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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Débat sur l’Islam: Pourquoi je n’y participerai pas

Publication : 27/02/2011  |  21:11  |  Auteur : Jean Dionis

Le Mercredi 16 Février, Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP a annoncé son intention de lancer, visiblement avec le feu vert du Président de la République, un débat sur l’exercice des cultes en France et plus spécialement sur la place de l’islam en France.

Je me permets de citer Jean-François Copé :« C’est un sujet très très difficile, très important, sur lequel nous allons solliciter de nombreuses personnalités civiles et religieuses et les Français qui seront très largement associés à ce débat…..Nous allons poser un certain nombre de problèmes de fond sur l’exercice des cultes religieux, singulièrement le culte musulman, et de sa compatibilité avec les lois laïques de la République »

Jean-François Copé est un homme intelligent et courageux. Cette initiative ne vient pas par hasard. Elle vient pour répondre à des questions, des souffrances et des angoisses qui sont présentes dans les familles françaises, dans nos entreprises et dans nos rues et il faudra bien un jour prochain répondre à ces sentiments populaires.

Il y a d’abord, de toute évidence, une quête de sens nouvelle et forte dans nos sociétés modernes. « Le XXIe siècle sera spirituel ou il ne sera pas ». Cette fameuse citation souvent attribuée à André Malraux annonçait avec acuité la recherche de sens qui grandit dans les pays occidentaux, après avoir assisté à un net repli des religions depuis le XVIIIe siècle. Il s’agit là d’un mouvement idéologique très profond qui interroge le cœur de nos sociétés modernes.

Et puis, il y a la réalité française…. La France compte 6 millions de musulmans pratiquants. C’est un fait. Ils forment la deuxième communauté religieuse de notre pays, une communauté où la pratique des rites est plus forte et plus publique que parmi la communauté chrétienne. De plus, la France est un pays très singulier dans le monde face au phénomène religieux. D’abord « fille aînée de l’Eglise », avec des racines chrétiennes très profondes, la république française s’est largement construite dans un dur et long combat contre l’Eglise Catholique alors omniprésente dans la vie sociale de notre pays. C’est au cours de ce combat que s’est élaborée la laïcité française, forcément anticléricale et sa loi cadre, la loi de 1905, de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Dans la France d’aujourd’hui, à peine la moitié de la population se dit croyante, le courant laïc est particulièrement fort et l’opinion publique est assez indifférente aux enjeux religieux.

Mais nous ne sommes que 63 millions d’habitants dans un monde qui en compte presque 7 Milliards. Et mes années africaines ainsi que mes voyages dans le monde Arabe ou aux Etats-Unis m’ont appris que pour la plus grande partie de la population mondiale, la foi en Dieu est juste naturelle comme son expression publique et il n’est tout simplement pas envisageable que la vie publique n’intègre pas la dimension religieuse.

Or que cela plaise ou non, nous sommes à l’époque de la mondialisation et les flux migratoires assurent chaque année l’arrivée de populations sur le territoire français qui sont en grande majorité croyants et pratiquants. Ces personnes sont naturellement mal à l’aise avec notre laïcité à la française .J’entends la voix raisonnable de celles et ceux d’entre nous qui leur demandent de s’adapter à notre cadre républicain. Pas si simple ….. A Agen même, je vois chaque semaine la tête stupéfaite des supporters agenais regarder les joueurs fidjiens (SUA et adversaires compris) prier sur la pelouse du stade Alfred Armandie à l’issue d’un match du SUA. Anecdotique, peut-être….en tout cas, le brassage, la mixité de croyances, imposée par la mondialisation interroge la laïcité à la française affirmant que la religion doit rester une affaire privée ne débordant jamais sur la sphère publique.

De même, la laïcité française, nous l’avons plus haut s’est construite contre et en relation avec la religion catholique. Comment doit-elle évoluer alors que la deuxième communauté religieuse nationale est l’Islam ?

Pour nous aider à répondre, un souvenir personnel et une question. J’avais trente quatre ans et j’étais dans les années 90 au service du Dr Chollet, alors député-maire d’Agen. Fallait-il autoriser la construction d’une mosquée à Agen, comme nous le demandait la communauté musulmane ? J’étais réservé et il fallut le courage et la clairvoyance du Dr Chollet pour autoriser ce qui maintenant est une évidence.

Une question maintenant : Est-il opportun que l’Etat et la collectivités locales prennent en charge les lieux de culte construits avant 1905 et soient absents de ceux construits après ? A l’énoncé même de la question, on voit bien que la loi de 1905 mériterait d’être revisitée et repensée.

Et pourtant je crois à la modernité de la laïcité française pour peu qu’elle accepte d’évoluer avec son temps. Elle fut celle du combat contre l’Eglise catholique du XIX ième siècle. Elle doit devenir la laïcité de la mondialisation du XXI ième siècle. Ainsi, elle continuera à permettre avant tout à diverses religions de cohabiter avec des croyances différentes sans aboutir à une société morcelée par le communautarisme. Faire vivre ensemble des communautés religieuses très différentes dans un Etat moderne ? C’est là le vrai sens et la vraie vocation de la laïcité moderne.

Donc, à mon avis, il y a bien matière à débat et sans doute à terme, opportunité de faire évoluer les lois de la république concernant ce domaine.

……Et pourtant, ce débat n’est pas opportun maintenant et j’ai décidé de ne pas y participer. Pour vous en convaincre, écoutez la nouvelle présidente du Front National : « Encore un effort Monsieur Copé ! Encore un petit débat, un petit blabla sur l'islam, la laïcité, et je pense effectivement que nous pourrons terminer à la présidentielle à 25%", s'est félicité Marine Le Pen ce vendredi 18 février sur France Info.

A un an de l’élection présidentielle, la date de ce débat est plus qu’inopportune.

Car, je crains que ce débat soit faussé par notre méconnaissance crasse du fait religieux, et plus particulièrement du fait religieux musulman.

Car il faut bien l’admettre : à l’exception de quelques personnes de culture ou expertes, nous ne savons rien ou presque de l’Islam à part que c’est la religion des arabes ! Et comme « l’ignorance est mère de tous les maux », je tiens avant tout que l’on se parle en connaissance de cause. Pour cela, il faut du temps, du travail et du respect mutuel.

Malheureusement, le calendrier de ce débat n’augure en rien de discussions de fond apaisées : au contraire ! L’année précédant l’élection présidentielle est traditionnellement une période de passion et d’exaltation, peu propice à la mesure et à des échanges mesurés pour un débat aussi délicat. C’est pourquoi j’ai décidé d’être discret sur cette question de la place des religions en France.

Ce débat sur le fond mérite d’être abordé, mais le calendrier politique n’y est clairement pas favorable. J’ajoute enfin que les évènements historiques qui surviennent sous nos yeux dans le monde arabe nous appellent à de la prudence et à un important travail d’analyse plus tôt qu’à des déclarations à l’emporte-pièce.

Si ce débat doit avoir lieu maintenant, je n’y participerai pas. J’utiliserai le temps ainsi épargné à dialoguer dans la discrétion avec toutes les parties prenantes pour travailler en silence et en profondeur cette question centrale.

Pour être prêt, à faire du bon travail…..le moment venu.

@+

Les réactions

Faux sujets . Débats tronqués

Alors qu'il aurait été enrichissant d'échanger sur les valeurs de la République et leur appropriation quelles que soient nos âges et nos origines, nous avons eu un débat houleux et contestable sur l'identité nationale qui ne nous a rien apporté pour un mieux vivre ensemble.
De même, il serait intéressant de confronter nos points de vue sur le fait religieux dans la vie publique et les contours de la laïcité, mais on nous propose un débat sur la place de l'Islam en France.
Il faut arrêter de nous imposer dans de grands effets d'annonce des débats publics dont les contours simplistes et mal définis ne servent qu'à exacerber les antagonismes.
Il vaudrait mieux apprendre à vivre ensemble avec un respect mutuel: hommes et femmes, jeunes et plus âgés, handicapés et bien portants, croyants et non croyants, blacks blancs beurs et autres et nous retrouverons nos valeurs républicaines: Liberté Egalité Fraternité
Bien cordialement

Les absents ont toujours tort!

