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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Pourquoi Jean-Louis Borloo est-il venu à Agen ? Retour sur une visite ministérielle…..

Publication : 31/05/2010  |  08:29  |  Auteur : Jean Dionis

Vous avez été nombreux à me la poser cette question. « Pourquoi, en effet, Jean Louis Borloo est-il venu à Agen ? » et questions subsidiaires : « Comment ça marche, un voyage ministériel ? Qui est à l’initiative ? Comment est construit le programme ? Qui fait quoi dans un voyage ministériel ? » Et bien, ce soir, j’ai envie d’échanger avec vous à ce sujet.

Je connais Jean Louis Borloo depuis plus de 10 ans. Amitié centriste qui s’est construite réunion publique après réunion publique, congrès après congrès… Ce jeune avocat d’affaire m’avait plu par ce mélange d’audace, de talent et d’inspiration qui le caractérise. Un peu plus tard, il avait brillamment réussi comme député-maire de Valenciennes, pourtant sinistrée avant de prendre les rênes d’un ministère. Enfin, j’aime le réformateur, le ministre qui a fait bouger les lignes de partage de notre pays que ce soit en matière de politique de la ville avec la création de l’ANRU (Agence Nationale de Renouvellement Urbain) ou comme ministre du Grenelle qui fait prendre à la France ce changement de fond qu’est l’abandon progressif du pétrole et du gaz pour aller vers les énergies renouvelables. Vice-Président de la Commission des affaires économiques, j’ai suivi les travaux du Grenelle avec passion. J’en ai approuvé le cœur avec enthousiasme – justement ce désengagement le plus rapide possible de notre pays de sa dépendance par rapport au pétrole et au gaz – même si je sais qu’il ya bien des choses à dire à la périphérie du Grenelle et notamment sur tout ce qui touche à l’agriculture (eau, phytosanitaires, etc).

Nous nous connaissions donc. Nous venons de passer de longues nuits ensemble à ferrailler sur le Grenelle. Bref, le « terreau » pour une visite ministérielle était bon.
Mais pour qu’il y ait visite ministérielle, il faut que les deux parties – en l’occurrence le ministre et le député-maire – y trouvent leur compte. D'abord, le ministre… Jean-Louis Borloo comme tous les grands politiques sait très bien que la loi ne suffit pas pour créer un véritable mouvement social. Pour cela il faut des points d’ancrage, il faut des relais, il faut des partisans et en ce vendredi 28 mai Jean-Louis Borloo était clairement heureux de voir l’agglomération d’Agen s’engager sur les directions stratégiques du Grenelle (priorité donnée aux énergies renouvelables, aux transports publics urbains, aux économies d’énergie dans le logement etc). Jean-Louis Borloo était visiblement aussi heureux dans sa mission de service après-vote de la loi, heureux de pouvoir avoir une réunion de travail avec Yann Maus gérant de Fonroche.

Mais moi ? Qu’avais-je donc en tête en invitant Jean-Louis Borloo à Agen ? D’abord le sortir de son ministère, l’amener sur le terrain et quelque part pour le protéger des intégrismes qui ne manquent pas dans le domaine de l’écologie. Et cela a commencé dès le début de la visite avec le seuil de Beauregard. Un certain intégrisme veut nous faire croire que les barrages sont tous à condamner quelque soit le prix à payer en matière de réserves en eau, d’érosion des berges ou de promotion touristique de nos territoires. Et bien nous ne l’acceptons pas. J’ai été heureux après de longues tractations de pouvoir amener Jean-Louis Borloo sur le site de Beauregard. Instantanément, il a vu et il a compris … Compris qu’un seuil naturel sur lequel on a mis un barrage très modeste n’a pas grand-chose à voir avec les barrages qui font polémique sur la Loire ou ailleurs. Bref, il a ouvert la porte du compromis qu’il nous faudra trouver entre celles et ceux qui, à juste titre, défendent la continuité biologique et nous, gens de Garonne qui savons tout le bien que nous devons depuis 150 ans au seuil de Beauregard. Et bien nous allons nous engouffrer dans la porte ouverte par le ministre.

