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19/12/05 - Séance Plénière du Conseil Régional : Schéma régional du logement étudiant en Aquitaine Le NON de l'UDF a une proposition en trompe-l'oeil - Intervention de Laurence DESSERTINE

Publication : 21/12/2005  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Merci Monsieur le Président de me donner la parole.
Monsieur le Président, chers collègues,


De quoi est-il question aujourd’hui ?

De rattraper, et je pèse mes mots, l’un des retards, les plus scandaleux, les plus graves en termes d’avenir que connaît notre région : le retard dans l’équipement en logement étudiant.

Mesdames et messieurs, au moment de la signature du contrat de plan état/région, alors que le ministre socialiste de l’éducation nationale de l’époque, Claude Allègre pour ne pas le nommer, le recommandait expressément, vous avez décidé que l’Aquitaine serait la seule région française à ne pas inscrire les crédits correspondant à un plan de construction de logement étudiant.
La seule française, mesdames et messieurs, parce que sans doute à l’époque, vous n’en mesuriez pas les enjeux.

Monsieur le Président, c’est une élue qui vous parle, mais aussi une enseignante, accessoirement une mère de famille qui vous le dit : il s’agit d’une erreur dramatique !!

Pourquoi ?
Parce que le logement est un des facteurs les plus fondamentaux de la réussite étudiante ; l’un des facteurs les plus criants de la différence entre un étudiant riche et un étudiant modeste,
Le logement étudiant est l’une des explications les plus importantes de l’échec ou de la réussite.

S’être distingué en refusant d’assumer cette responsabilité majeure, concrètement sur le terrain, c’est avoir laissé beaucoup d’étudiants vivre dans des conditions excessivement précaires, je pèse mes mots, indignes de ce début du 21ème siècle.

Venez donc un jour Monsieur le Président au village 1, sur le campus de Bordeaux, venez un soir d’hiver, un dimanche ou un samedi de révision, et vous comprendrez les conséquences de votre inaction dans ce domaine.
Et croyez-moi, dans le milieu étudiant français comme international, ce genre de chose se sait et se sait vite.

C’est la réputation de notre région comme centre formateur, comme centre d’excellence dans les études supérieures qui s’en trouve scandaleusement affecté.

Alors maintenant, quelques cinq années après, cinq années perdues, cinq années trop tard, vous vous réveillez. Pardonnez moi Monsieur le Président, mais je dirais plutôt vous feignez de vous réveiller.
D’abord parce que le cadre législatif s’est modifié. Vous l’évoquez en effet, la loi du 13 août 2004 stipule que seuls les EPCI et les communes, s’ils le demandent, peuvent se porter candidats pour assumer la compétence en matière de logement étudiant.
Le battage médiatique que vous organisez aujourd’hui autour de cette question est pour le moins excessif car permettez moi de vous le rappeler, la responsabilité du logement étudiant est et reste une compétence de l’Etat.

Ensuite et surtout, le schéma régional que vous nous proposez est tout sauf un socle solide, c’est de la poudre aux yeux, pour attaché de communication qui souhaite faire un effet d’annonce.

Je voudrais donc reprendre un par un les axes qui nous ont été présentés.

Une remarque liminaire tout d’abord : l’état des lieux, souvent juste malheureusement, a été bien mené par mademoiselle Coutanceau, à laquelle je rends hommage pour la qualité et le sérieux de son travail.

Le problème essentiel est la manière dont vous l’avez lu, Monsieur le Président, et les semblants de mesures que vous vous préparez à en tirer.

Je vais reprendre un par un les trois axes de votre présentation.

AXE 1 : AIDE A LA PIERRE

L’axe I sur « l’aide à la pierre » est le plus important, il correspond à vos promesses de candidat et est au cœur du problème.

Concrètement, vous annoncez 6000 logements, à moins bien sûr que vous ayez revu à la baisse les mesures de votre programme de campagne, ce dont il faudrait nous aviser.