Le problème pour les français est que les religions ne doivent pas vouloir s'imposer aux autres. Or l'islam réagit actuellement dans un esprit de conquête et veux s'imposer par tous les moyens, y compris le terrorisme et le chantage (otages), et cela même sur notre territoire. C'est cela que les français refusent. Ceux qui choissisent notre pays sont les bienvenus s'ils le font pour respecter nos valeurs et nos moeurs. Il ne nous viendrait pas a l'esprit d'aller dans leurs pays et y imposer nos coutumes. C'est une question de respect.
Refuser de le dire haut et fort, c'est un peu lâcher les français surtout de la part d'un représentant de la Nation. Vous devriez vous employer a canaliser le débat, parce que de toute façon il sera inévitable, même si on ne le souhaite pas.

le député prévoit de ne pas participer au débat sur l'islam et les religions

librairie Quesseveur

Bonjour, bonsoir monsieur l'ingénieur-député et maire.

Assez d'accord avec vos raisonnements pour dénoncer l'inopportunité actuelle de ce débat sur les religions et la laîcité. Je vous ai déjà dit que vous n'étiez pas assez laïc. On ne devrait pas connaître la religion de ses élus.

Mais Dominique Michelin a raison aussi, si ce débat a lieu, vous devriez tout faire pour y apporter votre modération.

Quant au Coran, que je n'ai pas lu mais un peu feuiilleté au lieu de travailler, il me plait bien car nulle part il n'y est dit que fumer est permis. Le tabagisme passif auquel mes amis et moi sommes soumis en ville et sous ma cornière, c'est une violence de guerre de religion. ! Moyennant quoi je n'ai aucun souci en ce qui concerne la santé ou la moralité des fumeurs/enfumeurs..
Salutations.

le fond du problème

Le Christ a dit à ses apôtres " Allez enseigner toutes les nations "- la devise de l'islam " Allez soumettre les infidèles ! " Sur l'étendard du prophète à la conquête de l'Arabie était mentionné '" Punition" Finalement le respect est unidirectionnel . La solution n'est donc pas chez nous .
De plus en plus de Français comprennent ce qu'est l'Islam : plus une entreprise totalitaire qu'une religion.Pour ceux qui se posent des questions , achetez donc l'ouvrage ' Jesus et Mohamet " en la librairie " la sainte famille " rue des Héros de la Résistance, écrit par un professeur d'histoire de l'Islam à l'Université Al Azhar du Caire, lequel s'est fait chrétien avec les raisons qu'il explique, au plus grand risque de sa vie, évidemment ! coût : 5 €

réponse à Dominique Michelin

Quel age avez-vous, Dominique Michelin, pour ignorer de la sorte notre histoire, pourtant encore récente ? Qu'avons-nous fait pendant des décennies dans ces pays, et en particulier ces terres d'Islam, où nous prétendions apporter la civilisation ? Je sais bien que ceux à qui était venu à l'esprit l'idée d'utiliser nos missionnaires ne cherchaient que leur tranquilité pour exploiter plus tranquilement les richesses naturelles de ces contrées à la sueur des fronts de leurs habitants. Et cela d'abord à leur profit personnel, mais aussi, par ricochet et parce que c'était une époque où les puissants avaient encore un peu de pudeur, au notre, habitants des contrées soi-disant civilisées, surtout plus développés et cherchant à assurer toujours plus leur dévelopement. Et que faisaient-ils, pour la plupart en toute bonne foi et dans leur grande naïveté, ces missionnaires, sinon d'"imposer nos coutumes" et nos croyances ?
Histoire ancienne ? Que non ! J'ai bien connu l'un de ceux-là, je suis allé le voir sur ses "terres de mission", c'était il y a moins de 50 ans ! Et quand je pense à lui, avec beaucoup d'affection, je ne peux empécher ma colère contre mon pays et cette église qui l'ont manipulé outrageusement.
Oui, puissions-nous aujourd'hui développer un respect suffisant vis à vis d'autrui pour aborder ces questions sereinement ? En l'occurence, je crois que Jean Dionis du séjour fait preuve de sagesse. Encore faudrait-il qu'il arrive à la partager avec ses " amis ".

Respect et tolérance

Chers internautes,

C'est avec attention que je lis vos contributions et commentaires concernant ma chronique. Je vous remercie d'ailleurs pour nourrir ainsi le débat démocratique. Néanmoins, comme je l'ai dit plus haut ce sujet est sensible et les échanges ne doivent pas tourner à l'affrontement, voire à l'insulte. Donc, pour respecter la liberté d'expression de chacun, que je souhaite sur mon blog, je vous invite à mesurer vos propos et à rester tolérant. Ce sont des conditions essentielles au dialogue.
Merci à tous d'en prendre compte.

Amitiés

réaction

Bon, alors plusieurs choses me frappent dans votre billet.

-La première est, sans contexte, votre refus du débat...En raison du caractère « inopportun » de ce dernier (à votre sens) à l'approche de l'élection présidentielle.

Je partage votre crainte que ce dernier se termine en eau de boudin...Ou pire, puisque ce qui « anime » ce débat, aux yeux de M. COPE comme de M. SARKOZY, se réduit à l'éventuel gain électoral que la « majorité » espère en retirer, et plus encore le Président. (Lequel semble, du reste, croire que personne ne comprend ses ambitions électoralistes ! A ce propos, il serait bien que le NC demande des explications à M. FILLON quant au « sort » de M. HORTEFEUX : depuis quand le contribuable/citoyen doit il financer un « conseiller politique » dont l'unique mission (préparer la campagne électorale) n'a aucun lien avec le service de la France ? Du reste, je trouve particulièrement choquant que M. SARKOZY envisage de prendre pour « conseiller » un homme condamné pour violation de la présomption d'innocence à deux reprises ! La principale mission du Président, rappelons le, est de...Garantir les droits de l'Homme ? Si son entourage ne le fait pas, et est condamné par la violation des dits droits, on peut juger M. HORTEFEUX inapte, incompétent, et manquant de vertus (trois choses nécessaires pour avoir une charge publique en principe) pour l'y aider !)

Je trouve, cependant, fort regrettable que vous repoussiez ce débat, alors que ce sont les conditions de son exécution; qui sont mauvaises. Ne devriez vous pas, non pas vous enfermer dans le silence (complice : qui ne dit mot, consent), l'absence (les absents ont toujours tort), mais tout au contraire dénoncer ces dernières ? Et lutter pour que le débat soit de bonne qualité, non de celle du caniveau ?

Le débat n'est pas malsain. Ce qui l'est, ce sont les conditions de ce débat : mélange des genres (les Arabes n'auraient donc pas le droit d'être chrétien ?), visées électoralistes incessantes, inculture des politiques, etc. Donnez vous les moyens – avec votre groupe – de favoriser un réel débat, sans ces nuisibles.

Le NC le peut d'autant plus que nous sommes, justement, en pré élection (cantonale/sénatoriale). Une défection du NC au Sénat, et c'est la fin des haricots pour le Gouvernement, majorité législative ou pas. Donc, au lieu de continuer à bêtement suivre le troupeau UMP, pourquoi le NC ne réagirait il pas comme un...Parti politique ? En défendant son intérêt ? A savoir un débat mesuré, juste et serein, où une personnalité intègre et connue pour son indépendance d'esprit et son combat pour la Justice...Arbitrerait/animerait le dit débat ? Cette personne, ce peut être vous...Ou votre collègue De Courson...Ou encore le député Pierre MOREL A L'HUISSIER, ou M. TARDY.

