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22/09/04 - Spécial Crise Fruits et Légumes en Lot-et-Garonne - Interview de Jean Dionis

Publication : 24/09/2004  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

1.Causes et conséquences de cette crise exceptionnelle qui a touché de plein fouet notre département ?

Les origines de cette crise sont à la fois conjoncturelles et structurelles. En premier lieu, ce sont des prix au détail élevés qui ont découragé la consommation alors que les prix d’achat étaient déjà bas. Ce recul se manifeste essentiellement sur la tomate (-11%), le melon (-6%) ou encore la pêche-nectarine (-7%).
Ces prix bas et difficultés s’expliquent par des importations déréglementées (tomate espagnole et marocaine en début de saison ou entrées de marchandises d’origine belge, hollandaise, polonaise ou turque en mai-juin) entraînant une forte pression à des prix de « dumping ».
D’autres facteurs importants comme des charges exorbitantes pesant sur les producteurs ou la grande liberté laissée à la grande distribution ont alimenté cette crise.
Chez nous en Lot-et-Garonne et notamment en Albret, nos producteurs ont été touchés comme jamais auparavant. Rendez-vous compte : les exploitants de tomate du Néracais ont perdu jusqu’à 90 000€ en résultat net pour un hectare ! C’est donc une grande partie de la filière et derrière, tout un pan de notre économie départementale qui est au bord du KO.

2.Quels sont les remèdes ? Quel plan d’action selon vous doit-il être mis en place ?

De nombreux acteurs de cette filière et de responsables syndicaux qui sont mobilisés au quotidien et avec qui je travaille en étroite collaboration, en sont aujourd’hui à se demander s’il existe vraiment, en France et en Lot-et-Garonne, une volonté de conserver notre agriculture de production. Mon sentiment est que si nous n’avons pas, à tous les niveaux, la priorité de favoriser la production européenne, alors s’imposera à moyen terme un modèle économique où la majorité de la production, pour être caricatural, se fera en Chine et en Asie du Sud-est et que seuls subsisteront en Europe les secteurs de la distribution. Une telle perspective serait catastrophique pour l’emploi. Nous devons donc commencer une « croisade » en faveur de la production européenne.

Il faut travailler en urgence, en partenariat avec l’ensemble des organisations syndicales et de parlementaires, sur un plan d’action basé sur 4 axes :

1 - Agir en faveur d’un accompagnement social des agriculteurs qui veulent ou doivent arrêter leurs activités dans le secteur fruits et légumes (échelonnement des dettes, accessibilité aux dispositifs sociaux, etc.)

2 - Réaliser un plan d’actions trésorerie pour permettre aux agriculteurs qui souhaitent poursuivre leurs activités (échelonnement des dettes sociales, des emprunts, accès aux crédits à taux 0 et surtout aides aux agriculteurs pour fournir les garanties bancaires nécessaires)

3 - Mettre en place un dispositif national d’allègement des charges salariales et fiscales pour placer la France en position favorable et compétitive au niveau européen. Ce dernier point implique l’ouverture des accès à la main d’œuvre des pays voisins avec des coûts aménagés sans pour autant se limiter aux saisonniers et en incluant les permanents.

4 - Enfin, il nous faut agir en faveur d’un nouveau partage des marges entre les secteurs de production et de distribution. Cela passe par la mise en place de quotas et d’un calendrier d’importation des pays tiers hors Union européenne. Cela passe par des moyens de contrôle mieux adaptés à la complexité et à la vitesse du secteur fruits et légumes. Des propositions sont déjà sur la table : création de groupements d’intervention rapides de la concurrence au sein de la DGCCRF, spécialisation d’un tribunal en droit de la concurrence, obligation de publier les condamnations… L’Observatoire des prix et des marges créé par la loi NRE doit sortir de la confidentialité dans lequel son rôle actuel la confine et devenir, pourquoi pas, une véritable instance de médiation entre les producteurs, fournisseurs et revendeurs. Cela passe enfin par la mise en place de nouveaux mécanismes de prix grâce à un coefficient multiplicateur maîtrisé.


3.De quels moyens disposez-vous en tant que député ?

Cette crise a une importante dimension législative et j’ai d’ores et déjà entamé un important travail parlementaire.

Mon action portera principalement sur le budget Agriculture lors des discussions à l’Assemblée sur le projet de loi de finances pour 2005.

En outre, j’appartiens avec mon collègue Alain Merly depuis le début de mon mandat au Groupe d’Etudes Fruits et Légumes de l’Assemblée dont je suis le Vice-président. Nous comptons évidemment nous impliquer fortement au sein de ce groupe pour aider à la réalisation de notre plan d’actions.

Enfin, comme je l’ai dis précédemment, le problème d’un nouveau partage des marges entre la production et la distribution est urgent et prioritaire. A ce titre, un des moyens de contrôle sur ce partage et sur la fixation des prix mis à la disposition des députés est la commission d’enquête parlementaire. J’appelle de mes vœux la mise en place d’une telle commission.

J’ai dès le début de mon mandat fait de la promotion du secteur fruits et légumes une des priorités de mon action de député. Plus que jamais – et la violence de cette crise n’a fait que renforcer mes convictions – je suis mobilisé en permanence sur ce sujet.

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