La deuxième étape pour nous était de faire prendre connaissance à Jean-Louis Borloo de notre projet de Parc naturel urbain fluvial Agen-Garonne et pour cela nous l’avons amené sur le site de Passeligne-Pélissier récemment acquis par la communauté d’agglomération. Son retour fut pour ce projet véritablement enthousiaste : « Toutes les villes s’efforcent de regagner le contact avec leur fleuve nourricier, moi-même je m’y suis efforcé à Valenciennes mais L’Escaut n’est pas la Garonne et nos berges à nous étaient encombrées de friches industrielles. Vous avez un site magnifique foncez ! Et je vais vous aider à la fois en ingénierie et en financement ».

Moi qui ai déjà vu un bon nombre de visites ministérielles, j’ai rarement reçu un appui et une aide aussi claire que celle de Jean-Louis Borloo sur notre projet de reconquête des berges de Garonne. Je m’en souviendrai les mauvais jours, ceux où les mauvaises nouvelles se succèdent aux mauvaises nouvelles et où il nous arrive de douter même des meilleurs projets.

Troisième temps fort avec une réunion technique sur notre projet Agen rive gauche qui rassemble la future technopole Agen-Garonne de Sainte-Colombe en Bruihlois et l’implantation de la nouvelle gare TGV. Le ministre prend le temps de s’imprégner de la présentation locale que nous lui avons préparée et là encore s’engage : « Vous êtes là encore sur un projet structurant. Là-aussi il vous faut foncer. A vous de me proposer une convention Agen Agglomération Grenelle qui inclura l’ensemble de cette problématique. Prenez vos responsabilités en matière de maîtrise d’ouvrage, je prendrai les miennes en participant financièrement et significativement à vos côtés sur ce projet ».

Dernière étape : Fonroche Roquefort. Visite de cette usine toute neuve emblématique de la nouvelle croissance verte que suscite le Grenelle. Puis réunion de travail passionnante entre Yann Maus, entrepreneur talentueux et Jean-Louis Borloo, ministre non mieux talentueux : « Nous sommes dans la filière industrielle photovoltaïque des lapins de 6 semaines » déclare Yann Maus au ministre. « Quelle régulation pouvez-vous mettre en place pour nous permettre de nous structurer pendant 4 ou 5 ans contre nos concurrents chinois ? »
Et pendant une demi heure la discussion porte sur les différentes pistes : régulation sur le bilan carbone, sur les déchets des panneaux en fin de vie, pour finalement convenir que la meilleure piste serait sans doute un étiquetage bilan de carbone couplé avec l’instauration d’un bonus malus s’approchant de celui qui a donné un bon bol d’oxygène à notre filière automobile en 2009.
Voilà, la visite se termine. Echange de cadeaux, peut-être verrons-nous Jean-Louis Borloo cet été avec un joli polo sorti en direct de la boutique du SUA. Derniers conseils, dernières plaisanteries, cette fois l’avion a décollé, la visite est terminée. Je quitte l’aéroport heureux des soutiens ministériels reçus même si l’expérience m’a maintenant appris que la vie des grands projets territoriaux n’est pas un long fleuve tranquille et qu’après l’euphorie d’une visite comme celle-là viendront bien d’autres journées difficiles, âpres, où nous essaierons de nous frayer un chemin pour les faire aboutir ces fameux projets qui nous tiennent tant à cœur.

Heureux enfin parce que la politique c’est aussi tout simplement des amitiés fidèles qui se réincarnent en fonction des rôles et responsabilités que la vie distribue aux amis. Au revoir monsieur le Ministre, merci et à la prochaine.

