de créer des jurys de citoyens qui évalueraient les politiques publiques, par rapport à la satisfaction des besoins, ou par rapport au juste diagnostic des difficultés qui se posent, non pas dans un sens de sanction, mais pour améliorer les choses.
Ces jurys de citoyens pourraient être constitués par tirage au sort. Comme dans la Grèce antique ».
Aussitôt dit, les médias s’en emparent, Ségolène Royal se fait étriller aux questions d’actualité de l’actualité nationale.
Mais sur le fond, que penser de cette proposition pour le moins exotique? D’abord, qu’elle n’a sans doute pas été exprimée par hasard. Non au contraire, c’est sans doute par ce que Ségolène Royal et son équipe ont à leur disposition mult sondages disant la colère des français d’être exclus de la vie publique de leur pays……et ces français ont raison !
Les français, entre deux élections, sont très peu et très mal associés à la gestion des affaires publiques de leur pays. L’honnêteté oblige à dire que pendant très longtemps, ils n’étaient pas demandeurs…C’est un peu comme si pour reprendre la célèbre phrase de Jean Lecanuet, le soir de l’élection, les français disaient à leur champion fraîchement élu : « Tu as voulu la place, nous t’avons élu et bien maintenant débrouille-toi tout seul avec tous nos problèmes ! »
Or, les temps changent…..Il y a maintenant un vrai désir, une exigence de participation, de contrôle de la gestion publique…..Pour ma part, c’est une immense bonne nouvelle pour notre démocratie. Mais ce n’est pas une raison pour renoncer à notre discernement entre d’authentiques avancées démocratiques…..et des annonces populistes. Or, à mon avis, les jurys citoyens sont l’exemple même de ce populisme.
Car, de deux choses l’une….Soit ces jurys populaires n’ont aucun pouvoir réel de modifications des décisions publiques des élus voir de sanction des élus, et ils ne sont qu’un gadget inutile de plus comme notre démocratie en est remplie (les commissions d’usagers de service public, etc….) soit, la loi leur donne de vrais pouvoirs d’amendement des décisions publiques et de sanction des décideurs. Et alors, cette proposition se heurte à de redoutables problèmes d’efficacité et de légitimité.
D’efficacité d’abord, comment croire que la sélection au sort de citoyens donnera des citoyens volontaires pour travailler à la gestion des affaires publiques, disponibles pour le faire et - n’ayons pas peur de soulever le problème – compétents pour le faire ? La réponse est bien évidemment non.
Mais surtout cette proposition pose de redoutables problèmes de légitimité. Car, enfin, quelle est la légitimité démocratique de citoyens tirés au sort par rapport à ceux élus au suffrage universel ? Aucune bien entendu,…….
En fait, toute cette proposition repose sur une ambiguïté centrale : la fameuse « capacité d’expertise légitime des citoyens »……C’est vrai et extrêmement riche lorsque les citoyens parlent de ce qu’ils connaissent et de ce qu’ils vivent : oui, un habitant d’un quartier donné est « un expert » des problèmes de vie quotidienne de ce quartier (sécurité, stationnement, etc…), oui, un entraîneur de club sportif est « un expert » quant aux besoins en infrastructures sportives d’une ville, etc… . C’est faux lorsque l’on prétend que le fait d’être simple citoyen confère une quelconque expertise dans la gestion des affaires publiques.
Bref, copie à reprendre, Madame Royal…..Mais alors, me direz-vous ? est ce une nouvelle gaffe de début de campagne ? Non, sous ces airs d’ingénue de la politique française, elle est une professionnelle de la politique depuis plus de vingt-cinq ans et elle est entourée d’une équipe de gens très compétents. Non, il s’agit d’une posture délibérée, ou plutôt d’une pose, « la pose du peuple », comme disait joliment la une de Libération, la semaine dernière.
Encadrement militaire pour les primo délinquants, ne pas opposer le national et le socialisme, les jurys citoyens….. Madame royal a décidé de surfer sur la mauvaise vague du populisme français.
Elle a droit, pour cela, à toute notre méfiance.
