Je suis en colère…non pas pour la pression fiscale, ou pour les hésitations d’un Président de la République bien mal inspiré ces temps-ci . Non, je suis en colère plus profondément, contre une idéologie pétrie de certitudes et de suffisance qui, dans chaque débat, oublie les hommes en vrai, en chair et en os… Je l’appelle pour l’identifier « l’écologie rousseauiste ».
Je vais vous raconter l’édifiante histoire du barrage de Beauregard sur Garonne. Commençons par un peu d’histoire :
Le barrage de Beauregard a été édifié en 1856 dans le but d’alimenter le canal latéral à la Garonne au moyen du « canalet » à hauteur du Passage d’Agen à quelques km en amont d’Agen.
Au début des années 60, le canal a été alimenté directement depuis Toulouse. Le canalet désaffecté a été remblayé et le barrage abandonné à son triste sort : celle d’une propriété de l’Etat qui l’a volontairement laissé sans aucun entretien.
La nature faisant son œuvre, le barrage est aujourd’hui dans un triste état : il ne reste que le soubassement, des vestiges de maçonnerie et de ferrailles, le tout étant devenu très dangereux.
Le plan d’eau amont qui faisait la fierté des riverains et des touristes a disparu, ce qui a conduit à la suppression des activités nautiques et halieutiques traditionnelles, la fragilisation des berges, et surtout à des difficultés de prélèvement en eau pour l’agglomération Agenaises qui ont déjà occasionné des travaux d’un coût total de 1,5 M€…..
Depuis longtemps, un vaste mouvement d’opinion publique, riverains, élus de toute sensibilité politique, mais aussi un certain nombre de personnes ou d’associations, émus par la disparition progressive et inéluctable de ce patrimoine ont manifesté leur intérêt pour sa protection.
En 2006 l’association pour la réhabilitation du barrage de Beauregard a vu le jour sous la présidence de Guy St MARTIN , vice président du conseil Général.
Des personnalités comme Michel SERRES, Académicien, issu d’une famille de «dragueurs en Garonne » (eh oui !) lui ont apporté leur soutien.
L'Agglomération d’Agen (AA) que je préside a voté, à l’unanimité, la prise en charge intégrale des travaux de réhabilitation par notre Communauté d’agglomération.
Et bien que croyez-vous que décide le Gouvernement devant une telle situation? Dans son splendide isolement, il commence par sanctuariser le cours de la Garonne dans cette section du fleuve pour annoncer ensuite la démolition du barrage de Beauregard pour 1,2M€ aux seuls frais de l’Etat en 2015!
Résumons-nous :
* En faveur de la réhabilitation du barrage, la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable d’une agglomération de 100 000 ha, une protection efficace des berges en « cassant le courant » du fleuve dans cette section sensible à méandres, un aménagement touristique de toute beauté avec un consensus politique complet pour cette solution
*Contre la réhabilitation du barrage….rien si ce n’est la continuité faunistique et floristique du fleuve. En clair, pour l’essentiel, la libre circulation des poissons migrateurs avec le soutien des pécheurs et des fameux écologistes dont je vais parler ci-dessous….
Tout observateur rationnel parierait de lourdes sommes pour le parti du barrage, celui des hommes et ceci d’autant plus que le barrage n’a jamais empêché les migrateurs de remonter Garonne et que les partisans du barrage sont bien sûr d’accord pour y intégrer un dispositif de passe à poisson…
Et bien non!….on va détruire le barrage, le cœur léger. Comment en est-on arrivé à un pareil contre-sens ?
De Directive Européenne en Arrêté ministériel en passant par les lois françaises transposées, nous avons cédé, par l’intermédiaire d’une mécanique législative et réglementaire aveugle et implacable à une idéologie, la fameuse écologie rousseauiste avec laquelle je veux régler mes comptes.
