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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Barrage de Sivens : Le Drame ou l’Etat de droit

Publication : 03/11/2014  |  02:45  |  Auteur : Jean Dionis

Un jeune, Rémi Fraisse, est mort, il y a une semaine, lors des affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre et les opposants au projet du barrage de Sivens.

Depuis les années 1980, seules deux autres morts ont été à déplorer lors de manifestations publiques :Vital Michalon lors des manifestations à Creys-Malville et Malik Oussekine en 1986 lors des manifestations contre la réforme de l’enseignement supérieur porté par Alain Devaquet. C’est dire le caractère exceptionnel du drame qu’ont connu le département du Tarn et la nation toute entière avec la mort de Rémi Fraisse.

Cette mort est d’abord un échec grave pour la communauté de destin qu’est la Nation Française. Un de nos jeunes est mort parce que nous n’avons pas su « vivre ensemble » malgré nos divergences sur ce projet. C’est en cela que la mort de Rémi Fraisse avait bien évidemment une dimension symbolique de portée nationale et c’est, en cela, que l’absence de réaction des plus hautes autorités de notre pays – à savoir le Président de la République et le Premier Ministre – pendant plus de 48 heures après la mort de Rémi Fraisse a été insupportable pour beaucoup de nos concitoyens . En ce sens, elle a été une faute politique majeure.

Reste courageusement à comprendre comment nous en sommes arrivés là, pour faire mémoire de Rémi Fraisse et pour éviter d’autres drames de même nature. L’analyse du comportement de nos forces de police est bien sûr à faire, complètement, lucidement et si des fautes ou des erreurs policières étaient mises en évidence, elles appelleront bien sûr sanction ou correction. Mais nous sentons tous que le comportement des forces de l’ordre n’est pas la racine du drame qui a abouti au décès de Rémi Fraisse.

La racine du mal est dans la division de la communauté nationale en deux camps irréductibles, les partisans et les adversaires du projet et dans notre incapacité démocratique à arbitrer leur différent.

En soi, le projet du barrage de Sivens n’est pas un projet gigantesque : Ce projet du Conseil général du Tarn consiste à construire un barrage de 230 mètres de large pour 12 mètres de hauteur sur la rivière duTescou afin de créer un lac d'environ 1,5 kilomètres de long. L'ouvrage est une digue en terre avec des matériaux pierreux. Le lac de barrage devrait avoir un volume de 1,5 million de m3 et une surface de 42 hectares. Ce barrage ne prévoit pas de production d'électricité.

Pour les partisans du projet, le principal objectif du barrage est de permettre la constitution d'une réserve en eau pour l'agriculture, activité principale du secteur, et son irrigation en été. L'autre objectif affiché du barrage est de maintenir l'étiage du Tescou. La réduction des périodes d'assèchement du cours d'eau est supposée améliorer la qualité biologique de la rivière.
Selon le conseil général du Tarn, les bénéficiaires du barrage seraient au nombre de 81, mais les opposants à l'ouvrage en retiennent 19. Les experts missionnés par le ministère de l'écologie donnent le chiffre de 30.

En face, les principaux arguments des opposants au barrage sont les conflits d'intérêts entre la compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne et le conseil général du Tarn, le coût du projet, le faible nombre d'agriculteurs bénéficiant du barrage, soit 20 exploitants contre 80 initialement, ainsi qu'un moindre besoin en eau actuellement par rapport à ce que les études montraient en 2001.

Voilà, les termes du conflit sont posés sur la table ….et dans la France de 2014, nous ne serions pas capables d’arbitrer de tels conflits sans drame ? Pour ma part, je ne l’admettrai jamais.

Je sais parfaitement que les conflits touchant au cadre de vie peuvent avoir une charge émotionnelle très forte et cela doit être pris en compte et respecté.

Mais dans une démocratie dotée d’un Etat de droit, l’arbitre de tels conflits a un nom : c’est le juge, en l’occurrence le juge administratif et les instances d’appel qui vont avec (Cour administrative d’appel, Conseil d’Etat….).
Or le 3 octobre 2013, le projet du barrage a été déclaré d'intérêt général par la préfecture du Tarn après une phase de concertation initiale. Les opposants au barrage – et c’était leur droit le plus strict – ont déposé plusieurs recours en justice auprès de la cour d'appel de Toulouse et du Conseil d'État. Toutes les décisions de ces autorités judiciaires ont été en défaveur des opposants au barrage.

Fallait-il alors poursuivre les manifestations et surtout leur donner un caractère violent ? Pour moi, au bout de la procédure judiciaire, la réponse est clairement non. La démocratie repose sur le principe mis en lumière par le sociologue Allemand Max Weber : « Dans un Etat de droit, les individus et les groupes renoncent à la violence, l'’État se réserve l’exclusivité du recours à la violence, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières »

A ce jour, sur ce projet – encore une fois modeste – du barrage de Sivens, le bilan est effrayant : Mort d’un homme jeune, arbitrage de la justice administrative contestée, maître d’ouvrage (Conseil Général du Tarn) paralysé, autorité de l’Etat de droit (sa justice, sa police….) balayée y compris par la stupéfiante déclaration de Ségolène Royal , parlant « d’erreur d’appréciation » au terme du processus judiciaire, incapacité totale de prise de décision dans un sens ou dans un autre….