Si les Français ont le sentiment que le débat est impartial, parce qu'une personne officiera en tant qu'arbitre et animateur...Alors le débat sera de qualité, et la « majorité » y gagnera sans doute du crédit auprès des Français. Si en revanche, on a droit à la bataille des Armagnacs contre les Bourguignons, non merci !

Il y a des élections régulièrement. Nous n'allons pas reporter chaque débat au prétexte que les élus sont en campagne ! La France mérite mieux que çà...Et je pense que si les politiques (et médias) n'en ont que pour 2012 (mais cela fait maintenant 4 ans et quelques que l'obsession dure)...Il y a, d'une part, d'autres enjeux nationaux AVANT, et d'autre part, que les Français, eux, n'y sont pas du tout. Ne serait ce que parce que ces derniers savent que les militants n'ont pas désignés leur candidat (on espère que la « majorité » permettra aux siens de le faire !), qu'aucun programme n'est en route, et que surtout, ils ont d'autres préoccupations en tête, tel que le chômage ou le pouvoir d'achat par ex.


-La deuxième chose qui m'étonne et m'interroge, dans votre billet, c'est que vous ne semblez pas comprendre que ce qui gène/rend difficile la « cohabitation » avec « les musulmans » (certains du moins), ce n'est pas tant le spectacle de la Foi (prière dans la rue, ramadan) que...L'attachement viscéral (et c'est tout a fait compréhensible) des Français pour la liberté de conscience, depuis 1789.

L'Islam ne permet pas cette liberté de conscience. Soit on est bon musulman, soit on est hérétique. Longtemps, le christianisme – du moins l'Église – a eu le même crédo. « Ceux qui ne sont pas avec moi, sont contre moi » en gros. D'où l'hostilité du Vatican à la DDHC, à la Constitution civile du clergé.

La France a été le premier pays – et c'est d'autant plus historique que c'est justement un pays qui a uni l'autel et le trône – à voir son Peuple réclamer la liberté de conscience. Bien que « fille aînée de l'Église » c'est encore la France qui va instaurer une pratique surprenante pour l'époque : le gallicanisme. Et tout chrétien qu'il est, Saint Louis prouvera, tout au long de sa vie, que son devoir de monarque ne passe pas derrière ses préoccupations chrétiennes. Idem pour le « Très Chrétien » Philippe le Bel ! Ou le « Bien Servi » Charles VII et sa Pragmatique Sanction...Qui pourtant, après avoir été le bénéficiaire d'un miracle, aurait pu concevoir comme logique de se rapprocher plutôt que de s'éloigner de l'Église.

Ce que nous appelons la laïcité, n'est, au final, qu'une continuation du travail commencé plusieurs siècles auparavant par les monarques puis l'Empereur Napoléon avant que la République n'en fasse un enjeu du siècle. Un « gallicanisme » moderne. Oui à la présence de la sphère religieuse, mais primatie de la loi du Souverain sur celle ci, si nécessaire. La DDHC dans son bel ordre.

Les Français ne demandent pas l'absence de Dieu. Ils n'exigent pas non plus la seule puissance de la loi. Mais la primatie de celle ci quand les circonstances l'exigent, c'est à dire, conformément à la DDHC, lorsque des actes nuisibles à la Société, empêchent celle ci de voir ses droits et libertés fondamentales garantis.

S'il y a perte de sens, ce n'est pas dû à la religion. Mais plus à l'absence d'un projet collectif national. Et la faute en revient – j'en suis désolé, mais comment l'ignorer ? - aux élus, qui ne croient plus à la France. Qui ne voit en elle qu'une sphère géographique, un pays du passé, un nain politique. Oubliant, au passage, que si la France a eu, par le passé, un certain prestige, elle ne l'a dû ni à sa géographie, ni à sa démographie, ni même à une série d'événements, d'opportunités...Mais à la volonté politique de ses dirigeants, une volonté que ces derniers ont su très largement faire connaître et partager, avec le succès que l'on sait. Et si Napoléon et De Gaulle sont deux personnalités très aimées des Français, c'est sans doute parce qu'ils se sont inscrits dans le projet capétien.

La religion doit faire partie de l'espace public. Mais elle ne doit pas y primer. Voilà tout le problème entre des États « musulmans » qui ne connaissent pas la liberté de conscience, et ne peuvent pas plus concevoir la laïcité française que les Français à l'époque de Louis VI la liberté de conscience...Et les États touchés par la Révolution française, qui ont fait leur ladite liberté de conscience, la primatie de la loi, avec une séparation plus ou moins nette avec l'ancienne religion d'État.

-Troisième chose qui me frappe dans vos propos : le lien que vous faites avec l'immigration. Il est exact que chaque année, notre pays voit des immigrés arriver sur son sol. Mais ils sont loin d'être six millions ! Les six millions dont vous nous parliez tout à l'heure, sont...Majoritairement nés en France !


Et alors, me direz vous ? Qu'est ce que cela change ? Tout évidemment ! Parce qu'ils ont, eux, appris à l'école (notamment) la liberté de conscience. Ils ont donc une culture chrétienne puisque le crédo républicain n'est, en fait, que le triptyque restauré de la monarchie française ! Les valeurs des Français sont donc communes, quelques soient leur religion. Du reste, cela se « voit » parfaitement...Dans les sondages par ex. Un musulman, un chrétien, un juif ou un athée se rejoigne pour dénoncer l'immoralité d'actes politiciens. Ils sont autant sensibles, selon leur foi ou absence de foi, à l'irrespect envers les morts. Ils se rejoignent aussi sur beaucoup de questions éthiques mais aussi « féministes ». On parle des femmes voilées...Mais pas de celles qui vont tête nue (à raison) se ruer dans le mercantilisme le plus total...A l'égal des autres Françaises !

Quant aux immigrés...Il y a une règle de base : l'ensemble surpasse l'individuel. Cela n'a jamais manqué par le passé, cela ne manquera pas pour le futur, et le présent n'est pas à ce point préoccupant. La France est un creuset depuis ses débuts. Que les immigrés aient des difficultés, au départ, pour s'intégrer, rien de plus normal. C'est là que l'État se doit d'intervenir. Pour assurer le mariage entre la France et ses nouveaux enfants. Rien de plus, rien de moins. Pour le reste, laisser l'épousée prendre les choses en main. Le mariage c'est difficile, cela exige de faire des compromis, de tolérer des choses qu'on ne comprend pas ou ne connaissait pas...Et pourtant, beaucoup encore y succombe ! Faire de la religion un obstacle en soit, insurmontable à pallier...C'est oublier la très belle leçon que nous a donné le film « mauvaise foi » : donner sa main n'est pas se rendre esclave.

-Pour terminer, je crois qu'il faudrait surtout « penser » l'Islam différemment. Non pas appeler à un Islam « de France » comme M. SARKOZY (qui oubli ses devoirs par ailleurs), expression gentillette qui ne veut rien dire...Mais au niveau politique. Je veux dire par là, que si les Français sont rétifs, pour certains, à la « propagation » de la religion musulmane, c'est moins pour ce qu'elle est...Que parce que les élus sont pitoyables sur la question. Faisant preuve d'une complaisance, d'une lâcheté électoraliste surtout, particulièrement préjudiciable pour le pays.

**Prenons l'ex des mosquées. On nous dit – image à l'appui : des musulmans « contraints » de prier dans la rue – que les musulmans ne peuvent pas exercer leur culte (terme du reste impropre). Maintenant, voyons ce que nous dit le Ministère de l'Intérieur : il y aurait entre cinq et six millions de musulmans (vive la précision !) dont 33 % se déclarent croyants et pratiquants, et 10 % pratiquants réguliers de la prière du vendredi en milieu de journée, le grand office hebdomadaire en islam. En France, pays d’Europe abritant le plus grand nombre de musulmans, on compte entre 1 500 et 1 800 mosquées et salles de prière, avec en fait quelques dizaines de vraies mosquées.