@ +



Pour voir les photos de la visite de Jean-Louis Borloo:
cliquer ici

Les réactions

Circulaire minitérielle du 24/01/2010

Vous écrivez Monsieur le Député que "Un certain intégrisme veut nous faire croire que les barrages sont tous à condamner quelque soit le prix à payer en matière de réserves en eau, d’érosion des berges ou de promotion touristique de nos territoires. Et bien nous ne l’acceptons pas" Toutefois, dans sa circulaire minitérielle adressée aux préfets, DREAL, DIREN, DRIRE, ONEMA et autres agences de l'eau qu'il fallait "prendre des mesures" envers les 60 000 seuils recensés par l'ONEMA dont à peine 10 % ont un usage éconnomique clairement identifié (dixit la circulaire de Monsieur Borloo). la lettre de cadrage du ministre Borloo a donné comme objectif l'aménagement de 1200 ouvrages d'ici à 2012. Le barrage de Beauregard se trouve en 7eme position dans le plan anguille d'Adour Garonne (Golfech en 8).
Le ministre Borloo est t'il simplement venu prendre conscience que sa circulaire était stupide.
Je pends un exemple : Sa circulaire prévoit "l'aménagement" des barrages de Layrac, Sabathe, Roques et Astaffort sur le Gers...soit un dénivelé de plus 12 m en 8 km.
Nous savons tous que le mainitien d'un niveau de rivière contribue a tenir les berges. Quid d'un abaissement du niveau ? Messieurs les riverains tenez bien vos berges car elle vont sécrouler...
Lors de crues les seuils limitent l'arrivées des crues et l'arrivées des embacles...Monsieur le Député Maire d'Agen si ces 4 seuils sont "aménagés", il vous faudra prendre des mesures supplémentaires pour la prévention des cures sur Agen.
Enfin on veut nous faire croire que tout cela c'est pour les pauvres anguilles qui ne peuvent effectuer la montaison. Je puis vous assurer ques les anguilles n'ont pas besoin de cela, elles se déplacent sur les berges et font leurs montaisons...je le constatent tous les ans en cette période. Mais peut être faudrait il, si nous voulons repeupler nos rivières en migrateurs,limiter la pêche industrielle sur les bord de Garonne, et détruire les silures (grands carnassiers dévoreurs) introduit dans nos rivières par les agents de l'ONEMA dans le années 50 -60...(source ONEMA).
Je reste à votre disposition pour tout autre renseignement que vous jugerez utile.
Bien respectueusement à vous

et le nucléaire ?

c'est interessant, merci.
mais pas un mot du nucléaire...

méfiance sur le grenelle

La mode est aux énergies alternatives et aux petits oiseaux, je me méfie de cette vague obscurantiste écolo-bobo-libertaire qui essaime à droite, au centre et à gauche qui défie le bon sens et le progrès scientifique.

Sur l'abandon progressif du pétrole, il serait interessant de favoriser le développement des HVP auprès du grand public ce qui impacterait notre agriculture de manière positive.
En effet seules les collectivités locales sont autorisées à faire fonctionner leurs véhicules aux HVP, alors qu'une directive européenne datant de 2002 en donne la possibilité à tous les citoyens, pourquoi n'est-elle pas appliquée en France ?
Le 1er moteur diesel de l'histoire en 1895 fonctionnait à l'huile végétale, ça a d'ailleurs duré jusqu'en 1914, puis le pétrole a pris le dessus.
Et pourtant quelle formidable opportunité pour notre agriculture, je préfère des champs de tournesol et de colza aux jachères, ce serait tout bénéfice pour nos agriculteurs et aussi pour les consommateurs car le litre de HVP s'il bénéficie d'une fiscalité favorable est à 0,80€.
Pour cela il faudrait commencer par abroger le déplorable amendement Diefenbacher-Merly (drôles de défenseurs du monde agricole !) en 2006 qui a porté la TVA sur les HVP de 5,5% à 18,6% !
La France a une chance unique d'assurer une grande partie de son indépendance énergétique via les HVP et de sauver de la faillite de nombreuses exploitations agricoles car les HVP peuvent être vendues à la ferme. Mais peut-être ne veut-on pas porter atteinte au monopole de la distribution des carburants détenu conjointement par Total et la grande distribution ?
Sur le nucléaire, il faut moderniser notre parc et passer à la 3ème génération de réacteur et ne pas hésiter si l'intérêt général le commande à construire de nouvelles centrales, notre indépendance énergétique est en jeu.
Mais le nucléaire doit rester dans le giron de l'Etat et relever des attributions de la puissance publique, nous devons défendre et préserver notre modèle français !
Je n'ai rien contre le parc éolien mais il semble grand consommateur d'électricité !
Je n'ai rien contre les panneaux solaires, mais nous n'avons aucun recul. Et selon certaines sources leur durée de vie est de 10 ans, alors 30000€ avec 50% de crédit d'impôt tous les 10 ans, tout le monde n'aura pas les moyens et ça va couter cher aux finances publiques.
C'est pourquoi je suis un partisan du 100% nucléaire !
Enfin pour finir sur les petits oiseaux, notre société est paradoxale : la chasse à l'ortolan multi-séculaire est plus sévèrement punie que la consommation et la détention de cannabis ! comprenne qui pourra ! et pourtant quel plaisir de déguster des ortolans !

