C’est l’heure du bilan pour le chômage en France en 2014. Or ce bilan est dramatique. Officiellement le triste record précédent, enregistré en 2013, est battu pour s'établir à 3,5 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité (les demandeurs d’emploi catégories A en France métropolitaine), en hausse de 5,7% par rapport à 2013. 1 Français sur 10 est demandeur d’emploi sans aucune activité ! En prenant en compte les chômeurs qui ont une activité à temps partiel (les chômeurs catégories B et C) et en étendant ces chiffres à l'Outre-mer, l'INSEE comptabilise un total de 5,52 millions de demandeurs d'emploi à fin 2014.
Dans un communiqué diffusé parallèlement à la publication de ces chiffres catastrophiques, le ministre du Travail, François Rebsamen, assure que "le plein déploiement du pacte de responsabilité et de solidarité et une amélioration de l'environnement économique, dynamiseront l'emploi en 2015" et que "l'effort du gouvernement" pour enrayer la hausse continue du chômage en France "ne faiblira pas"…..Fort bien, mais comme on commence à être vraiment vacciné, en matière de méthode Coué, pour la communication du gouvernement socialiste sur le chômage (rappelez-vous de l’ardente obligation de François Hollande d’inverser la courbe du chômage avant fin 2013), il nous faut regarder vers des sources plus autorisées et plus neutres. Par exemple, vers l’UNEDIC, qui connait bien la musique, car elle est responsable du paiement des indemnités chômage. Et bien, l'Unedic a fait savoir il y a quelques jours qu'elle attendait un peu plus de 100 000 chômeurs supplémentaires en 2015 !
Nous sommes donc devant l’échec capital du mandat de François Hollande, tellement les effets sociaux du chômage sont ravageurs. Mais, en aucun cas nous ne pouvons nous satisfaire de ce triste constat. Nous devons être capables de poser un diagnostic politique de l’échec de F. Hollande pour pouvoir commencer le travail de construction d’un véritable programme de lutte nationale pour l’emploi en vue des échéances décisives de 2017.
Trois causes majeures expliquent l’échec de François Hollande en matière d’emploi. Deux d’entre elles, concernent des mesures immédiates qui auraient pu être prises en début de mandat :
• il s’agit, d’abord, de la simplification et de l’assouplissement du marché du travail en France.
• Il s’agit ensuite d’avoir une politique fiscale cohérente avec une priorité publique d’emploi en France
Sur l’assouplissement du Marché du travail, j’ai été très frappé d’écouter le Président du MEDEF animer un dîner d’une trentaine d’entrepreneurs Lot-et-garonnais, il y a quelques mois. Au milieu du repas, il arrêta son discours et leur demanda : « quelle est à votre avis la priorité n°1 de nos demandes vis-à-vis du gouvernement ? » et les patrons répondirent en chœur : « simplifiez nous ce code du travail et facilitez nous les embauches et les licenciements ». Sur ce point précis de la « flexisécurité », il faut écouter les entrepreneurs. Si peu a été fait en 2 ans et demi. Les résultats sont là : le CDI devient une rareté, l’intérim et le CDD explosent…. C’est la cause n°1 de l’échec socialiste sur le chômage.
Aussi importante est la cause n°2 de leur échec : à savoir une politique fiscale de gribouille. Les socialistes ont massivement augmenté les impôts. C’est un fait. De leur point de vue, cela pourrait se défendre, si cela avait été fait de manière cohérente avec leurs objectifs d’emploi. Or les deux lignes directrices de leur politique fiscale ont été d’augmenter de manière forte les impôts payés par les entrepreneurs (rappelons-nous les tentatives de surtaxer les plus-values sur cessions d’entreprises…) et les classes aisées et moyennes de ce pays. Le résultat est absolument ravageur en matière d’emploi. Il n’est pas nécessaire d’être Prix Nobel en économie pour voir que pour être créatrice d’emploi, notre fiscalité doit être allégée côté entreprises (c’est la bataille pour la compétitivité française, notamment celle des coûts de notre travail) et réorientée côté ménages (tous en proportion de leurs ressources), après que les efforts nécessaires aient été faits pour réduire nos dépenses. Et le Crédit impôt compétitivité (CICE) me direz-vous ? Trop tard, trop inefficace. …En fait, il fallait faire comme les Allemands en 2003-2004, la fameuse TVA sociale équilibrée par un allégement direct des charges des entreprises. Sarkozy s’était engagé –trop tard- dans cette direction en 2012 et l’avait fait voter par le Parlement. Ce fut une faute originelle du gouvernement Hollande-Ayrault de revenir sur ce vote, par démagogie…..