Faites le calcul avec moi, M. DIONIS DU SEJOUR :

Prenons la fourchette haute des 6 millions de musulmans. Si l'on considère qu'il y a 10% pratiquants réguliers de la prière du vendredi (qui est disons l'équivalent des grandes fêtes chrétiennes), alors chaque vendredi, il y a en France, 0,1 x 6 000 000 = 600 000 musulmans qui vont à la mosquée. Les autres jours de la semaine, la mosquée est donc moins fréquentée.

Or, on sait – selon les sources du même Ministère de l'Intérieur – qu'il y a actuellement 2000 mosquées présentes sur notre territoire. Nombre de fidèles par mosquée : 600 000 / 4 000 = 150. Si on fait le calcul avec 33% des musulmans qui iraient à la mosquée cela fait 495 personnes par mosquée. Où est la surpopulation ? Sachant qu'une mosquée peut accueillir, au minimum, 600 personnes ?

Bref, de toute évidence, on prend les citoyens pour des idiots en prétendant à une nécessité de construire des mosquées. Alors qu'on vient de le voir, les besoins sont inexistants !


**On nous dit aussi – toujours image à l'appui – que les cimetières ou/et édifices religieux les plus touchés sont ceux musulmans. Et là, que voit on ? Des politiques qui font un tour comme au Salon de l'Agriculture, accompagné du maire, du préfet, et souvent aussi du curé du coin. Or, selon un rapport présenté par le Parlement...Les victimes religieuses, en France, sont en premier lieu, les chrétiens ! Et c'est la même chose au niveau mondial...Mais d'une certaine manière plus compréhensible au regard du droit de conscience qui n'existe pas dans les pays « musulmans » ou considérés comme tels.

Les politiques, aujourd'hui, ne s'attachent plus aux actes...Mais aux « victimes » qui ont, à l'évidence, un rang différent, en fonction de critères discriminants...Et M. SARKOZY a lancé récemment la « mode » des « présumés coupables » aux actes plus ou moins lourds selon leur passé. Ainsi, on entend souvent les maires, voire les parlementaires, quand ce n'est pas le Ministre, dénoncer un acte « antisémite » ou « islamophobe » mais (oh bizarre!) jamais « antichrétien ». Bah non, tout de même ! Ce n'est donc plus l'acte en lui même qui est blâmable pour les politiques – à savoir dégrader un édifice religieux ou manquer de respect aux morts – mais les motivations supposées qui expliquent l'acte !

Dès lors, comment s'étonner de voir des Français estomaquer d'entendre le Ministre de l'Intérieur (et des Cultes) expliquer qu'il convient d'agir contre les motivations qui poussent à l'acte, au lieu de chercher à sanctionner l'acte lui même ? Chose d'autant plus exaspérante qu'en la matière le Ministre est souvent d'une partialité affligeante, qui n'est en rien corrigée par son supérieur hiérarchique ?

Dimanche soir, M. SARKOZY nous a dit, semblablement, que ce qui avait « fait déborder le vase » à son sens, soit qu'un récidiviste...S'en soit pris à une jeune femme ! Le viol, le meurtre, la barbarie de l'acte ayant causé le décès de Lætitia étant quelque part des détails au regard du passif du coupable ! Aurait il commis son premier viol, son premier meurtre, et sa première cruauté inhumaine...L'affaire n'aurait presque pas intéressée le Président !

**On nous dit, enfin, que les musulmans ne peuvent pas financer leurs lieux de culte...Et que l'État devrait y pourvoir. Mais quel motif nécessiterait semblable chose ? C'est oublier un peu vite que les constructions religieuses chrétiennes – à tout le moins catholiques – ont été réalisées avec l'argent des fidèles ! Non celui du « contribuable »/sujet de sa Majesté ! Car....Faut il le rappeler ?...Les lieux de culte catholiques étaient la propriété de l'Église...Jusqu'à 1789 ! C'est en nationalisant ces derniers – sans payer un sou au Pape ! – que les édifices religieux catholiques sont devenus propriétés de la Nation. En tant que patrimoine.

Force est d'observer que les mosquées ne peuvent être qualifiées de « patrimoniales » puisqu'elles ne sont pas liées à l'Histoire du pays. A son identité. On peut le regretter, mais le contester serait assez difficile. La présence de musulmans, comme de juifs, et même d'athées, sur la terre de France, au Moyen Age ou à d'autres périodes, ne pouvant à l'évidence, justifier une déformation de la personnalité de notre beau pays.

Force est d'observer, aussi, que les fidèles musulmans sont nombreux, et que rien ne leur interdit – comme les ancêtres des Français – de donner leur écot à la construction d'un lieu de culte, s'ils le veulent. Ils auront, contrairement aux Français, qui parfois ont dû attendre plusieurs siècles pour obtenir une Cathédrale, la joie de pouvoir contempler celui ci de leur vivant si l'envie leur en prend. En attendant, le nombre de mosquées actuelles, comme on l'a vu plus haut, semble suffire pour satisfaire à l'exercice du « culte »

Islam et laïcité

Bonsoir Jean,
J’ai lu avec beaucoup d’attention et d’intérêt ta chronique intitulée « débat sur l’islam : pourquoi je n’y participerai pas ».
Merci d’avoir eu le courage d’évoquer publiquement cette question.
Comme toi, ce sujet me préoccupe particulièrement et me parait fondamental pour notre société et notre République.
En effet, des questions, des souffrances et des angoisses sont présentes dans les familles, les entreprises, les écoles et même dans la rue, en rapport me semble-t’il principalement avec la réapparition du fait religieux dans la sphère publique, ce qui surprend et inquiète une partie la population.
J’ajoute quelques remarques concernant les éléments que tu évoques :
- la spiritualité, quête de sens, d’espoir, n’est pas synonyme de religion, et on peut évoquer ici l’humanisme voir la spiritualité laïque (Vladimir Jankélévitch)
- la vie publique intègre bien entendu la dimension religieuse par le principe de laïcité qui distingue le pouvoir politique des organisations religieuses, l’état devant rester neutre, et garantit la liberté de culte (les manifestations religieuses devant respecter l’ordre public). Il ne s’agit pas pour la République de combattre les religions mais d’empêcher leur influence dans l’exercice du pouvoir politique et administratif. Ce principe affirme la liberté de conscience et ne place aucune opinion religieuse ou non au dessus des autres.
- si la France compte 6 millions de musulmans sur 63 millions d’habitants, une grande majorité d’entre nous, croyants ou non, ne sont pas musulmans, et sauf erreur de ma part ne présentent pas de revendications communautaires et ne demandent d’aménagement de la loi de 1905.
- Il est facile à l’heure actuelle, notamment avec le net, de se renseigner sur le fait religieux, et il est facile d’accéder aux explications de spécialistes concernant l’islam.
- enfin, je pense que ce sujet sera un thème majeur des élections des années à venir et notamment des élections présidentielles.
Quelles solutions proposer ?
- il faut répondre aux interrogation et inquiétudes de nos concitoyens.
- un débat n’apportera aucune réponse.
- les intentions de vote actuellement en faveur du FN montrent bien qu’il faut apporter des réponses à l’opinion publique.
- la réponse à notre disposition est le respect de la loi de 1905 qui établit une séparation entre l’espace public et la sphère privée. Elle reste telle quelle le socle de notre pacte républicain et insiste sur la notion de citoyenneté républicaine (qui s’oppose au communautarisme) qui intègre et rassemble dans un projet collectif.
Amitiés
Stéphane

Réponse a Jean Pierre Videau

Monsieur je suis en âge de connaitre l'Histoire et d'en tirer les conséquences justement. Il ne faut pas réitérer les erreurs du passé. Prendre le bon, laisser le mauvais. Par exemple en Polynésie les chrétiens ont apporté les vêtements mais par voie de conséquence la culpabilité de la nudité. Mais ils ont aussi mis un terme aux rituels des sacrifices humains.

