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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

« Communes attaquées, République menacée »... Vraiment ?

Publication : 27/11/2023  |  10:05  |  Auteur : Webmaster

Comme beaucoup de mes collègues maires, je reviens du dernier Congrès des Maires. Comme beaucoup aussi, j’y vais avec des motivations multiples : faire ma liste de courses en matière d’innovations territoriales que ce soit pour les services ou les produits, en profiter pour rencontrer ministres et conseillers techniques pour les différents dossiers de la Ville d’Agen… et prendre l’air du temps dans la famille que forment les 35 000 maires de France .

Cette famille a une voix, une représentation forte et respectée : c’est notre Association des Maires de France, présidée par David Lisnard, Maire de Cannes. Il vient d’ailleurs d’être réélu en tant que Président national avec une équipe d’union rassemblant toutes les sensibilités politiques. Je profite de mon blog pour le féliciter et pour lui souhaiter bonne chance pour son prochain mandat.

Voilà pour les bonnes (et sincères) paroles. Parce que pour le reste, je ne me suis pas retrouvé dans la tonalité donnée par l’AMF à ce congrès avec ce slogan défensif : « Communes attaquées, république menacée ».

Deux réalités de la vie municipale ont été mises en avant par l’AMF en préparation de ce congrès (source AMF CEVIPOF, « les maires engagés, mais empêchés ») :

1. La montée de la violence contre les élus

« Selon les données du ministère de l’Intérieur, les agressions contre les élus, essentiellement les maires, ont augmenté de 32 % entre 2021 et 2022 (soit 2265 plaintes et signalements). Dans ce contexte anxiogène, les maires interrogés déclarent à 69 % avoir déjà été victimes d’incivilités (impolitesse, agressivité), soit 16 points de plus par rapport à 2020. Ils sont 39 % à avoir subi des injures et insultes (+ 10 points par rapport à 2020) ou encore à avoir été attaqués ou menacés à 27% sur les réseaux sociaux (+ 7 points). Comme l’an passé, 12 % des maires reconnaissent que leur entourage familial a également subi les mêmes comportements violents. En mesurant pour la première fois cette année le sentiment d’insécurité des maires, il ressort que 15 % des élus ressentent un sentiment d’insécurité, soit un niveau légèrement supérieur à celui des Français en général (11 %, selon l’enquête “Cadre de vie et sécurité” de l’INSEE). »

2. Les démissions de maire

« Le nombre de démissions s’établit à environ 1 300 depuis le mois de juin 2020, soit un rythme de 450 démissions par an (contre 350/an au cours de la précédente mandature). Parmi les pistes évoquées pour éviter une crise de vocation, les maires citent les quatre mesures suivantes : augmenter l’indemnité des élus (20 %), créer un fonds financé par l’État pour aider les communes à financer les dépenses relatives aux conditions d’exercice des mandats locaux (16 %), augmenter la compensation pour perte de revenus (14 %), renforcer et élargir la dotation particulière pour les élus locaux (13,5 %). »

Ces deux constats sont importants, mais ils appellent, de ma part, des commentaires qui les rééquilibrent :

  1. La sécurité des élus doit bien sûr être la priorité de l’Etat. Elle a pu être défaillante dans les cas de violences extrêmes (contre nos collègues maires de saint-Brévin et de L’Hay les Roses. Mais, il faut le dire, l’Etat s’est mobilisé sur ce sujet, que ce soit au niveau de la Police/Gendarmerie ou de la Justice. A chaque occasion d’incivilité contre nous, nous avons été invités à signaler, à démarrer une procédure judiciaire (plainte, etc…) et nous l’avons fait, ce qui peut expliquer l’augmentation des incivilités enregistrées contre les élus.

     
  2. Les démissions de Maire : là, il faut être sérieux. 450 démissions par an sur un total de 35000 maires, cela fait un taux de démission de 1,2% par an. Mais, à un niveau aussi faible, où est le problème ? dans l’augmentation de 350 par an à 450 par an ? mais nous sommes devant un phénomène sociétal qui touche un bon nombre de professions depuis la crise si violente du COVID. Demandez aux Maires eux-mêmes ce qui se passe sur des métiers aussi divers qu’infirmière hospitalière ou pour le personnel de la petite enfance……

Et puis, si vraiment on est inquiet sur les vocations de maire, ce qui n’est pas mon cas, alors il faut quitter ce discours geignard et être à la fois plus positif et plus mordants pour des revendications mieux ciblées.

D’abord être plus positif. Si nous voulons des candidats, commençons à faire la promotion du mandat de maire et de conseiller municipal. Oui, c’est passionnant de gérer son village ou sa ville. Je veux en porter le témoignage. Être maire de la ville qui m’a vu naître, m’a plus passionné que toutes les autres responsabilités de cadre dans le privé, de responsable politique et associatif ou même de parlementaire que j’ai pu assumées dans mon parcours de vie.  J’en fais donc une publicité active, notamment auprès des jeunes élus, et j’aimerais que notre AMF en fasse autant.

Ensuite, être plus précis dans nos revendications ciblées.

Oui, il y a un problème d’indemnités des maires. Je ne parle pas pour moi. Je m’en sors correctement avec le cumul des mandats (ville, intercommunalité et région). Je parle pour mes collègues qui travaillent en moyenne 32 heures par semaine dans leur mairie pour des indemnités bien souvent entre le tiers et la moitié du salaire de leur Directeur général des services.

Oui, il faut à la fois décentraliser et déconcentrer pour aboutir au renforcement des pouvoirs du couple Préfet-Maire (lire ma chronique post-covid sur la relation maire-préfet http://jeandionis.com/blog/maires-prefet-relation-avenir-si ). J’ai entendu, Mercredi soir, le Président de la République, Emmanuel Macron, dire, devant les maires qu’il recevait à l’Elysée, sa détermination à aller fortement dans ce sens. Et bien, rendez-vous l’an prochain au 106ème Congrès des Maires, pour voir s’il s’est mis en marche…   

Un maire est à portée d’enguelade, comme l’a si bien dit le Président du Sénat, Gérard Larcher. C’est une des raisons de sa popularité. Mais, il reçoit aussi beaucoup de marques d’affection de ses concitoyens très conscients de la difficulté de la tâche et de son utilité sociale.

Allez ! En avant les maires, ……et vive la vie municipale ! 

@+

Jean Dionis

Maire d’Agen

 

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