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24/10/05 - Jean DIONIS intervient au Conseil Régional sur la LGV Bordeaux-Toulouse

Publication : 25/10/2005  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Monsieur le Président,
Chers Collègues,

Le débat qui nous occupe aujourd’hui est, comme chacun le voit bien, un débat majeur en termes d’aménagement du territoire.
Pour ma part, j’irai même plus loin : sans employer de mots trop forts, c’est en réalité un débat sur l’essence même de l’Aquitaine, son identité, sa définition. Et de la réponse que nous donnons à cette question, découlent les choix que nous allons faire en matière de préparation de l’avenir, de développement, notamment au moyen de nos infrastructures de transport.
Dans ce débat, chacun a non seulement le droit mais même le devoir, de se prononcer et de s’exprimer en fonction des deux seuls critères qui comptent, et qui sont à égalité de légitimité et de respectabilité :
- l’intérêt du territoire que chacun d’entre nous représente ici ;
- l’intérêt régional de l’Aquitaine.

C’est la raison pour laquelle j’interviendrai en respectant ces deux approches. La conséquence en est que ce débat ne peut bien évidemment être abordé selon le schéma classique de nos appartenances partisanes respectives. Nous sommes là dans un domaine ou l’appartenance territoriale est naturellement déterminante, ce qui m’amènera à m’exprimer à titre personnel mais en m’appuyant sur la quasi-unanimité (38 voix sur 40) qui s’est manifestée il y a quelques jours au Conseil Général de Lot-et-Garonne, toutes sensibilités confondues. De la même façon, s’exprimeront mes amis du groupe UDF, en particulier Jean-Jacques LASSERRE et Pierre MENJUCQ.

En premier lieu, je ne crois pas utile de revenir sur le contenu du projet d’avis que vous nous proposez. Vous l’avez présenté en détail. Nous l’avons lu attentivement. Résumons en quelques mots votre position, dont je remarque l’évolution par rapport à des périodes encore récentes où vous vous en teniez, au moins publiquement, à une position plus équilibrée. Je me souviens en effet du temps où vous défendiez, aux côtés de Martin MALVY, la simultanéité des deux chantiers. Vous avez changé d’avis puisque votre position aujourd’hui, c’est : oui à la LGV Bordeaux-Toulouse sur le principe mais en lui donnant un caractère secondaire ou subsidiaire par rapport au projet Bordeaux-Hendaye, ce qui équivaut de facto à un « non » ou à un « oui mais on verra plus tard ». Plus tard, on le sait, cela veut dire au minimum dans quinze ans.

Monsieur le Président, je ne vous surprendrai pas en vous disant que cette position n’est pas la mienne, comme élu régional issu du Lot-et-Garonne, mais surtout qu’elle n’est pas celle de l’immense majorité du Lot-et-Garonne, ce qui est beaucoup plus important. Je dis « immense majorité » car il existe quelques rares exceptions, très isolées mais respectables comme mon collègue Guy SAINT-MARTIN qui, tel le dernier des Mohicans, défend encore la solution pendulaire, malgré le flot des études qui, les unes après les autres, rejettent cette solution.

Pour ma part, ma position est simple. Elle est le produit d’une réflexion qui est autant aquitaine que lot-et-garonnaise :
- oui à la LGV Bordeaux-Toulouse desservant Agen ;
- oui à l’option sud du tracé par Captieux avec un tronc commun Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Hendaye, puis, au-delà de Captieux, en suivant le tracé de l’A 62 ;
- oui au même niveau de priorité et à la simultanéité entre Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Hendaye.

Oui à la LGV Bordeaux-Toulouse parce qu’elle se situe dans la logique de la décision – historique pour le Lot-et-Garonne – du CIADT du 13 décembre 2003 qui inscrit Bordeaux-Toulouse dans le réseau LGV français et européen parce qu’elle consacre le principe d’une liaison Paris-Toulouse par Bordeaux – donc égalelment par Agen – et non par le Massif Central. C’est une chance historique pour l’Aquitaine. Il faut être aveugle pour ne pas le voir !
Oui au tronc commun par Captieux parce qu’il mutualise les dépenses des deux projets sur un tronçon important. Oui au tracé de l’A 62 parce qu’il minimise les nuisances environnementales.
Oui à la simultanéité entre Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Hendaye parce que l’Aquitaine n’est pas réductible à un seul axe et j’en viens aux deux enjeux fondamentaux de ce débat : la notion d’équité territoriale et celle de stratégie de développement.