Justement je vous renvoi a notre Histoire de France dans ma remarque. En 1789, puis établi par la Constituante, l'Assemblee Nationale est sensée représenter le peuple français et les députes sont sensés être des élus de la Nation. Depuis la Constituante le cumul des mandats était sensé être interdit et cela n'a jamais été appliqué. Ils étaient même sensés ne jamais faire plus de deux mandats consécutifs, jamais appliqué!
Resultat le peuple français n'y est plus représenté.
La place des élus locaux en représentation de la Nation, c'est le Sénat. Pourquoi payons nous deux assemblées dans ces conditions? Surtout maintenant qu'existent les députes européens.
Et quand on entend des sénateurs dire qu'internet ils n'y connaissent rien, ne savent pas ce que c'est et ne sont pas intéressés d'en savoir plus, alors qu'ils votent des lois sur le sujet, c'est quand même grave!
Il est donc ici surtout question de cumul des pouvoirs, d'élus locaux qui ne sont présents sur le plan National qu'essentiellement pour appuyer des projets locaux et oublient qu'ils doivent porter au plus haut les volontés profondeur du peuple et pas de leurs opinions personnelles. S'ils ont un problème avec cela, ils ne doivent pas se porter candidats a la députation, mais a la rigueur se faire elir sénateur.

Laïcité...

Assez d'atermoiements...La laïcité ne se coupe pas en tranches...la religion doit conserver son caractère privé et ne surtout pas empiéter sur le domaine public...A partir de cette attitude ferme et sans concessions, en avertissant et en informant bien tout le monde de ces dispositions constitutionnelles on éviterait, L'abattage Halal, pur scandale, les repas aménagé dans les cantines, le refus de soins par des docteurs hommes, la révision de l'histoire à l'école, les prières dans les rues, et bien entendu le concordat en Alsace autre scandale dans notre République...Et grâce a qui tout cet abandon ? A la lacheté, le manque de conviction dans les lois de la République qui quoique que l'on puisse en penser nous protège contre, non pas de la croyance mais contre tous ces marchands d'illusions de toutes les chapelles, mosquées, temples ETC...Tout ce gâchis et tous les futurs affrontements qui vont naître nous le devons à des élus tels que vous Mr Dionis, qui dans un moment de prise de responsabilité reste bien au chaud replié dans sa couardise. La REPUBLIQUE pour rester debout a besoin d'HOMMES pas de PLEUTRES...

"Débat sur l'islam. On prend l'identité nationale et on recommence ?"

Monsieur le Député, j'ai lu avec beaucoup d'attention votre chronique dédiée au débat sur l'islam proposé par le secrétaire général de l'UMP. J'ai bien sur également été très attentif aux différentes réactions qu'elle a suscitées et qui démontrent combien cette question « passionne » les français. Je tenais tout d'abord à saluer votre position en prenant la décision de ne pas participer au débat qui va s'imposer aux français dans les prochaines semaines. J'expliquerai in fine pourquoi, pour ma part je suis tout à fait prêt à échanger sur la question.

Comme vous l'avez justement souligné (et il ne faut pas pêcher par naïveté) ce débat arrive dans des contextes économique et politique particuliers, avec pour le premier une crise qui n'en finit pas de durer et pour le second un effondrement de la côte de popularité du Président de la République (I)

Cependant, il faut faire preuve de clairvoyance en comprenant que si la question de la présence musulmane en France ne doit en aucune manière constituer le point de fixation des politiques, il faut reconnaître que celle ci interroge les français et qu'il revient aux musulmans, porteurs de la deuxième religion de France de faire preuve de pédagogie. Il reviendra ensuite à tous de faire preuve d'une véritable capacité d'écoute mutuelle (II).

I)Contexte et raisons d'un débat sur l'islam :

La France n'est pas une ile. Elle connaît comme toutes les nations du monde un ensemble de mutations complexes et lourdes. La mondialisation, accélérée par les techniques, qui organise la libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes, a favorisé un brassage de populations de plus en plus dense et massif. Les cultures de plus en plus lointaines sont qui sommées de cohabiter, s'interpénètrent et s'influencent mutuellement. L'explosion d'internet a numérisé l'idée de « monde village », etc...

Mutations profondes donc qui a plongé la France, pays laïc dans le continent le moins religieux de la planète, dans l'incertitude. Incertitude qui a rapidement laissé place à l'inquiétude puis à la crispation identitaire. A ce sentiment d'angoisse généralisé, s'ajoute depuis maintenant récemment, l'appréhension suscitée par les révolutions en chaines qui se propagent dans le monde arabe qui elles mêmes provoquent des mouvements migratoires massifs en direction de l'Europe.

Tout ceci se produit dans un contexte de crise économique et sociale sans précédent et qui n'épargne que très peu de français. Près de 3 millions de chômeurs, 3 millions de travailleurs pauvres, 80 000 SDF, 60 000 détenus pour 50 000 places dans nos prisons, 13 000 suicides par an, 1,5 millions de français sous antidépresseurs, etc..

Dans un contexte aussi « compliqué » où les français attendent des réponses immédiates (nous vivons dans la société de l'immédiateté) aux difficultés qui doivent affronter au quotidien, arrive ce qui devait arriver. Les politiques, en pane de « solutions clé en main » usent de la technique du paravent, ou de l'écran de fumée et détournent ainsi le pays des véritables problèmes qui minent la France.

La crise, et c'est une constante historique, provoquant un effet de loupe qui se traduit aujourd'hui par la stigmatisation d'une catégorie de la population : aujourd'hui les musulmans.

Le contexte politique n'est également pas neutre. A un an des élections présidentielles, le Président de la République et son premier ministre voient leur popularité descendre au plus bas dans les sondages depuis 2007. Parallèlement Marine Le Pen, qui a pris la succession de son père à la tête du Front national ne cesse de voir la sienne grimper tous les jours un peu plus...Nicolas Sarkozy cherchant certainement ici à réitérer le coup politique initié en 2007 en siphonnant les voies du parti populiste et conserver l'Élysée en 2012. Malheureusement les causes ne produisent pas toujours les mêmes effets...Marine Le Pen est créditée de 23% au premier tour.

II) De quel islam parlons nous ?

Cependant si les contextes économiques et politiques sont déterminants pour expliquer la focalisation sur les questions qui touchent à l'islam, ils n'expliquent pas tout. Il faut être clair : l'islam interroge les français, qui soyons honnêtes n'en n'ont une connaissance qu'approximative. D'ailleurs de quoi parlons nous quand nous parlons d'islam ? De quel islam s'agit il ? De l'islam des origines, qui est lui même subdivisé en phase médinoise et phase mécqoise ? De l'islam califal (632-661) des quatre premiers successeurs (Abu-Bakr, Umar, Othman et Ali)? De l'islam impérial qui s'étend sur plusieurs siècles et qui voit défiler la dynastié omeyyade (661-750), la dynastie abbasside et sunnite (750-1258), etc.. A quel islam pense-t-on ? À l'islam originel et essentiel, c'est à dire coranique ? À l'islam vécu et pratiqué par les musulmans donc existentiel, cultuel ou sociologique ? À l'islam pensé par les philosophes, donc culturel et intellectuel ? À l'islam initié par les soufis, donc spirituel et mystique ? À l'islam fixé et systématisé par les juriconsultes ? Etc...