Et le nucléaire

Je voudrais répondre à Jean Pierre Videau quant au nucléaire.
Aujourd'hui il faut être réaliste, la France ne peut se passer du nucléaire puisque 85 à 90 % de la production d'électricité nationale est d'origine nucléaire. Le grennelle de l'environnement prévoit qu'a terme 23 % de la production d'électricité proviendra des énergies renouvelables (aujourd'hui à peine 11 %).
Les centrales d'origines fossiles sont source de Co2 donc pas en accord avec le grenelle...
Par contre aujourd'hui dans le prix de l'électricité il manque un coût, ou ce coût est sous évalué : c'est le prix du démantellement d'une centrale nucléaire !
Fin 2003, la cour des compres à évalué les fonds effectivement disponibles à 2,3 milliards d'euros. L'estimation de la Cour des Comptes pour le démantèlement du parc électronucléaire français était une fourchette de 20 à 39 milliards d'euros 2003 or, La Cour des Comptes évalue le coût du démantèlement de la centrale de Brennilis à 482 millions d'euros, soit 20 fois plus que l'estimation de la commission PEON qui est à l'origine du parc nucléaire actuel...
Le site de Brennilis doit servir de test, mais n'est qu'une centrale de première génération (seul exemple en France de la filière à eau lourde) ; de 70 MW, alors que les prochains démantèlements concerneront des réacteurs de 900 MW et plus. Hormis les centrales, divers réacteurs expérimentaux et sites industriels nucléaires civils ou militaires seront aussi à démanteler. Le premier de grande taille à être démantelé en France est l'usine d'extraction du plutonium de Marcoule (UP1), pour un coût estimé de 5,6 milliards d'euros (plus que 10 fois supérieur à celui de Brennilis) !
C'est la raison pour laquelle EDF demande une augmentation de l'électricité de 25 % sur 4 ans afin de financer ces démantélemment. Il faut s'attendre a payer son électricité beaucoup plus chez.
Enfin il faut aussi savoir qu'en période de pointe, l'hiver, EDF est obligé d'acheter de l'électricité sur les marchés extérieurs, et fait nouveau depuis 2 ans égalemment en période d'été lorsque certaines centrales sont en maintenance (merci les climatiseurs).
De plus le transport de l'électricité coute cher...entre 5 à 10 % de perte sur une ligne HTB à 400 KV !
Alors pourquoi pas des petites unités de production locales en ENR comme la mairie de bordeaux est en train de monter un projet d'hydrolienne sur Garonne. D'ailleurs un projet a été entrepris pour réhabiliter le barrage de beauregard a Agen avec 5 turbines qui aurait put alimenter la moitié de la ville d'Agen en électricité hors chauffage mais il semble que suite à certaines pression se projet ne se fera pas Laissons alors la part belle au nucléaire ! voilà ce que j'en pense

Jean Emmanuel LHERAULT
Producteur autonome d'électricité

A Fonroche : arrêtons de demander toujours plus d'Etat !