Je le fais librement. Je crois avoir de très fortes convictions écologistes. Je les mets en œuvre dans ma pratique municipale et personnelle (vélo, boulevard piéton, parc de Passeligne, etc…).J’ai dit assez souvent - et notamment à a tribune de l’Assemblée nationale - combien la contribution du mouvement écologiste avait été dans son ensemble positive : déchets, transports, énergie – pour pouvoir en contester certains aspects détestables.
Je trouve éminemment critiquable et détestable une écologie qui prône le retour à un état naturel, supposé état de grâce suivant en cela l’enseignement de Jean-Jacques Rousseau sur le retour à l’Etat Naturel originel. C’est exactement cette idéologie qui est à l’œuvre dans le classement de Garonne comme « grand fleuve sauvage » ou «Natura 2000».
Il y a derrière tout cela d’abord une illusion puérile. Garonne telle que nous la connaissons n’est pas un grand fleuve sauvage, c’est une œuvre humaine dont le lit a été détourné, élargi, creusé, endigué par les hommes. Vous pourrez détruire le barrage de Beauregard que vous ne changerez rien à cette réalité historique.
Mais il y a pire. Cette écologie est détestable car elle est hostile aux hommes. Jean Lassalle, mon ami, m’avait prévenu : Cette écologie, c’est celle qui dans les Pyrénées préfère les loups et les ours aux troupeaux de moutons et à leurs bergers. C’est la même qui à Agen donne une priorité absolue à la migration des poissons par rapport à tout ce qui concerne les hommes (eau potable, érosion des berges, plaisirs nautiques et de la pêche….). Ce sont les mêmes qui, en trente ans, interdiction après interdiction ont fait de Garonne un lieu vide de toute présence humaine : plus un baigneur, plus un bateau, plus un pêcheur…un désert humain alors que j’ai connu la grande plage de Boé noire de monde, des cabanes des pêcheurs, mes amis, tous les vingt mètres sur les berges de Garonne et un club de ski nautique toujours à Boé. Garonne était notre « terrain » de bonheur partagé….Des misanthropes, cachés dans des habits de militants écologistes, sont en train d’en faire un fleuve interdit…interdit d’abord à l’homme.
La messe est-elle encore une fois dite ? et nous résignerons-nous encore une fois à voir notre culture populaire Garonnaise méprisée, foulée au pied ? Pas sûr….
Pas sûr parce que je suis, parce que nous sommes très en colère et que nous allons nous battre – et d’abord devant les tribunaux - pour retourner cette décision que je ne peux que qualifier d’inacceptable pour ne pas employer de mots inutilement blessants.
Pas sûr parce qu’un jour viendra, plus proche qu’on ne le croit où celles et ceux d’entre nous qui veulent une écologie humaine et aimable s’imposeront devant tous les tenants de cette écologie inhumaine et détestable. Ce jour là, les Agenais se réapproprieront Garonne …en la respectant, comme il se doit.
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
ou est la concertation et la discussion
Bonjour Jean et à tous les lecteurs ce que dit Jean est très réaliste détruire le barrage c'est détruire une partie du patrimoine Agenais mais ceux qui sont à Paris ne peuvent comprendre ce que la nature procure de bien-être pour la population. L'argent dépensé à détruire ce barrage pourrait au contraire servir à la rénovation de celui en permettant de retrouver ce que Jean rappelle '' un désert humain alors que j’ai connu la grande plage de Boé noire de monde, des cabanes des pêcheurs, mes amis, tous les vingt mètres sur les berges de Garonne et un club de ski nautique toujours à Boé. Garonne était notre « terrain » de bonheur partagé….'' mais aussi en prenant en compte toutes les particularités de ce barrage même celui du poisson.
Dommage que la décision gouvernementale se fasse sans concertation et discussion.
Défendons notre patrimoine et culture Agenaise.
Merci
Bonjour et merci de parler franchement et de remettre en cause ces ayatollahs de l'écologie, qui souhaitent sanctuariser la nature et finir par en interdire tout accès à l'homme.Assez de tous ces grands théoriciens escrologues qui voudrait réserver la nature à une élite et mettre les hommes au ban de cette nature. Non à la vision Walt Disney de la nature où tous les ours ne s'appellent pas Baloo. et les souris Mickey....
