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Discours de Jean DIONIS pour le vernissage de l'exposition sur Jean MOULIN et le Conseil National de la Résistance - 27 Mai 2013

Publication : 27/05/2013  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Vernissage de l’exposition 70ème commemoration
Jean Moulin et le CNR
Salles des Illustres – 27 mai 2013-05-26

Il ya 70 ans, jour pour jour, le Conseil National de la Résistance était créé. L’exposition que nous inaugurons aujourd’hui retrace la destinée de son premier Président, le Préfet Jean Moulin, qui symbolise dans notre mémoire collective la résistance de l’intérieur face à l’occupant nazi pendant les heures les plus sombres de l’histoire de notre pays.

Evoquer la mémoire de Jean Moulin, c’est d’abord rendre hommage à l’extraordinaire lucidité d’un serviteur de l’Etat au moment où le plus grand nombre de nos compatriotes étaient dans la résignation, le découragement et la peur.
Dés le 8 mai 1939, le Préfet Jean Moulin prononcera ces mots qui témoignent de son courage et de sa détermination : « il est des heures où servir son pays à quelque poste que ce soit, a un tel caractère d’impérieuse obligation que c’est tout naturellement et avec enthousiasme que les hommes de bonne volonté trouvent les forces nécessaires à l’accomplissement de leur tâche. »
Le cadre est posé, les valeurs de l’homme sont mises en lumière.
Celui qui fut le plus jeune Préfet de France en 1938 !
Celui qui refusa d’appliquer l’ordre de repli du Gouvernement le 14 juin 1940 !
Celui qui ne signa pas un document, établi par l’envahisseur, accusant les troupes sénégalaises de l’Armée Française de massacre sur les civils !
Celui enfin, qui tenta de se trancher la gorge pour éviter le déshonneur !
Voilà l’homme qu’était Jean Moulin, un homme qui ne pliait pas, un homme qui ne transigeait pas avec ses convictions.
Le gouvernement de Vichy le révoqua en novembre 1940 et lui permet ainsi d’écrire les plus belles pages de son destin hors normes en consacrant toute son énergie à l’organisation de la résistance intérieure. Le grand serviteur de l’Etat poursuit désormais sa mission dans l’ombre.
Comme lui, de l’autre côté de la Manche, un autre grand homme se dressera et refusera de cesser le combat. Le Général De Gaulle dans son appel du 18 juin fait écho au choix de Jean Moulin et, lui aussi refuse d’abdiquer alors que tout semble perdu et que le Gouvernement de Vichy travaille déjà main dans la main avec l’occupant nazi.
« Quoiqu’il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et elle ne s’éteindra pas ! »
Deux hommes, deux démarches mais un même combat pour libérer la France.