L’Aquitaine de l’intérieur, celle de la Dordogne, du Lot-et-Garonne, mais aussi d’une large part des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et même de la Gironde, celle appelée parfois avec une pointe de condescendance arrière pays, ne peut pas être, parce qu’elle est loin, parce qu’elle est moins peuplée, peut-être aussi parce qu’elle sait moins se faire entendre, l’éternelle oubliée des politiques régionales. Il ne peut pas y avoir une Aquitaine chouchoutée et une Aquitaine de seconde zone ou alors c’est la négation même de toute politique d’aménagement du territoire.
Je vous citais ce matin, en emboîtant le pas à notre collègue Jean-Louis CARRERE, les chiffres de répartition du FEDER. Je ne vais pas les reprendre mais je constate qu’ils relèvent de la même logique.
Plus fondamentalement, imaginez la gifle que représente, pour Agen et le Lot-et-Garonne, votre délibération qui affirme une priorité absolue sur la LGV Sud Europe Atlantique. Comme joueur de rugby pendant de longues années et ayant appris qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir, y compris les gifles. C’est une première raison pour laquelle je voterai contre votre projet d’avis.

Mais surtout – et je voudrais insister sur ce point – ce n’est pas qu’une affaire de justice et d’équité par rapport à l’Aquitaine de l’intérieur mais c’est également et avant tout une affaire de stratégie de développement pour toute l’Aquitaine. Il s’agit de faire faire à l’Aquitaine les bons choix qui engagent son avenir. C’est ce que vous avez parfaitement réussi, Monsieur le Président, en portant avec force et efficacité le dossier d’Aerospace Valley pour obtenir sa reconnaissance comme pôle de compétitivité. Ne retrouvez pas les rigidités psychologiques qui ont fait tourner le dos de Bordeaux à Toulouse, de l’Aquitaine à Midi-Pyrénées et qui ont fait tant de mal à Bordeaux et à l’Aquitaine.

Ne sacrifiez pas la relation Bordeaux-Toulouse, que consacre précisément Aerospace Valley, à une vision unidimensionnelle de l’Aquitaine. L’Aquitaine ne peut et ne pourra jamais se résumer à la relation CUB / BAB. Elle passe aussi par un axe fort avec Midi-Pyrénées, en direction de Toulouse, la Catalogne, la Méditerranée, le Sud-Est de la France, mais aussi à des axes comme Bayonne-Pau-Toulouse ou Bordeaux-Périgueux-Lyon.

Je ne souhaite en aucun cas entrer dans le petit jeu – qui me paraît très dangereux pour la cohésion de l’Aquitaine – consistant à jouer un dossier contre l’autre, donc finalement à monter une partie de l’Aquitaine contre l’autre. Laissez-moi cependant souligner les failles d’un raisonnement qui part :
1°) de l’existence d’un mur de camions sur la RN 10… Vrai ! Personne ne le conteste.
2°) au fait que le chantier TGV Sud Europe Atlantique libérerait une deuxième emprise pour le fret… Vrai encore !
3°) à la conclusion – avec un saut quantique périlleux – que cela suffira à convaincre le monde du transport européen de basculer vers le fret ferroviaire. C’est gentiment optimiste et cela permet de faire l’économie de plusieurs débats gênants :
- pourquoi la RN 10 n’est-elle pas une autoroute ?
- pourquoi la Langon-Pau est-elle tellement en retard ?
- à quand un troisième franchissement routier et ferroviaire des Pyrénées ?
N’allez pas faire croire aux Aquitains que la réalisation du TGV Sud Europe Atlantique et ferait disparaître les camions de la RN 10. Ce n’est pas vrai !

Je suis donc convaincu que ce projet d’avis est aussi – et surtout – une erreur pour l’Aquitaine, une erreur lourde de conséquences pour les Aquitains. Je le rappelle : il n’y a pas de prospérité aquitaine sans une relation forte avec Toulouse et Midi-Pyrénées.

Monsieur le Président, Chers Collègues, vous l’avez compris, je le redis : je voterai contre ce projet d’avis.

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