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22/07 Journal de bord – Voyage à Arad – Jour 6

Publication : 24/07/2023  |  11:59  |  Auteur : Webmaster

  22/07 : Jérusalem  



Cette sixième journée de voyage est notre première journée entièrement consacrée à Jérusalem.



Avec bonheur, nous nous sommes attachés les services d’une guide, Pauline. Celle-ci est une jeune française, pied-noir d’Algérie, la quarantaine, vivant en Israël depuis l’âge de quatre ans. Elle-même se présente à nous, comme juive, sioniste, vivant dans un kibboutz en Cisjordanie et … de gauche. Pendant deux journées dans la Ville Sainte, elle va être, pour nous, une indispensable initiatrice à la réalité de Jérusalem et d’Israël.



Avec elle, nous commençons notre visite par le parcours chrétien qui, comme il se doit, part du Mont des Oliviers et se termine au Saint-Sépulcre, en ayant parcouru la Via Dolorosa, le chemin de croix du Christ. Personnellement, j’ai déjà fait deux fois ce parcours.



Mais l’émotion est intacte.



Dès que commence ce parcours, le récit chrétien sort du champ conceptuel pour s’incarner dans un lieu, Jérusalem et dans un moment de notre Histoire, il y a (à peu près) 2023 ans. Notre guide s’efforce, avec mérite, de faire la part des choses entre les vérités historiques et géographiques établies et celles qui ne le sont pas.



Plus que jamais, en empruntant cette route sacrée, du jardin des oliviers au Saint-Sépulcre, en passant par la Via Dolorosa, j’ai ressenti le conflit fondateur du christianisme au moment où il se détache du judaïsme. Ce conflit oppose la Foi à la Loi, remise à sa juste place derrière les commandements d’amour de Dieu et du prochain, comme le conceptualisera de manière magnifique Saint Paul, quelques années après le départ de Christ. Jésus sait que telle est sa mission, il sait qu’il est le messie de cette bonne nouvelle. Et il sait aussi qu’elle va lui valoir la mort. Et il la trouve sur la colline du Golgotha au Saint Sépulcre…





Comment ne pas réfléchir à Jérusalem, sur nos trois religions du Livre, à commencer par la mienne, le christianisme…



Le Judaïsme, plusieurs fois menacé d’éradication violente et plus que jamais vivant et rayonnant sur la terre de ses ancêtres… à la fois soutenu, protégé et isolé par l’ensemble de ses rites cultuels, vestimentaires, alimentaires …



L’Islam, porté par la soumission au Dieu Grand et miséricordieux et sa dimension planétaire, si éloigné du récit Judéo-Chrétien pour sa partie moderne et si proche… du Judaïsme par la place qu’il donne aux règles et aux interdits.



Le Christianisme, centré sur la personne de l’Envoyé, Jésus, insistant sur la Foi et l’Amour, relativisant la Loi et les interdits, plus universel, mais plus dilué aussi parfois au risque de l’insignifiance s’il ne se retrempe pas dans son message originel.



Qui a raison ?



Jérusalem oblige, chacun avec ses convictions, à l’humilité et au respect mutuel. C’est vraiment, pour moi, après ce nouveau séjour en terre sainte, une obligation absolue.



Je sors de mes réflexions pour revenir … à Jérusalem.



Après le récit et le parcours chrétien, direction le quartier Juif et le mur Occidental du Mont du Temple, le fameux mur des Lamentations.



Je suis frappé par la présence nombreuse des Juifs orthodoxes, reconnaissables par leurs manteaux et chapeaux noirs pour les hommes, les femmes et leurs longues robes, les enfants nombreux, joyeux… J’ai en mémoire toutes les discussions avec Nisan, le Maire d’Arad sur leurs dérogations au service militaire, à la vie professionnelle, etc. et je me sens perplexe et démuni.



Arrive le Parvis et le Mur, seul vestige du temple d’Hérode, splendeur de l’Antiquité, détruit par les Romains en 70. Le site est magnifique, fort et austère. Preuve bouleversante de la résilience Juive. Message porté par tous les Juifs au Monde entier : « Oui, nous sommes là, toujours là, plus que jamais là ». Je m’approche et j’y prie comme au Saint Sépulcre.



J’avais déjà eu, un peu effrayé, lors de mon premier voyage le choc de la complexité de la coexistence des trois religions en voyant le Dôme du Rocher et la Mosquée El Aqsa, construite exactement au-dessus du Mur Occidental. Cette fois, j’ai moins peur. Mais je mesure à nouveau l’obligation vitale du respect mutuel.



Dîner de la délégation. L’alchimie humaine fonctionne bien. Nous sommes heureux de faire ce voyage ensemble et nous passons des heures « de fond de bus » à discuter de ce que nous devons en faire de retour à Agen.



De notre restaurant, nous voyons à la fois les manifestants contre la réforme judiciaire du gouvernement de Netanyahu et les véhicules de police se déplacer. Par le plus grand des hasards, nous nous trouvons en Israël à un moment historique où ce pays si singulier est à nouveau à un carrefour existentiel. Quelle place pour la Cour suprême ? Faut-il une constitution pour Israël ? Sur quoi fonder la nationalité Israélienne et son projet politique ? Le pays bouge dans ses profondeurs et, comme toujours, ce qui se passe ici en Israël, nous concerne tous.

Amitiés,

  Jean Dionis  

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