21/07 : Israël
Ce cinquième jour était construit comme un jour de transition, celle de notre montée d’Arad à Jérusalem.
Mais il commença par un moment magique. J’avais en effet lu dans la documentation sur Arad qu’il était possible de faire du mountain bike dans le désert et me voilà donc suggérer au maire, Nisan, que nous pourrions en faire.
Aussitôt dit, aussitôt mis en musique. Et voilà, Nisan venir nous (Alain, Nicolas et moi) prendre à 6h45 à notre hôtel pour nous embarquer dans le désert. Là, nous avons retrouvé deux jeunes Israéliens, dont l’entreprise de tourisme consiste justement à organiser ces balades dans le désert en mountain bike.
Et oui, ce fut un moment magique, magique par cette alchimie entre une température matinale qui est encore agréable, des paysages somptueux et un effort physique qui comprend à la fois des montées assez sélectives mais surtout des descentes - nous allons vers la mer Morte - où le jeu et l’enjeu sont surtout d’éviter les fameux « cailloux du désert ». Tout se passa bien … Mes camarades de virée et moi garderons longtemps dans nos cœur ce moment d’exception.
Puis, après un dernier moment d’amitié autour d’une dégustation de ces fameux nouveaux vins du Néguev et des Monts de Judée, vint le moment des adieux avec nos amis d’Arad. Le moment de dire merci à Nisan - le Maire - mais aussi à Yara sa Directrice de Cabinet et à toute son équipe à la fois très professionnelle et très chaleureuse : Ila, Myriam, Flori, Shani, David, Philippe, …
Nous nous sommes promis de donner une suite à ce voyage qui était un pari après un premier contact réussi en Allemagne. Nous tiendrons parole. Nous bâtirons une relation forte et durable avec Arad. Je profiterai du Conseil municipal de septembre pour rendre compte de manière détaillée de ce voyage à nos collègues et pour leur faire une proposition d’ensemble sur cette perspective.
Après des effusions de départ très sincères, à nous deux, Jérusalem ! Bien que ce soit mon troisième rendez-vous avec la Ville Sainte, j’étais profondément ému à l’idée de la retrouver. Nous avons commencé notre séjour à Jérusalem par le consulat général de France et par celui qui en a la responsabilité, notre consul général, René Troccaz
Celui-ci fait part à notre égard d’une grande disponibilité et selon notre souhait, il nous consacre plus d’1h30 pour nous enseigner sur l’histoire et les perspectives du conflit et de la coexistence entre Israël et les Palestiniens.
Il commença par l’actualité, le court terme. Pour lui, à court terme, Israël est fort et contrôle la situation qui de fait n’a pas évolué depuis les derniers accords internationaux d’Oslo (1993). Or, à moyen et long terme, le temps joue contre Israël, compte-tenu notamment des dynamiques démographiques à l’œuvre dans cette région du monde.
15 millions de personnes vivent aujourd’hui dans les limites de l’Etat d’Israël après la Guerre des six jours (1967), 9 millions d’Israéliens dont 2 millions d’arabes israéliens et 5 millions de palestiniens vivant en Cisjordanie. Or la dynamique est du côté des palestiniens avec une fécondité double (4 enfants par femme palestinienne en âge de procréer contre 2 de la part des familles Juives). Notre consul souligne que d’autres difficultés, internes aux Juifs d’Israël, se renforcent et jouent-elles aussi contre la cohésion d’Israël. Il s’agit notamment des vives tensions entre les familles de Juifs orthodoxes (20% de la population des juifs Israéliens) et Juifs séculiers avec là encore, une dynamique démographique défavorables à ceux-ci.
Alors dans ce contexte 2 États, Israélien et Palestinien ou un seul État laïque « à la Française » rassemblant tout le monde, Israéliens et Palestiniens ? Notre consul relaye – normal - la position de la France. Un seul État est difficilement pensable en Terre Sainte (au moins aujourd’hui) compte-tenu des antagonismes religieux présents et des fondements religieux de l’Etat d’Israël.
Il faut donc oser le chemin extrêmement difficile des deux États. Sur ce chemin, les obstacles sont nombreux : qui assurera la sécurité de ces deux États ? Que faire des 700 000 colons Israéliens en Cisjordanie ? Des 2 millions d’Arabes Israéliens ? Mais c’est sans doute le seul chemin vers une paix durable.
« Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples » écrivait le Général de Gaulle en 1929. C’était, à mon insu ou presque, mon cas aussi lors de ce voyage qui nous ramène d’abord à l’humilité et ensuite à l’absolue nécessité de s’inscrire dans le temps long.
Après ce moment très fort d’échange et de réflexions, nous partîmes à la découverte de la Vieille Ville… À suivre demain.
Amitiés,
Jean Dionis