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
pas de démagogie
Je suis en accord total avec cette analyse. Ecoutons nos concitoyens, dialoguons avec eux, créons des conseils de quartiers...mais pas de démagogie populiste
Yves CLEMENT, conseiller général du Loiret
Réponse à Christophe sur les jurys populaires
Il faut lire les messages de Christophe. Ils sont gais , ce qui ne gâte rien et sur tout ils ont du fond et stimulent la réflexion.
A mes critiques sur les jurys populaires de Mme royal, christophe répond Wikipédia, les logiciels libres et ...les jurys d'assises et chacune de ces réponses fait réfléchir, car chacune dans son domaine a fait la preuve de son efficacité.
Alors, oui pour faire des réformes ensemble et maintenant, pour méler démocratie représentative, la seule légitime pour parler au nom de tout le corps social et démocratie participative, terriblement efficace car volontaire et concernée.......
Mais faisons le sans tricher.
Reconaissons d'abord que le monde va et ira vers une complexité croissante et que toute gouvernance efficace devra se frotter à ce monde difficile. C'est en niant celà sur le thème du bon sens populaire que Mme Royal et d'autres font du populisme dangereux.
Reconnaissons ensuite que toute gouvernance implique la notion d'action à long terme et que la démocratie participative s'use plus vite que la démocratie représentative.....
Alors quelques pistes pour méler harmonieusement les deux,
d'abord, travailler à donner un vrai statut au référendum d'initiative local par rapport aux décisions d'une instance délibérative, les majorités de projet pouvant être très différentes des majorités de gouvernance.
ensuite, permettre le plus souvent possible l'échange gratuit de compétences entre administrations locales ou nationale et milieu associatif participatif.
enfin, protéger et valoriser les associations et initiatives nées en réaction à une initiative des élus. Elles les exaspèrent. mais, en final, bien souvent, elles bonifient les projets en cours, si on veille bien sûr à ce qu'elles ne soient pas paralysantes.
Le débat continue.......Je suis sûr que christophe va encore le bonifier :)
A +
La "Madone" Royale
Un homme de bon sens disait:
Un administrateur administre, trois administrateurs cherchent le meilleur moyen d'administrer, cinq administrateurs discutent sur des programmes opposés, sept administrateurs bavavadent.
Nous sommes déjà assez empétrés dans notre fameux "milleffeuille" et autres miriades d'associations, partis, syndicats...alors, au secours, il faut l'arréter !
Non, tout simplement laissons gouverner nos élus, à eux d'être prés de leurs électeurs !
Ce que Mr Dionis vous faites déjà trés bien !
A Michel : A propos de laisser les élus bosser ...
Petit passage sur le blog ....avant d'aller me coucher.
J'y trouve ce message de Michel Santin qui dit - je le cite - "Non, tout simplement laissons gouverner nos élus, à eux d'être prés de leurs électeurs ! "
je suis d'accord s'il s'agit de décider. Toute gestion publique doit être jugée, non dans l'instant, mais sur la durée du mandat confiée par les électeurs et les élusdoivent avoir la sagesse de ne pas être pilotés par le court-terme.....
Je ne suis pas d'accord en terme de dialogue et d'écoute. une ville, c'est complexe, c'est divers.....un élu a besoin de capteurs nombreux pour construire ce fameux vivre ensemble....et là, la démocratie participative - la vraie trouve tout son sens ......
A + Michel
Absolument et absolutisme !
Absolument d'accord avec cette analyse !
Pour décider de l'avenir du peuple au niveau national et dans une République démocratique , le scrutin donne les pleins pouvoirs à son chef et le cadre constitutionnel fait le reste. Pour prendre de grandes orientations à long terme sur l'économie, la santé, l'éducation, la recherche, la culture, l'alimentation, l'environnement et le développement, les hommes et les femmes choisies doivent rechercher dans le passé, le présent et l'avenir les meilleures solutions possibles dans la concertation, la sérénité et l'objectivité ! Cela paraît bien difficile pour le citoyen moyen qui ne dispose pas des critères indispensables à cette réflexion...
Me Royal semble oublier son héritage avec l'absolutisme des décisions prisent par les politiques de gauche...et ces propos semblent se confondre dans la démagogie du discours ! Ce qui n'empêche absolument pas de donner au peuple la possibilité, qu'il a par ailleurs déjà, de réfléchir et d'agir dans sa commune, son association ou au delà ! Les enfants sont également mis à contribution à l'école de la République...