Evoquer la mémoire de Jean Moulin c’est saluer une vision de la Résistance qui rendra possible la victoire finale face au joug hitlérien.
Reprenons ses paroles : « il serait fou et criminel de ne pas utiliser, en cas d’action alliée sur le continent, ces troupes prêtes aux sacrifices les plus grands, éparses et anarchiques aujourd’hui, mais pouvant constituer demain une armée cohérente de parachutistes déjà en place, connaissant les lieux, ayant choisi leur adversaire et déterminé leur objectif »
Comme le dira André Malraux au cours de son discours pour le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon : « la résistance n’était encore qu’un désordre de courage ».
C’est avec cet objectif solidement ancré dans l’esprit que Jean Moulin gagnera Londres en octobre 1941 pour rencontrer celui qui incarne la voix de la France libre, le Général De Gaulle.
Moulin présente au Général les forces et les faiblesses des trois principaux mouvements de résistance : Libération, Franc-tireur et Combat. Il vient chercher des moyens auprès du Général mais aussi et surtout une approbation morale pour fédérer toutes les forces, pour permettre que « les français résistants deviennent la Résistance Française » comme le dira Malraux.
Le courant passe entre les deux hommes dans la salle à manger de l’Hôtel Connaught à Londres. De Gaulle pressent que sa marche solitaire se termine, qu’il a trouvé en Jean Moulin l’interlocuteur qui lui manquait pour donner une cohérence d’ensemble à la mosaïque qu’était la résistance en 1941. Quelqu’un qui vient de France avec une vision globale, prêt à tous les sacrifices pour mettre en œuvre une organisation intérieure capable de préparer et d’accompagner un prochain débarquement des alliés sur le territoire français.
Moulin dira de De Gaulle à son retour : « c’est un très grand bonhomme » !
Il va se donner cœur et âme à cette mission que lui a confié le Général, rencontrer un par un les mouvements de Résistance, aplanir les différences, faire passer les problèmes de personne au second plan, gommer les intérêts partisans au profit de l’intérêt général. La Résistance française avait de multiples visages, des idéologies distinctes et, parfois, diamétralement opposées. A force d’abnégation et de courage Rex, puisque c’est l’un des noms qu’il porte dans la clandestinité, les réunira autour d’un seul et même objectif.
Il relaye au cœur du pays, dans la clandestinité, l’action du Général De Gaulle à Londres pour créer les conditions de la victoire et préparer le pays une fois la libération acquise.
En février 1943 il repart pour Londres avec le Général Delestraint, chef de l’armée secrète, pour rencontrer le Général De Gaulle qui lui remettra, à cette occasion, la décoration de Compagnon de la Libération.
Ensemble, ils mettent la touche finale à la création du Conseil National de la Résistance, Moulin en sera le Président : « Jean Moulin, délégué du Général De Gaulle en zone non occupée, devient le seul représentant permanent du Général De Gaulle et du Comité National pour l’ensemble du territoire métropolitain (…) un Conseil de la Résistance unique pour l’ensemble du territoire métropolitain et présidé par Jean Moulin (…) le rassemblement doit s’effectuer contre les allemands, contre toutes les dictatures et notamment celle de Vichy,… »
Moulin, encore une fois réussira la mission que lui confie De Gaulle, le Conseil National de la Résistance voit le jour le 27 mai 1943. Au-delà de l’unification, le CNR affirmera définitivement auprès des alliés la légitimité de De Gaulle et permettra à la France de devenir un pays allié à part entière.
Sans doute le destin de notre pays aurait-il été différent sans la vision partagée et la volonté commune du Général De Gaulle et de Jean Moulin !

Evoquer la mémoire de Jean Moulin, c’est enfin rendre hommage au courage d’un homme qui a subi les pires tortures mais qui gardera le silence. Arrêté à Caluire près de Lyon par le cruel Klaus Barbie, aucune souffrance ne lui sera épargnée car les nazis savent qu’ils tiennent le chef de la Résistance Française et les secrets qu’il détient sont capitaux pour démanteler l’ensemble des réseaux. La cruauté de Barbie et de ses comparses sera impuissante face au courage et à la volonté de Jean Moulin. Son transfert à Paris et le nouveau calvaire qu’il subira ne changeront rien. Comme le dira Malraux « pendant les quelques jours où il pourrait encore parler ou écrire, le destin de la Résistance est suspendu au courage de cet homme ». Moulin ne plie pas, Moulin ne cède pas, encore et toujours il résiste. Il décède lors de son transfert en Allemagne, il gagne son dernier combat !
Dans le dernier courrier qu’il adresse au Général de Gaulle pour l’informer de l’arrestation du Général Delestraint, il écrira ces quelques mots : « notre guerre à nous aussi est rude ».
De Gaulle demandera que tout soit tenté pour le libérer, en vain. Comme lui Moulin « a choisi la voie la plus dure mais aussi la plus habile : la voie droite » (Charles De Gaulle – 18 juin 42)

Voilà pourquoi Jean Moulin occupe une place à part dans la Résistance et dans le cœur des français. Voilà comment le Conseil National de la Résistance qu’il a présidé a permis non seulement la victoire des alliés mais aussi la prise en compte de la voix de la France au lendemain de la Libération.
Le Sénat a pris acte de son rôle prépondérant en choisissant la date du 27 mai comme journée nationale de la Résistance. Avec l’ensemble des associations d’anciens résistants, j’attends avec impatience que l’Assemblée Nationale se prononce à son tour pour cette date du 27 mai.
Je suis fier aujourd’hui que cette salle qui rassemble les Illustres Agenais accueille une exposition qui rend hommage à un Illustre de l’Histoire de France et, à travers lui, à tous ces anonymes, ces sans grade qui ont résisté quand il était plus confortable de céder.
Je vous remercie

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