Nous voici, dès demain, à la mi-temps des Jeux olympiques de Paris 2024. Pour le moment, ils se déroulent bien, et ce quasi sans-faute organisationnel est à lui seul un motif de satisfaction.
Je vous propose modestement, à l’échelle de ce blog, de profiter de cette mi-temps olympique pour nous poser deux questions centrales :
- Ces jeux sont-ils conformes au cahier des charges du Comité international olympique et plus largement, à l’esprit olympique ?
- Ces Jeux de Paris 2024 ont-ils la signature, les couleurs de la France, leur pays hôte ?
Respecter l’esprit olympique, c’est de toute évidence le premier objectif à atteindre pour un pays organisateur.
Il faut pour cela un effort titanesque pour accueillir correctement les 6000 athlètes qui participent à ces jeux, après avoir fait des efforts considérables pour y être sélectionnés.
Pour le moment, la France coche cette case.
Elle a su faire des efforts intelligents pour accueillir des épreuves sportives dans des lieux à la fois magnifiques et symboliques : je pense notamment à l’équitation au château de Versailles, à l’escrime au Grand Palais. Elle a su aussi créer de nouvelles infrastructures réutilisables et donc durables au-delà des jeux : c’est notamment le cas du village olympique en Seine-Saint-Denis.
De manière froide et comptable, notre pays a fait un effort de plus de 9 milliards pour accueillir ces jeux, dont uniquement 2 à 3 milliards d’argent public, concentré sur des équipements pour la plupart durables et réutilisables.
Le citoyen et le contribuable que je suis trouve cet effort, certes important, mais raisonnable et pertinent.
Je n’ai pas entendu de critiques majeures sur la conformité de nos installations et de nos dispositifs d’accueil avec le cahier des charges du Comité international olympique. J’ai suivi la polémique sur l’opportunité d’organiser l’épreuve de natation du triathlon dans la Seine. Polémique compréhensible, mais réglée de manière objective sur la base d’analyses sérieuses de la qualité de l’eau. Je me suis amusé avec des polémiques plus anecdotiques : la quantité des repas servis au village olympique, la taille des lits pour des athlètes au gabarit hors normes... discussions de détail à régler auxquelles il faut donner la petite importance qu’elles méritent.
Donc pour l’instant, la France et Paris sont dans la course pour être médaillés ;).
Reste la deuxième question : ces jeux de Paris 2024 sont-ils suffisamment symboliques de la France, sont-ils suffisamment Bleu-Blanc-Rouge ?
Le pays qui a l’honneur de recevoir les Jeux olympiques, et qui fait pour cela les efforts que nous avons rappelés ci-dessus, se doit de présenter son meilleur visage au monde. Il le doit de manière prosaïque pour tirer un juste retour en matière d’attractivité touristique et économique. Il le doit, aussi et surtout, pour faire la promotion de ce qu’il a de meilleur au niveau de ses valeurs fondatrices : pour la France, les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.
Notre pays, la France, a-t-il su saisir l’occasion et a-t-il été au niveau de cet évènement ? On ne peut pas répondre à cette question sans revenir sur la cérémonie d’ouverture.
Avec cette cérémonie d’ouverture, la France et les organisateurs des jeux ont fait un choix risqué en rupture avec le passé des 32 éditions précédentes. Ce choix s’énonce simplement : la cérémonie d’ouverture se passera au cœur de la ville, plus fou encore, sur la Seine et non pas à l’intérieur du stade principal où se dérouleront les Jeux. Disons-le :
C’était un choix risqué.
C’était un choix gagnant.
BRAVO à tous ceux qui l’ont proposé, fait, assumé.
Et je prends le risque de faire une prédiction : Paris fera date et Los Angeles 2028, Brisbane 2032, et les autres à venir emboîteront les pas des Français.
J’ai vécu cette cérémonie d’ouverture d’une manière à la fois banale - sur mon canapé, devant ma télévision comme 22 millions de Français - et originale - comme Maire d’une ville moyenne, organisateur d’événements.
En tant que maire, ayant récemment inauguré en mai un nouveau pont sur la Garonne (ce que nous faisons à peu près tous les cent ans, à peu près la fréquence à laquelle les Jeux olympiques reviennent en France) sous la menace de mauvaises conditions météorologiques, j’ai passé les 20 premières minutes de cette cérémonie à râler en me disant : « ce n’est pas vrai, la pluie battante un 26 juillet à Paris, c’est une probabilité de 1 % et c’est pour nous ! Nous sommes vraiment maffrés. »
Et puis, la cérémonie a continué à se déployer, et j’ai fait comme les autres, j’ai oublié la pluie.
Et j’ai trouvé cette cérémonie belle, innovante, émouvante.
Beau le cheval courant sur la Seine, belle la vasque incandescente s’élevant dans le ciel de Paris, innovants le métissage entre la garde républicaine et Aya Nakamura et les bateaux de délégations d’athlètes, émouvants Zidane, Nadal, Riner, Mauresmo… Émouvante à en pleurer Céline Dion, chantant l’hymne à l’amour d’Édith Piaf avec notre Tour Eiffel nationale comme écrin…
Mais j’entends déjà la question accusatoire : « Que dis-tu des polémiques, des reproches faits à cette cérémonie ? »
Eh bien, en bon centriste, j’ai un avis partagé et nuancé.
Quitte à décevoir certains de mes lecteurs, je ne me suis pas senti concerné par la polémique concernant la séquence dans laquelle certains reprochent une parodie irrespectueuse du tableau de Léonard de Vinci : « La Cène ». J’ai reçu une solide éducation catholique dont je suis fier et reconnaissant. J’ai une culture générale correcte. Mais désolé, sur l’instant, « je n’ai pas eu les fils qui se touchent » et je ne vois pas la Cène… et donc je relativise cette polémique. Et après coup, lorsqu’on m’en parle, eh bien je trouve la réaction de nos évêques très équilibrée (lire le communiqué de presse ici).
C’est Marie-Antoinette décapitée qui m’a mis mal à l’aise et qui est, à mon avis, une faute symbolique comme le dit justement Jean-Luc Mélenchon dans son blog (notez-le. C’est rarissime que je sois d’accord avec lui ;) ) (lire son blog ici). Oui, pourquoi elle et pas lui, Louis XVI, dont la condamnation à mort avait, elle, une vraie signification politique et symbolique ? Et de toute façon, il y avait bien mieux à faire pour incarner la Révolution, par exemple, mettre en scène Danton et son fameux : « Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! »
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Allez, malgré ces imperfections, la cérémonie d’ouverture de Paris 2024 mérite sa médaille d’or et la France n’a pas manqué cette occasion unique de présenter au monde ce que nous avons de meilleur…
Restent nos sportifs.
Petit teasing… rdv sur ce blog la semaine prochaine.
@+
Jean Dionis
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