Donc, mettons immédiatement les choses au point : En reprenant les données de votre budget, vous prévoyez non pas 6000, mais 2500 logements ; je dis bien 2500, et non pas les 3500 qui maintenant apparaissent dans votre document.
A moins que vous n’ayez l’intention de réduire la taille des logements pour en réduire le coût ?
A moins que vous ayez l’intention de privilégier un coût du mètre carré inférieur à 1500 euros ?
Dites le, là aussi, et clairement, ce coût de 1500 euros le mètre carré est sans doute calculé au plus juste.
Je vous fais remarquer à titre d’exemple, mais d’exemple fondamental, que vous n’avez rien prévu pour l’équipement informatique et de télécommunication des chambres.
Le wifi, sans coût d’accès au réseau, est devenu aujourd’hui, je vous le garantis en tant qu’enseignante, l’outil de base d’un étudiant, quelle que soit sa spécialité, quel que soit son niveau.

Par conséquent, si je résume, les chiffres que vous annoncez, sont tout à fait excessifs.
Et pour que les faits suivent réellement les promesses, pour que réellement les étudiants aquitains trouvent de nouveaux logements, il faudra que le reste du financement suive.

Vous aurez beau jeu de nous expliquer ensuite que malheureusement toutes ces belles idées sont dépendantes du calendrier de l’Etat (CROUS).Calendrier qui ne nous appartient pas et dont tout laisse à penser qu’il devra composer avec des contraintes que vous maîtrisez mal ou que vous ne maîtrisez pas comme le foncier ou le financement.

Ce que nous suggérons quant à nous, c’est que la région joue non pas ce rôle de levier financier que vous employez à mauvais escient, mais plutôt celui de levier opérationnel, pour que le financement employé permette vraiment, dans les faits, une amélioration des conditions de vie et d’études en Aquitaine.

Nous proposons une action dans les formes de logement :
Pourquoi ne pas s’inspirer d’autres expériences, comme le concept Archibed à Toulouse par exemple, qui permet d’améliorer sensiblement le confort sans augmenter la surface des logements donc de gagner en quantité de logements ?


Nous proposons d’être beaucoup plus précis que vous ne l’êtes dans les programmes à financer.
En particulier, il nous semble capital de planifier précisément la localisation des opérations de financement par communes et quartiers, notamment dans l’agglomération bordelaise.

Notre philosophie à Bordeaux est d’intégrer les étudiants à la cité dans un esprit de mixité sociale.

Au-delà des enjeux politiques, le logement dans la pratique, est très délicat à gérer : il s’agit de résidences qui ne sont pas occupées toute l’année et qui, mal maîtrisées, peuvent nuire au tissu social d’un quartier.

De même, il est nécessaire d’anticiper au maximum les relocalisations de sites universitaires qui se poursuivront dans le futur, au fur et à mesure de l’évolution des universités dans notre région.
Pour toutes ces raisons, nous réclamons, intégré au schéma dès le départ, un véritable outil de suivi et de stratégie, un véritable tableau de bord qui permette de situer la réalité et le calendrier des projets, un outil qui établisse noir sur blanc les partenariats avec les EPCI et les communes.
Cet outil pourrait s’inspirer du PPI des lycées avec ici une ambition et une complexité plus grandes.

Enfin, sur deux points que vous évoquez, nous souhaiterions apporter un correctif important :

Il nous semble tout à fait positif de prendre en compte dans les opérations programmées, en plus de Bordeaux et Pau, des sites universitaires de proximité (notamment Agen et Périgueux), qui jouent un rôle essentiel en matière d’aménagement du territoire et aussi de qualité de vie étudiante.
En revanche, pourquoi les avoir associés aux logements des étudiants en court séjour ? Le but de ces pôles est exactement l’inverse. Il est de fixer des jeunes diplômés dans des zones en ayant besoin pour leur économie.

Au contraire, il faut favoriser la possibilité pour les jeunes de rester durablement au sein de ces pôles universitaires de proximité.

Cette question des courts séjours est cependant non négligeable :

Il sera de plus en plus essentiel de pouvoir attirer des étudiants étrangers ou des étudiants d’autres régions françaises, dans le cadre des déplacements prévus par le L mais surtout le M et demain le D.

Mais répétons-le, ce n’est pas forcément sur Agen, Pau et Périgueux que doit porter l’effort.
L’Aquitaine dans son ensemble, et particulièrement près de ses grands laboratoires, peut et doit faire preuve d’une attractivité pratique, concrète qui aura bien plus d’effets que les grands discours.
Concernant maintenant l’axe II

AXE 2 : AIDE A LA PERSONNE

Nous sommes tout à fait d’accord que la problématique de la caution et de la garantie des impayés est un véritable obstacle au logement étudiant.