Admettons que pour la France la question soit posée à l'endroit des musulmans français. La présence musulmane en France ne date pas d'hier et elle est en grande partie due à l'arrivée de travailleurs en provenance des pays du sud durant les 30 glorieuses. Il ne s'agit donc pas d'une invasion comme certains le laissent à penser mais d'une installation pacifique qui trouve son origine dans l'économique et non le politique.

La génération de mes parents a connu une pratique essentiellement culturelle, transmise à partir du contexte du pays d'origine. Il s'agissait alors d'une pratique culturelle très minimaliste et pas véritablement pensée.

Dans les années 90 une génération qui a conscientisée (apport de l'école républicaine) son rapport au religieux en cherchant à développer leur pratique dans un contexte sécularisé et laïc. C'est ce qui a amené la fameuse question du port « foulard » à l'école, etc...

Depuis maintenant très peu d'années montent une nouvelle génération qui n'entend pas penser le rapport au religieux seulement à travers le prisme juridique (droit à la différence, liberté de conscience, etc..) travaille à un véritable « islam de France enraciné ». Il s'agit ici non seulement d'adopter une pratique qui épouse les contours normatifs du pays, mais qui prend en considération les mentalités, l'histoire, la culture, etc... Islam qui conserve les principes originels mais les exprime à travers les canaux culturels et sociaux français.

Pour prendre un exemple, je milite, à l'instar de Tareq Oubrou à Bordeaux, pour que l'architecture des mosquées soient édifiées en harmonie avec le paysage urbain de son environnement. Les mosquées édifiées en Chine sont des mosquées chinoise et non pas des mosquée arabes.

Ce travail de découplage entre le religieux et le culturel sera long et difficile. Mais ce travail est aujourd'hui à l'œuvre. Nous aurons en France, d'ici quelques générations, des français de confession musulmane, qui contribuerons à l'essor du pays dont ils seront tombés amoureux...

Pour revenir à la question du débat. J'y participerai si j'en ai l'occasion. Il s'agit d'une position de principe. Débattre, échanger, discuter, s'engueuler...Le tout est d'échanger.

Sur la loi de 1905 et sa portée

Merci Monsieur le Député-Maire de proposer un débat éclairé, dépassionné, voire dégagé des enjeux électoraux sur notre laïcité. Merci aussi pour votre appel à sa modernisation. Effectivement, la loi de 1905 a besoin d’être adaptée aux évolutions du monde, sans qu’il soit d’ailleurs nécessaire et encore moins bénéfique d’en remettre en cause les principes fondamentaux. Toilettée, cette loi l’a d’ailleurs déjà été plusieurs fois, certains articles devenus juridiquement ou administrativement obsolètes au fil des ans.

Je me demande si le législateur en 1905 fut aussi anticlérical que vous l’écrivez. Ni à l’article 2 « La République ne reconnaît et ne subventionne aucun culte » (cette non-reconnaissance signifiait qu’on sortait du concordat, régime des cultes « reconnus » et non pas qu’on ignorait le fait religieux), ni a fortiori à l’article 1, qui garantit la liberté du culte au point de prévoir que l’état paie des aumôniers dans les milieux fermés (armée, hôpitaux, prisons, etc) pour permettre à chacun d’y exercer sa religion !

Aristide Briand, rapporteur de la loi, a voulu à l’encontre de la politique très anti-cléricale d’Emile Combes, pacifier le débat (entre autres par la prise en charge parl’Etat ou les collectivités des frais d’entretien des édifices, comme vous le notez) et il y a réussi par une loi qui étendait finalement la liberté de culte, très encadrée voire contrôlée sous le concordat (voire quasi absente pour les cultes « non-reconnus » de l’époque, par exemple les Eglises protestantes baptistes).

J’aime bien cette définition de la laïcité par Dadou Kehl, président de la ligue de l’enseignement de Charente-Maritime (qu’on ne pourra pas suspecter de parti-pris clérical) : « la laïcité n’est pas une opinion mais la liberté d’en avoir une ». J’ajouterais : « … et de l’exprimer dans le respect de celle d’autrui » . A cet égard le culte, bien que « privé » (le mot ne se trouve pas dans la loi de 1905, ni l’adjectif « laïc » d’ailleurs !), c'est-à-dire relevant du choix individuel, s’exprime aussi dans l’espace public (l’adjectif revient plusieurs fois dans la loi, notamment au titre 5, portant sur la police des cultes qui précise bien que le culte est public, c'est-à-dire ouvert à tous) moyennant respect du cadre règlementaire.

Le fait que des joueurs de rugby prient sur la pelouse après le match, s’il ne provoque pas d’autre trouble que l’étonnement de certains supporters, ne contrevient donc pas plus à la laïcité qu’une procession le 15 août !

En vous remerciant encore d’ouvrir ce débat citoyen, je vous prie, M. le Député-Maire, d’agréer mes respectueuses salutations,

Christophe Desplanque (pasteur de l’Eglise Réformée d’Agen mais ces propos n’engagent que moi).

