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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Victoire de Syriza en Grèce : Ne pas céder aux illusions.

Publication : 26/01/2015  |  14:18  |  Auteur : Jean Dionis

La gauche radicale et son jeune chef, Alexis Tsipras, viennent de remporter une victoire éclatante aux élections législatives grecques aujourd’hui. Avec 36,5% des voix, ils disposeront d’une quasi majorité absolue dans le nouveau Parlement Grec (148 députés alors que la majorité absolue est à 150 ?). Le premier ministre sortant, Antonis Samaras et son parti la nouvelle Démocratie ont reconnu leur défaite (environ 27 % des voix et 75 députés) avec dignité : « Je laisse un pays sans déficits, membre de l'euro et de l'Union européenne. J'espère que le prochain gouvernement restera sur ce chemin», dit-il dans son discours. «J'ai la conscience tranquille.» Le Parti socialiste Grec, le PASOK, principale force de gauche depuis des décennies est balayé (13 députés et moins de 5% des voix !!!!) subissant une déroute historique……..Oui, indiscutablement, les élections grecques sont un événement de portée Européenne et la phrase de Tsipras : « l’avenir commun de l’Europe n’est pas celui de l’austérité » résonne ce soir dans les 28 pays de l’union Européenne………

Mais à propos, quel est le programme de Syriza ? (cf libération.fr)
L’axe principal de ce programme est clairement d’en finir avec l’austérité qui asphyxie les Grecs. Le parti s’est engagé à porter le salaire minimum de 580 à 751 euros, à remonter le seuil d’imposition à 12 000 euros annuels, à rétablir le 13e mois de retraite pour les retraites inférieures à 700 euros, à offrir l’électricité et des coupons d’approvisionnement à 300 000 ménages au moins, à protéger les habitations principales des saisies, à assurer l’accès gratuit aux soins, à supprimer la taxe sur le fuel domestique, ou encore à augmenter le nombre de bénéficiaires de l’assurance chômage. L’ensemble du programme, au-delà du seul plan «d’urgence», est évalué à 12 milliards d’euros que Syriza compte trouver en réduisant le remboursement de la dette, en luttant contre la fraude fiscale et la contrebande, et en réaffectant des fonds européens. (« sic »)

La Grèce peut-elle sortir de l’euro ?
Non, pas dans l’immédiat. Pour Syriza, il n’en est pas question….A terme, c’est une toute autre histoire.

Comment peut réagir la troïka de ses créanciers (UE, BCE, FMI) ?
La réduction d’une partie de la colossale dette grecque (320 milliards, 175% du PIB), un éventuel dérapage des finances publiques et la remise en cause de certaines lois imposées par la troïka (UE-BCE-FMI), comme l’assouplissement du marché du travail, pourraient constituer des casus belli entre Athènes et ses créanciers. Pour le moment, Bruxelles joue la tempérance.

A chaud, que faut-il penser de tout cela ?

D’abord qu’il est très dur, en démocratie, de garder un cap politique d’austérité dans la durée. Jai pris mes vacances en Grèce cet été, en Crête très précisément et en discutant avec des Grecs, j’ai pris conscience de la différence entre ce qui avait été subi par le peuple Grec d’une part et le peuple Français d’autre part. Pour ne parler que des salaires des fonctionnaires, ceux-ci ont été arbitrairement baissé jusqu’à 40 % pendant cette période d’austérité en Grèce alors qu’en France, les fonctionnaires n’ont eu à assumer que le gel du point d’indice servant d’assiette. Pas étonnant dans ce contexte qu’un discours politique basé sur l’indépendance nationale et la fin de l’austérité trouve un large écho dans le corps électoral.

Ensuite, qu’il faut attendre pour voir émerger la véritable ligne politique de Syriza : Après tout, nous Français, nous avons vécu la campagne électorale de F. Hollande avec « l’ennemi, c’est la Finance », l’impôt à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 Million d’€, renégociation du traité européen relatif au Pacte de Solidarité, etc….Nous allions voir ce que nous allions voir et ….tout cela a fait…pschitt !

Entre un programme qui prévoit 12 Mds€ de dépenses supplémentaires et le respect des règles budgétaires des traités Européens, il faudra bien choisir. Plus fondamentalement, la Grèce va devoir choisir si elle veut rester dans l’Union Européenne et la zone Euro ou si elle veut en partir. Elle ne pourra pas garder l’Euro et augmenter ses déficits budgétaires. Elle ne pourra pas avoir le beurre et l’argent du beurre…..

La réalité, c’est que le discours de Syriza est néo-keynésien et que si j’ai une conviction en macro-économie, c’est bien que cette politique ne marche pas dans une économie ouverte et mondialisée. Je l’ai développé dans une chronique dédiée à cette illusion : « la deuxième mort de Mr.Keynes …..) (lire http://www.jeandionis.com/blog.asp?id=18265 ).

Si Syrisa veut durer, il n’aura pas d’autre choix que de respecter les règles communes européennes (et notamment celle concernant les déficits publics inférieurs à 3% du PIB). Autrement, rapidement, Syriza échouera…et cela serait dommage, car il y a tant de choses à faire en Grèce, même pour un gouvernement authentiquement de gauche. Lesquelles ? Rétablir l’autorité de l’Etat, rétablir la légitimité de l’impôt en menant une lutte implacable contre la fraude fiscale qui gangrène la société Grecque, réduire les inégalités notamment par une politique fiscale plus équitable.

Ce soir, tous les anti-européens se réjouissent, trop fort, trop tôt……Syriza n’a pas tranché sur ce point clé et son discours pro-Euro prouve sa prudence sur cette question-clé.

Au contraire, ce soir, je fais le vœu que ce gouvernement Grec légitime fasse le choix de l’Europe. L’Europe sans la Grèce, ce n’est pas l’Europe et la Grèce sans l’Europe, ce n’est pas la Grèce, c’est un Etat de plus parmi ceux des Balkans avec toute leur fragilité et leur potentiel de violence !

Moi, je suis centriste. Contrairement à la joyeuse bande des vainqueurs d’un soir , les Mélenchon, Duflot et consorts, je ne suis pas ce soir dans le camp des gagnants… Mais je suis démocrate. Les Grecs ont choisi démocratiquement Syriza, dont acte.

Un seul vœu : que la Grèce fasse le choix de l’Europe et pour cela, qu’elle ne cède pas au miroir aux illusions.

@+

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