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23/07/08 - Le discours de Jean Dionis lors de la cérémonie commémorative des combats de la Vallée de la Gueyze dimanche 20 juillet 2008

Publication : 23/07/2008  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis


Monsieur l’adjoint au chef de la délégation départementale de l’Armée (M. le Lieutenant-Colonel Léonard),
Monsieur le Général Céroni,
Monsieur le Président du Mémorial (Monsieur Charles),
Madame la Sous-Préfette de Nérac,
Monsieur le Sénateur honoraire (M. Sucaret),
Monsieur le Vice-Président du conseil général (M. Bataille),
Monsieur le Conseiller Général du Canton de Francescas (M.Lussagnet),
Monsieur le Conseiller Général du Canton de Nérac (M. Lacombe),
Monsieur le Maire,




Je suis particulièrement ému d’être présent à vos côtés pour commémorer les combats de la vallée de la Gueyze.

Ce mémorial est là pour nous rappeler, à nous comme à nos enfants et petits-enfants, qu’ici des hommes luttèrent contre la barbarie et agirent en héros pour sauvegarder les idéaux de liberté, égalité et fraternité qui symbolisent notre République française.

Comme l’a dit le célèbre philosophe Paul Ricoeur, « Quand on parle du passé, soit on oublie, soit on rabâche ». Parce que je suis convaincu que l’oubli des moments sombres de l’Histoire de notre pays est le pire des écueils, je pense qu’il est important de rappeler ce qui s’est passé précisément dans cette vallée durant l’été 1944.

C’est effectivement dans cette vallée que le 22 juillet 1944 se sont déroulés de terribles affrontements entre l’Armée allemande et les Résistants du Bataillon Néracais et du Bataillon d’Armagnac.

Rappelons que, dès 1940, avait été crée un premier berceau de résistance à Nérac.

C’est Paul Charles, « Gueule Cassée » de 1914-1918, Responsable du Mouvement Combat de la zone Sud Garonne, qui regroupait l’arrondissement de Nérac et le canton de Port Sainte Marie) et chef de l’Armée secrète dans cette zone, qui lance en 1943 les bases du Bataillon néracais.

Je tiens ici à rendre hommage à ce héros qui fut arrêté par la gestapo le 14 décembre 1943 et périt en déportation.

Mobilisé le 6 juin 1944, le bataillon néracais, la seule unité de résistance de Lot et Garonne à posséder une structure militaire, installe son quartier général au château de Masse à Gueyze.

Dès le 15 juillet 1944, une colonne de la Wehrmacht venant de Mont de Marsan investit Sos pour une démonstration de force sur les populations. Trois Résistants faits prisonniers sont pendus.

Une semaine plus tard, en début d’après-midi, les Allemands, qui étaient installés près de Gueyze dans la vallée depuis le 20 juillet et avaient subi plusieurs accrochages avec les Résistants du maquis lot et garonnais, lancent en guise de représailles une attaque au canon et à la mitrailleuse en direction du château de Masse.

Des combats se déroulent sur le plateau, sur la rive gauche de la Gueyze, juste en face de ce Mémorial.

Le bataillon néracais, soutenu par le bataillon Armagnac, dont une compagnie stationne à quelques kilomètres, est obligé d’évacuer le château de Masse devant la poussée des forces de la Wehrmacht.

Les Allemands incendient onze maisons et le château sur le rive droite, et trois autres maisons sur la rive droite de la Gueyze.

Ces faits tragiques ne doivent surtout pas tomber dans l’oubli, et c’est précisément pour honorer la mémoire des ces héros de la Résistance lot et garonnaise que nous sommes tous ici rassemblés en cette matinée de juillet.

68 ans après ces événements, chacun doit se souvenir que, malgré ce soleil qui illumine aujourd’hui la vallée, une immense zone d’ombre de l’histoire de France s’est écrite à cet endroit en ce 22 juillet 1944.

Les combats de la vallée de la Gueyze resteront l’affrontement le plus important entre les Force Française Indépendante (FFI) et l’Armée allemande en Lot et Garonne.

Parce qu’à l’oubli succède l’indifférence et la possibilité de la négation, ce Mémorial doit servir à enseigner aux jeunes générations cette zone sombre de l’histoire du Lot et Garonne et de l’Histoire de France afin que la transmission de la mémoire de ces événements puisse se faire.

Comme l’a dit très justement Benjamin Franlin, «Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends. » Ne nous contentons donc pas de parler de ces événements, enseignons cette Histoire à nos enfants et impliquons-les dans ce passé commun !


Ne pas oublier, c’est faire en sorte que de tels massacres ne se reproduisent plus. Je pense ici bien sûr aux combats qui se sont déroulés à l’endroit même où nous nous trouvons ce matin, mais je pense aussi plus généralement à toutes les horreurs des différentes guerres qui jalonnent l’Histoire de France.

Mais, malheureusement, aujourd’hui encore, on se bat un peu partout dans le monde pour des causes politiques ou religieuses, et ce sont, pour l’essentiel, les civils qui subissent ces déchirements.

Ingrid Bétancourt, libérée récemment, a été là ces dernières années pour nous rappeler la cruauté des FARCS en Colombie et nous empêcher de tomber dans l’indifférence vis-à-vis de ces conflits locaux particulièrement meurtriers et injustes.

Permettez-moi de citer Lucie Aubrac, l’une des grandes figures de la Résistance, qui a prononcé ces mots si importants à mes yeux : « Le mot résistance doit toujours se conjuguer au présent ».


Alors, mes amis, ne fermons pas les yeux et n’oublions pas !


Je vous remercie.

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