Mr le Maire,
je me permets de réagir vivement à la lecture de votre article paru sur votre blog.
Je lis qu’à l’occasion de la visite de JL Borloo à l’usine Fonroche de Roquefort, son Directeur interpellait le ministre au sujet d’une régulation contre les produits chinois.
Je comprends la demande de la part d’un industriel qui s’est lancé dans la fabrication de panneaux photovoltaïques, toutefois je ferai les remarques suivantes en toute rigueur :
- en premier lieu, quelque soit le secteur d’activité, la filière industrielle a besoin d’un horizon dégagé pour pouvoir échafauder des stratégies sur le long terme et mener la politique d’investissement nécessaire. Il se trouve que le secteur du photovoltaïque a été lourdement pénalisé ces derniers temps par les incertitudes d’ordre réglementaire qui ont plané sur l’ensemble de la filière photovoltaïque. Comme vous le savez les décrets incomplets de Janvier 2010 ont été amendés, de nouveaux décrets sont apparus en Mars dernier. Mais après cet attentisme et ces soubresauts, l’ensemble des acteurs est en droit d’espérer que les règles du jeu ne seront pas modifiées chaque année au gré des intérêts des uns et des autres. Il serait extrêmement malvenu et préjudiciable que de nouvelles règles s’abattent sur la filière alors que le sujet du photovoltaïque a été largement débattu toute une année durant à l’échelon national et que la question des produits chinois est connue depuis l’origine, des marques leaders se trouvant en Chine. Evitons donc de soumettre au Ministre de nouvelles demandes allant toujours vers plus d’Etat et laissons maintenant les professionnels s’organiser ! Il est malheureux que des entrepreneurs, de plus en bonne santé financière, aient ce type de réflexe.
- la question de la protection des produits nationaux est un vieux débat qui peut se poser sur tous les produits qui sont fabriqués à l’étranger et en particulier dans les pays « low cost ». Pour autant je ne vois pas bien pourquoi cette question se poserait avec plus d’acuité pour les produits photovoltaïques que pour les autres produits manufacturés. La question du coût de la main d’œuvre est bien connue et les industriels français qui se sont lancés dans la bataille de la fabrication de panneaux l’ont fait en connaissance de

cause. Il n’est donc pas vraiment rigoureux de la part de ces industriels de profiter de la venue du Ministre pour quémander de nouvelles aides.
- il est bien illusoire de penser que 4 ou 5 ans suffiront pour s’aligner sur les prix chinois.
Quand les prix baisseront en France, les prix chinois baisseront encore plus vite car la taille des usines est gigantesque. C’est donc un leurre de vouloir dépenser de l’argent public pour se protéger contre quelque chose qui ne peut être contré !
On sait bien que la différence avec les pays émergents se fera sur la Recherch/ Développement et non sur la fabrication, à moins d’imposer à la Chine le même niveau de protection sociale que le notre, ce qui semble évidemment bien difficile.

- vous noterez que le maillon technologique d’une installation est plutôt constitué par l’onduleur que par les panneaux et que les marques leaders sont là pratiquement toutes européennes, plus précisément allemandes, autrichiennes et suisses. Il faut en tirer deux conclussions :
En premier lieu la France n’a pas cru au photovoltaïque pour différentes raisons, ce qui explique la suprématie écrasante des pays du Nord. Rien n’empêche les industriels français de rattraper leur retard sur ce créneau mais on ne pourra rattraper 30 ans d’expérience en un jour.
En second lieu il faut investir les sujets où les chinois ne sont pas présents comme les onduleurs. Aucune marque chinoise n’a fait sa place sur ce segment de produit pour l’instant et la question de la régulation du marché ne se pose pas pour ces produits.

- pour démocratiser les énergies vertes, il faut s’appuyer intelligemment sur le savoir-faire mondial. Le prix des panneaux a longtemps été beaucoup trop élevé par rapport à ce que ces panneaux représentent en réalité. Des marques étrangères de renom ont investi dans des usines géantes et le prix du panneau a chuté permettant enfin de pouvoir proposer, notamment aux particuliers, des installations à des prix abordables, à des prix justes. C’est en partie pourquoi le marché du photovoltaïque a décollé. Cela n’est pas lié à une évolution technologique mais seulement à une diminution des coûts de production et à une augmentation de l’offre. Cela doit nous faire réfléchir sur les leviers ou les freins qui expliquent le décollage ou la stagnation d’un marché. Lorsque des prix ou des marges trop confortables étaient pratiqués, le secteur a stagné malgré les tarifs de revente déjà avantageux pratiqué par l’Etat.