Enfin, le long terme :……Bien sûr que le chômage Français a des causes structurelles, notamment dans l’inadaptation de l’offre en main d’œuvre et de la demande par nos employeurs. Pour l’essentiel, il faut donc reprendre la formation de nos jeunes et la rapprocher des besoins des entrepreneurs. Quelque chose de significatif a-t-il été fait dans ce domaine ? : Non, rien ….Ce gouvernement a rajouté 60 000 postes de professeurs (raisonnable, vu les niveaux de déficit de notre pays ?), fait une réforme des temps d’animation périscolaire qui pèsent sur les finances locales au moment même où l’Etat diminue drastiquement ses dotations aux mêmes collectivités locales (utile ? je l’espère, prioritaire ? certainement pas). Mais ces mêmes gouvernements socialistes n’ont rien fait sur la racine du mal par rapport aux 150 000 jeunes qui, chaque année, sortent du système scolaire sans aucune qualification ou diplôme. Rien pour réformer ce collège unique qui prend l’eau de toute part, rien pour rendre l’apprentissage – qui recule en France, un comble ! – plus attractif….
Oui, le chômage est l’échec capital de François Hollande. Il en est comptable. Sachons l’expliquer aux électeurs. Seules des claques électorales suffisamment fortes seront faire ouvrir les yeux à nos gouvernants et les obliger à rectifier le tir dans la deuxième partie de leur mandat.
A nous, de notre côté, d’approfondir notre analyse des raisons de l’échec socialiste en matière d’emploi et de nous mettre dès maintenant à construire les politiques gagnantes en la matière. Si les Français le décident, il n’y aura pas de temps à perdre en 2017 !
@ +
Le chômage
Mon cher Jean,
Encore une belle analyse, faisant suite à de si nombreux ouvrages; discours et déclarations. So what disent les américains? Alors qu'est ce qu'on fait ? 3 Paters et 5 Aves?
Un grand patron d'entreprise avec qui j'ai eu le bonheur de travailler disait : la plus grande qualité d'un manager ou d'un homme politique n'est pas la compétence ou le sens des affaires mais le courage ! Il faudra du courage pour remédier au chômage en France. La gauche n'en a pas car elle refuse à s'attaquer à ces bastions d'électeurs, la droite parce qu'elle tergiverse et ne va pas au fond des réformes que la plus part connaissent; En vrac car cela mériterait un chapitre pour canaque point :
la durée du temps de travail, le poids des cotisations, les couts exorbitant de l'administration, les impôts sur les profits, la scolarité et formation ....
Hollande a lever bien timidement le tabou de l'entreprise, mais, il faut bien dire que nous somme viscéralement dans un pays communiste et ce modèle a vécu. Les syndicats tiennent encore mais de moins en moins. il faut libérer l'emploi et les salaires. Y en a marre de tuer les patrons, mais ce sont eux qui créent de l'emploi.
amitiés . Claude
s'il n'y avait que ça,encore !
échec sur toutes les lignes...On a pu espérer un moment que mr Macron;qui semble un homme plus prés de la réalité fasse bouger les lignes.Mais il a été visiblement bridé,il ne faut pas braquer l'aile gauche de ce parti le plus à gauche des socialistes européens.
Ils ne réussiront pas à redresser le pays,même avec des conditions exceptionnelles aujourd'hui (prix du pétrole,taux d'intérêts exceptionnellement bas,reprise chez tous nos voisins).
Incapables aussi de prendre de la distance avec une partie de leur électorat d'origine étrangère,qu'ils ont câliné..
Bref,les râclées électorales se succèderont jusqu'en 2017.