Le 47, vous connaissez ? C’est notre département du Lot-et-Garonne, département rural au cœur du Sud-ouest de la France, dans la région Nouvelle-Aquitaine à sa frontière Est avec l’Occitanie.
Plus de 5000 km2, 330 000 habitants…et 317 communes et donc 317 maires qui se réunissaient samedi dernier en assemblée générale de leur Association départementale dans un de nos villages Saint Barthélémy d’Agenais (550 habitants).
Maire d’Agen, je fais partie de cette association et j’en suis le Président. J’ai une affection particulière pour notre assemblée générale annuelle des Maires. J’y retrouve des amis, mais surtout, pour qui se donne la peine d’écouter, on peut y entendre battre le cœur de cette fameuse ruralité Française qui sort enfin de l’oubli ces derniers temps.
Pendant toute cette matinée, j’ai donc collé mon oreille sur le sol de Saint-Barthélemy et je me suis mis en mode « éponge ».
Et, comme d’habitude, j’y ai entendu des choses passionnantes qui ne font pas (encore ?) la une des journaux.
J’y ai entendu par exemple l’exaspération unanime contre le harcèlement téléphonique (isolation à 1 €, par exemple, etc…). J’avoue bien humblement ne pas avoir vu monter la force de la colère contre ces pratiques commerciales insupportables. Les numéros de téléphone fixes sont des données publiques ? Peut-être, mais ces pratiques sont devenues non seulement odieuses, mais elles sont devenues dangereuses. Car elles poussent un certain nombre de personnes isolées à renoncer à ce lien de base qu’est le téléphone et à sombrer dans un isolement quasi-total dangereux pour leur santé et leur sécurité…et qu’on ne vienne pas me dire qu’il est impossible de faire le ménage dans toute cette jungle. J’ai été rapporteur de la loi sur la confiance dans l’économie numérique (LCEN 2004). Et je vois très bien où il faut balayer reste à avoir la volonté de le faire…
Mais l’essentiel n’était pas là.
L’essentiel était dans la volonté des maires du 47 de faire front commun avec leurs agriculteurs.
Pourquoi maintenant ? Parce que les maires d’un département rural sont les mieux placés pour voir que nos agriculteurs sont actuellement en situation de grande fragilité.
Fragilité économique d’abord.
On pourra faire tous les colloques de la terre. Si l’on veut qu’il y ait toujours des agriculteurs, et qu’en plus, eux aussi, prennent le virage de la transition environnementale, alors, il faut d’abord qu’ils vivent décemment de leur travail. Or les maires du Lot-et-Garonne sont en première ligne pour constater que le nombre de nos agriculteurs continue de diminuer et que la plupart de nos productions reculent. Ils pressentent que le destin de leur territoire est indissolublement lié à celui de nos paysans, pour l’emploi, pour la démographie, pour la gestion de l’espace rural et en tirent une conclusion logique : nous soutiendrons tous les combats que mèneront les agriculteurs pour s’assurer d’un revenu décent.
La mère de ces batailles est celle de l’eau. Pas d’agriculture rentable, biologique ou non, sans eau. Le Lot-et-Garonne est un des départements où les besoins en eau en été sont le plus indispensables. Les Maires l’ont compris. A Caussade et ailleurs, les maires soutiendront à côté de nos paysans le combat vital pour une politique publique forte et raisonnable de réserves en eau.
Même solidarité sur les énergies renouvelables. Les agriculteurs allemands ont conservé un revenu décent en devenant des producteurs d’énergie renouvelable (méthaniseur, éolien, photovoltaïque). Il y a là une voie d’avenir à creuser pour les agriculteurs Français. A nous les maires d’accueillir ces nouveaux projets dans nos documents d’urbanisme pour les rendre possibles et à nous de combattre tous ceux qui veulent contraindre ces projets dans les seules zones urbaines et artificialisées.
Fragilité psychologique enfin de nos agriculteurs, confrontés pour la première fois de leur vie professionnelle à des critiques ultra-violentes de certains de nos concitoyens. C’est le tristement célèbre « Agribashing ».
Entendons-nous bien. Les agriculteurs savent très bien qu’ils sont embarqués dans ce qui est une grande aventure collective : le passage d’un modèle productiviste à un modèle d’agriculture de qualité d’un point de vue sanitaire, gustative et environnementale et d’ailleurs ils sont partants pour cette aventure…mais, ils ne supportent donc plus du tout les critiques injustes « d’empoisonneurs publics » qui leur sont faites par certains riverains excessifs et, pour certains d’entre eux, ils craquent parfois jusqu’au drame absolu qu’est le suicide.
Les maires prendront leurs responsabilités dans ces conflits riverains-agriculteurs. Médiateurs d’accord, mais surtout en anticipation permanente pour trouver les bonnes solutions d’abord pour préserver et la santé de tout le monde et l’activité agricole. Au nom des Maires du 47, j’ai signé les chartes de bon voisinage entre riverains et agriculteurs en ayant bien en tête que les agriculteurs étaient là avant les rurbains et que c’est donc à ceux-ci de s’adapter à la ruralité. Nous ferons donc vivre ces chartes positivement dans la durée et cela notamment dans la perspective un peu explosive de la mise en place de zones de non traitement (ZNT).
Nous les Maires du 47 savons d’où nous venons, de cette ruralité indispensable, mais fragilisée et nous savons ce que nous lui devons.
Nous serons donc légalistes. Nous serons donc républicains. Mais nous ferons front avec nos agriculteurs. C’est un peu notre serment de Saint-Barthélemy. Nous le respecterons.
PS : J’ai un cousin, Bruno Dionis du Séjour (maire de Gajac, près de Bazas en Gironde) qui est devenu une vedette nationale en proposant de déclarer un certain nombre de bruits ruraux comme le chant du coq, comme « patrimoine national ». C’est vous dire la sensibilité de la famille…
Sensible à vos propos, je pense qu'au delà du soutien indispensable que nous devons à nos agriculteurs, il est nécessaire que les maires se mobilisent encore plus sur le développement des circuits courts favorables à la consommation locale et à la réduction des gaspillages, sur l'émergence d'entreprises relevant de l'économie sociale et solidaire et plus généralement sur le déploiement de démarches d'économie circulaire.
Voilà qqs sujets que je souhaiterais partager avec les maire du 47.
j'ai voulu implanter sur mon exploitation une centrale photovoltaique.
projet refusé, car on a pas le droit de le faire sur des terres agricoles.
Deux choses qui m'interpellent dans ce texte. Le premier concerne le harcèlement téléphonique, car même si nous sommes en ville ou presque, nous sommes obligés de débrancher le téléphone fixe (sur le mobile on est un peu plus tranquille). Donc même ici nous nous sommes isolés par ce moyen de communication mais nous avons l'avantage d'un bon réseau mobile.
L'autre point concerne le bruit des animaux. Ici pas de volaille bruyante ni de clarines mais des chiens qui aboient pour n'importe quoi et souvent parce qu'ils s'ennuient. Quand ils aboient à la mort c'est stressant et demoralisant. Les pinchers c'est encore pire!
Les deux chiens qui aboient à la mort sont à moins de 4 mètres de la fenêtre de notre cuisine. Lorsqu'on appelle la police, rien n'aboutit!
Il est vrai aussi que les propriétaires de ces animaux sont des électeurs à ménager!
Elvis 47