mon pays,mes islam

Pour que les choses soient claires:je suis catho,laïcarde,républicaine, et pas musulmane.Pourtant,l'islam fait partie de ma culture, de mon pays,de mon quotidien,de mon présent et de mon avenir.Donc,ce sujet me concerne,me touche,il conditionne mon quotidien,et j'estime avoir mon mot à dire. "-quoi? de quoi elle se mêle,cette femme?..."me dira-t-on. Mais oui, l'islam ou plutôt les islam,ce sont mes affaires.Je veux en connaître les règles de base, les préceptes,et savoir comment me comporter avec mes frères musulmans pour ne pas heurter leurs convictions. Ensuite,j'en ai assez de voir un peu chaque croyant de cette religion assaisonner à sa convenance tel ou tel précepte.J'ai souvent l'impression, que me confirment des musulmans d'un certain âge,hommes ou femmes d'expérience,que chez certains la soit-disant pratique religieuse est le prétexte à des comportements discutables,visant à se singulariser plus qu'à réellement exprimer une croyance religieuse.Ces musulmans et ces musulmanes assez âgés en sont les premiers blessés.Tout ce grand déballage médiatique et politique qui s'annonce, va encore nous faire rater l'occasion d'un échange de plus en plus nécessaire et constructif autour de nos islam.Je le regrette plus que je ne saurais le dire,ou l'écrire.
Les islam de France,c'est une réalité qui reste à construire.Les contours des pratiques selon les origines des familles et l'empreinte culturelle qui en découle,ne doivent pas masquer les questions de fond,au-delà des apparences.Je le crains,cette fois encore,on va nous resservir les épouvantails à moineaux (et autres drôles d'oiseaux) que sont le port du foulard,les prières dans les rues,la hauteur des minarets,l'appel éventuel à la prière (oups! on en n'est pas -encore- là! excusez moi, mais on y vient, vous verrez).Encore une fois,les vraies questions du sens que nous donnons les uns et les autres, musulmans, athées, croyants d'autres religions... les questions du sens vont passer à la trappe.
Personnellement, j'en ai soupé de ces épouvantails qu'on agite.Les questions en profondeurs sur le "comment vivre ensemble", le "dis moi ce que tu crois", le "quelles valeurs nous rassemblent", le "socle commun aux islam d'origines géographiques diverses" et le "socle commun aux islam de France et aux fondements de ses valeurs républicaines et autres", voilà autant de questions qui m'intéressent vraiment.
Deux exemples pour illustrer mon propos.Une voisine musulmane se demandait comment agir en conformité avec la loi coranique, quel comportement avoir en présence des hommes de la famille de son mari, à savoir son beau père,les beau frères, les neveux sans doute aussi. Cette question m'intéresse. Je ne suis pas musulmane, mais je déteste avoir l'air malpolie malgré moi, par ignorance de la bienséance telle qu'on la vit chez mes voisines.D'autre part, le jour où je suis invitée dans une famille musulmane, j'aime autant comprendre pourquoi telle ou tel est plus réservé avec tel autre...En outre,la question n'est pas que religieuse, tant il est vrai que le comportement qu'adopte telle ou telle femme ou tel homme, apparaît comme un modèle pour les enfants qui se construisent dans cette idée de ce qu'est le respect,la vie en société,etc. Dés lors, ces questions religieuses, il faut que nous les abordions pour trouver un consensus qui les rendent opérationnelles et utiles dans la vie commune, au quotidien. La tradition des commentateurs du Coran a t elle jamais fait autre chose?
La question du foulard et autres signes vestimentaires plus "voyants".Cette question me rappelle à chaque fois combien j'y vois mal.Quand une femme se présente devant moi la tête couverte, ou même drapée dans une large vêtement sombre qui flotte autour d'elle, ou encore en sari de couleurs chatoyantes et la tête voilée d'un même drapé que le corps...rien à faire: je vois moins le "costume", le vêtement; que celle qui le porte. Pour dire les choses autrement, la tenue, JE M'EN FOUS! Je ne vois que la femme qui le porte,et l'emballage, comme la couleur de peau, comme le choix que l'on pourrait faire de porter des plumes ou autre signe distinctif en parure, mais vraiment, honnêtement,ça change quoi? C'est la plus belle tartuferie de la décennie, me semble t il, ces histoires de tenues vestimentaires et soi-disant identitaires!
Pour tout dire,j'ai tellement de ressentiment à l'égard de cette malveillance,de cette malhonnêteté qui consiste à réduire nos soeurs musulmanes à n'être que des costumes ambulants, ou des porte-manteaux peut être, je trouve ce manque de respect pour leurs personnes si révoltant, que plus d'une fois, je suis à deux doigts de mettre un foulard, par solidarité avec elle. Si je ne le fais pas, -et ça me démange,je vous l'assure!- si je ne le fais pas, c'est uniquement pas respect pour le sens qu'elles donnent à cet attribut vestimentaire, et pour ne pas laisser croire à certaines d'entre elles que je me moquerais.
Mais aprés tout, dans cette république qui est NOTRE, mes islam m'autoriseraient peut être à porter occasionnellement l'une ou l'autre tenue...la république française m'y autorise, avec ses valeurs de liberté.
Pour ce qui est de l'égalité et de la fraternité, tout reste à faire. On s'y met?
J'appelle de mes voeux un débat d'initiative populaire, pour qu'ensemble nous débattions, loin de toute prise d'otage populiste, politicarde ou électoraliste, de ce qui nous rassemble, dont nos islam.
Une dernière chose, pour finir.Je me surveille comme le lait sur le feu pour ne pas verser même en apparence, dans le paternalisme,le regard bienveillant et condescendant envers nos frères musulmans. D'un autre côté je crois fermement que le danger nous guette tous de nous poser en victime aussi bien qu'en guerrier, tour à tour, dans une lutte ou un rapport de forces pour imposer nos vues, et surtout... conjurer nos peurs.
Un vieux monsieur musulman m'expliquait le seul ennemi commun qu'il nous faut combattre, et je le rejoins sans réserve: l'ignorance.
Je rejoins aussi Mohammed Fellah: nous avons le droit de nous engueuler, de nous enthousiasmer, de nous confronter autour de ces islam que nous voulons construire dés aujourd'hui. Nous n'avons pas le droit de le faire dans le mépris ou la condescendance. Ce serait indécent, malhonnête, menteur, et surtout, ce serait vouer à l'échec cette nécessaire entreprise, la construction de nos islam.
En tout cas, dés que se mettra en place un débat juste et populaire (pas populiste) sur ce sujet, on peut compter sur moi.
Nous avons besoin de tout le monde pour construire et vivre dans cette société, ici et maintenant. Un musulman ou une musulmane bien dans sa religion, bien dans sa peau, citoyen(ne) à part entière, c'est une chance pour nous tous. En tout cas pour moi, c'en est une.C'est valable pour tout les tenants d'une religion, d'un parti, d'une philosophie...Seulement le nombre et la visibilité des musulmans rend maintenant impérieux la construction d'un sens commun.

pourquoi ce remue ménage!!!!

je suis un peu (...) perdue dans tout ce qui me semble être en ce moment un déballage électoral....notre république est laique; la loi de 1905 est explicite; ma grand mère, elle m^me jeune institutrice à l'époque nous en a parlé, a nourri ses enfants, nous a nourris avec nombre d'anecdotes villageoises. la génération d'instituteurs dont elle faisait partie s'est battue.pour la faire vivre et l'imposer ; "honneur et gloire à l'école laique, où nous avons appris à penser librement, à défendre à chérir la grande république que nos pères jadis ont fait en combattant..." revoyons donc et en priorité notre système éducatif; , apprenons à nos enfants dans nos écoles ce principe premier : la laicité accepte toutes les religions , .....notre histoire récente fait qu'une nouvelle a rejoint la liste; acceptons là parmi les autres, donnons lui au même titre, les possibilités d'être pratiquée.dans la dignité..et le respect de l'autre.... notre pays n'admettra aucun débordement religieux.. restons égalitaires m^me dans dans la foi!.catholiques, protestants, juifs, musulmans et...non croyants, sachons nous respecter et sachons mettre de côté nos croyances propres,pour nous retrouver et résoudre ensemble les problèmes que connait notre pays actuellement; que nos politiques s'attellent à les résoudre et apprennent à rester neutres dans leurs discours plus que "prêcheux" ces derniers temps...qu'ils aient été élus ou non par eux, ils se sont engagés à représenter tous les français, la France ...et la LAICITE!!!alors, discuter de quoi et pourquoi si nous restons fermes sur nos principes????

"Has been?"...pas tant que ça!

M. le Député-Maire, Cher Ami,
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier d’avoir lancé ce sujet, qui pose une vraie question et qui a le mérite de faire participer- que l’on soit d’accord ou non sur la tenue de ce débat-.
Quand j’ai appris que se tiendrait un débat sur « la place de l’Islam en France », je me suis d’abord dit : « allez, c’est reparti…la place des Arabes en France, seconde édition !!! ». En effet, il me semblait qu’après le débat sur l’identité nationale et puis sur la burkha, tout le monde avait conclu que le fait religieux devait rester une pratique dans la sphère privée et non publique, non ? Et puis je me suis dit qu’au fond, si la question était de nouveau posée, c’est que des interrogations subsistaient peut-être, de part et d’autre.
En effet, comme vous le rappelez à juste titre, l'Islam est mal connu : il suscite donc naturellement questions et angoisses. Pour de nombreux Français, la pratique de l’Islam se résume à ne pas manger de porc, manger hallal, à ne pas boire d’alcool, au ramadan, à la circoncision, à la polygamie…faut bien avouer que vu sous cet angle de l’abstinence et de la souffrance, la vitrine n’est pas très attrayante ! Côté musulmans, les personnes avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger sur ce sujet (Français musulmans pratiquants « modérés ») se sentent jugées dans leurs pratiques religieuses et donc dans la manifestation personnelle de leur rapport au Divin. Elles y voient là une certaine intrusion dans leur sphère privée et aussi une certaine suspicion quant à leur intégration et à leur attachement à la France et à ses valeurs républicaines.
En tout cas, d’un côté comme de l’autre, beaucoup de représentations et de préjugés existent dans les inconscients collectifs. Imposer ce débat à un moment inopportun peut favoriser voire accentuer les incompréhensions entre communautés et peut même participer ainsi à la montée des intégrismes religieux et politiques : or, n’est-ce pas précisément là le principal combat que nous ne devons surtout pas perdre de vue au nom de notre Liberté chérie ?
Je pense que la question est plus complexe qu’elle n’y paraît car elle interroge au fond la place de la Diversité en France, qui est elle-même en pleine mutation. Elle mérite donc d’être abordée avec sérénité, sagesse et humilité, en convoquant des champs pluridisciplinaires tels que la théologie, l’histoire, la sociologie, la psychologie, la philosophie, le droit, la politique, etc… et ne doit absolument pas être débattue sous un seul prisme ou une seule grille de lecture car cela fausserait considérablement le débat.
Je crois donc que vous avez raison de ne pas participer, aujourd’hui, à ce débat, auquel je suis sûre vous aurez tellement à nous dire quand le moment sera venu.
A très bientôt, Inchallah :-)
Baya KHERKHACH