Au fond, la question centrale posée par ce projet et par la mort de Rémi Fraisse est la suivante : « Voulons-nous vivre ensemble dans une même communauté de destin, la République Française, nous les agriculteurs et nous les écologistes, nous, les partisans de ce projet et nous ses opposants ? »
Nous devons souhaiter ardemment que la réponse soit oui pour tout le monde. Sinon, je crains qu’il y ait de nouveaux drames pour d’autres projets tout autant controversés. Si la réponse est oui, alors nous devons accepter l’arbitre de nos conflits que nous propose la République : à savoir, le juge et son corollaire: la violence partisane est absolument inacceptable et doit être combattue avec la plus grande sévérité.

L’Etat de droit ou le Drame : le barrage de Sivens nous rappelle durement que nous devons choisir.

@+




Les réactions

Avis

Même s'il y a un avis d'un arbitre qui tranche vers un camps l'autre camps va accuser le coup de la corruption de la décision arbitrale. Sur cette Terre on détruit trop de choses de la nature car on veut se sentir supérieur à la nature on tue des espèces d'animaux qui demandent seulement de vivre en paix dans leur habitat naturel en fait nous les êtres humains nous sommes égoïstes on détruit des forêts pour faire des profits.Ce barrage va détruire l'habitat naturel d'animaux en danger et puis quand il sera trop tard il ne faudra pas pleurnicher quand on aura rayer de la carte tous les animaux sauvages que comptent cette planète il faut s'adapter à son environnement plutôt que d'adapter son environnement.La mort de ce jeune homme est une faute du gouvernement socialiste le jeune homme était pacifique il avait ses propres idées sur écologie et le gouvernement socialiste vient de commettre la pire chose qu'on peut faire à un individus qui défendait ses idées en clair le gouvernement socialiste a assassiné un de nos compatriotes sur notre territoire et cela sera une tâche indélébile qui restera dans ses mains.

Ne soyez pas dupe !

Soyez constructif !
Notre Pays est en état de décomposition tel un cadavre, police, justice, éducation ect...
Aucun projet Politique capable de redresser le Pays !
Le milieu carcéral est lui aussi en faillite !
Retour du service militaire avec un coup de pied au C.. et suppression des aides en cas de carence éducative de la famille !
Là oui ! un bon début de quelque chose ....

Barrage de Sivens

Pourquoi j'y suis favorable
Au début du projet (la commission d'enquête date de 2012), quelques riverains du futur barrage ont créé une association de défense. Leur vigilance, indispensable en démocratie, a permis d'imposer aux porteurs du projet le respect de la législation en vigueur concernant se genre de construction.
Mais très vite les riverains ont été dépassés par un groupe d'écologistes "professionnels", venus d'un peu partout en France. Ces gens-là ont commencé par occuper physiquement le terrain. En même temps ils barraient les chemins. Confrontés à ces méthodes autoritaires et dangereuses pour la paix civile, les habitants des environs ont été contraints de demander la protection des forces de l'ordre. Des riverains, pourtant directement concernés par la construction du barrage, découragés, ont arrêté de militer contre le barrage.
Les pratiques de terrain des nouveaux venus (pour quelques uns des marginaux qui vont d'occupation en occupation) ont été violentes dès leur arrivée. Certains riverains ont été victimes de violences verbales. Il serait trop long de faire le décompte des méfaits occasionnés par les occupants du Testet: Voitures bombées à la peinture, parebrises cassés, vitrines brisées à Gaillac, etc…
Un comportement irresponsable qui a surpris tout le monde. Une façon d'agir que réprouvent les écologistes locaux les plus sensés. Les occupants ont été d'emblée rejetés par la grande majorité des habitants du département. A tel point que le 4 octobre 2014 une manifestation de protestation contre le barrage de Sivens n’a réuni que 400 personnes.
Fort peu ont été les habitants du pays qui y ont participé. La recherche permanente de la provocation et de l'affrontement contre les forces de l'ordre risquait de déboucher sur un drame. Ce qui malheureusement n'a pas manqué d'arriver. Bien sûr, la mort de Rémi Fraisse est un drame inacceptable et évitable et nous le déplorons tous. Pour autant, faut-il abandonner le projet?
Dès le début du projet, avec un ami qui habite à 20 kms du site et qui le connait bien, nous lui avons été favorables. Nous accueillons favorablement tout aménagement adéquat du territoire. Pour nous il s'agit d'une question de progrès et de développement économique. En l'absence de difficulté technique, la construction du barrage de Sivens doit être menée à son terme. Les conditions géologiques et écologiques permettant, après quelques aménagements déjà réalisés, la construction de la digue; aucun argument sérieux ne s'oppose à l'achèvement du projet. Les travaux doivent continuer selon le calendrier préalablement établi.
Cependant, je formule des réserves concernant le plan de financement de l'investissement et du fonctionnement de l'ouvrage. Selon la règle qui veut que l'utilisateur doit être le payeur, je propose que la majeure partie de l'investissement et la totalité des frais de fonctionnement de l'outil soit pris en charge par les organismes professionnels qui vont bénéficier de la structure. Les modalités de financement du projet devront être rectifiées. Des modifications et ajustements sont encore et toujours possibles. Il est à craindre malheureusement que pour faire plaisir aux écologistes dont le comportement n'a pas été exemplaire dans cette affaire que ce soit sur place ou à Nantes et à Toulouse, Ségolène Royal ne décide d'enterrer le projet contre l'avis des élus locaux et de la majorité de la population locale qui a bien besoin de la retenue d'eau. Ce serait une exploitation éhontée de la mort de ce pauvre Rémi Fraisse.

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