Ça y est ! Depuis plusieurs jours, comme chaque année la France a la grippe et les symptômes sont les mêmes tous les ans : urgences submergées, appels tardifs à la vaccination…et chaque année environ 2,5 millions de personnes ont de la fièvre, des douleurs articulaires et connaissent pendant quelques jours un état d’une extrême faiblesse, bref la grippe ne fait sourire personne, malgré une image persistante de maladie bénigne, elle est un enjeu sanitaire national.
Les personnes âgées, nos anciens, restent - de loin - les plus touchées par une épidémie de grippe. Aux urgences, les personnes âgées de plus de 65 ans ayant contracté la grippe sont hospitalisées dans un cas sur deux. Pour les plus de 75 ans, l’hospitalisation est requise dans 80% des cas. La durée moyenne d’une hospitalisation pour une grippe est de 10 à 15 jours. On comprend que de tels chiffres fassent exploser nos services d’urgence.
La grippe est une maladie infectieuse saisonnière, hautement transmissible. Souvent banalisée elle comporte pourtant des risques de complications chez de nombreuses personnes (nos anciens comme nous l'avons déjà dit, les adultes et enfants atteints de certaines maladies chroniques, les femmes enceintes, les personnes obèses, les personnes séjournant dans un établissement de santé de soins de suite ou dans un établissement médico-social d’hébergement quel que soit leur âge).
Soyons clairs : la grippe tue. Elle tue chaque année 4 000 à 6 000 personnes en moyenne par an. Depuis le 1er novembre 2016, 52 grippés sont morts en réanimation !
Et pourtant des moyens de prévention existent mais sont scandaleusement sous-utilisés. Ses moyens de prévention ce sont d'abord la vaccination et ensuite un ensemble de "mesures barrières" : lavage des mains, port de masques, se moucher dans des mouchoirs à usage unique, éviter de serrer les mains, éviter d’embrasser (compliqué pour nos élus en période de vœux) éviter de partager ses effets personnels, penser à aérer son logement chaque jour pour en renouveler l’air etc….
Que faire ? La manière dont la France 6ème puissance économique mondiale, dotée d'un service de santé reconnu comme performant accepte chaque année les 4000 à 6000 morts par la grippe et juste inacceptable et scandaleux. En fait en France, c'est d'abord l'Etat qui est grippé, paralysé entre ses contraintes budgétaires et la peur inadmissible d'affronter certaines politiques publiques (notamment contre le lobby anti vaccination).
Alors que faire ?
Il faut d'abord que l'Etat se "dégrippe " et s'engage clairement pour limiter la propagation du virus. Pour cela, il faut augmenter la couverture vaccinale.
Il n'est pas admissible que seulement 30% des soignants soient vaccinés contre la grippe chaque année. L'Etat doit imposer la vaccination obligatoire pour tous les professionnels en contact avec des personnes susceptibles de développer des complications : professionnels de santé hospitaliers et libéraux, personnels d’aides à domicile, personnels de la petite enfance (crèche, assistante maternelle). Cette obligation doit être une des clauses de leur contrat de travail et son respect doit pouvoir être vérifié par le patient par la mise en place d'un certificat de vaccination des professionnels vaccinés dans les établissements concernés.
L'efficacité du vaccin chez les plus de 65 ans est de 35% selon une évaluation sur 10 ans. La mise en œuvre du caractère obligatoire de la vaccination pour le personnel de santé permettrait d'éviter environ 2 000 décès en moyenne chaque année justifiant largement cette contrainte.
L'Etat devra ensuite prendre la responsabilité d'une campagne d'information beaucoup plus énergique qu'actuellement sur le vaccin contre la grippe. Il devra labellisé un certain nombre de sites internet spécialisés sur ce sujet qui permettront à nos concitoyens de faire le tri entre l'information scientifique sérieuse et la multitude de sites racontant à peu près n'importe quoi sur ce sujet grave.
Enfin, il devra prendre la responsabilité de la maîtrise d'œuvre d'un plan anti-grippal qui comprendra :
- la formation de l’ensemble de la population aux mesures barrières au sein des établissements scolaires et des entreprises, développer l’éducation à la santé familiale qui pourrait intégrer cette formation,
- l'incitation des acteurs économiques à basculer réunions et travail à distance dans les entreprises, tout particulièrement en période épidémique,
- l'accès dans l’ensemble des structures collectives accueillant du public à des distributeurs de solution hydro-alcooliques ou à nos bons vieux savons,
- l'adaptation du système de santé pour faire face à l’afflux de patients,
- le renforcement de la régulation médicale et d’orientation des centres 15,
- le renforcement du rôle des pharmaciens pour accompagner et conseiller les patients (automédication),
- l'adaptation de l’offre de soins hospitalière en cas de besoin : report d’interventions programmées à anticiper en fonction des prévisions de l’épidémie et mobilisation de la réserve sanitaire si besoin.
Dans ce domaine aussi, il est grand temps que l'Etat retrouve de l'autorité et qu'il mette en œuvre cette autorité pour faire reculer chaque année cette hécatombe prévisible et surtout que l'on ne nous dise pas que cela n'est pas possible. L'exemple de la sécurité routière où l'Etat et les acteurs économiques en 50 ans ont fait reculer la mortalité routière en France de 13 000 morts par an à 3 000, prouve bien le contraire.
C'est encore le mois des vœux, nous en faisons un très précis pour cette nouvelle année, que 2017 soit l'année de la fin de l'Etat grippé, là aussi 2017 doit être l'année du changement !
Jean Dionis et Olivier Jardé