mon pays,nos islam

Dans un premier message j'ai voulu souligner que les différentes formes de l'islam ne peuvent être appropriées ni annexées par un groupe, une minorité, une communauté, etc. mais que ce fait religieux parmi d'autres, est notre bien commun.Et pas un bien commun vague, anonyme, mais dont je me sens personnellement le garant,et auquel je suis attachée.
Je viens de relire les diverses contributions.En particulier celles de Baya KHERKHACH et Mohamed FELLAH. Le désir voir le besoin d'un échange, le partage des connaissances,des points de vue, mais aussi les craintes réelles de dérive, je les partage sans réserve.
En particulier,je comprends sincèrement ceux des musulmans qui craignent qu'un débat réducteur ne leur resserve les éternels clichés, sur les arabes et leur place en France. Quand Baya Kherkhach relaie cette exclamation "Allez, c'est reparti... la place des Arabes en France,2de édition!", je comprends et partage vraiment ce sentiment. Et pourtant,là encore je ressens avec la même force le besoin de rappeler que musulman ne coïncide pas forcément avec Arabe.On oublie encore tout l'éventail des origines culturelles des pratiquants musulmans. Quid des musulmans français nés de parents pakistanais? De ceux arrivés depuis peu des îles de l'océan indien? Quid des musulmans de Guinée Bissau? Et les musulmans des Balkans, des ex-républiques socialistes,de l'ex-Yougoslavie,etc? Et je ne parle que de visages de l'islam que je connais, je parle de personnes concrètes que je côtoie, avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger. Pour tous ceux-là, la place des Arabes en France, c'est pas le débat, je crois. Les islam, si, peut être, sous condition disons.
Et là je rejoins Baya Kherkhach sur les écueils qui risquent de "tuer dans l'oeuf" les échanges.Le sentiment d'être jugées dans ses pratiques religieuses, dans la manifestation personnelle de son rapport au divin que certaines personnes peuvent ressentir: je comprends,et je détesterais participer ainsi à une sorte de "viol des consciences" ou de mise en demeure de s'expliquer pour des musulmans.
Mais pour se garantir contre tout jugement, doit on s'interdire de comprendre? Peut être que tout est dans la nuance, et justement, je crois que pour se prémunir contre tout jugement, on pourrait mettre en place les conditions préalables, des formes du débat qui d'emblée encadrent et interdisent tout jugement de valeur,et toute mise en cause ou attaque personnelle. A mon avis, on peut se donner les moyens d'éviter ce risque.
"Imposer ce débat peut favoriser voire accentuer les incompréhensions entre communautés et peut même participer ainsi à la montée des intégrismes religieux et politiques": entièrement d'accord aussi sur ce risque en cas de débat. Mais aussi convaincue que l'absence d'échange n'empêche pas cette montée. Pour en sortir, je crois qu'il faut un débat ou plutôt un échange en groupe dont le nombre de participants ne dépasse pas une douzaine. Pour que chacun puisse s'exprimer tour à tour, il me semble aussi nécessaire de respecter le temps de parole de chacun, et aussi d'aider ceux dont la pratique du français serait malaisée à formuler leurs idées, pour que la parole de chacun puisse compter de façon égale, être entendue.
En me posant ces questions, je me rends compte que s'impose naturellement à moi, l'idée d'un débat entre citoyens, un échange non entre des spécialistes ou des responsables, mais bien entre des citoyens sans profil particulier. Un peu comme moi, quoi, des "madame et monsieur tout le monde. C'est vrai qu'un grand débat public, où les idéologies politiques et autres querelles d'égo entre responsables politiques, religieux, laïcs ou autres, je n'en attends rien. Rien de nouveau disons.Les enjeux démagogiques de tels débats, je m'en suis comme beaucoup depuis longtemps lassée.
Par contre c'est vrai que j'aimerais, sur la base du volontariat, qu'entre citoyens nous puissions en petits groupes nous rencontrer à épisodes réguliers, pour échanger sur une meilleure connaissance de nos islam, un certain nombre de questions autour desquelles j'ai besoin d'en finir avec les clichés, l'ignorance, la confusion.Des questions sur lesquelles nous rencontrer,sans du tout aller violer la sphère du privé, il y en a quelques unes, et je connais même des musulmans qui seraient surement preneurs pour résoudre des cas concrets du quotidien, tout concilier.
Chaque fois que je pense à ces questions, je revois une musulmane que j'appréciais pour... sa cuisine! Elle tenait un restaurant qui lui ressemblait, comme elle libanais. Je me souviens des moments où je passais derrière le comptoir qui donnait sur la rue, pour recevoir quelques minutes les clients, le temps pour elle de prier. Elle mettait sa chaise verte pliante dans le bon angle de la salle du restaurant, et déroulait tranquillement son tapis. Après, elle relevait le rideau qu'on avait tiré, repassait derrière le comptoir, la vie suivait son cours. Tranquille... Pas de discussion enflammée, de donneur de leçon, rien que l'ordinaire et le quotidien de nos vies. Des jeunes passaient souvent discuter avec elle. De jeunes musulman(e)s, qui savaient trouver un conseil éclairé auprès de cette femme de sagesse. Elle savait en peu de mots les conseiller, elle refusait de se répéter, quand un jeune reposait sa question c'est elle qui lui faisait reformuler ce qu'elle venait de lui dire, et lui servait un "tu n'avais qu'à m'écouter, tu reviendras quand tu sauras écouter" quand elle voyait son auditeur pas très réceptif.Il n'y avait pas que des jeunes musulmans à défiler dans le restaurant, il n'y avait pas que des jeunes... Moi, je buvais son thé comme ses paroles , j'appréciais la saveur de sa cuisine autant que celle de ses mots. J'ai appris d'elle que pour une femme, être voilée et musulmane ne signifie pas forcément, mais vraiment pas, s'inférioriser, ou se retrancher, se cacher derrière une apparence ni s'effacer. Pourquoi d'ailleurs l'aurait elle fait? Chef d'entreprise, éducatrice hors pair, référence pour tout le quartier, sachant se faire respecter, pas peur de grand chose... un islam tranquillement assumé. On en parlait, elle m'expliquait ce que je peinais à comprendre.Ne pourrait on continuer?
Si se mettait en place donc un groupe de citoyens désireux d'échanger autour des questions pour mieux connaître les islam, je suis volontaire. A suivre?

remerciements

Merci, pour avoir suscité ces commentaires.

Merci pour les différents intervenants, notamment valérie.

Pourquoi ne pouvons nous trouver ces réflexions portées par ceux qui nous représentent en tant que citoyen français ou/et pratiquants d'une spiritualité.

Je suis devenu musulman, par choix intellectuel et spirituel.

J'y ai trouvé un équilibre difficile à maintenir entre réflexion, apprentissage d'une spiritualité au départ étrangère et goût pour tous ce qui fait notre humanité à tous.

Je ne peux que constater que nombre d'entre les intervenants au niveau national ne veulent que détruire cet équilibre.

Et cela m'attriste profondément.

Salam alaykum . La paix soit avec vous tous.

Simplement.

Marc/Mahedi

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