Seulement, il est complexe pour une collectivité publique d’y apporter une réponse adéquate.

De fait, notre principale réserve à vos mesures dans le domaine, est le risque d’apporter une mauvaise réponse à de vraies questions.

Votre système pourrait entraîner la déresponsabilisation des étudiants face à leurs charges de logement, multiplier les contentieux, et au final, décourager encore davantage les bailleurs potentiels qui, quoiqu’il en soit, devront attendre des mois ou des années avant d’être indemnisés par l’usine à gaz que vous voulez constituer.

C’est peu de dire en effet, que les dispositifs proposés nous laissent dubitatifs.

Sur la garantie des impayés, vous voulez créer un fonds de réserve abondé par la Région ainsi que par d’autres partenaires : lesquels ?
Tant que ceux-ci ne sont pas identifiés, la mesure n’a aucune réalité.
Et dans ce domaine, on sait que les candidats ne se bousculent pas beaucoup pour faire partie de telles structures.
Ils y ont beaucoup à perdre, à moins que la région se transforme dans les faits en caution principale.

Pour gérer ce fonds, vous prévoyez de faire appel à un opérateur ou plutôt deux :

Un opérateur financier pour la gestion économique ;
Un autre opérateur (je vous cite) « en prise directe avec le marché du logement étudiant » pour la gestion administrative et sociale :
A qui pensez vous ? Au CROUS ? Aux mutuelles étudiantes (ce qui serait logique puisque vous parlez expressément d’un « fonds de réserve mutualiste ».

Mais, dans ce cas, comment respecterez vous la liberté de choix des étudiants entre leurs 2 mutuelles) ?

Ou bien alors, pensez-vous à d’autres structures qu’il faudrait créer et qui alourdiraient encore un processus déjà complexe, coûteux dans son fonctionnement et dont les effets seraient très hypothétiques.

Nous n’avons rien trouvé sur la nécessaire sécurisation juridique et financière de vos mesures.
Nous sommes bien en peine de trouver le moindre début de chiffrage, même approximatif, du coût de ces dispositifs.
Ni votre délibération, ni le BP (qui n’évoque que les opérations d’aide à la pierre / axe 1) ne disent un seul mot à ce sujet.

Notre inquiétude est renforcée quand vous nous dites que le montant de la participation de la Région sera proportionnelle à la sinistralité (donc au nombre d’incidents de paiement) du système.

Pour tout vous dire, tout cela ne nous paraît pas très solide et vous n’avez pas trop l’air vous-même de savoir où vous mettez les pieds…

Le temps me manque pour entrer dans le détail de votre deuxième dispositif sur le dépôt de garantie mais je pourrai largement faire les mêmes remarques sur son caractère flou et vague.

Je passe rapidement à l’


AXE 3 : AIDE A L’INFORMATION ET SERVICES A L’HABITAT


Cet axe 3 peut en effet être évoqué brièvement.
Il ne nous convainc en aucune manière.
Il ne contient rien, ce ne sont que des effets de manche, sans stratégie, sans plan d’action et, sans aucune prévision budgétaire permettant d’envisager à un quelconque horizon, cette fameuse labellisation ou la création d’un observatoire du logement étudiant.

Nous aurions aimé plutôt y trouver un soutien aux initiatives très intéressantes qui existent ailleurs et dont nous pourrions nous inspirer.
Par exemple, « Vivre et vivre avec », qui permettent à une personne âgée d’accueillir chez elle un(e) étudiant(e) et qui fonctionnent très bien en Espagne ou dans d’autres régions françaises.


En conclusion,

L’urgence d’une situation due à votre inaction dramatique, dans le domaine du logement étudiant , exige des mesures fortes, un coup d’accélérateur déterminant pour accompagner l’effort de toutes les forces vives de l’enseignement supérieur et de la recherche dans la région.

Ce coup d’accélérateur, nous ne le trouvons pas dans votre projet.
Ses faiblesses principales proviennent de la question du financement certes, mais surtout de la non prise en compte des contraintes et des impératifs du terrain.


L’ensemble de ces éléments amènera le groupe UDF à voter contre sur ce dossier.

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