Enfin j’ai une remarque de fond concernant les activités dites « concurrentielles ».
Comme vous le savez une entreprise comme FonRoche a déjà bénéficié de subventions pour construire son usine à Roquefort. Je comprends entièrement que, pour privilégier l’emploi, les collectivités veuillent favoriser leur « champion » local et se fassent écho de leurs revendications auprès du Ministre. J’ai expliqué ci-dessus pourquoi cette revendication n’est pas légitime.
Plus gênant est le mélange des genres :


 nous sommes en effet sur un marché concurrentiel et il n’est pas sain que certaines entités privées soient soutenues au plan Régional ou communal, d’autres pas : cela crée nécessairement une distorsion dans les prix de vente quand nous répondons à des offres et nous met pas tous sur un même pied d’égalité ce qui déjà un premierproblème,

 il est évident qu’une implication trop étroite des acteurs politiques avec les industriels locaux peut être de nature à introduire sur les projets, ici photovoltaïques, des éléments d’appréciation d’ordre politique qui sont normalement étrangers au secteur concurrentiel qui a fait naître ces mêmes industriels : Agen soutiendrait FonRoche, telle autre commune dans les Landes va soutenir Solarezo ou bien la ville de Cahors appuyer Bati-Solar, également constructeur français.
Où sont les synergies ? Où est la démarche industrielle d’ensemble ? Cela a-t-il un sens d’avoir de petites unités locales dispersées sur notre territoire ?
Il est légitime de se poser la question car ce n’est pas le rôle des communes de faire de la stratégie industrielle mais au marché de guider les regroupements qui vont s’imposer.
 enfin il peut y avoir un engrenage dans les demandes de subventions ou de régulation et on le voit très bien dans le cas présent qui nous intéresse. Vous vous rappellerez que lorsque FonRoche a perdu le marché du parc des expositions de Bordeaux, cette même entreprise a pointé du doigt le fait que l’on préfère traiter avec des entreprises qui achètent en Chine. Cette remarque est de bonne guerre mais n’est pas très sérieuse. En tout cas elle est tout à fait révélatrice de ce qu’attend en définitive une entreprise privée qui a goûté aux subventions ou aux aides publiques : encore plus de subventions et encore plus d’aides !

Il va sans dire que je n’émettrais pas du tous les mêmes remarques si nous avions à faire non à une SAS mais à une SCIC ou à une forme juridique où les bénéfices reviennent en partie à la collectivité qui aide ou subventionne.

Vous avez compris Mr le Maire que je fais ouvertement la critique du système privé qui veut s’adosser toujours plus au système public mais qui en fin d’années rémunère ses actionnaires privés. Les derniers tremblements du système financier nous ont rappelé qu’en économie de marché il restera toujours choquant de privatiser les profits et de mutualiser les pertes ou les investissements.
Un cadre réglementaire nous a été donné et il revient maintenant aux divers acteurs de la filière photovoltaïque de s’organiser autour de ce cadre sans vouloir en modifier sans cesse les dimensions.
Quand des projets sont ouvertement des projets d’utilité sociale autour des énergies vertes et de l’emploi, rien n’empêche les collectivités d’avoir recours au cadre juridique approprié. J‘ai évoqué plus haut le statut de SCIC qui permet d’asseoir à la même table acteurs privés et publics et d’avoir une plus juste répartition des bénéfices entre privé/public en fin d’année. Ce statut rend également le système plus transparent aux


yeux de tous et est garant d’une réelle implication sociale de l’entreprise. Avouons que le statut de SAS n’est pas celui qui prédispose le plus aux actions désintéressées !

Je précise que je suis chef d’entreprise mais qu’en tant qu’entrepreneur j’évite de jouer sur tous les tableaux. L’argent public n’a pas à être versé à des entreprises privées car cela fausse entièrement la donne vis-à-vis des autres entreprises .Un cycle néfaste est démarré et, d’un point de vue éthique, une mairie doit vraiment se demander si elle veut entretenir ce cycle.


En espérant avoir contribué à une réflexion sur la nécessité de ne pas toujours se tourner vers l’Etat pour réguler le business, je vous prie de croire, Monsieur le Maire, à l’assurance de ma considération distinguée.

JP Chabaud

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