Nous en avions discuté au moment de la parution de la circulaire Olin qui voulait supprimer le droit aux motorisés le de circuler dans les chemins.
Regardez les PNR ou les populations sont tenues à l'écart des décisions prises par des "écologistes convaincus".
vous citez votre ami jean Lassalle qui essaie de réunir à travers son collectif DES RACINES ET DES HOMMES les usagers de la nature que nous sommes tous contre toutes ces décisions dépourvues de bon sens qui va aboutir à cette sanctuarisation de la nature que nous redoutons.
Il faudra donc se battre pour sauver notre patrimoine et ce barrage de Beauregard qui rappelle tant de souvenirs aux anciens agenais dont je fais parti.
Thierry Clerc délégué CODEVER 47
soutien
bravo bravo continuez
ou est l écologie constructive
salut jean. je vois bien que tu est en colère, contre cette idéologie , qui dicte sa loi et qui ne représente qu' eux même .Mais qui a toujours raison ,et que personne ou peut être Toul le monde les courtises .Bref tous sont des écolos qui font grand mal a dame nature. Qui veule faire Garonne sauvage,certe le poisson ne reviens pas pour autant . Et puis a coté de sa ,on tue les meilleures terre agricole, PAR LE DRAGAGE ,pas de France, mais d'Europe, comme l'est la vallée du po en Italie bref ,sa ne gêne personne, curieux non cela .
Quand on a un outil qui peut être ,plus que compétitif qualité du produit cultivé et rendement car les sol sont riche en éléments .Cela ne dérange personne .Alors se battre devant les tribunaux ,personne na jamais gagné face a cette idéologie , je te souhaite bon courage et pense aussi au patrimoine des terre agricoles .Qui on fait la gloire de ta famille et surtout d un certain Francois Dionis Duséjour.
soutien
Quel plaisir de lire un message aussi clair, concret et pertinent. Merci de ce support pour les autres cas similaires que l'on rencontre un peu partout en France. Bon courage dans votre parcours
seuils ou barrages
Monsieur
Permettez moi d’adhérer pleinement a votre constat, mais en tant que Président d'association départementale de défense du patrimoine des moulins et du développement des énergies renouvelables, je me permets avec document à l'appui
que l'Europe n'a jamais demandé la suppression des seuils , la commission mixte paritaire a supprimé le mot arasement et restauration de la continuité écologique .
Vous me permettrez également d'attirer votre attention sur l'article 29 du Grenelle n°1 ainsi que la DCE2009/28 CE
Il est exact que l'ONEMA et les Écologistes qui sont toujours pour ce qui est contre et contre ce qui est pour sont quand même très heureux de profiter de tout le bien être que procure ces moyens anti écologie
… de l’utilité du barrage, pour l’alimentation en eau des Agenais !
Quelques compléments relatifs à la nécessité de réhabiliter le barrage au regard des besoins du service de l’eau potable. En effet, le barrage permet de maintenir un niveau d’eau constant et ainsi :
- garantir une réserve permettant la production d’eau potable et donc ainsi participer à la sécurisation de l’alimentation en eau potable des agenais, notamment en période d’étiage c'est-à-dire lorsque les usages de l’eau sont les plus importants l’été,
- limiter l’érosion des berges
- participer à la stabilisation des nappes latérales
- préserver l’écosystème spécifique qui s’est développé en amont, dans une période de changements climatiques qui entraîne des étiages de plus en plus sévères
- assurer un rôle de dilution en cas de pollutions accidentelles de la Garonne
Pas convaincu : 80 obstacles dénombrés par l'ONEMA sur les cours d'eau français… contribuant à la dégradation de l'état des cours d'eau et une grande partie sans usage. Il faut forcément faire quelques chose. C'est du bon sens. Et ce n'est pas pour nous, maintenant, mais pour nos petits enfants demain.